Épisode 7
Ecrit par Mona Lys
Episode 7
TRISHA
Alors que je continue de rouspéter contre la voiture qui m’a de nouveau éclabousser je la vois faire marche arrière jusqu’à mon niveau. J’ai peur aussitôt. Et s’il venait me frapper ? J’ai envie de me cacher mais où ? Je prends mon courage à deux mains et reste sur place. Si je dois mourir aujourd’hui je veux mourir dignement. La tête levée et les narines ouvertes. Quand la vitre arrière descend à moitié je reconnais aussitôt cet homme. Le même d’hier nuit et de ce matin. Celui-là il mérite les injures les plus distinguées je le jure.
– Non mais vous êtes malade de m’éclabousser de…
– Montez à l’avant.
– Je ne…
Il remonte la vitre comme s’il venait de faire un exploit. Je veux refuser mais quand je regarde l’heure qu’il fait, le temps qu’il fait et le fait que je suis toute seule dans cette rue je ne bronche pas et monte à l’avant comme il a dit.
– Je vais à Yopougon toit rouge.
Personne ne répond et le chauffeur démarre mais plutôt que de prendre le chemin pour Yopougon le chauffeur conduit vers le Plateau.
– Où m’emmenez-vous ? J’ai dit que j’allais à Yopougon.
– Personne n’est votre Hubert ici. Me répond le monsieur en manipulant son portable.
– Mais où est-ce qu’on va ?
– Soit vous la fermez soit vous descendez.
J’ouvre encore la bouche face à son impolitesse. Mais je me tais en me disant qu’il ne me veut certainement pas de mal. Enfin je l’espère. La voiture rentre dans un immeuble de haut standing. Je descends en voyant les autres le faire sans dire un mot. Je les suis comme leur queue jusque dans l’ascenseur qui nous emmène dans un appartement à deux niveaux vraiment qui coupe le souffle. J’avais raison de dire qu’il était riche. L’homme monte sans même me dire un mot. Je reste donc là à attendre que quelqu’un me dise ce que je fais ici. Le chauffeur m’apporte une grande serviette avec laquelle je me mets à m’essuyer puis m’enroule dedans.
– Installez-vous. Me dit le chauffeur.
– Qu’est-ce que je fais ici ?
– Mon boss a pensé qu’il était préférable que vous passiez la nuit ici et demain on vous raccompagnera chez vous.
– Vous auriez pu au moins me le dire.
– Il n’est pas très bavard.
– Ok.
– Je vous apporte des vêtements de rechange.
Plutôt que de m’asseoir je parcoure toute la pièce. Je vois une grande photo de lui qui est d’ailleurs la seule dans la pièce. Toutes les autres sont celles d’une petite fille et d’une femme. Il est donc marié. Je continue de marcher dans toute la pièce lorsque je vois des magazines posés sur une table. J’en prends une et c’est là que je le reconnais. Il est en affiche sur tous les magazines. Monsieur Terry YOUL. J’ai entendu parler de lui et je l’ai même vu à la une des journaux et même des sites internet mais bon je ne suis pas vraiment son actualité.
– Ne touchez à rien !
Je me retourne en sursaut et le vois arrêté juste en chemise blanche dont les manches sont retroussées jusque sur l’avant-bras. Je le parcoure du regard et je le remarque véritable. Seigneur quel homme ! Sa posture renferme de l’assurance, du charisme, de la fougue, de l’autorité et pour finir de la crainte. Il pose ce qu’il a en main et range ses mains dans les poches de son pantalon noir cousu sur mesure.
– Voici de quoi vous changer.
– Et je dors où ?
– Où vous voulez sauf dans ma chambre.
Il s’en va me laissant là toujours en train de reluquer. Il a de belles fesses, lol. Le chauffeur revient me montrer une chambre en bas où passer la nuit. Il m’indique ensuite la cuisine pour si j’ai besoin de quelque chose avant de me laisser. Cette maison est vraiment bien faite. La chambre dans laquelle je suis me donne envie de ne plus retourner dans mon appart. Si ça c’est la chambre d’ami je n’imagine pas la chambre principale. Je vais prendre un bon bain chaud et enfile la chemise qu’il m’a donné. Je m’attendais à avoir une robe de nuit vu qu’il est marié mais apparemment il ne veut pas toucher aux affaires de sa femme. Mon ventre commence à gargouiller sérieusement. Je décide d’aller me faire à manger. On m’a dit de me mettre à l’aise donc je vais en profiter. J’ai eu l’occasion d’être dans la peau d’une femme riche donc je vais en profiter au maximum avant que le jour ne se lève. Je fais des pattes avec des œufs vu que c’est plus rapide. La maison est vide donc pas moyen de demander où se trouve le boss. Je parcoure toute la maison à sa recherche avec un plat de spaghettis en main et un verre de vin que j’ai trouvé dans le petit bistrot. J’entre dans toutes les pièces du bas mais aucune trace. J’arrive devant la dernière porte que je cogne avec le pied. Sa voix grave dit d’entrer, ce que je fais. Je tombe encore sous son charme lorsque je le vois assis derrière son bureau concentré sur son ordi. La main posée autour de sa bouche il lève juste les yeux sur moi. Je crois que je viens de tomber amoureuse. Lol. Trisha tu es une malade.
– Que faites-vous là ?
Sa voix me fait revenir à la réalité. J’ai envie de rester là à le regarder toute la nuit.
– Le chauffeur m’a dit que je pouvais me faire à manger donc j’en ai fait pour nous deux.
– Vous pouvez retourner avec.
– Mais…
– N’oubliez pas de tout nettoyer avant de partir.
Son indifférence et son insolence me tuent. Moi j’essaye juste d’être gentille mais apparemment lui n’en a rien à foutre. Je ressors donc avec mon plat que je vais déguster toute seule.
Je me réveille en sursaut lorsque j’entends un bruit assourdissant. Je suis prise de peur en pensant à un cambriolage mais quand je me souviens de la sécurité que j’ai vu en arrivant je me dis que c’est autre chose. Le bruit se fait de nouveau avec cette fois accompagné d’un grognement. Je sors doucement de la chambre pour aller voir ce qui se passe. Je constate que le bruit vient de l’étage. Je m’y rends donc en marchant sur la pointe des pieds pour ne pas me faire entendre au cas où c’était quelque chose de dangereux. Arrivée en haut je suis attentivement le bruit qui finit par me mener devant une porte. Une bataille commence à l’intérieur à la question de savoir si je dois rentrer voir ce qui se passe ou pas. Je prends le risque et rentre. C’est une immense chambre. Sa chambre à lui je suppose. Le bruit vient de ce que je suppose être la salle de bain. J’appelle faiblement son nom même si je sais qu’il risque de ne pas m’entendre avec tout ce boucan. Je toque à la porte toujours en l’appelant mais comme je n’ai aucune réponse et que les bruits continuent je décide de rentrer.
– OH MON DIEU !
Le spectacle que je vois me glace le sang. Terry en train de fracasser le mur avec ses poings qui sont tout en sang. Il y a même du sang par terre. Mon crie le fait se retourner vers moi.
– Bordel que faites-vous ici ?
– Je je suis déso… lée. J’ai entendu du…
Il fonce sur moi et tente de me jeter dehors mais je refuse de sortir. C’est vrai que je suis morte de peur mais une partie de moi veut rester pour l’aider. L’aider pour quoi je ne sais même pas.
– Laissez-moi vous aider.
– Non dégagez !
Une bousculade s’en suit jusqu’à ce que maladroitement la chemise que je porte laisse apparaitre un de mes seins qui sont nus parce que je n’ai pas porté de soutien. Je n’en porte pas pour dormir. En plus il était tout trempé. Nous restons figés face à ce qui vient d’arriver avec nos respirations qui sont saccadés. Il passe son regard de mon sein à moi tandis que moi je ne peux détacher mon regard de lui. De ses lèvres. Une envie subite de les sentir contre les miennes m’anime suivie d’une chaleur dans le bas ventre. Comme s’il ressentait la même chose il se jette sur mes lèvres qu’il saisit. Je m’agrippe à lui sans ménagement en répondant à son baiser. Nous nous embrassons de façon désordonnée. Il déchire d’un coup la chemise qui est devenu rouge de sang et englouti mes seins à tour de rôle dans sa bouche. C’est tellement bon que je ne peux retenir mes gémissements. Il me soulève pour ensuite me jeter sur son lit avant de retirer son pantalon qui d’ailleurs était la seule chose sur lui. Cet homme est bien sculpté. Quand il revient se jeter sur moi après s’être protégé il me possède direct. D’un premier coup c’est douloureux mais la douleur laisse place au plaisir. Je ne suis plus que gémissement et lui grognement. Il n’est pas du tout doux mais ça me plait. Je ne fais que le griffer et le mordre tellement c’est intense. Moi je prends sacrément mon pied mais lui j’ai plutôt l’impression qu’il veut évacuer une rage, une douleur qui le ronge.
Je me réveille toute courbaturée mais heureuse de la nuit que j’ai passé. C’était super génial et là présentement mon corps en redemande. Je ne le trouve pas dans la chambre mais alors que je veux me lever pour aller prendre une douche il apparait.
– Bonjour. Dis-je avec un léger sourire.
– Préparez-vous pour vous en aller.
Quoi il va redevenir hautain après notre nuit ? Il se retourne pour sortir.
– Attendez !
– Quoi ?
– C’est en rapport avec ce qui s’est passé hier.
– Il n’y a rien à dire.
– Et si je ne veux pas me limiter qu’à cette nuit ?
– Vous ne m’intéressez pas.
– Mais vous si. J’en veux pus. Je ne sais pas pourquoi je dis ça mais je me suis sentie bien avec vous.
– Vous me draguez ?
– Oui mais je tiens à signifier que je ne l’avais jamais fait avant.
– Ça signifie plutôt que vous êtes une femme légère.
– Quoi ?
Il me fixe l’air de dire “vous voulez que je fasse un exposé ?’’
– Attendez ce n’est pas parce que je vous ai dit que je voulais être avec vous que vous allez me manquer de respect. Je ne sais pas pourquoi je vous ai dit ça. Ça m’est venu comme ça et comme je ne cache jamais ce que je ressens eh bien je vous l’ai dit.
– Ca ne regarde que vous.
Il jette une liasse de billet sur le lit et sort de la chambre. Qu’est-ce qui m’a pris de lui dire ça d’ailleurs ? Je le regrette. Comment en suis-je arrivée là moi qui n’ai jamais fait la cour à un homme ? Pour éviter de me faire humilier encore je me prépare à la va vite et prends ma route sans prendre l’argent. Il me prend pour une pute et je veux lui monter que je ne le suis pas. Durant tout le trajet je ne fais que me frapper la tête en me demandant ce qui m’a pris de lui faire la cour. Je suis une conne. Je retrouve Carine couchée dans le fauteuil devant la télé. Je me laisse tomber dans le fauteuil près d’elle avec toujours ce regret qui me serre à la gorge.
– Tu as dormi avec un bel étalon ?
– Ne m’en parle pas.
– Il ne fait pas bien ?
– Arrête avec ça. Je me suis juste ridiculisée.
– Explique !
– Nous avons fait l’amour et ce matin poussée par je ne sais quel démon je lui ai fait la cour.
Elle se relève d’un coup pour s’asseoir avec un air choqué.
– Tu as fait quoi ?
– Je le regrette je te le jure.
– Il était si bon que ça ?
– Ca n’a rien à avoir avec le sexe. Bon à 20% mais pour le reste je ne sais pas. Il est attirant, sacrément attirant et malgré son air intimidant et hautain il est séduisant.
– Waho tout ça pour un seul homme ? Et qu’est-ce qu’il a dit ?
– Il m’a pris pour une pute. Je ne suis qu’une conne.
– Oui tu l’es.
– Merci beaucoup.
– Tu as pris ton petit déjeuner ? J’ai fait de l’avocat avec des œufs.
– Merci. Je meure de faim.
Elle apporte mon assiette d’avocat que je mange.
– Voilà parlons de ce ‘‘travail’’ que tu as eu.
– Je sais qu’il n’est pas un travail ‘‘exemplaire’’ mais c’est ce que j’ai trouvé. À cause de mon problème d’alcoolisme je ne peux pas travailler dans un bureau comme toi.
– Donc tu dois arrêter de boire. Tu as quand même le BAC et tu peux avoir un travail mieux que celui de stripteaseuse.
– Je le sais. Ecoute je te promets de faire ce travail un moment, le temps d’économiser. Après quoi je mettrai sur pieds une activité. Je ne veux plus que tu sois la seule à faire les dépenses de la maison et je ne veux plus que tu t’occupes de moi. Déjà que ton travail ne te paye pas bien je ne veux pas en rajouter. La preuve tu n’as pas encore payé le loyer de ce mois.
– Je le ferai. Mais bon fais comme tu veux. Je veux juste que tu fasses attention et arrête avec l’alcool. À cette allure on t’enfermera dans un centre pour alcoolique.
– Je ferai l’effort promis.
– Bon je vais dormir un peu. Je n’ai pas vraiment fermé l’œil de la nuit.
– Humm il a dû bien te secouer. Fait-elle en rigolant.
– Je t’emmerde Carine. Dis-je en lui lançant un coussin.
Je vais laver mon assiette et me rends dans ma chambre. Plutôt que de dormir comme prévu, je prends mon ordinateur et commence à faire des recherches sur mon homme d’une nuit. Terry YOUL. Cet homme me perturbe. Ca fait juste trois fois que je le vois et il me perturbe. Faire l’amour avec lui n’arrange pas non plus les choses. J’ai couché avec homme que je ne connais. Oh bon sang Trisha ! Comme tu peux être conne des fois. Je n’avais jamais fait ça avant et depuis ma rupture d’avec Roger je n’ai plus connu d’homme. Pas parce que je ne le voulais pas, mais j’ai préféré me concentrer sur mon travail avant de chercher l’homme de ma vie. Je voulais d’abord être une femme indépendante.
Terry YOUL !
Mon corps frissonne quand je me rappelle comment il m’a fait l’amour hier. C’était sauvage mais tellement intense. Et ses lèvres, ses lèvres. Merde Trisha réveille-toi ! Il a dit que tu étais une femme facile, ce qui veut dire qu’il t’a déjà catalogué. Je regarde enfin les informations sur lui via Google. Terry YOUL. 32 ans. Enfin il aura 32 ans cette année. Meilleur architecte en Côte d’Ivoire, deuxième en Afrique et cinquième dans le monde. Wahoo ! J’ai couché avec une fortune. Il est veuf et a perdu son unique fille l’année passée dans un accident de voiture. C’est peut-être pour ça qu’il a l’air sombre. C’est un solitaire. Je regarde ses photos et je tombe encore plus sous son charme. Est-ce qu’un homme comme lui peut s’intéresser à une fille comme moi ?
Qui suis-je même d’ailleurs ? Une fille dont les parents n’ont pas voulu et l’ont abandonné bébé devant un orphelinat. Une fille qui a vécu d’orphelinat à orphelinat, qui a fini mendiante dans la rue à l’âge de 15 ans et qui n’a juste qu’un niveau BAC. Et comment j’ai réussi même à payer mes cours ? En vivant aux crochets des hommes. Coucher de gauche à droite pour pouvoir avoir de quoi me nourrir et payer mes cours parce que je voulais coûte que coûte être instruite. Est-ce qu’un homme tel lui pourra s’intéresser à une fille comme moi ?
Non ! Donc mieux je dors.