Episode 7

Ecrit par Nifêmi

Episode 7

 

« Vivre la naissance d'un enfant est notre chance la plus accessible de saisir le sens du mot miracle. »

Paul Carvel


 

Ce jour, où j’ai été sauvagement battue, je n’ai pas pu dormir chez Afoaka. Inadjoabè et lui m’ont amené à l’hôpital car les douleurs étaient intenses et inimaginables. La sage-femme avait dit à Afoaka que je devrais accoucher sinon ma vie était en jeu, alors que mon col ne s’était pas encore bien ouvert. La sage-femme a été une gentille dame, elle m’a aidé toute la nuit afin que j’accouche de ma jolie fille, grâce à des prières et autres décoctions de feuilles de chez nous. Les tisanes avaient des effets très magiques en notre temps. Pour le nom de ma fille, son père s’en foutait et me dit de lui donner le nom que je veux. C’était tant mieux ! Alors j’ai appelé ma fille Ayobami qui veut dire ‘’bénie avec joie’’.

De retour dans ma cabane j’ai pris soin de ma fille avec les restes de vêtements de bébé de la maison. Par la même occasion j’étais devenue la ménagère de toute la maison. Je devrais nettoyer leurs chambres, leur cuisine, salon, la cour et aussi faire leur vaisselle et leur lessive. Je n’avais que le temps d’allaiter ma fille. Ce calvaire était un véritable danger. Quand je ne faisais pas ou que je ne finissais pas à temps je recevais des bastonnades. Pourtant, quand elles faisaient leur cuisine elles ne m’invitaient jamais à leur table. Seule Inadjoabè m’apportait des petites portions. Afoaka voyait tout ceci, car ça se déroulait sous yeux, mais il ne bronchait pas.

Quand elle faisait ses 6 mois d’âge, son père avait recommencé par me visiter. Heureusement que j’étais dans mes menstrues. Depuis ce jour j’ai commencé par coincer la porte de l’intérieur à l’ai d’un petit cadenas. Afoaka a commencé par m’acheter des vêtements neufs pour moi et ma fille, me faire des cadeaux et à me donner un peu d’argent que j’épargnais. Je le voyais venir, mais c’était inconcevable pour moi de le revoir sur moi. J’ai été obligée d’informer ma gentille amie coépouse. Elle m’avait promis qu’elle fera tout pour que Afoaka ne s’approche plus de moi pour me toucher et qu’il allait me libérer bientôt. Cette Inadjoabè était un ange pour moi dans cette maison.

Après avoir passé deux ans dans cette maison, je commençais sérieusement à m’enfuir. J’avais bien envie d’informer mon amie mais j’avais très peur. La naïveté a pris le dessus :

-          Ina ?

-          Petite sœur, je t’écoute.

-          Je viens de fermer mes 18 ans et ma fille a 2 ans. J’aimerais partir de cette sans maison, ai-je dit avec joie

-          J’y travaille.

-          Je sais et je t’en suis reconnaissante, mais je dois fuir pour le meilleur de ma fille. Toi-même pas tu sais ce que j’endure ici. Je n’ai que la nuit pour prendre soin de ma fille et moi. Je fais que travailler à mort ici.

-          J’ai tout fait pour t’éviter cela mais je n’ai pas eu le choix. tu vas t’en sortir comment si tu quittes ici ? a-t-elle questionné avec tristesse.

-          J’ai une épargne de 50.000 f…

-          Heeey ! m’avait-elle coupé

-          Oui !

-          Comment tu as eu tout  cet argent ?

-          Je fais beaucoup d’économie, et il m’arrive de trouver des petites pièces dans les vêtements d’Afoaka que je garde

-          C’est très intelligent de ta part. avec une telle somme tu peux te refaire une vie nouvelle

-          Oui ma sœur Ina ; je vais me lancer dans la vente du poisson au port de pêche.

-          Tu es intelligente petite.

Voilà, je lui avais tout raconté, mes projets, ma fugue. J’ai regretté sur le coup mais je m’étais convaincue que je m’inquiétais pour rien. Trois après, une nuit, je voulais refaire mes points sur mes projets d’évasion lorsque j’ai découvert que mes économies ont disparu. Certes j’ai déclaré une cinquantaine de mille, en réalité il y en avait presqu’une soixantaine de mille. Cette même nuit je suis allée dans leur maison pour parler à Ina. Je fus accueillie par des missiles de chaussures et de balai. Afoaka n’était pas là. Ina était vite venue me faire sortir et me prendre à l’écart :

-          Que fais-tu ici ? à l’heure-là tu es toujours enfermée dans ta chambre.

-          Donc tu parles aussi le Ibo avec tes coépouses ?

-          Oui parfois !

-          Ah oui ?! tu ne m’avais pas dit ça

-          Qu’est-ce qui t’amène ?

-          Mes économies ont disparu Ina, ai-je dit en détresse.

-          Quoi ? tu parles de quoi ?

-          Mon argent ! je ne le retrouve plus.

-          Comment ça ? personne ne rentre dans ta chambre en ton absence

-          Mais tu étais la seule à savoir

-          Tu m’accuses ? tu es une ingrate, malgré tout ce que je t’ai fait ici ?

-          Non ! je ne t’accuse pas, c’est que…

-          Je ne veux plus rien entendre, mais compte sur moi on trouvera le voleur

Elle m’avait abandonné sur place et est retourné dans leur bâtisse. J’étais abasourdie. C’est la première fois que je la voyais ainsi. Tout était confus. J’ai dû retourner dans ma cabane les larmes aux yeux. Ma fille je l’ai regardé longuement, j’ai donc arrêté de pleurer pour me faire forte. Cette nuit j’ai décidé de recommencer à zéro. Ça risque de prendre encore plus d’un an pour réunir la moitié que j’ai perdu. Ça allait être dur, car les pièces se faisaient rare dans les pantalons que je l’avais.

Le lendemain soir, Afoaka est venu furieux dans ma cabane. Il avait une machette. Il a arraché la porte de la cabane à grand coup de machette. Le seul mur qui cachait mon intimité. Je m’étais défendue en sautant sur lui sans réfléchir. Il m’a jeté loin et j’ai atterri sur un gros caillou. Malgré la douleur je me suis jetée encore sur lui, sans la porte je voyais ma fille en danger : les rats, les moustiques et autres nuisances j’en voulais pas. Cette fois-ci il m’a serré le cou à l’aide de mon habit comme si j’étais une voleuse sous le regard de ses femmes et ses autres enfants. J’ai regardé fixement Ina qui ne semblait pas me prendre en pitié :

-          Comment tu oses accuser qui que ce soit de vol ici ? c’est toi la voleuse et une menteuse. Je ne crois pas que tu sois capable de réunir une telle somme. Tu as juste menti pour détruire la paix dans cette maison. Et tu planifiais de t’enfuir ? ça jamais ! tu es ma femme et ta place est ici. J’avais raison de ne jamais te laisser cette maison même pour la moindre course au marché. Tu comptais aller retrouver la mère de ce bâtard mort sur un bateau de pêche ? tu n’as plus de famille et c’est ici ta famille maintenant. Dorénavant, tu n’auras plus de porte. Tout ce que tu feras sera sur surveillance. Sache que bientôt tu vas devoir porter un enfant sinon cette maison se transformera en enfer pour toi. Tu vas supplier pour rejoindre tes parents dans l’au-delà.

Il m’a relâché en me jetant à l’intérieur de ma cabane. J’étais étonnée et déçue. Ina lui aurait tout raconté.

BANJOKO ne part jama...