Épouse Ondoua...

Ecrit par Aura

 Avez-vous déjà eu l’impression que le monde se fiche complètement de vous ? Avez-vous déjà eu l’impression que tout s’écroule autour de vous sans que vous le vouliez ? Et même en tentant d’empêcher le pire arriver, vous êtes toujours perdant. Qui aurait pu l’imaginer ? Qui ? Même dans mes pires cauchemars, je n’avais pas envisagé vivre pareilles expériences. Comment cet enfoiré de merde se trouve ici ? Non je dois être en train de rêver. Oui c’est bien ça. 

- Riella ? Eh ma puce ! Tu vas bien ? Tu es toute pâle tout d’un coup !!!

Je redescends tout de suite sur terre. Et je me rends compte que je sue de partout. 

- Ne me dis pas que toi également tu es tombée sous le charme de mon chéri. Mince !!! On m’a dit qu’il fait toujours cet effet. Je sais, il est tellement irrésistible. 

Elle me sourit de toute ses dents et j’ai l’impression que je vais m’évanouir tout d’un coup. Pourquoi faut-il que je puisse toujours me retrouver dans les pires situations que cette terre ait engendrées. 

- Arielle tout va bien avec toi ? me lance l’autre. 

- Vas te faire foutre. 

Sans prendre gardes, je me jette sur lui et le roue de coups avec mon sac à main. Je ne cesse de crier et de l’insulter. Ce qui alerte les gens qui se trouvent autour de nous. Les uns et les autres s’interposent tentant de me faire entendre raison et surtout de m’éloigner de ce salaud. 

- SORCIER ! MEUTRIER ! VIOLEUR !!! ASSASSIN. 

Je ne cesse d’hurler ma colère et mon désespoir. Je suis en train d’exploser d’hystérie et les hommes à mes côtés continuent de me calmer. 

- Please calm down ! 

- What’s wrong with her ? 

- Don’t know ! She is certainly crazy !!!

Je suis empoignée par deux hommes qui me retiennent et je me dégage vivement d’eux pour me jeter sur le salopard encore une fois. Quelqu’un se rapproche de moi, me retourne et je reçois une gifle qui me stoppe sur le coup. C’est Fallone qui l’a fait et je me calme tout de suite et la dévisage. 

- Maintenant que j’ai cessé ton hémorragie, dis-moi qu’est-ce qui ne va pas avec toi ? Es-tu devenu folle ? 

Je suis toujours interdite et je regarde le salopard tenter de mettre de l’ordre dans sa tenue tout en me lançant des sourires. 

- Eho !!!! Je te pose une question. Qu’est ce qui te prend ? Tu te ramènes jusqu’ici et la seule chose que tu fais à la descente de l’avion c’est de créer un scandale en te jetant sur mon fiancé comme si vous aviez une dette antérieure. Et même si c’était le cas, tu ne pouvais pas garder ton calme ? Maintenant je ne sais plus comment faire face à une pareille situation. 

Je continue de la regarder et je finis par lui dire :

- Si tu savais !!! 

- Alors expliques-moi ! 

- Je lui accorde le plaisir de te le faire savoir. 

- Miséricorde !!! Ok, je vais garder mon calme pour l’instant, j’espère que j’aurai plus d’explications en étant à la maison. 

- Oui mais pas de ma part !

- Comment veux-tu que je prenne les choses ? J’ai le droit d’exiger des explications de ta part non ? 

- Oui, mais pas de moi. A lui de t’expliquer ce qu’il a fait ! Moi je ne le ferai pas et je te le répète, je ne passerai pas un seul instant de ma vie aux côtés de cet homme. Autant mieux mourir maintenant. 

- Tout de suite les grands mots ! Je n’aime pas ça Arielle ! Je peux dire à la limite que tu m’exaspères. Je sais que j’ai raté un épisode entre vous. Mais je te prierai d’être un peu plus lucide dans ce que tu tiens comme propos, parce que tu risqueras vraiment de m’énerver. Maintenant tu vas me faire le plaisir de monter à bord de ce véhicule et qu’on rentre à la maison comme convenu. 

- Non !

- Quoi ? 

- Je t’ai dit non. 

- Tu oses contester mes ordres ? 

- Oui. 

- Arielle, je vais être à bout dans quelques instants. 

- Je m’en fiche. Je n’ai d’ordres à recevoir de personne. 

- Si de moi. Je suis ton aînée et tu me dois respect et obéissance. 

- Mon cul ouais. Je ne te dois rien du tout et nous n’avions pas signé un quelconque pacte pour que je te laisse prendre des décisions qui concernent ma vie. Je n’ai pas à t’obéir au doigt et à l’œil comme avant. Je refuse. Et si tu n’es pas d’accord avec cette décision que j’ai prise, alors tu n’as qu’aller te faire voir ailleurs.

- Oh je vois que vous avez un sacré sens des retrouvailles chez vous. Rappelle-moi chérie, ta sœur ne me confondrait pas avec quelqu’un d’autre ou bien c’est la durée qui rend aussi dingue. Tu m’avais dit qu’elle avait des problèmes psychologiques, alors là, j’en ai la confirmation que c’est un vrai macaque. 

- Oh stp Eric, n’en rajoute pas. 

Le salaud qu’il est a osé ouvrir sa bouche pour m’insulter…. Je crois que c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Sans prendre garde je dépasse Fallone et me jette une fois de plus sur cet idiot prenant le soin de retirer ma chaussure talon et lui assener des coups avec. Il se protège le visage, mais malgré son attitude défensive et son 1.75, je lui donne des coups. Encore une fois, on m’a éloigné de lui et j’ai le plaisir de constater que le bout de mon talon lui a amoché le visage et le bras gauche. 

Cette fois-ci, ce ne sont plus les passants et les voyageurs qui m’arrêtent mais des policiers qui me menottent et m’emmènent je ne sais où. Je m’en fiche royalement. Je ne veux en aucun cas être aux côtés de ces gens. Ni lui, ni elle. De toute façon elle est aussi coupable que lui. La prochaine fois que je le verrai, promis, je lui arracherai le cœur et ce sans aucun remords. Et ce ne sera qu’une équation équilibrée, puisqu’il m’a arraché le mien et ceux que j’ai toujours aimé. Alors il va payer. Maintenant que je sais qu’il est ici, je vais l’abattre de mes propres mains. 

On m’emmène je ne sais où. Nous parcourons pas mal de bureaux avant d’arriver au niveau d’une cellule dans laquelle je suis placée. Arrivée à l’intérieur, je m’éclate de rire. Je fais même un caca nerveux au point d’effrayer la jeune femme qui s’y trouvait et dont j’ignorais la présence jusqu’à présent.  Elle regarde longuement avant de baisser la tête. Je me calme finalement et évite de trop réfléchir à ce que je refoule depuis un moment. Je préfère encore porter mon attention sur cette jeune femme. En se fiant à son apparence je dirai qu’elle doit être originaire du Maghreb. Je penche pour le Maroc et la Tunisie. Avec son foulard, il n’y a aucun doute de prétendre qu’elle est musulmane.  Elle est calme et me regarde à la dérobée avec ses grands yeux marrons. Je parie qu’elle se pose la question de savoir ce que je fais là et si je vais lui faire du mal. Cette pensée m’arrache un sourire car je sais que je ne peux pas frapper une autre femme. A l’exception de ma propre sœur, parce que son degré de maboulisme a atteint le haut sommet. Je finis par lui dire :

- N’ayez crainte, je ne vous ferai aucun mal. 

Mais elle semble ne pas être convaincue. Elle me regarde encore et me lance :

- Votre coiffure, elle est toute gâchée. 

Je touche mes cheveux et je me rends compte qu’elle a tout à fait raison. Je tente de mettre de l’ordre dans ma coiffure, mais peine perdue. Elle finit par se déplacer de sa chaise avant de venir vers moi. 

- Je peux ? me dit-elle

- Bien sûr que oui. 

Elle s’assoit derrière moi. Elle sort un peigne de je ne sais où et commence à me peigner les cheveux. Elle le fait avec tellement de douceur qu’elle me rappelle mes souvenirs d’enfance. 

- Vous ne devriez pas vous mettre dans cet état. Ce n’est pas bon pour une femme. 

- Mdr. Je devais me comporter ainsi, surtout quand il s’agit de protéger mes intérêts. 

- Croyez-moi, les seuls intérêts à protéger ne doivent concerner que le bien être de votre famille. Une femme doit savoir mettre ses passions de côté pour souffler le bonheur aux autres, à ses proches. Ses besoins ne sont pas importants. Ce qui compte c’est sa famille et ses enfants.

- Mouais. Mais je pencherai plus pour les enfants. Je ne laisserai qui que ce soit faire du mal à mes enfants tant que je suis en vie. 

- Vous êtes vraiment déterminée. 

- Oh que oui et je n’accepte pas les bêtises. Si je n’avais pas agi de la sorte, je ne serai pas digne d’être appelée mère. 

- Hum. C’est bon j’ai fini. 

- Merci !

Elle se lève et va rejoindre sa place de tout à l’heure toujours dans le silence.  

- Je peux vous poser une question ? me lance-t-elle

- Oui, comme vous voulez. Puisque nous sommes là autant mieux en profiter pour bavarder. 

- Que feriez-vous si un homme vous arrache votre enfant ? 

- Vous voulez connaitre la réponse ? 

- Oui. 

- Vous vous laquelle des versions, ma bonne ou la mauvaise. 

- Les deux. 

- Eh bien, je ne vais pas mettre de gants dans mes propos. Je vais lui couper ce qui lui sert d’organe génital et ça c’est la bonne version ou bien je le réduis en cendre. J’en connais une qui est la combinaison des deux. Et celle-là est tellement drôle. 

- Alors dites-moi ?

- Je le ligote correctement, prenant le soin de scotcher sa bouche. Je creuse un trou dans lequel je le balance et je commence à lui verser du sable au fur et à mesure. Pendant que le type voit sa mort en face et se débat. Ah mon Dieu, rien qu’à y penser j’ai des papillons dans le ventre. 

- Vous m’étonnez. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle dans ce que vous dites. 

- C’est normal, vous ne réfléchissez pas comme moi. 

- Ah bon ! 

- Visualisez la scène et vous saurez. 

- Mieux vaut ne pas. Je préfère éviter d’embrouiller mon esprit avec ce genre de pensées. C’est un péché. Et par Allah je ne veux pas ôter la vie de quelqu’un. 

- Ah elle est bien drôle celle-là. J’avais oublié que les filles du Sahel étaient éduquées autrement que nous. En tout cas faites comme votre Dieu. Et vous ne pêcherez pas. Moi je préfère régler les choses moi-même. Dieu est parfois trop long à réagir. 

- Mouais, telle est votre conception des choses. 

Finalement nous replongeons toutes les deux dans le silence, chacune dans ses pensées. Au bout d’une heure, on entend le gardien qui vient et appelle quelqu’un. 

- Madame Ondoua, on vous attend. 

Je suis surprise d’entendre ce genre de noms ici. Je dévisage le gardien et lui lance

- Il n’y a pas d’Ondoua ici, moi c’est Limani. 

Il recommence et déverrouille la cellule. 

- Madame Ondoua venez ! 

Je le regarde toujours et lui dis

- Je ne suis pas Ondoua. Vous êtes sourd ou quoi. 

- Ce n’est pas à vous qu’il s’adresse. C’est à moi. 

Je suis tout de suite intriguée et je considère ce qu’elle vient de me dire. 

- Je suis Safiya Ayouch, épouse Ondoua. 

- Quoi ? 

- Oui. Ben je vais y aller. 

Elle s’en va et là j’ai l’impression que quelque chose fait tilt dans ma tête. Je ne vois pas, je ne vois toujours pas, je…..Oh là ça y est. Mon Dieu, est-ce que ce serait…. ? 



Cœur en chantier