Episode 8
Ecrit par Mona Lys
8
***CHRIS
— Selon les dernières investigations, Romario aurait quitté le pays pour le sien, avec tous ses hommes. Nous n’avons plus rien à craindre pour le moment.
— Nous devons tout de même rester sur nos gardes.
— Effectivement, soutien Alana. Nos hommes sont sur le pied de guerre. Inayah ne craint...
Mes pensées se perdent de nouveau. Sept longs jours qu’il y a un grand vide dans la maison. Tout est si calme, si vide, si sombre. Je ne ressens plus ce besoin urgent de rentrer tôt à la maison pour dîner. Le chien également ressent ce vide. Il dort dans la chambre de sa patronne depuis son absence. Elle m'a contacté durant cette semaine, mais j’ai juste fait l'indifférent comme toujours.
— Chris, tu m’écoutes ?
— Qu’est-ce que tu disais ?
— Tu penses à Inayah ?
— Pourquoi le devrais-je ?
Elle plisse les yeux.
— Pourquoi ne la rejoins-tu…
— Tu peux rentrer chez toi si tu n'as plus rien à me dire.
— Si…
— Si tu essaies de me pousser dans les bras d’Inayah pour te donner bonne conscience avec ton type, tu te goures. Je ne tomberai pas dans ces bêtises et toi et l'autre couillon je vous tiens à l’œil. Rentre maintenant chez toi.
Elle fait la tronche et sort de mon bureau. Je reporte mon attention sur mes dossiers urgents. Je suis dessus depuis trois jours sans réellement savoir ce que je cherche. Peut-être que je veux m’assurer de ne faire aucune erreur. Assez pour ce soir. Je monte dans ma chambre, prendre une douche rapide. J’opte pour des vêtements plus amples. A bord de ma Ferrari, je sillonne la ville qui est plus animée de nuit que de jour. Je finis par choisir une destination.
Je reste garé devant la boîte de Shana sans arriver à me décider à descendre. J’ai donné ma parole à Inayah de ne plus fréquenter Shana. Elle serait sans doute furieuse de découvrir que je n’ai pas tenu à ma parole. Je démarre et quitte finalement les lieux. J'appuie sur une touche de mon kit mains libres accroché au volant.
— « Allô Boss ? » me répond Ben, mon chef de sécurité.
— Préparez le jet. Je pars en Côte d’Ivoire rejoindre ma femme.
— « Tout de suite, Boss. »
Je raccroche et appuie sur le champignon. Si je n'y vais pas, je n'arriverai à me concentrer sur rien.
***INAYAH
Avec espoir, j’assiste le Docteur qui examine mon père pour la énième fois depuis que nous l’avons transféré dans cette clinique. Il ne s'est toujours pas réveillé de son état comateux dans lequel il est depuis cinq jours. Les examens n’ont encore rien montré. J'en suis perplexe. Ne rien découvrir retarde son traitement. Ce qui retarde par la même occasion mon retour aux États-Unis. J’avais pourtant prévu faire juste une semaine mais là, je vais rentrer dans la deuxième. Mon homme me manque. Je veux retourner à ses côtés. Je veux y retourner pour le convaincre de nous donner une chance. Je sais que, même s'il n'est pas amoureux de moi, il ressent un tout petit peu d’attirance pour moi. J’ai tellement hâte de le revoir.
Le Docteur me fait signe de le suivre dehors.
— Les résultats des derniers examens n'ont encore rien révélé. Hormis les séquelles de son récent AVC, nous ne pouvons réellement dire ce qu’il a. Je parle surtout de l’origine de l’ulcère qu'il a au pied.
— Qu'allons donc nous faire ?
— Nous lui avons de nouveau fait passer des examens mais nous allons commencer un traitement pour voir comment les choses se présentent.
Il pousse un soupir.
— Vous me permettez de vous dire quelque chose ?
— Allez-y, Docteur.
— Je ne sais pas si vous y croyez mais, je pense que le cas de votre père doit être plus spirituel que physique.
— C’est-à-dire ?
— Que votre père a sans doute reçu un sort. Un envoûtement, pour être plus précis.
— Hum ?
— Je dis tout simplement ce que je ressens. Continuons cependant à espérer que les résultats des examens montrent quelque chose de plus clair. Veuillez m’excuser.
Les suspicions du Docteur me troublent mais surtout me font réfléchir. Si mon père est victime de magie noire, de qui cela peut-il venir ? D’un de ses frères ? De Pauline ? Cela ne m’étonnerait pas d'elle. Elle est vile et sans cœur. Ça ne m’étonnerait pas qu'elle soit en plus une sorcière. Je sens que j'aurai du fil à retordre durant mon séjour.
Gab me fait signe qu’il a récupéré mon dîner, alors nous rentrons à la maison. Je ne mange pas les repas cuisinés par Pauline et ses filles. Avec ces vipères, faudrait pas prendre de risque. Elles pourraient m'empoisonner. Je les connais que trop bien.
J’exige que nous soyons toujours réunis à table pour prendre les repas. Je pouvais bien m’en passer, mais ça me fascine de voir le pouvoir que j’ai sur eux. Ils ne peuvent plus rien contre moi. C’est moi qui donne les ordres et eux qui les exécutent. Ils n'ont pas d'autres choix de toute façon.
— Tata, on veut voir pépé, me dit l’un des enfants d’Elvire.
En effet, son mari l'a répudiée avec leurs trois enfants pour s’installer avec sa maîtresse. Elle ne faisait rien comme activité. Elle s'est retrouvée à la rue sans rien. La maison familiale a été son seul recours.
— Très bientôt, chéri, lui dis-je avec un sourire.
Les enfants sont les seuls avec qui je m'entends, avec qui je rigole. C’est d’ailleurs eux la raison pour laquelle je donne l’argent de la popote. Ils ne doivent pas subir les conséquences des bêtises de leur famille. De ce que j’ai cru comprendre, Rose a fait un gosse dans le dos d’un homme marié qui visiblement voulait juste du plaisir avec elle et rien d'autre. Il a dû l’abandonner avec sa grossesse pour se trouver une autre pute. Elle a fini par avorter. Marcel quant à lui s'est fait rapatrier après qu’il ait été pris la main dans le sac en train de dealer de la drogue dans la rue. En gros, ils ont tous payé pour leurs méchancetés. Comme on le dit, le mal qu’on fait aux autres nous revient toujours à la figure.
— Au fait Pauline, dès demain tu ajouteras à tes tâches les soins de papa. Tu iras dorénavant nettoyer sa plaie et l'essuyer. D'autres personnes ne devraient pas s'en charger alors qu'il a une épouse qui ne fout rien de ses journées.
— Inayah, respecte-moi hein. Je suis ton aînée. Je peux être ta mère. Et je le suis pour t'avoir élevée. Tu es l’aînée des enfants donc si quelqu’un doit faire ce travail, c’est bien toi.
— Aurais-tu oublié que je ne suis pas une DUBOIS ? Je ne suis rien dans cette famille.
— Tu fais quoi donc ici avec tes grands airs ?
— La reconnaissance, tu connais ? Je reste reconnaissante à cet homme qui a pris soin de moi et m'a donné de l'amour avant que tu ne fasses irruption dans sa vie.
— Maintenant les ordres que tu donnes aux gens à tout moment viennent d’où ?
— Du pouvoir, très chère, dis-je le sourire en coin. Je détiens le pouvoir.
Elle me fusille du regard. J’adore la foutre en rogne. J'aime quand elle perd ses moyens devant moi.
— Ina, m'appelle Marcel, et pour mon concours là c’est comment ? Les inscriptions ont déjà débuté. Et puis tu n'as qu’à t'arranger avec les chefs pour que mon nom soit inscrit sur la liste des officiers retenus. Tu sais que mon rêve a toujours été d’être policier oh. Voici là la bonne occasion. Je ne dois pas…
— Cessez de m'emmerder avec vos problèmes, Marcel. Je ne suis pas là pour ça.
Je regarde Rose et Elvire qui ont gardé silence tout le long du dîner. Ces deux-là perdent leurs langues lorsque je suis présente. C’est un peu comme si elles avaient conscience que je pourrais faire abattre ma fureur sur elles donc elles préféraient éviter de me provoquer. Je sais néanmoins que dans mon dos, elles complotent avec leur mère contre moi. J'ai hâte de découvrir ce qu'elles comptent me faire.
Mon sommeil est tourmenté. Depuis que j’ai fait ce rêve dans lequel je voyais Pauline et ses filles comploter pour tuer mon père, je ne parviens plus à dormir profondément. Mon sommeil s'entrecoupe chaque trente minutes. Je bois un verre d'eau et me recouche en espérant cette fois parvenir à dormir. Je me réveille de nouveau. Couchée sur mon ventre, je jette un coup d’œil et je remarque que j’ai pu dormir pendant deux heures de temps. J’ai une subite envie d’appeler Chris. Entendre sa voix me ferait tellement de bien. Il doit sûrement faire jour là-bas. Je récupère mon portable en m’asseyant. Je sens tout à coup un regard sur moi. Je lève la tête et…
— OH MON DIEU !!!
— Désolé ! Je ne voulais pas te faire peur.
Je reconnais la voix avant même de rallumer la lumière. Il est debout, dans un coin de la pièce, à me regarder.
— Chris ? Que fais-tu là ?
— Rendors-toi ! On parlera lorsqu'il fera jour. Tu m'as l'air bien fatigué.
Je suis tellement heureuse de le voir que je sors du lit. Je me jette quasiment sur lui. Je l’enlace tellement fort que je l'entends geindre doucement.
— Désolée. Je suis si contente de te voir.
— Comment vas-tu ?
— Bien. Maintenant que tu es là. Viens.
Je le tire par le bras comme un enfant et l’incite à me rejoindre sur le lit.
— Comment va ton père ?
— Rien de nouveau pour l’heure.
Je souffle en me souvenant des propos du Docteur. Je lui relate les derniers événements et le rêve que j'ai fait cette nuit.
— Tout ce que je souhaite là maintenant, c’est qu’il se réveille, aille mieux pour que je parte d’ici. Je ne supporte plus cette femme et ses enfants. Être ici me rappelle tellement de mauvais souvenirs.
— Toujours rien du côté de la justice concernant la mort de ton défunt mari ?
— Rien. Aucune plainte n’a sans doute été déposée. Sinon connaissant Pauline, j’aurais déjà reçu la visite de la police dès mon premier jour ici.
— Tu m’as l’air vraiment épuisée. Remets-toi au lit.
— Où sont tes affaires ?
— A l’hôtel. J’y retourne. On se revoit plus tard.
— Non, reste, s’il te plaît ! dis-je en lui prenant la main. Reste ici avec moi. Ta présence me fera du bien.
— Tu sais que…
— Oui je sais que tu n’aimes pas cohabiter, encore moins avec des inconnus. Mais j’ai vraiment besoin que tu sois là. Je te veux à mes côtés.
— Tu peux me rejoindre à l’hôtel.
— Si je pars de cette maison, il est clair que Pauline et compagnie cèderont cette maison à l’acheteur qui patiente toujours et ils disparaîtront. Je veux les garder à l’œil pour éviter toute surprise. Tu ne seras pas obligé de passer tes journées ici. On sortira ensemble et on rentrera ensemble.
Il promène son regard. Je lui en demande trop, j’en suis consciente. Il m'a beaucoup trop manqué pour que je le laisse aller à l’hôtel.
— On fera comme tu veux, se résigne-t-il.
— Merci !
Si la première partie de ma nuit se résumait en une série d’insomnie, dans la deuxième, j’ai pris plaisir à ne pas dormir car je l’ai passée à contempler Chris. Il était tellement fatigué par le voyage qu’il s’est endormi à la seconde même où son dos a touché le lit. C’est la première fois depuis que nous nous connaissons que nous partageons le même lit. Je ne veux plus que ça s’arrête. Si seulement nous pouvions garder cette proximité de retour chez nous. Je garde cependant espoir. Je le sens que les choses changeront entre nous les jours à venir.
Je finis par sortir du lit et le laisser tout seul endormi. Je descends vérifier si les hommes ont ramené de l’hôtel le petit sac de voyage de Chris. Après l’avoir récupéré chez Gab, je reviens à l’intérieur.
— Inayah ! m’appelle Pauline.
— Quoi ?
— Le nouveau propriétaire de la maison a encore appelé. Il s’impatiente.
— Je n’ai peut-être pas été assez claire la dernière fois. Cette maison n’appartiendra à personne d’autre que Arsène DUBOIS. Ce sera à lui et uniquement à lui de décider de son sort. Alors toi et ton proprio, allez vous faire foutre.
— Nous avons déjà pris son argent.
— Redonnez-le lui.
— Ce n’est pas possible. Nous avons déjà payé la caution d’une autre maison et fait d’autres dépenses. Nous devons libérer cette maison au risque de finir en prison.
— Vous irez en prison, Pauline. Vous allez y pourrir.
Rose déboule toute furieuse derrière sa mère.
— Je commence par en avoir marre de ton insolence. Pour qui tu te prends au final ? Malgré ta nouvelle fortune, tu ne seras jamais rien d’autre que la pauvre idiote issue d’une des nombreuses parties de jambes en l’air de sa prostituée de mère.
Ma main s’abat sur sa joue à la seconde même où sa phrase finit. Je souris de soulagement.
— C’est fou comme j’en mourrais d’envie.
Son insulte m’a glissé sur le corps. Je voulais juste la taper. Elle vire au rouge. Elle forme ses poings et fonce sur moi. Mais s’immobilise aussitôt en fixant un point derrière moi. Pauline ouvre grand la bouche en regardant aussi derrière moi.
— Seigneur Jésus Marie Joseph, murmure Elvire qui fait son apparition en fixant sans doute le même point que les deux autres.
Je comprends ce qui se passe en humant le parfum hors de prix qui m’a enveloppée. Elles regardent toutes Chris qui descend les escaliers. Je le sens se rapprocher et s’arrêter juste dans mon dos. Sa présence me confère encore plus de pouvoir.
— Bonjour, les salue-t-il.
Pauline et Elvire répondent difficilement. Rose quant à elle est toujours hypnotisée par Chris.
— Je me suis réveillé et je ne t’ai pas vue ? me dit doucement mon mari. Tout va bien ?
— Oui. J’étais descendue récupérer ton sac. On remonte.
— Donc Inayah, c’est pour venir jouer les putes que tu nous interdis de vendre la maison ? se plaint tout bêtement Pauline.
— Idiote, c’est mon mari. Tu crois que le diamant sur mon doigt c’est pour faire joli ?
Elles tombent toutes de haut. Je prends la main de Chris et nous retournons dans la chambre. Il part se préparer dans la salle de bains avant de me céder la place. Ce doit être étrange pour lui de se doucher dans une salle de bain aussi minuscule, lui qui a l’habitude des grandes. Heureusement que j’avais fait changer la pompe d’eau pour une qui distribue aussi de l’eau chaude.
De la maison nous nous sommes rendus à un café pour prendre le petit déjeuner. Nous n’avons échangé de mot depuis. Chris ne fait que recevoir des appels pour le boulot. Les deux types de boulot qu’il gère, je veux dire. Il raccroche enfin.
— Si tu as du boulot, tu peux rentrer tu sais.
— Alana s’en occupe et pour les autres, je ne paie pas un salaire conséquent à mon Directeur Adjoint pour qu’il chôme.
C’est maintenant mon portable qui sonne.
— C’est le Docteur qui s’occupe de mon père, dis-je à Chris avant de décrocher. Bonjour Docteur.
— « Bonjour Madame IVANOV. Votre père a enfin ouvert les yeux. »
— Vraiment ? Mais c’est génial ça. Je viens de ce pas.
Je raccroche et Chris se lève sans attendre mon mot d’ordre. Il laisse deux billets de dix mille sur la table, ce qui dépasse largement notre consommation. C’est le serveur qui sera heureux de son pourboire. C’est avec un visage rayonnant que le Docteur nous accueille.
— Comment va-t-il ?
— Il a l’air de mieux aller. Il vous a demandée.
— Il m’a demandée ? Vous lui avez dit que j’étais là ?
— Du tout. Il a affirmé avoir ressenti votre présence. Vous pouvez aller le voir.
J’y vais avec hâte. Dès que j’ouvre la porte de sa chambre, je croise son regard. Je ne sais plus comment réagir. Dois-je être distante en souvenir de tout le mal qu’il m’a fait ? Ou dois-je lui tomber dans les bras ?
— Ma petite chérie, dit-il d’une voix faible et brisée par l’émotion. Je te demande pardon. Je t’ai fait tellement de mal et je le regrette amèrement. J’en paye les conséquences aujourd’hui. Pardonne-moi. Au nom de l’amour qu’il y a une fois eu entre nous.
Voir ce vieil homme fragile pleurer à chaudes larmes me fait craquer. Comment être insensible à ça ? Je cours me jeter dans ses bras.
— Arrête de parler, papa. Je ne t’en veux pas. Tu restes mon père malgré tout.
Nous pleurons l’un dans les bras de l’autre quelques minutes avant de nous séparer.
— Comment vas-tu ? je demande à mon père en me nettoyant les joues.
— Mieux, maintenant que je te vois. Après tout ce qui s’est passé, je n’ai fait qu’implorer le ciel de me permettre de te voir une dernière fois avant de tirer ma révérence. Pauline m’a eu. Elle m’a éloigné de ceux qui m’aimaient réellement pour s’accaparer de mes biens après m’avoir tué.
Ses mains se mettent à trembler.
— Tu dois te ménager. Tu te réveilles d’un long coma.
— Je te dois des explications. Ta mère n’était pas une femme légère comme nous l’a fait croire Pauline. En réalité, lorsque nous étions encore mariés, ta mère et moi, c’était Pauline qui me rapportait que ta mère sortait avec untel. Ta mère se défendait à chaque fois mais Pauline savait tellement manipuler les événements que ça lui donnait raison. Puis elle est tombée enceinte de toi. A force d’accusation, ta mère, dans un ras-le-bol, m’a confirmé les accusations de celle qui était sa meilleure amie. Aujourd’hui, je comprends juste qu’elle en avait eu marre d’essayer de me faire entendre raison. Puis tu es née et je t’ai tout de suite aimée bien que je croyais ne pas être ton père. La mort de ta mère m’a encore plus rapproché de toi. Tu n'as pas oublié combien je t’aimais, hein ?
— Comment oublier ? dis-je la gorge nouée. C’était les plus beaux moments de ma vie.
— Je te demande pardon d’avoir tout gâché. Je te demande pardon d’avoir trompé ta mère avec Pauline malgré que nous étions encore mariés. Je n’ai jamais eu la force de la répudier. J’avais tout simplement décidé de me venger en sortant avec sa meilleure amie. Ta mère en est morte. Cette dernière s’est installée un an après les obsèques de ta mère pour éviter les regards des gens et sans que je ne me rende compte, je commençais à m’éloigner de toi et te mépriser sans le vouloir. J’étais tout simplement envoûté par cette femme. Elle me voulait pour elle seule et ses bâtards dont elle a osé m’attribuer la paternité. Je découvre trop tard toute la vérité. Je les ai tous mis à la porte et entrepris les démarches pour le divorce. C’est ainsi que je me réveille un matin complètement paralysé et avec une plaie qui n’a cessé de grandir jusqu’à ce jour. Elle veut me tuer pour que ses enfants héritent de tout. Tout ce qui te revient. Je vais mourir.
— Ne dis pas ça.
— Je vais réellement mourir, Inayah. Je le sens. Mais je voulais te demander de ne pas les laisser gagner. J’ai un peu d’argent sur un compte bloqué. Contacte mon gestionnaire, il te dira la démarche à suivre pour…
— Papa, papa, stop. Oublions ça pour le moment. Je ferai tour ce que tu veux mais concentrons-nous d’abord sur ton état de santé. C’est le plus important. Lorsque tu iras mieux, on s’occupera des autres.
— C’est compris, ma fille.
Il me caresse la main et sourit.
— Tu es devenue encore plus belle. Où étais-tu tout ce temps ?
— Une longue histoire, papa. Je te la raconterai plus tard.
La nuit tombée, Chris vient me chercher pour que nous rentrions. Je fais les présentations avec mon père qui est très ravi de le rencontrer. Nous nous en allons juste après. Nous débouchons sur un rond-point quand le chauffeur freine brusquement. Je jette un coup d’œil à l’extérieur et je vois qu’il a manqué de renverser un homme en fauteuil roulant. Le chauffeur descend s’assurer que tout va bien. En observant la scène, mon sang fait un tour dans mon cerveau.
— Sébastien ???
(Petit rappel : Sébastien c'est le mari d'Inayah. Il était censé être mort après que Chris lui ait tiré une balle dans la tête alors qu'il s'apprêtait à battre Inayah.)