Episode 9

Ecrit par Nifêmi

Episode 9

 

« La vie se résume à prendre sur soi, ou pire : faire confiance à l'avenir, et l'avenir est comme Dieu, abstrait et capable de tout. »

Véronique Olmi

   

J’avais 21 ans quand j’ai accouché de ma troisième fille, Ayoola : la joie de la richesse. J’ai dû payer la sage-femme pour qu’elle me garde deux jours de plus. Alors j’ai convaincu Ina de venir avec enfants car elles me manquaient. Elle avait hésité mais était venue avec les enfants. Je lui avais promis rentrer le lendemain avec les enfants si la sage-femme me libérait :

-          Merci Ina

-          Ne me remercie pas, Afoaka risque de se fâcher. Il n’aime pas te savoir au dehors avec ses enfants.

-          Je suis leur mère, je ne leur ferai aucun mal.

-          Je sais Folakè… demain tu rentreras ou bien on veut te garder toujours ?

-          Demain je vais rentrer par la grâce de Dieu.

-          Porte-toi bien. A demain

Elle était partie de la maternité.

A l’insu de la sage-femme, j’ai quitté la maternité avec mes filles ce jour même. Je ne pouvais pas attendre le lendemain. J’étais rendue à la gare sans savoir vraiment où aller. J’ai dormi à la gare avec mes enfants. Je dormais d’un œil jusqu’au lendemain matin. Au réveil, partir dans la ville voisine, m’est venu à l’esprit. Et c’est ainsi que j’ai disparu, sans aucun regret, et à jamais de la vie de Afoaka et ses femmes sorcières. J’avais en poche 200.000 f avec quelques monnaies.

Dans la ville voisine, je m’étais reconstruite en louant un appartement d’une pièce à coucher et une douche. Parallèlement j’ai trouvé un local pour commencer une activité. Devinez quelle activité ? J’étais devenue une restauratrice. J’ai suivi les pas de Man’mi. Et cela m’avait beaucoup réussit. Grace à cette activité, j’ai scolarisé mes enfants, j’ai construit une maison. Mon restaurant était très connu dans cette ville. J’avais pour clients les personnes importantes du pays.

A peine 30 ans j’avais deux restaurants à mon actif. Ce n’était pas facile au début. J’ai eu à faire des pertes, j’ai été cambriolée et j’ai eu de mauvais employés et collaborateurs avant d’être stable. Ma vie amoureuse n’avait plus jamais existé car elle était morte avec Banjoko. Et oui ! Banji, je ne l’avais jamais oublié. Je ne croyais plus aimer. Je vivais que pour mes filles et mes activités. Malgré la cour assidue de certains hommes d’affaires ou du gouvernement je préférais ma solitude. J’avais envie de sacrifier tout juste pour revoir mon pêcheur une dernière fois. J’ai fait des recherches concernant sa mère. Rien n’avait abouti.

 Lorsque ma fille ainée a eu son Baccalauréat à l’âge de 20 ans, une de mes relations m’avait aidé à ce qu’elle obtienne un visa pour aller étudier en France. Ses sœurs aussi l’on rejoint lorsqu’à leur tour, elles ont obtenu leur Baccalauréat. J’étais heureuse de voir mes filles réussir. Leur réussite était une victoire. J’ai réussi grâce à Dieu. J’avais eu à oublier qu’un certain Afoaka existait.

C’est ainsi que le destin avait voulu que je recroise le chemin de Ina une nouvelle fois, en 2006, dans mon restaurant. Et dans quelle condition ? Elle était venue au restaurant accompagné d’un jeune homme, d’une jeune femme et de deux enfants. J’avais remarqué leur entrée mais sans faire vraiment attention à eux. Je ne savais pas que c’était cette mesquine. Ce qui attira mon attention vers eux, c’est lorsque le jeune homme lui assena une gifle retentissante. J’ai été choquée et je m’étais approchée de leur table pour savoir si tout allait bien ? Et c’est là j’ai reconnu Ina avec son fils. Son fils venait de la gifler. Sans réfléchir j’avais dit :

-          Azikiwe ? pourquoi tu gifles ta mère ?

-          Pardon vous êtes qui ? laissez-nous déjeuner en paix madame !

-          Ina, c’est moi ! Folakè

-         

-          Madame est-ce que nous pouvons déjeuner en paix, ou soit je fais appel au propriétaire des lieux pour vous remettre à votre place.

-          Azikiwe ! je suis le propriétaire de ce lieu

Sa mère et lui m’ont regardé d’un air surpris.

-          Oui, et j’ai été la fille qui a été mariée de force à ton père. Oui ! et à ce que je vois tu ressembles tellement à ton père avec cette brutalité. Comment oses-tu frapper ta mère en public ?

-          Je te reconnais maintenant Mama Folakè. Heureux celui qui t’a sortie de la crasse. Je parie que tu prostitues tes filles aussi.

-          Mon fils ne lui parle pas ainsi.

-          Chérie ? lève-toi, prends les enfants, je vous rejoins au dehors. Maman si tu veux tu restes mais tu sais où me rejoindre, on va régler notre affaire en privée. Au revoir Mama Folakè.

-          C’est ça et ne remets plus pied ici.

Je n’ai pas voulu me laisser faire. Ils étaient partis et j’avais pris vraiment Ina en pitié. Heureusement qu’il n’y avait pas assez de clients comme d’habitude. Ah la vie. Ce garçon d’à peine la trentaine ressemblait tellement à Afoaka. Je rends grâce que je n’ai pas eu d’enfant mâle à cet ignoble homme. Dieu seul savait comment il allait.

Le lendemain, l’une de mes collaboratrices m’annonça que j’avais de la visite. Une femme demandait à me voir. Je lui avais demandé de la faire venir dans le bureau que j’occupais. J’étais loin d’imaginer que cette femme serait Ina quand elle est rentrée dans le bureau. Je m’étais levée, et elle a accouru pour s’agenouiller à mes pieds en pleurant, et en implorant mon pardon. Je l’ai aidé à se lever et à l’inviter à s’assoir.

-          Ina ! assied-toi ! et ne pleure plus. Le passé est passé

-          Folakè, je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai causé. Ton malheur je l’ai provoqué. J’étais jalouse…

-          Ina !! on en parle plus !!

-          Laisse-moi me confesser. J’ai besoin de libérer ce fardeau avant que je ne meure de chagrin. J’ai vraiment été une mauvaise personne et je suis en train de payer pour le mal que j’ai eu à faire.

Elle parlait rapidement et en pleure. Je suis restée tranquille et je l’ai écouté dire les maux qu’elle avait engendrés dans ma vie passé avec eux. Je n’ai pas été surprise qu’elle me dise qu’elle avait volé mes économies, juste par jalousie.

BANJOKO ne part jama...