Épisode 4
Ecrit par Mona Lys
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JAYDEN
Par appel vidéo, j’explique à Patrick la marche à suivre pour son rendez-vous avec un homme dont le partenariat nous sera énormément bénéfique. Patrick c'est le fils de mon oncle, tonton Xavier qui lui est le petit frère à ma défunte mère. Sa mère est également morte il y a quelques années. Lui et moi avons grandi ensemble et malgré que je sois plus âgé que lui d'une année nous sommes vus comme des jumeaux. Nous avons de très grands traits de ressemblances. Il est mon seul ami. Des connaissances j'en ai mais c’est avec lui que je suis vraiment lié et c’est lui qui joue le rôle de meilleur ami. Il sait tout de ma vie et vice versa. C'est d’ailleurs cette complicité qui nous a poussé à nous associer en vue de lancer notre propre boite. Il a sa boite ici au pays ainsi que moi. Alors pour celle de France nous avons voulu unir nos forces. Nous avons étudié ensemble dans les mêmes écoles et nous sommes allés en France encore ensemble. En gros nous faisons tout ensemble.
– « Tu es sûr de ne pas pouvoir effectuer le déplacement ? Juste pour deux jours ? »
– Non, je te l'ai déjà dit.
– « Pff. Vivement que cette histoire se termine. Mon cousin me manque. Nous n'avons même plus le temps de faire des choses drôles ensemble. Tu as perdu ta joie de vivre depuis deux ans. »
– Je m'en remettrai t’inquiète.
– « Je l’espère. Bon j'y vais. Je dois faire ton boulot. »
– Bye.
La porte de mon bureau s’ouvre à peine je coupe l’appel. Mon regard se lève sur Pamela et la première chose qui me frappe c’est le rouge vif de ses lèvres. Avec ce rouge à lèvres impossible de ne pas la voir même à des kilomètres. Elle m’essuie les lèvres après y avoir posé un baiser.
‒ On y va ?
‒ Où ?
Elle me regarde bizarrement.
‒ Comment peux-tu oublier une chose aussi importante ?
Je la regarde sans comprendre.
‒ Nous avons rendez-vous avec le Docteur pour parler de nos futurs enfants.
Je réprime une grimace. Ça m’était complètement sorti de la tête.
‒ Qu’est-ce qui t’arrive Jay ?
‒ Rien. Allons-y.
Je ferme mon ordi et en la prenant par la taille, nous sortons. Depuis le début de cette aventure avec cette jeune fille, j’ai du mal à me concentrer sur autre chose. Et ça ne changera pas tant que je n’aurais pas fini avec.
Assis dans le bureau du Docteur, nous attendons les résultats des examens que nous avions fait quelques jours en arrière. Depuis deux ans que nous sommes mariés, Pamela a du mal à tomber enceinte. Elle en est devenue obsédée au point d’enchainer examen sur examen. Je ne sais donc pas ce qu’on nous dira aujourd’hui qu’on ne sache déjà.
‒ Alors selon les résultats de vos analyses, entame le Docteur qui s’est installé derrière son bureau une enveloppe à la main, vos gênes ne sont pas totalement compatibles.
‒ C’est-à-dire ? Questionne Pamela. Nous n’aurons jamais d’enfants ensemble ?
‒ Si mais les chances sont infimes. Disons 10% de chance.
‒ Que devons-nous donc faire ? Je veux donner des enfants à mon mari.
‒ Alors je peux dans un premier temps vous prescrire des médicaments qui augmenteront votre taux de fécondité et il va vous falloir une vie sexuelle intense pour mettre les chances de votre côté. Ou vous pourrez choisir la deuxième option.
‒ Laquelle ?
‒ Vous prendre une mère porteuse. Vos ovules peuvent lui être transmises.
‒ Oui je sais comment ça se passe. Je vais opter pour la première option. Je veux porter mes enfants.
‒ Va donc pour ça.
Le Docteur me regarde attendant ma réaction.
‒ Chéri tu ne dis rien ?
‒ Ta décision est la mienne.
Le Docteur approuve. Il écrit pendant un moment et tend une ordonnance à Pamela. L’idée d’avoir un enfant maintenant ne me traverse pas l’esprit. Je n’y pense vraiment pas. Je nierais si je disais désirer un enfant. Je n’en ressens pas le besoin. Mais il ne s’agit pas que de moi. Pamela le désire alors pour la rendre heureuse je la suivrai dans ses choix. J’ai promis la rendre heureuse, être un bon époux et je m’y atèle.
‒ Pourquoi tu ne dis jamais rien lorsqu’il s’agit de notre enfant ?
Je quitte la route du regard et le pose sur Pamela qui affiche une mine confite. Elle me fixe attendant ma réponse. Je reporte mon attention sur la route.
‒ Tu gérais déjà la situation.
‒ Tu as donné l’air de t’en foutre.
‒ Ce n’était pas le cas.
‒ Dans ce cas prouve-le moi. Prouve-moi que tu désires aussi cet enfant.
‒ En quoi faisant ?
‒ Retournons en France.
Je me passe la main sur le visage.
‒ Pas maintenant.
‒ Pourquoi ?
‒ J’ai des affaires à régler ici.
‒ Lesquelles affaires ? Tu ne m’as rien dit de concret si ce n’est que ta boite à certains soucis. Pourtant tu as toujours su tout régler même à distance.
‒ C’est différent.
‒ En quoi ?
‒ Tu ne pourras pas comprendre.
Elle pousse un soupire.
‒ Bébé, il s’agit de notre famille. En France la médecine est plus développée. Les choses se feront plus vites là-bas.
‒ Tu peux y aller suivre un traitement et je te rejoins dans un à deux mois. Je ne peux vraiment pas laisser ce que je fais ici.
‒ Jay !
‒ Pamela s’il te plaît.
Je gare devant la maison.
‒ Tu ne rentres pas ?
‒ Je dois retourner au boulot.
‒ Le Docteur a dit que nous devons beaucoup faire l’amour. On doit s’y mettre dès maintenant.
‒ Ce soir. Là j’ai un rendez-vous important.
Elle me fusil du regard un long moment avant de descendre. Je reprends la route pour ma boite. Je passe ma journée entre réunion, rendez-vous d’affaire et conférence. A deux heures de l’heure de la descente, je me rends au Cimetière. Je pose sur la tombe de ma mère le bouquet de fleur que je lui ai acheté en arrivant. Je reste debout à observer la tombe de ma mère. Tous nos bons souvenirs tournent en boucle dans ma tête. Ma mère était ma meilleure amie. Il n’y avait aucun détail de ma vie qu’elle ne connaissait. Nous étions si complices qu’on nous voyait comme frère et sœur, surtout qu’elle m’a eu tôt. Elle a connu mon père quand elle avait 18 ans. Un an plus tard elle devenait sa femme et deux années plus tard elle me mettait au monde contre l’avis de la médecine. J’ai été son unique enfant. Son petit mari comme elle aimait si bien m’appeler. Nous étions fusionnelles, tellement que je me sentais mal quand je passais une journée sans entendre sa douce voix qui m’a bercé jusqu’à ce qu’elle meurt il y a trois ans d’un arrêt cardiaque. Depuis, je suis mort avec elle.
Après plus d’une heure passée sur sa tombe, je me rends sur deux autres tombes et là c’est un énorme sentiment amer qui me saisit la poitrine. Je pose sur chaque tombe un petit bouquet de fleur. Il y a un an je faisais la promesse sur ces deux tombes de redonner sa vue à leur fille et je n’aurais de répit tant que ça ne sera pas fait.
En montant dans ma voiture, je lance l’appel vers tante Mimi.
‒ « Bonsoir Jay. »
‒ Comment allez-vous ?
‒ « Moi ça va mais la fille non. Elle n’est pas dans son assiette depuis ce matin. »
‒ Qu’a-t-elle ?
‒ « Je n’en ai aucune idée. Elle n’a pas voulu sortir de sa chambre. J’attends qu’elle finisse de prendre sa douche avant d’essayer de la faire parler. »
‒ A-t-elle diné ?
‒ « Difficilement mais oui. »
‒ Ok. Je vais faire un tour rapide avant de rentrer.
Je raccroche avec toujours ce poids sur la poitrine. J’étais conscient qu'elle sentirait toujours l’absence de ses parents mais j'avais tellement bien ficelé mon plan que je ne devais assister à aucun de ces jours sombres. Je devais rester loin et juste donner l’argent quand il le faudrait. Je ne voulais pas me sentir encore plus mal que je le suis déjà.
Dès que j'arrive à l’appartement, je me dirige vers la cuisine à la recherche de tante Mimi mais elle ne s’y trouve pas. J’entends des pleurs depuis la chambre de la fille. Je m’y rends en faisant attention à ne pas me faire entendre. Je préfère qu’elle ne sache pas que je suis là. La porte de sa chambre est ouverte. Je reste juste à côté à écouter.
– Qu’est-ce qui ne va pas ma puce ? Lui demande tante Mimi
– Je me sens si coupable pour tout ce qui est arrivée, répond-t-elle en hoquetant entre les mots. C'est de ma faute.
– Raconte-moi. Tu te sentiras peut-être mieux.
Elle met un peu de temps avant de répondre.
– Mes parents sont morts dans un accident de voiture. Ce soir-là, c'est moi qui ai insisté pour que nous sortions dîner. Ils étaient épuisés mais j'ai fait tellement de caprice qu'ils ont cédé. Tout s’était bien passé et nous rentrions heureux. Mais il a fallu qu'un chauffard qui roulait à vive allure nous fonce dedans. Le choc était tellement violemment que mes parents sont morts sur le coup. Notre voiture a étét complètement broyée et moi j'ai juste perdu la vue en plus d’avoir été paralysée quelques mois. Tu vois que c'est de ma faute. Si je n'avais pas insisté, nous serions restés à la maison, ils seraient en vie et moi j'aurais encore mes yeux. Je m'en veux terriblement.
– Hey ce n'est pas de ta faute, la calme-t-elle d’une voix qui se veut attendrissante. Tu n'as rien fait. Viens-là.
Je baisse la tête au souvenir de cette nuit si sombre. Comme j’aurais tout donner pour tout recommencer et éviter cette tragédie. Ça aurait dû être moi, pas eux, pas elle.
– J’espère que ce chauffard est mort, continue-t-elle sans s’arrêter de pleurer. Il ne mérite pas de vivre après avoir gâché ma vie.
Je serre les dents. Je sais que je ne mérite pas de vivre. Je souhaitais moi-même mourir après cet accident. Dans ma période d’alcoolisme j'ai souhaité qu'un véhicule me renverse et prenne ma vie sur le coup. Je m'en suis voulu d’avoir causé la mort de ce couple et la cécité de leur fille. J’espère qu'un jour elle trouvera en elle la force de me pardonner.
Je retourne comme je suis venu dans le salon. Je me laisse tomber dans le fauteuil le regard rivé dans le vide. Tante Mimi ne met pas de temps à me rejoindre.
– Elle s'est endormie ?
– Pas encore mais elle ne tardera pas. Elle écoute toujours la musique ou des histoires avant, m’informe-t-elle en souriant. Elle est tellement douce cette petite.
‒ Ouais, dis-je amèrement.
Les images de cette nuit-là défilent sans cesse dans mon esprit. J’étais tellement en colère. La douleur et la rage qui m'animaient ce soir-là étaient sans nom. Je conduisais à vive allure. J'avais dépassé la vitesse maximale. Je savais que je devais freiner, que je devais revenir à une vitesse normale. Mais la colère m'avait ôté toute raison. C'est ainsi qu’à une intersection, je n'ai pas pris le temps de vérifier qu'aucune voiture ne venait d'autre part. J'ai encore appuyé sur l’accélérateur et…
– Je mérite vraiment de mourir.
– Ne dis pas ça, m'interdit-elle en s’asseyant près de moi. C’était un accident.
– Oui causé par moi. Si je conduisais normalement il n'y en aurait pas eu. J'ai gâché sa vie.
– Et tu es en train de la réparer. Toi tu es revenu réparer ton tort même si ça ne sera pas en entier. Tu en connais toi des chauffards qui reviennent aider leur victime ? Personne ne te connaissait donc tu n'étais pas obligé de revenir soigner Aaliyah. Si tu le fais c'est parce que tu es un homme bien. Tu n'es pas méchant.
– Ce n'est pas ce qu'elle pense, dis-je en me levant, le regard tourné vers la baie vitrée.
– Montre-lui donc le vrai Jayden. Montre-lui qui tu es vraiment. Fais-la garder en esprit le vrai toi et non ce jeune qui était si déboussolé il y a trois ans.
– En quoi faisant ?
Elle me rejoint et m’oblige à lui faire face.
– Elle a passé trois années dans la déchéance, dans le noir, dans la tristesse, dans la solitude. Alors, juste le temps que l’opération ait lieu, mets un peu de joie dans sa vie. Elle est maintenant seule au monde vu que toute sa famille l'a rejeté et après tout ceci elle le sera encore parce que nous allons disparaître comme tu l'as prévu.
– Je ne veux pas qu’il y ait d’attache.
– Sais-tu combien de personne elle a connu depuis son enfance et qui ne font plus partie de sa vie ? Les gens viennent et partent.
Des bruits de pas nous obligent à nous tourner. Elle est là, debout près des escaliers, en tenue de nuit et un bandage à la tête dû à l’opération.
‒ Tante Mimi ?
‒ Oui ma puce tu as besoin de quelque chose ?
‒ J’ai entendu des voix. Tu es avec quelqu’un ?
Tante Mimi me regarde, d’un regard qui me dit de répondre. Je lui fais non de la tête. Je ne veux pas qu’elle me connaisse.
‒ Non ma puce je suis seule. Je regardais la télé.
‒ Ah ! Fait-elle un peu déçue. J’ai cru qu’il… était venu.
Tante Mimi insiste avec son regard. Je reste sur ma position.
‒ Il n’a pu venir aujourd’hui à cause de son travail.
‒ Ok. Je retourne dormir. Bonne nuit encore.
‒ Bonne nuit chérie.
Elle se retourne et avec prudence marche jusqu’à disparaitre dans le couloir. Je récupère mon portable dans ma poche pour enfin mettre fin aux vibrations qui se font des plus insistants. J'y jette un coup d'œil et je remarque plusieurs appels en absence de Pamela.
– Je vais rentrer. Je repasserai demain.
– Ok. Prends soin de toi.
– Toi aussi.
J’arrive chez moi sans avoir changé d’humeur. Je n’ai cessé de penser à cette nuit où ma vie a changé du tout au tout. Cette amertume, ces regrets, cette culpabilité, m’habitent depuis deux années. Je me sens tellement mal que voir Pamela dans sa ténue osée ne me fait aucun effet. En même temps ce n’est pas nouveau. Elle marche sensuellement vers moi tel un félin, un sourire charmeur aux lèvres. Elle ne me laisse pas le temps d’en placer une qu’elle m’embrasse. Elle m’arrache ma veste que je tenais sur mon épaule et la fait tomber. Ma chemise ne tarde pas à la suivre. Je me laisse trimballer dans notre chambre. J’essaie de participer tant bien que mal à ce moment intime et si important pour elle mais mes gestes sont dépourvus de toute tendresse. J’abandonne. Ça n’a pas l’air de la gêner parce qu’elle me déshabille et continue ses caresses qui durent pendant plusieurs minutes. Mes pensées convergent vers cette nuit. Comme j’aimerais que tout soit différent.
‒ Qu’est-ce qui t’arrive ?
‒ Hum ? Dis-je en baissant les yeux vers Pamela.
‒ Tu ne bande pas malgré toutes mes caresses. Je t’ai même fait une fellation mais rien.
‒ Je… Ce doit être dû à la fatigue.
‒ Jay je suis dans ma période.
‒ Je sais. Désolé.
Je prends les choses en mains en l’embrassant et participant mais au bout de quelques instants, au moment de la pénétration, rien.
‒ Fais chier ! Grommelé-je entre mes dents.
‒ Jay !
‒ Je suis sincèrement navré.
Elle se relève en colère, s’enferme dans la salle de bain en claquant la porte derrière elle. Je me laisse tomber sur le lit dans un grognement. Il faut que j’en finisse avec cette histoire pour reprendre le contrôle de ma vie.
*Mona
*LYS
Assis en retrait, je l’observe derrière mes lunettes de soleil déguster son lapin braisé avec une joie sans pareille. J’ai l’impression que ça fait des lustres qu’elle n’a pas eu droit à de telles gâteries. J'ai demandé à tante Mimi d’emmener la fille déstresser à la plage. Elle a été triste ces trois derniers jours. Je veux pouvoir lui donner le sourire le temps de ma présence dans sa vie. C'est moi qui lui ai arraché tout ce qui la rendait heureuse. Je dois maintenant faire l'effort de lui redonner un peu de joie.
Je la regarde en sirotant mon verre de jus. Elle sourit, raconte je ne sais quoi qui fait sourire tante Mimi à son tour. La musique jouée par un autre groupe de personne visiblement venu célébrer un anniversaire fait bouger lentement sa tête, son corps suit ensuite le mouvement. Elle se lave les mains, se lève en tenant la table et se remet à danser. Je souris devant son air si enjoué. Elle a l’air heureuse. C’est exactement ce sourire que je voulais voir sur son visage et je ne voudrais plus qu’il s’efface.
Elle s’amuse bien le reste de la journée arrêtée en bordure de l’eau avec tante Mimi qui veille soigneusement sur elle. Je sais que je devais être chez moi à passer la journée avec ma femme mais je ne l’aurais pas pu. Il me fallait voir à tout prix ce sourire pour apaiser ma culpabilité et me redonner espoir que je suis sur la bonne voie.
La nuit commençant à tomber, elles décident de rentrer. Contrairement à leur arrivée, je décide de les conduire pour le retour. Je demeure silencieux durant le trajet me faisant passer pour un chauffeur. Je la regarde de temps en temps par le rétroviseur continuer à rigoler avec tante Mimi. Mais avant que nous n’arrivions, elle se laisse emporter par le sommeil. Tante Mimi la fait coucher sur ses jambes.
‒ Elle s’est bien amusée.
‒ J’en suis ravi. Je vais acheter une voiture et prendre un chauffeur pour que vous puissiez sortir à tout moment.
Elle approuve de la tête. Lorsque nous arrivons, je la fais sortir de la voiture en la tenant fermement dans mes bras. Elle s’y cale confortablement pensant surement être dans son lit. Elle s’agrippe à mon tee-shirt. Je la sens même humer mon parfum.
‒ Vous êtes là.
Je baisse les yeux sur elle en pénétrant l’ascenseur. Elle est toujours endormie. Je pars la poser dans son lit en faisant attention à ne pas la réveiller. Je souhaite bonne nuit à ma tante et je pars. Je peux enfin passer une nuit plus calme après l’avoir vu heureuse.