Retrouvailles

Ecrit par Aura

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J’ai toujours rêvé de faire le tour du monde, aller à la découverte des différentes cultures et des personnes qui peuplent notre belle planète. Le voyage m’a toujours rendu heureuse et complètement enthousiaste à l’idée de quitter un peu mon cocon. J’ai toujours pensé que c’était la meilleure manière de m’évader de tout. Avec mon boulot, eh ben nous avions presque Synthia et moi réussi à réaliser cet exploit qui consiste à visiter au moins cinq pays d’Afrique en deux ans. Etant à l’époque les chouchous de Mélanie, nous l’accompagnions donc partout où elle allait et nous avions en retour droit à un séjour bourré de travail mais aussi riches en souvenirs et en expériences professionnelles. Nous sommes allées au Cameroun en guise de premier voyage, au Sénégal, en RDC et enfin au Mali. Nous avions aimé l’accueil qu’on nous réservait et surtout cette complicité entre africains. Nous avions chaque fois été charmé par cette diversité culturelle et surtout par la nourriture. Ehh les africains sont de gros gourmands, il n’y qu’à voir les mets succulents sur la table pour céder sans problème à la tentation. Mon Dieu, c’était dingue. Et cela procure un sentiment de plénitude, de bien-être sans le savoir. Mais cette fois c’est autre chose. Je vais en visite chez ma sœur que je n’ai plus vu depuis plus de 10 ans parce que la femme de mon ex a mis le feu sur ma collection et qu’il me faut me faire à l’idée qu’il m’a trompée avec elle, disons qu’il l’a trompé avec moi, parce que je suis la maîtresse et elle l’épouse. Là j’ai le moral à zéro et je fournis l’effort de ne pas y penser au risque que ces larmes longtemps refoulées ne puissent avoir raison d’elles. J’ai éteint ma musique pour essayer de dormir mais rien n’y fait. Je ne cesse de réfléchir sur ce qui n’a pas marché lorsque je décide alors de jeter un coup d’œil aux autres passagers. Là, je tombe nez-à-nez avec monsieur je suis pro du nkongossa. Il me dévisage totalement et cela me déstabilise. Je plonge mes yeux dans les siens pour soutenir son regard. Je ne vais pas lui montrer que je suis une mauviette, alors je tiens bon. A bien y voir, il n’est pas si mal. Je dirai même qu’il est très mignon. Mais mieux vaut ne pas s’attarder sur cette tête à claque et le remettre au plus vite à sa place. Il finit par sourire avant de dire :

- Vous feriez mieux de laisser tomber. 

- De quoi est-ce que vous parlez ? 

- Vous savez de quoi je parle. 

- Lol. Contrairement à vous Monsieur, je ne suis pas devin, ou sorcière ou médian. 

- Ravi de l’entendre.

- Donc je ne comprends absolument pas de quoi vous parlez. 

- Arrêtez de vous tuer pour ce mec. Il y en a bien d’autres qui pourront vous rendre heureuse. 

- Dixit celui qui veut me draguer. 

- Ah bon ! Je ne vais pas le nier puisque c’est ce que je souhaite. 

- Arrêter de vous mêler de mes affaires je vous prie. Je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas alors prenez la peine de me foutre la paix. 

- Vous ne me connaissez pas, mais je vous connais. Vous ne méritez pas ce que vous vivez. Tentez votre chance ailleurs et laisser quelqu’un d’autre vous aimer. 

- Quel romantique vous faites ! Vous voulez dire que je vous donne l’occasion de coucher avec moi et puis basta. 

- Vous interprétez mal mes propos. Je vous demande de vous donner la chance de vous laisser aimer par quelqu’un d’autre pour votre bien et même votre bonheur. 

- Merci pour le conseil, mais vous ne savez rien de moi. 

- Si je vous ai vu verser une larme furtive hier dans le bar avant de tenter de vous saouler pour noyer votre chagrin. N’est-ce pas ? 

- Ce n’est pas le cas ? 

- Alors que vient faire une belle femme comme vous dans un bar piteux comme celui d’hier ? 

- Se changer les idées ! Cette idée ne vous ait pas passé par la tête ?

- Non je dirai que vous veniez pour vous éviter de faire n’importe quoi. 

- Euh…Mais

- Je sais. J’ai raison. Mais ne soyez pas surprise, vous n’êtes pas la première à agir de la sorte. D’accord ? 

Il sourit dévoilant toutes ses belles dents et moi j’ai envie de le massacrer. Oui, j’ai envie de commettre un meurtre. Cela me ferait le plus grand bien de le voir rejoindre les enfers au plus vite depuis cet avion. Hummm, l’idée m’enchante vraiment. Je crois que je devrais changer de statut. Je passerai de la jeune et sage dame à celui de terroriste. Mouais, je crois que ça mettrait un peu plus de piment dans ma petite vie. 

- Vous pouvez cesser de sourire autant, ça me donne envie de vous frapper. Et je ne plaisante pas.

- Eh ben, je peux avouer que je n’ai jamais rencontré une femme aussi directe et honnête comme vous. Je suis charmé. 

- Je crois que si vous continuez, je vais finir par concrétiser ma pensée. 

- Oh comme c’est excitant. Je suis prêt.  

Et il me tend sa joue. Seigneur !!! Pourquoi je tombe toujours sur les pires enfoirés que cette terre ait engendrés. Je me retiens et lui lance un :

- Vous êtes fou et vous feriez mieux de vous faire soigner. 

…Avant de me caler dans mon fauteuil et ne plus lui accorder une seule once d’attention. Au bout d’une heure, il revient à la charge, mais cette fois il adopte un ton beaucoup plus grave. Ce qui me surprend complètement, le connaissant assez bavard. 

- Elle était comme vous. Belle, séduisante, intelligente, créative, grande gueule, et par-dessus tout elle avait un cœur en or. Je l’ai détruite au point de ne plus reconnaitre la personne qu’elle était. 

- De quoi parlez-vous ? 

Il continue sans tenir compte de ma question. 

- J’étais en faculté d’architecture à Londres où j’étudiais. Elle n’avait pas eu la même chance que moi d’étudier à l’étranger. Ses parents étant pauvre, ils ne pouvaient lui offrir qu’un toit et un repas. Elle a dû se battre toute seule, sans le soutien de qui que ce soit, même pas le mien. Elle multipliait les petits boulots juste pour se faire d’avantage d’économies. Quand elle en a eu assez d’être maltraité, d’être méprisé et exploité, elle a monté sa propre entreprise spécialisée dans la vente de matériaux de construction. Elle s’est faite un nom et commençait déjà à subvenir aux besoins de sa famille. Pendant ce temps, eh ben moi je suis tombée sur une togolaise à Londres. Elle était aussi un canon de beauté et j’ai vite pensé qu’elle pouvait être mon plan de cul. J’ai mis mes sentiments pour mon ange entre parenthèse pour céder la place à la nouvelle venue. Je me disais que c’était une aventure de rien du tout et qui n’allait durer que le temps de mon cursus universitaire. A la fin de mes études, j’ai voulu rompre avec ma campagne d’un temps, mais celle-ci ne l’entendait pas de cette oreille, étant donné qu’elle était enceinte de moi. Je faisais face à un mur, complètement bloqué. Elle m’a fait comprendre qu’elle ne pouvait rentrer dans son pays sans engagement de ma part au risque qu’elle ne soit banni de son clan. J’ai donc fini par céder à son chantage et signer un mariage blanc comme garantie. Etant dans l’incapacité de rester à Londres, je suis donc rentré en Guinée pour mettre sur pied ma propre entreprise. Ma togolaise a finalement fait le voyage avec moi et nous avons décidé d’un commun accord de nous installer ensemble. Nous n’avions plus véritablement de vie de couple. Je ne l’aimais plus et avec la grossesse, elle avait perdu de son éclat. Un soir comme par hasard, je tombe sur mon ange et là je réalise mon erreur. J’avais fait un mauvais choix et je voulais la récupérer. Elle était encore plus belle qu’à mes souvenirs. J’ai fini par collecter un certain nombre d’informations la concernant. Elle n’avait personne dans sa vie et dirigeait son entreprise d’une main de fer. Je l’ai donc récupéré sans lui raconter ce qui s’était passé avec Nina et le mariage de connivence que nous avions fait. Notre relation a recommencé et je me sentais être l’homme le plus heureux que la terre ait créée. Malheureusement pour nous notre idylle n’a pas duré. Nina s’est mise d’abord à la harceler en utilisant des numéros de inconnus avant de la menacer par téléphone puis réellement. Un jour, Nina est allée chez elle pour la menacer. Dans un accès de colère, les deux se sont battues. Nina étant enceinte a perdu prématurément les os avant d’être transporté rapidement à l’hôpital. Là-bas elle perdit l’enfant qu’elle attendait. L’enfant étant mort, je lui ai donc demandé le divorce, chose qu’elle n’a pas accepté. Nina a donc engagé des tueurs à gage pour tuer Maya et lui faire payer tout ce qu’elle avait vécu. Le jour-j, ils n’ont pas osé la tuer mais, ils ont tous les cinq abusé d’elle. Elle n’a pas supporté cela, elle a sombré dans la folie. Plus tard, après avoir été traité traditionnellement, elle s’est mise à boire au point d’être une alcoolique. Finalement, elle a mis un terme à sa vie. Nina quant à elle avait été arrêtée et les tueurs à gage engagés avec elle. Elle a passé 4 ans en prison. A cause des mauvais traitements reçu, elle a fini par perdre la vie. Aujourd’hui, me voilà ayant réussi dans ma vie, sans aucune d’elle à mes côtés. J’ai gâché les vies de ces deux femmes à cause de mes pulsions, parce que je n’ai pas su me retenir. 

- Mais pourquoi me dites-vous tout cela ? Nous n’avons pas les mêmes destins à ce que je sache.

- Ah oui vous croyez ? Nous nous ressemblons tous les deux. Vous l’ignorez peut-être, mais je vous suis de très près. Et ce depuis des années. 

- Quoi ? 

- Oh que oui. 

- Mais, mais….com…Qu’est-ce que…. Comment ? 

- Cesser de bégayer ! Nous aurons tout le temps d’en parler…. Mais pas maintenant. 

Là on nous annonçait le début de l’atterrissage sur le sol sud-africain. Quand 15 minutes plus tard, l’avion foulait le sol de l’aéroport Oliver Reginald Tambo situé près de Pretoria et Johannesburg, il s’en est allé comme d’autres passagers sans me lancer un seul regard et laissant des questions en suspens dans ma tête. Qui est cet homme ? Pourquoi me confier tout ceci ? Qu’avons-nous en commun ? Je sors de ma rêverie, lorsque j’aperçois quelqu’un courant de loin venir se jeter dans mes bras. 

- RIELLLLAAAAA !!!! Tu es enfin là !!! Je n’en crois pas mes yeux, tu es là.

- FALLONE !!!!! Quel bonheur de te revoir enfin !!! Tu m’as tellement manqué. 

Nous nous embrassons longuement. Elle est moins grande que dans mes souvenirs. Elle m’a manqué oh mon Dieu. Sans mon rendre compte, je m’effondre dans ses bras et elle en fait de même. Nous pleurons l’une dans les bras de l’autre avant de reprendre nos esprits. 

- Oh désolée d’avoir pleuré ainsi. 

- Et moi donc. Il fallait s’y attendre. Alors tu as fait un bon voyage ? 

- Oui c’était super. Et toi, tu vas bien ? 

- Oui très bien, surtout que je suis en congés. 

- Ah d’accord. Ravie de l’entendre. 

- Bien nous n’allons pas rester ici, donnes-moi ton trolley. Je n’ai pas voulu te le dire. J’ai préféré te faire la surprise. Je suis venue avec mon fiancé. Il nous attend dans sa voiture. Il venait de rentrer de son voyage d’affaires et il a tenu à te rencontrer dès ta descente de l’avion. 

- Ah oui ? C’est sympa de sa part. Humm tu m’en caches des choses dis donc. Petite coquine. 

- Ohh toi aussi. Je ne te cache rien du tout. 

Nous nous dirigeons donc vers la sortie où leur voiture est garée. Elle me quitte et va donc embrasser son mec qui n’est autre que….

- Riella, je te présente Eric mon fiancé. Chéri, je te présente ma seule et unique sœur qui vient droit de Guinée : Arielle. 

- Salut Arielle, ravie de faire ta connaissance. 

Oh je crois que je rêve ! Lui ? Qu’est-ce qu’il fait par ici ? Pincez-moi pour que je me réveille. MERDE !!!!

 
Cœur en chantier