Épisode 4

Ecrit par Mona Lys

La vengeance est une femme

Episode 4



- Tu  veux que j’aille te chercher ton costume de ce soir ? Je demande à Malcom en lui boutonnant sa chemise.

- Non ne te dérange pas, je le ferai moi-même.

- Non ça ne me dérange. Rien de ce qui te concerne ne me dérange mon amour. Alors prêt pour recevoir ton prix ce soir ?

- J’y vais seulement parce que tu me le demande sinon j’avais prévu une soirée rien que pour tous les deux.


Il me colle à lui et saisi mes lèvres pour un bref et doux baiser. Il en pose un dans mon cou puis sur mon front avant de me faire asseoir sur le lit pour me faire porter mes talons. Il sort ensuite de la chambre avec sa veste posée sur son bras et son sac d’ordi. Je finis de me préparer à mon tour et le rejoins en bas des escaliers avec Mel à son côté qui me débarrasse de mes sacs. Malcom me tend mon gobelet à café et ensemble nous sortons de la maison. Mel vit dans la dépendante derrière notre maison donc est à ma disposition à toute heure. Malcom et moi nous embrassons en nous souhaitant bonne journée et chacun monte dans sa voiture. Lui n’a pas de chauffeur parce qu’il dit ne pas en avoir besoin. Une fois nos deux voitures séparées, je récupère l’enveloppe posée près de moi sur la banquette. Ce sont les informations sur le couple Ichola. Plus je parcoure les documents et photos plus des idées diaboliques me passent par la tête. Je vais faire d’une pierre deux coups. Je vais détruire leur famille le même jour.


- Obtiens-moi une carte d’invitation pour le mariage de leur fille. Ça fait longtemps que je n’en ai pas assisté à des mariages. Il faut que j’aille y mettre un peu d’ambiance.

- D’accord ma tante.


Nous arrivons quelques minutes plus tard et comme à l’accoutumé, April est là pour m’accueillir. Sa tablette à la main elle me dicte mon programme de la journée jusqu’à ce que nous arrivions à mon bureau. Mel quant à lui est allé poser ce dont j’aurai besoin dans la salle de réunion. 


- Tout le monde est déjà dans la salle de conférence ?

- Oui Vicky. Au fait…

- Quoi ?

- Humm, il y a Julie qui est arrivée avec un œil au beurre eeet c’est la 5e fois depuis la semaine passée.

- Ah bon ? Et a-t-elle dit ce qui lui arrivait ?

- Non mais je pense qu’elle est victime de violence de la part de son mec.


Je pousse un soupir en secouant la tête et réfléchis rapidement.


- Ok on verra ça à la fin de la réunion. Ma robe pour ce soir est prête ?

- Oui. J’ai déjà averti que tu irais la récupérer toi-même.

- Good. Allons à la réunion.


Elle me suit de nouveau jusqu’à la salle de réunion où tout le monde se lève pour m’accueillir. Je leur fait signe de s’asseoir et nous débutons la réunion. Chaque département me fait le point de ses activités et ses projets ainsi que les difficultés qu’ils rencontrent s’il y en a. Je donne à chacun mon point de vue et des directives puis la réunion tire à sa fin.


- Je vous avais déjà averti que je serai absente pour quelques mois. Je vais ouvrir une autre succursale et ça me prendra un peu de temps mais j’aurai des yeux ici et je pourrai vous surprendre à n’importe quel moment pour m’assurer que vous travaillez comme il faut. Ne pensez donc pas profiter de mon absence pour foutre le bordel dans ma boite. Jones, dis-je regardant la concernée, tu es ma seconde et je compte sur toi pour conduire sur de bonnes railles cette boite pendant mon absence. Je veux un rapport chaque fin de semaine et s’il y a de grandes décisions à prendre tu m’en fais part. Pour les petits problèmes je te laisse les gérer.

- C’est compris.

- Ok nous avons terminé. Julie, suis-moi dans mon bureau. Bonne journée de travail à vous. Fais-je en me levant.


Je m’installe derrière mon bureau et ordonne mes dossiers le temps que Julie prenne elle aussi place. Une fois fait je la fixe et elle baisse la tête.


- Il parait que ça fait la 5e fois en deux semaines que tu viens comme ça. Dis-je en montrant son œil avec mon menton. Alors tu m’explique ? ET n’essaie même pas de me mentir.

- C’est mon fiancé. Il m’a battue parce que j’ai essayé une fois de plus de le quitter. Il a perdu son travail il y a 4 mois et depuis il a changé. Il passe son temps à boire et à fumer chose qu’il avait arrêté après notre rencontre. J’attirais son attention mais ça finissait toujours en dispute violente où il se mettait à casser tout puis un jour il m’a battu. Il a même pris un jour l’argent du prêt que j’avais pris pour mettre sur pied une activité pour tous les deux afin de ne pas dépendre seulement de mon salaire pour aller jouer au poker et il a tout perdu. Il m’a encore battue quand je lui ai fait des histoires. J’ai donc décidé de le quitter pour lui permettre de se reprendre en main parce qu’il risque de me tuer dans sa colère maladive mais il refuse et me violente à chaque tentative.


Je me mets à jouer avec mon stylo en réfléchissant. Les hommes violant je les déteste par-dessus tout. J’appuie sur un bouton de mon portable pour appeler Mel et le préviens qu’on sort. J’ordonne à Julie de me suivre et de nous indiquer chez elle. Elle obéit avec hésitation en me disant que ça ne vaut pas la peine que je me déplace pour ça. Je ne l’écoute pas et nous montons dans ma voiture. C’est toute tremblante qu’elle ouvre la porte de chez elle pour nous laisser entrer. Son homme est couché dans le canapé en train de regarder un match en buvant je ne sais combien de bière. Il jette un coup d’œil négligé vers la porte et quand il nous voit il se lève d’un seul coup.


- Euh qu’est-ce qui se passe ? Demande-t-il en passant son regard de moi à Mel puis sur Julie.

- Vas prendre tes affaires Julie. J’ordonne en fixant l’autre imbécile.

- Woh woh qu’est-ce que ça veut dire ça ? Vous venez chez moi et ordonnez à ma fiancé de prendre ses affaires. Non mais pour qui vous prenez-vous ?

-Julie j’ai dit va prendre tes affaires et maintenant.


Julie se décide enfin à s’exécuter lorsque son fiancé se déplace de sa place pour venir vers elle à pas rapide dans l’intention de l’arrêter mais avant qu’il ne puisse l’atteindre je me place devant lui, lui attrape rapidement le bras et le tord avec force puis le retourne pour le plaquer contre le mur.


- Maintenant tu vas m’écouter. La prochaine fois qui tu lèveras la main sur elle je peux t’assurer que je te le ferai payer le restant de tes jours. Elle n’a pas accepté de se fiancer et de vivre avec un incapable doublé de lâche et triple idiot. Quand tu te décideras à redevenir l’homme qu’elle a aimé auparavant et avec qui elle comptait passer le restant de sa vie eh bien tu iras la voir pour recoller les morceaux. Elle t’attendra parce qu’elle t’aime mais si tu mets du temps à te reprendre en main, elle ira voir ailleurs. Je me chargerai moi-même de lui présenter un homme, un vrai qui saura prendre soin d’elle. Maintenant laisse-la prendre du recul. Dis-je en libérant mon emprise.


Il se retourne en se massant le poignet. Je peux sentir de la tristesse et du découragement dans son regard mais c’est le mieux à faire sinon il ne fera rien pour changer. Julie ressors des minutes plus tard avec ses valises et nous y allons. Je lui paye une chambre d’hôtel le temps que demain on lui trouve un appart. Je déteste la violence que ce soit sur moi ou sur quelqu’un d’autre. C’est d’ailleurs pour pouvoir me défendre que j’ai pris des cours d’auto-défense à l’école militaire.


*

*


Nous finissons de nous préparer pour la soirée et nous mettons en route. Mel nous y conduit et nous sommes escortés par seulement une voiture. Malcom n’aime pas trop ça donc j’ai juste demandé à deux de mes gardes de venir. Malcom est un peu stressé donc je lui tiens la main et emmène des sujets de conversation gaie jusqu’à ce que nous arrivions. Les flashs des photos fusent de partout et les gens se font photographier. Il y a des costumes et des robes de soirée de tout genre, de toutes les couleurs et toutes les tailles. Moi et Malcom avons opté pour des vêtements simples mais chics. Les choses tape à l’œil ce n’est pas notre truc.


Nous prenons tous place dans la grande salle et la cérémonie commence. Les différents prix sont attribués par catégorie et moi j’attends impatiemment qu’on annonce le lauréat du grand prix pour qu’on puisse s’en aller. J’en ai marre de voir la tête de tous ces gens arrogants. Mel aussi qui est assis avec nous puisqu’il fait partie de la famille a l’air de s’ennuyer. Lui et Malcom s’entendent à merveille, on aurait dit qu’ils sont père et fils. Mon regard et celui de Daniel Thompson se croisent et je le salue de la tête. Il y répond de façon timide puis détourne le regard. On annonce enfin le grand prix. Celui qui tient la carte fronce les sourcils d’étonnement lorsqu’il ouvre l’enveloppe qui contient le nom du gagnant et le lit.


- Nous allons maintenant passer au grand prix ABF. Celui a qui revient ce prix a été plusieurs fois nominé mais n’en a jamais remporté. Il a fait un chiffre d’affaire de plus 30 milliards ces 2 dernières années et je suis même surpris qu’il n’ait jamais gagné auparavant vu le palmarès de son entreprise et du nombre de contrat qu’il a signé cette année. Moi en tant qu’un black, dit-il en souriant, je suis super heureux et fière et de vous annoncer que le prix ABF reviens à la société MHB Group avec à la tête mon chère frère Malcom. Congratulations guy (Félicitations mon gars)


Les acclamations s’élèvent dans toute la salle quoi que la surprise est de taille surtout chez ceux à la peau blanche. Les noirs quant à eux sont supers heureux parce que comme je l’ai dit ce genre de compétition est toujours destinée aux white ce qui fait que les black n’y participent pas beaucoup ou ne répondent pas à leurs nominations. Malcom reste figé un bref instant tellement surpris puis quand il revient à lui m’embrasse et fait une accolade à Armel avant de monter récupérer son prix. Je regarde mon homme heureux et je le suis encore plus. Voir la personne qu’on aime heureuse nous remplit forcement de joie. Si Daniel avait donné ce prix à quelqu’un d’autre, je l’aurai buté et buté ce quelqu’un d’autre c’est sûr.


- Wahoo, commence Malcom devant le micro son trophée à la main, i’m so happy (je suis si heureux). Je ne m’attendais vraiment pas à recevoir ce prix. Je suis… wahoo. Les mots me manquent. Je voudrais dédier ce prix d’abord au Seigneur, oui car c’est grâce à lui si je suis là où je suis aujourd’hui. Il est mon guide.


Les ‘‘amen’’ se font entendre un peu partout dans la pièce obligeant Malcom à marquer une pause. Moi son Seigneur ne m’intéresse pas donc j’attends juste le moment où il me le dédiera.


- Je voudrais, reprend-il, ensuite dédier ce prix à une personne qui m’est chère. Elle est la personne la plus importe de ma vie. She’s my inspiration and my motivation (elle est mon inspiration et ma motivation). Sans elle ma vie n’aurait pas été la même. Ce prix je le dédis à la femme de ma vie, ma prunelle Vicky. I love you so much sloe. You’re the best thing of my life (tu es la meilleure chose de ma vie).


Je lui souffle un bisou avec mes deux mains puis rejoins les autres dans leurs acclamations. Malcom revient vers nous et on s’embrasse brièvement avant qu’il ne se rasseye.


- Je te l’avais bien dit que tu le gagnerais ce prix. Lui dis-je à l’oreille.

- Thank you darling. 


Il accompagne sa phrase d’un baiser sur mon front avant qu’on ne se reconcentre sur la cérémonie. Malcom lui ne cesse de contempler son trophée comme s’il s’agissait de la neuvième merveille du monde. Je dis la neuvième car je suis sa huitième merveille. J’aime la lueur que je vois dans ses yeux. Il est heureux. Que ne ferais-je pas pour le voir heureux comme il me rend heureuse. Ce prix lui ouvrira de grandes portes, de très grandes même qui lui donneront plus d’influence ici et ailleurs. Bon ça c’est de fait maintenant que c’est fini on pourra aller en Côte d’Ivoire. Il pourra maintenant ouvrir une autre boite dans son pays comme il l’a toujours rêvé et je pourrai faire de même. Ce n’est pas parce que nous avons réussi ailleurs qu’on va oublier notre pays d’origine.


Une fois la voiture garée devant la maison, nous souhaitons bonne nuit à Mel et rentrons.


- Je veux appeler mes parents pour les informer de notre arrivé. Je n’avais pas eu le temps de le faire.

- Ok.

- Tu viens que je fasse les présentations même si c’est par téléphone.

- Non ça ne présente pas bien de le faire ainsi. Il est préférable d’attendre quand on sera devant eux.

- Ok je serai dans mon bureau.


Oui il est préférable de faire les présentations face à face comme ça je prendrai le loisir de voir leurs têtes quand ils me reconnaitront. Je me rends au bar me servir un verre de vin rouge et le retrouve dans son bureau. Je retire mes talons après m’être assise sur le siège en face et croise mes pieds en le regardant converser. Il est heureux. Il discute avec son père. Ce meurtrier doublé de salaud. Entendre sa voix réveille en moi une haine sans nom. Je bois un coup quand j’entends la voix de sa mère. Cette femme, Aïcha, bon sang comme je vais lui faire sa fête. Combien de gifle elle m’a donné. Combien d’insulte elle m’a lancé au visage. Combien de fois elle m’a craché dessus. Combien de fois elle a traité mes parents d’idiots. Je vais tout lui rendre. Qu’elle ne soit pas surprise parce que je le lui avais dit. Je lui avais dit un jour en la fixant droit dans les yeux qu’un jour je reviendrai et que je leur ferai leur fête à tous mais particulièrement à elle et sa chose de mari. Ils ont tous tué mes parents mais les deux ils m’ont tué. Ils ont tué Ariane. Elle ne m’a pas cru quand je le lui ai dit et elle verra de ses propres yeux. Je lève les yeux vers Malcom qui me fait un clin d’œil. J’ai mal pour lui. J’ai mal qu’il soit au milieu de tout ça. Si j’avais su qui il était jamais je ne l’aurais permis de rentrer dans ma vie. Mais maintenant c’est trop tard. Je ne peux plus faire machine arrière. Je l’aime mais je tiens encore plus à ma vengeance. Je ferai mon possible pour qu’il n’apprenne jamais rien mais si cela arrivait je me verrai dans l’obligation de choisir ma vengeance plutôt que lui parce que oui je sais qu’il me demandera de faire un choix. Je n’hésiterai pas à renoncer à nos 10 années de mariage pour assouvir ma vengeance.


Entendre les voix de ces gens fait remonter pleins de mauvais souvenirs alors je décide de m’en aller. Je me lève et vais vers Malcom que je t’interromps dans sa conversation en l’embrassant.


- Je t’aime boo. Peu importe mes mauvais choix. Je lui souffle dans l’oreille.

- Je t’aime. 


Je lui caresse la joue et sors. J’ai mal parce que je sais que rien ne pourra me faire reculer, même pas tout l’amour que je ressens pour mon mari. 10 ans de mariage n’est rien comparés à 20 années de souffrance.


La vengeance est une...