Episode 8

Ecrit par Annabelle Sara

 

Mon premier cours de formation se déroula assez bien. Nous étions juste deux dans une petite salle de réunion dans l’enceinte du siège de notre société, je suivais donc cette formation avec une collègue qui venait apparemment d’une agence de Douala.

Elle avait un air supérieur carrément condescendant, mais je m’en foutais un peu, j’avais trop de chose dans la tête et cette formation ne tombais pas vraiment au bon moment, mais j’avais besoin de ce poste donc j’allais devoir laisser mes problèmes à la porte. Ma collègue se présenta même si elle ne me sera pas la main comme si je portais le virus des chiques (si ça existe)

Elle : Christina Epoh !

En plus elle whythise.

Moi : Mlle Mekeng, enchantée !

Quitte à jouer les Boss Lady autant y aller franco. Je pouvais lire la surprise dans ses yeux, je venais de marquer le terrain, toi et moi nous ne sommes pas copine, nous sommes là pour apprendre après basta !

La séance du jour étant fini c’est avec hâte que je suis rentrée chez moi, Pat était encore à la maison, je l’ai trouvé en train d’abattre une bouteille de vin blanc que je gardais dans la commode de mon salon.

Moi : Bonsoir Pat…

Pat : Salut ma puce ! Comment était ta journée ?

Moi : Je suis épuisée, je sens que la formation là va me tuer…

Pat : T’inquiètes ! Restes concentrée sur la finalité de tout ça, un meilleur poste, un meilleur salaire et tout ce que ça comporte ! Le Briss quoi !

Oui la réussite a toujours été un de mes moteurs et je n’arrêterais jamais de me battre pour atteindre mes objectifs, mais les poids mort que je traine depuis un certains temps sont encore plus épuisant que mon travail.

Moi : Ma sœur dort ?

Pat : Elle n’est pas sortie de la chambre de toute la journée ! Elle m’a l’air vraiment affectée par sa grossesse hein… Tu ne penses pas qu’elle devrait voir un docteur ?

Moi : Elle aura une visite vendredi je vais voir si je peux l’y conduire…

Pat : Je croyais que c’est ta Tante qui s’occupait de l’accompagner ?

La simple mention de cette femme me hérissa le poil. Il faut que je trouve un moyen de la tenir loin de Magon. Mais comment faire sans éveiller ses soupçons ? Si jamais elle se rend compte que je suis au courant de son «  Fey » elle risque changer de tactique.

Pat : Kiki ?

Moi : Hein ?

Pat : À quoi tu penses ?

Patience était vraiment inquiète, mais je ne pouvais pas lui raconter ce qui se passe en ce moment dans ma vie, avec sa langue pendante on ne sait jamais à qui elle ira raconter le «  tcho ».

Moi : Rien, je suis juste un peu fatiguée… Tu as déjà vidé la bouteille ?

Pat : C’est le lait ! C’est une bonne bouteille… Tu as des nouvelles de Nyango ?

Moi : Non pourquoi ?

Je sentais par son ton qu’elle savait quelque chose que moi j’ignore. Ce qui n’est pas très étonnant ma sœur ci est championne dans le Tchotchori et de première qualité, quand elle raconte un «  Tcho » tu peux être certaine que c’est vrai à 98 %.

Pat : Tu crois que son mariage là aura vraiment lieu ?

Moi : J’ai entendu dire que le Baham avait effectivement divorcé de sa femme noooo…

Pat : Oui ils ont divorcés un genre un genre à l’amiable… On dit que c’était très rapide… Mais il y’ a quand même un truc bizarre qui me chiffonne ! Je me demande ce que la femme là gagne à se remarier en signant la polygamie cette fois ?

Moi : Massa tu connais les femmes avec l’alliance… C’est à la vie à la mort ! Et puis le Père là a les moyens de s’occuper de deux voir quatre familles, donc la première femme se sent surement perdante si elle divorce définitivement… Elle a accepté son sort !

Pat : J’ai pourtant suivi une histoire comme quoi elle a beaucoup soutenu son mari en mettant les terrains dont elle a hérité de son père au nom de son mari quand ils se sont mariés… Ce sont les terrains là qui l’ont lancés hein… Pourquoi venir faire un divorce à l’amiable alors qu’elle pouvait exiger beaucoup de choses ?

Moi : Azambeu ! C’est toujours le cadeau de mariage comme ça ? Voilà donc le merci du chien… Vraiment les hommes !

Pat : Je dois t’avouer que je trouve vraiment bizarre qu’une femme de cette classe accepte d’être traitée de cette façon ! Toi-même tu m’as dit que le jour où elle t’a appelé elle avait accepté de ne rien faire à Nyango même si son mari insistait dans cette relation… Une femme qui prend de la hauteur comme ça ne va pas se remarier pour le titre ! Si elle part elle part !

Pat avait peut-être raison mais là tout de suite les problèmes de Nyango ne me touchaient pas vraiment, surtout après le coup de chienne qu’elle m’avait fait en sortant avec Fabrice.

Comme si ça ne suffisait pas ma petite sœur me ramenait un problème encore plus costaud que son bébé surprise, tout de suite il fallait que je discute avec Magon seul à seul.

Pat : Et je sens que le fait d’avoir vu Nyango avec Fabrice t’a encore bien tchop ! Moi : Je ne veux même pas parler de ça !

Pat : Vous vous êtes parlé ?

Moi : Pat pardon je suis casse je vais dormir !

Elle éclata de rire comprenant que je fuyais le sujet. Elle prit congé tandis que je la remerciais pour son aide.

Magon était couchée mais je savais qu’elle ne dormait pas.

Moi : Magon tu as mangé ?

Elle secoua sa tête. J’avais prévu cette réponse donc j’avais une assiette de fruits que je lui tendis.

Moi : Tiens mange, ananas et pastèque ! Elle se redressa et attrapa l’assiette.

Magon : Merci ! Je lui ai donné quelques minutes pour manger au calme, observant ses gestes hésitant.

Moi : Qu’est-ce que tu veux que je fasse ma sœur ? J’ai déjà cherché comment t’aider… Elle leva un regard perdu sur moi.

Moi : Ce que tu m’as raconté va créer beaucoup de problème, tu sais que je connais des gens qui peuvent nous aider mais si je parle ne serais-ce qu’à une seule personne d’entre elle, ton nom sera à jamais fiché ! Tout le monde saura ce que tu as fait !

Magon : Kiki je ne sais pas !

Moi : Tu ne sais pas ? On doit contrecarrer Tantine avant qu’il ne soit trop tard…

Magon : Non… Si elle sait que tu es au courant elle va te faire du mal !

Je n’arrivais pas à croire que ma Tante puisse intenter quoi que ce soit contre moi, mais je ne la croyais pas capable de diriger un réseau d’escort-girl avant ce matin, encore moins d’embarquer sa petite nièce de 17 ans là-dedans !

Moi : Imagine que son «  Fey » tourne mal à ton avis qui va en subir les conséquences ? On doit faire quelque chose pour te sortir de là ! Mais je n’agirais qu’à conditions que tu fasses ce que je te dis…

Elle hocha la tête ! Je ne savais pas par où commencer mais la première des choses consistera à découvrir qui est cet homme que ma tante faisait chanter.

Moi : Première chose, tu te reprends, tu es enceinte et si tu te laisses aller tu ne vas pas seulement nuire au bébé mais aussi et surtout à toi !

Magon : J’ai compris !

Moi : Restes naturelle avec elle, elle ne doit se douter de rien…

Magon : Pourquoi tu n’appelles pas simplement ton ami commissaire, Gérôme ? Il peut nous aider noooo ?

J’y avais pensé, nulle était le fait que Gérôme et moi on ne sait pas vu depuis deux ans, mais en plus si les autorités avaient vent de cette histoire ma Tante et ma sœur écoperaient toutes les deux. Je cherchais un moyen souple de sortir ma petite sœur de ce mauvais pas. En plus vu la façon dont nous nous sommes séparés je doute qu’il soit très comblé de me revoir. Bref je devais agir seule sur ce coup, si j’ai besoin d’aide ensuite j’irais le voir, même s’il faut que je rampe à genou devant lui.

Moi : Tu peux supporter un interrogatoire ? Une reconstitution ? Et tout le tralala ? En plus de tes frais de l’hôpital je devrais gérer les honoraires d’un avocat… Magon la justice coute très chère ! Sans oublier qu’on ne sait pas exactement comment Tantine peut faire paraitre les choses ! Elle peut dire que c’est toi qui as monté cette histoire toute seule…

Elle semblait horrifiée.

Magon : Elle n’est pas capable de me faire ça… Je suis comme sa fille !

Moi : Elle t’a envoyé te prostituer je te rappelle... Quelle mère envoi sa fille se prostituer ?

Il fallait que je garde la tête froide, si Magon arrivait à rester de marbre devant ma Tante, celle dont je n’étais pas sûre de la réaction c’est moi.

Moi : Nous ne pouvons pas alerter la police parce que c’est toi qui es en faute ici ! Tu as délibérément couché avec un homme pour de l’argent, il peut très bien se défendre en disant qu’il ne connaissait pas ton âge, que tu es celle qui l’a sollicitée pour X ou Y raison… Il peut utiliser tellement de justifications et le pire c’est que c’est ton image qui sera affiché dans tous les carrefours… Je dois découvrir à qui tantine fait du chantage et de là on verra quoi faire !

Mon cerveau avait retourné la situation dans tous les sens dans la journée, dans la nuit, même au petit matin lorsque je me préparais pour le travail. Avant de partir j’ai rappelé à ma sœur ce qu’elle devait faire, ne rien laisser paraitre jusqu’à ce que nous sachions qui est le père de son enfant et comment couper l’herbe sous le pied de ma Tante.

 À l’heure de ma pause pendant que je discutais avec Albert sur ma formation et l’autre pimbêche qui faisait la formation avec moi, je reçois un appel de Pat, au départ je ne réponds pas, ma copine aime trop le Kongossa. Mais comme elle insiste, je finis par décrocher.

Pat : Kiki si tu ne me retrouves pas à Bastos maintenant c’est le cadavre de ta copine tu vas transporter à la morgue…

Moi : Pat il y a quoi ?

Pat : Kiki pardon ne bavardes pas trop viens me retrouver derrière l’ambassade du Nigéria à Bastos… Nyango veut se suicider !


KIKI DU 237