Étape 1
Ecrit par Farida IB
Nadine GBEGNON épouse GBEVOU…
Un silence inaccoutumé m’accueille ce matin à mon réveil, je tressaute du lit à la recherche de mes enfants en pensant qu’il soit arrivé un malheur. Ça fait près de neuf mois que je me suis réfugié dans cette maison héritée de mon grand-père et je n’ai ressenti cette sérénité que je ressens en ce moment. Je me rends au préalable dans la chambre du bébé et le retrouve endormi dans son lit lavé et habillé, sentant bon le talc. Puis aucune trace des ainés dans leurs chambres respectifs, encore moins dans les deux salons. Par contre une odeur forte, agréable se dégageait dans l’habitacle, tout était bien nettoyé et bien rangée. Au fur et à mesure que j’avançais, j’étais convaincue d’avoir reçu la visite du génie de la propreté. Des meubles à la baie vitrée donnant sur la cour, tout scintillait comme de pâles étoiles. Mes yeux scrutaient ci et là avec émerveillement alors que beaucoup d’idées se bousculaient dans ma tête à la recherche d’une explication plausible. Soit je me suis réveillée dans la peau d’une autre personne dans un lumineux logis, soit j’ai une illusion optique. Pourtant le tableau de l‘illustre roi Béhanzin que j’ai encastré dans le grand salon il y a deux mois pendait encore sur le mur. Peut-être l’ai-je fait dans un état de somnambulisme, ou peut-être que mes enfants ont eu la lumineuse idée de sublimer ma journée. Et puis bref !
Je me retrouve dans l’allée du garage attirée par le bruit de l’aspirateur, là, je tombe de dos sur l’homme qui huit mois, auparavant, était encore celui que j’avais épousé du haut de mes 20 ans. J’en déduis que mes enfants vont bien et retrousse simplement mon chemin. Je ne veux pas faire resurgir des souvenirs tellement douloureux que j’ai tôt fait d'enfouir dans un coin de mon subconscient pour ne pas sombrer dans la folie, mais ne dit-on pas qu’à beau fuir la réalité, il finit toujours par nous rattraper ? Là, je n’ai pas envie de me soucier de comment il a réussi à me retrouver dans ce coin perdu de l’arrondissement d’Akassato ni de l’idée qu’il a derrière la tête en récurent ma maison. Qu'il fasse son manège autant qu'il veut du moment où il me fout la paix. !!!
Je passe par la cuisine et me sers le petit-déjeuner copieux qui s’y trouvait. Je le finis en deux bouchées, c’était E-S-Q-U-I-S. Je me rends ensuite dans la salle de bain et me prélasse dans le bain moussant qui visiblement n’attendait que moi. J’en ressors trois quarts d’heure plus tard plus apte que jamais à profiter de ma zénitude. J’enfile donc un Djelaba et me vautre dans le grand canapé du salon en zappant les chaînes à la télé. Tantôt, monsieur débarque et commence à s’agiter tout seul devant moi.
Florent : bonjour Nadi, je ne savais pas que tu étais déjà debout. Je voulais t’apporter le petit déjeuné au lit, mais je n’ai pas vu le temps passer. Je t’ai préparé un bain moussant avec tes bougies préférées, relaxe-toi et profite de ta journée, je m’occupe de tout. Euh, tu n’as pas de soucis à te faire pour les enfants, je me suis déjà occupé de Louis et ma mère est venue chercher les plus grands très tôt ce matin. Je te sers le petit déjeuné en attendant que le déjeuner soit prêt, au fait, tu veux quoi comme déjeuner ? Oh, laisse que je suis bête, je sais ce qui te fera plaisir.
Main repliée sous le menton, je le regarde partir en secouant la tête, si le ridicule pouvait tuer !!
Florent revenant sur ses pas : je vois que tu as déjà mangé, mais je t’apporte ton dessert préféré si tu veux… Tu es repue ?… Ok, je vais m’occuper du repas du midi.
Il s’éclipse aussitôt et commence des va-et-vient entre la cuisine et la chambre du bébé pour veiller sur ce dernier. Je fus traitée comme une reine toute la journée et les jours d’après, les enfants étaient au bord de l’extase. Leur père est rentré de son mystérieux voyage et reste à leur entière disposition, le moindre caprice était toléré, au moindre grincement de Paul (le bébé) super papa était là pour le border. Ce manège dura quatre bonnes semaines, j’étais toujours muette comme une tombe, mais il ne démordait pourtant pas. J’ai également reçu la visite du père, de la femme qui lui sert de mère (si vous m’autorisez l’expression), des frères, des sœurs, des oncles et tantes éloignés, et même le chef de la famille. Ils se confondaient encore et encore en excuse en insistant sur le pardon. Lui pardonner ? Je ne sais pas si j’en aurai le courage, mais je suis bien décidée à briser le silence pour finir avec cette histoire. C’est pour cela qu’à la première heure de ce mardi pluvieux, je me suis rendue à son chevet pendant qu’il dort comme un loir.
Moi le bousculant : Florent, qu’attends-tu de moi ?
Il se réveille une expression hagarde dans le regard.
Florent : Nadi ?
Moi répétant : qu’attends-tu exactement de moi ?
Il prend le temps de se lever, de descendre du lit et de se mettre à mes pieds avant de parler.
Florent : je veux ton pardon.
Moi : je te pardonne quoi ?
Florent : tout chérie, tout.
Il me fait le replay de son histoire avec cette femme. Je fais d'abord celle qui n'écoute pas mais au bout d’un moment je craque.
Moi (me tournant vers lui) : écoute, c’est ta vie. Celle que tu as choisie donc tu le gères comme tu l’entends. Maintenant que les choses soient claires, je t’ai assez toléré dans ma maison. J’ai pensé que tu aurais le bon sens de débarrasser le plancher à ton propre gré, mais j’ai compris finalement qu’il y a longtemps que tu as perdu toute honte. Je te prierai par conséquent de libérer ma vie !
Florent : la mienne n’est rien sans toi, sans les enfants.
Moi : personne ne dénie ta paternité et pour information ne me mêle plus aux équations de ta vie car pour moi tu n'existe plus.
Je le vois blêmir.
Florent la voix tremblante : Nadine, je peux t’assurer que je m’en veux énormément d’avoir bousillé notre couple.
Moi : tu as jusqu’au soir pour quitter cette maison. À bon entendeur salut !!
Ce qu’il fait. Il entreprend ensuite une garde alternée des enfants, enfin des plus grands. Trois semaines plus tard, le chef de notre communauté me fait parvenir une convocation pour une audience de conciliation.
*
*
Axel BENAN…
Papa : n’oublie pas de donner de tes nouvelles plus fréquemment.
Moi : d’accord.
Maman : tu n’attends pas longtemps avant de revenir nous voir ok ?
Moi : ça, je ne peux pas te le promettre étant donné que je dois travailler. (rire de gorge) Mais si ton mari et toi m’envoyer un billet, je rapplique aussitôt.
John : escroc !
Papa me fixant au coin de l’œil : les salaires servent à ça d’habitude !
Moi : un salaire à six chiffres seulement ?
John : quand même ! Imagine la côte d'enfer que tu auras auprès des filles.
Moi (tapant dans sa main tendue) : bro tu connais !!
Je sens le regard assassin que me lance le vieux et souris.
Maman : ça commence comme ça et après vous vous retrouvez (lorgnant John) à mendier pendant les vingt derniers jours du mois.
Moi : rhoo maman, c’est juste pour blaguer, je serai le comptable de SHB, mais toi, tu seras la mienne.
Maman roulant des yeux : oui, c’est ça ! Quand une fille ira t’embrouiller l'esprits là-bas, tu seras capable d’oublier jusqu’à mon prénom.
Moi (faisant un signe de croix) : je rejette cette parole !!
John : lol !
Nous passons ensuite une trentaine de minutes à discuter allégrement avant que la voix dans l’interphone n’annonce mon départ. J’étreins ma mère qui verse quelques larmes, son petit garçon part à l’aventure (rire). Je fais ensuite une accolade à mon père et finis par mon frère que je checke avant de m’engouffrer dans le hall de l’aéroport pour remplir les formalités de police. Quand l’avion décolle plus tard, je regarde la ville à travers le hublot un pincement dans le cœur. J’ai toujours ce sentiment quand je quitte ma famille, cependant le départ-ci amorce un changement radical dans ma vie. Mon histoire avec Rachelle fait désormais partie du passé, cette fille, j’ai passé sept années de ma vie à l’aimer démesurément, mais elle m’a démontré par bien des manières que je ne comptais pas pour elle. J’ai compris quand je l’ai retrouvé dans son lit avec son supposé cousin après notre retour de Ngor, qu’il ne fallait plus que je me fasse plus de mal pour une histoire qui n’en vaut vraiment pas la peine.
J’ai fait le point sur ma vie ces dernières semaines et j’ai décidé de repartir sur de nouvelles donnes. Je m’installe définitivement à Bohicon (centre-ville), enfin, je ferai des tours à Dakar pour voir mes parents à chaque fois que j’en aurai l’occasion. J’ai déniché une opportunité d’emploi à la Société des Huileries du Bénin grâce à mon père et le salaire n’est pas mal donc je l’ai pris sans hésitation. Je prends normalement fonction dans un mois, mais avant ça, je veux tenter ma chance avec Dorcas. Ça serait un vrai gâchis que de la laisser à un autre homme, enfin en espérant qu'elle me pardonne et qu'elle oublie. Je tiens à préciser que ce n'est pas parce que ma relation avec Rachelle est finie pour de bons. Dorcas, c'est vraiment une fille bien et j'ai été bête de ne m'être pas rendu compte de ça plus tôt. Je ne l'aime peut-être pas comme elle m'aime elle, mais on dit souvent qu'il vaut mieux boiter sur le bon chemin que de courir sur le mauvais.
Il est 20 h lorsque je pris un taxi personnel devant l’aéroport international de Cotonou et fonce à leur demeure. Alors que le conducteur m’attend patiemment à l’autre bout de la rue, je marche lentement vers l’immense portail du Sieur Gbaguidi. Ce bon monsieur a sûrement dû faire des victimes dans le passé pour barricader autant son domicile, même la prison a menti (rire).
J’appuie deux fois sur la sonnette et attends cinq bonnes minutes avant d’entendre le clic clac de la porte. Et comme j’ai une bonne étoile, la porte s’ouvre Dorcas elle-même.
Dorcas regard dédaigneux : toi ?
Moi : bonsoir, comment tu vas ?
Dorcas : je vais bien comme tu peux le voir.
Moi (prenant sur moi) : peux-tu m’accorder un instant s’il te plaît ?
Dorcas : pour ?
Moi : je veux te parler.
Dorcas : on a plus rien à se dire toi et moi, au revoir Axel !
Elle tchipe et de me claquer la porte au nez, je prends un grand bol d’air avant de reposer mes doigts sur la sonnette. La porte s’ouvre à quelques secondes près, mais cette fois, c’était son père qui me fixe les sourcils froncés. Aka !
Moi : bonsoir monsieur
M Gbaguidi : toi c’est qui ?
Moi : un ami à Dorcas
M Gbaguidi : un ami, tu dis ?
Moi : oui monsieur
M Gbaguidi : quel genre d’ami ?
Moi : euhhh
M Gbaguidi : et tu lui veux quoi ?
Moi déglutinant mal à l’aise : je voudrais lui parler si possible.
Il me sonde un moment comme s'il voulait lire dans mon âme avant de parler.
M Gbaguidi : attends !!
Il revient avec elle.
M Gbaguidi : tu connais ce jeune homme ?
Dorcas me toisant : je ne l’ai jamais vu de ma vie papa.
Moi : Dorcas s’il te plaît…
M Gbaguidi : tu le connais ou pas ?
Dorcas (me fixant droit dans les yeux) : NON.
M Gbaguidi (ton menaçant) : bien, jeune homme, je te donne deux secondes pour quitter devant ma maison.
Je ne me le fais pas répéter deux fois avant de hâter mes pas vers mon taxi. J’attends de reprendre mon souffle pour lui envoyer un message.
Moi : « C’est méchant ce que tu viens de faire, j’étais venu t'apporter un cadeau de mon voyage. Je suis venu de l'aéroport sans faire un arrêt à la maison, rien que pour toi... »
Dorcas répondant : « Va au diable Benan ! »
Moi : « Bébé je sais que tu es en colère contre moi et tu en as entièrement le droit, j’ai été vraiment odieux avec toi. Ce message ne suffit sûrement pas pour que tu me pardonnes, mais j’espère qu’il te montre au moins que je regrette. Quand tu le voudras, j’aimerais te rencontrer pour que je te demande pardon en personne. »
Elle lit, mais ne répond pas, je tente plusieurs fois de la joindre sans succès et consentis finalement à laisser tomber. Ce qui est sûr, je ne lâcherai pas jusqu’à obtenir satisfaction.
*
*
Austine AGBEKO…
Daniel : je reviens te chercher à 17 h à la maison pour l’aéroport, c’est bien ça ?
Moi : sans faute !
Daniel : j’ai vraiment hâte de t’avoir pour moi seul pendant ces dix jours.
Moi souriant : rien que toi et moi.
Daniel : tu l'as dit, je t’aime Namour et je brûle d’impatience de t’épouser.
Moi : moi aussi bébé.
Instinctivement, nos lèvres se cherchent et nous nous embrassons avec passion. Il me laisse devant l’entrée du centre, j’attends qu’il redémarre avant de foncer dans mon bureau.
En ce moment, je traverse une période stressante qui ne dit pas son nom. Après le mariage de Cynthia, c’était le tour de mes occupations. Je suis vraiment débordée entre mon boulot à la rédaction et la période sensible que nous traversons à la fondation. La seule personne sur qui je peux me reposer, c’est Daniel, mais il était beaucoup sollicité de son côté également. Nous avons voulu profiter du fait que les choses se soient tassées un peu de son côté pour faire une escapade de dix jours dans la capitale angolaise rien que nous deux, en mode détente. Nous attendons toujours que Cynthia et Joe rentrent de leur lune de miel pour décider de la date de notre mariage, ce sera juste une cérémonie en très petit comité. Si ça ne tenait qu’à moi, on se marierait juste tous les deux devant le maire.
J’avais prévu prendre ma journée, mais j’ai un rendez-vous ce matin avec deux donatrices que je ne pouvais pas louper. Quand j'arrive dans l'espace qui abrite mes bureaux, je m’installe conformément sur le siège à roulette derrière la table en verre et entreprends d’étudier quelques nouveaux dossiers histoire de faire passer le temps. Un moment Sarah ouvre la porte et me parle sur l'entrefaite.
Sarah : patronne, un certain monsieur Edem demande à vous voir.
Je réfléchis deux secondes pour coller une image à ce prénom sans y arriver. La seule personne que je pense que ça puisse être n’aura pas le cran de se pointer dans mon bureau. Mais bon, je le saurai bien toute à l’heure.
Moi : ok faites-le entrer.
Sarah : d'accord.
Elle fait mine de partir et fait volte-face ensuite.
Sarah : heu, Mlle Adja et Mme Amah m'ont confirmé votre rendez-vous ce matin, elles seront là d'ici trente minutes.
Moi : ok top, introduisez-les directement à leur arrivée.
Sarah : ok !
Elle s’en va et je me reconcentre sur le dossier que je bouclais avant d’entendre la porte du bureau s’ouvrir et ensuite un « bonjour Tina ». Pas besoin de relever ma tête pour identifier cette voix que je reconnaîtrai parmi mille d’autres, de toute façon, il est le seul à m’appeler Tina.
Je prends quelques minutes pour reprendre contenance avant de m’adresser à lui d’un ton solennel.
Moi : bonjour, que puis-je faire pour vous monsieur ?
Il prend place sans être invité.
Emmanuel : pas de ça avec moi s’il te plaît, je suis venue pour qu’on essaie d’arranger les choses.
Moi : nous n’avons aucune panne ici monsieur (désignant la porte) veillez sortir de mon bureau.
Le type se redresse, défait à moitié sa cravate avant de me fixer droit dans les yeux.
Emmanuel : tu peux faire ton cinéma comme bon te semble, je finirai par avoir ce que je veux. Il suffira d’un claquement de doigts pour que tu me reviennes parce-que tu m'aimes encore sans doute. Dix ans c'est pas dix jours, on ne peut balayer toutes ses années en si peu de temps. À présent, je suis convaincu que tu es la femme qu'il faut pour moi. C'est vrai que j'ai déconné mais tu n'es pas rester sagement non plus à m'attendre donc je propose qu'on fasse table ras de tout ça et qu'on reprenne nos vies là où nous l'avons laissé il y a un an et demi.
Moi prenant sur moi : c'est bon t'as fini ? (haussant le ton) Tu as deux secondes pour sortir de mon bureau !!
Emmanuel : sinon quoi ?
Je me lève et contourne le bureau pour appeler la sécurité. C'est pendant que je retourne m'asseoir qu'il me rejoint en deux grandes enjambées et me saisit par le bras.
Moi me débattant : lâche-moi imbécile, plus jamais tu poses tes sales pattes sur moi, tu as compris ?
Il me saisit fermement et veut m’embrasser, mais je lui mords les lèvres. On lutte un moment avant que Sarah ne force la porte pour laisser passer mes visiteuses et l’agent de sécurité. Ce dernier l’accoste et le fait sortir sous mes ordres. Je me fige en tremblant de tout mon corps, la respiration saccadée. Les filles m’aident à reprendre ma place et Sarah m’apporte de l’eau que je vide d’un trait.
Sarah l’air inquiète : vous vous sentez mieux ?
Moi la voix tremblante : oui ça peut aller Sarah, vous pouvez retourner à vos occupations.
Ce qu’elle fait. Je me confonds en excuses auprès de mes convives qui me regardent pantoises.
Jeune femme 1 : ça va mieux ? Vous avez encore l'air troublé, on vous sert un autre verre d'eau ?
Moi forçant le sourire : non ça va, je pense que ça peut aller. Toutes mes excuses pour ce spectacle auquel vous venez d’assister, ce n'est pas l'accueil que j'avais prévu vous réserver.
Jeune femme 2 : ne vous inquiétez pas pour nous, il ne vous a pas fait du mal j'espère.
Moi : oh non, vous êtes arrivés de justesse pour éviter le drame, en plus j’avais eu le réflexe d’appeler l’agent de sécurité.
Jeune femme 2 visiblement frustrée : mais ce type est un goujat, aucun respect pour la gente féminine. Il a vu où qu’on doit découdre avec une femme ? Et c’est comme cela qu’il pense arriver à ses fins, tchiipp !!
Jeune femme 1 : rhooo Tina ne commence pas.
La dénommée Tina lancée : mais est-ce que c'est faux ? La femme doit être traitée avec déférence mais lui vient froisser la chemise de l'autre !
Jeune femme 1 : non mais ce ne sont pas tes oignons !
Tina : orrhhh bou (dégage.) ma sœur il faut même demander une injonction pour lui, c’est quoi ces comportements de sauvages ?
Sa seconde secoue simplement la tête dépitée pendant que je souris lentement.
Moi expliquant : au fait, c’est mon ex fiancé.
Tina : ah, je vois, il a flairé un nouveau mec dans ta vie, c’est sûr.
Moi hochant la tête : exactement ! Le type m’abandonne le jour de notre mariage et c’est pour débarquer dans mon bureau un an et demi plus tard pour clamer son intrépide désir à reprendre sa place.
Tina (entrechoquant bruyamment ses mains) : yeuusss !! Pourquoi tu ne nous as rien dit pour qu’on t’aide à le tabasser même ? Voilà les choses dont je te dis souvent Nahia, un ex qui cherche la noise, on le tabasse, point final !
La dénommée Nahia (sur un ton de reproche ) : Tina !!
Tina : rhooo, c’est quoi même ton problème à la fin ? (à moi) Au fait toutes mes félicitations. (désignant mon annulaire gauche) Enfin je suppose que ce sont de nouvelles fiançailles n'est-ce pas ?
Moi souriant : tout à fait.
Tina s'adressant à sa seconde : en tout cas voilà pour toi un exemple à suivre. Un ex tu le mets au placard et tu passes à autre chose, encore qu'elle était à deux pas de se marier.
Nahia roulant des yeux : ce n'est pas les même choses !!
Tina : bien au contraire. De toute façon on arrivera toujours à la même conclusion avec toi. Tu as toutes les cartes en main pour être heureuse, mais tu niaises.
Nahia soupire agacée : et qui te dis que je ne le suis pas ?
Tina : à d'autres chérie !! À d'autres.
Moi poussant ma curiosité : vous avez un souci avec votre ex, c’est ça ?
Tina qui répond : ses ex, pas qu’un seul. Ils se sont donné le mot de faire le défilé dans sa vie en ce moment et la bêtasse les laisse seulement faire. Ce qui fait qu’elle se retrouve face à un choix cornélien.
Nahia ripostant : mais tu veux que je fasse quoi au juste ? Je ne peux pas les empêcher de débarquer chez moi, Bilal prend l’excuse de son fils et Manaar me prend par les sentiments.
Tina : et le Khalil dans ce festival d’idiotisme ?
Elle hausse simplement les épaules.
Tina : voilà ce que je disais (me désignant) elle a choisi d’avancer malgré tout, mais toi la copine, tu continues de souffrir dans ton petit cœur pour un abruti alors qu’une belle opportunité s’offre à toi.
Nahia : bon ok, vu que tu as fini d'étaler ma vie sur la place publique. Pouvons-nous enfin nous interresser à ce qui nous emmener ici ?
Tina : c'est ça, évite le sujet comme toujours !!
Moi intervenant : ne vous sentez pas gênée par ma présence, considérez que nous sommes entres amies. Et en tant que telle je vous suggérerais de prioriser un choix rationnel parce que c’est votre vie et votre bonheur qui sont en jeu. Vous aimez peut-être encore votre ex, vous avez peut-être peur de vous relancer dans une nouvelle relation. Toutefois que vous choisissiez votre ex ou le nouveau, ce sera toujours un risque dans l'un ou l'autre des cas. Alors prenez le temps de réfléchir afin d'évaluer et d’élaguer tous les paramètres pour aboutir à un choix fructueux.
Tina : dis encore ma belle.
Je souris.
Nahia : merci pour ce précieux conseil !
Moi lui souriant : je vous en prie.
On passe enfin au sujet principal qui se règle en trente minutes seulement malgré leur éternelle tirade. Elles ont tout de même réussi à me dérider. Tina a fait don des vêtements de sa boutique aux enfants et Nahia une somme de… Bon ça c’est pour mes petites donc vous n’avez pas besoin de savoir. Nos discussions débouchent sur un projet de partenariat avec l’agence de communication de Nahia. En tout cas, ce fut une belle et enrichissante rencontre.
Nous nous séparons devant le centre et je prends un taxi pour la maison. Ma voiture est au garage en ce moment, elle toussote un peu donc j’ai préféré le garer en attendant que Joe rentre. Quand j’arrive à la maison, il est 15 h. Je me mets à osciller entre le dressing et ma valise lorsque la scène avec Emmanuel revient dans ma tête. Je me saisis directe de mon téléphone pour faire le Kongossa à Cynthia. Elle décroche au bout de deux appels.
Cynthia la voix ensommeillée : allô ?
Moi me confondant en excuse : ohhh désolée je n’avais pas vu l’heure.
Cynthia : j’espère que ce que tu veux me dire en vaut vraiment la peine.
Moi : devine qui s’est pointé dans mon bureau ce matin.
Cynthia : tu es sérieuse là ? Je dois maintenant jouer aux devinettes à 4 h du matin.
Moi : rhooo arrête de bouder. (du tic au tac) Emmanuel Osseni en chair et en os !!!
Cynthia : quoi ? Il a osé ? Qu'il sortait même d’où et qu'il voulait quoi ?
Moi : laisse l’imbécile !
Je lui raconte toute la rencontre, elle m’écoute religieusement jusqu’à la fin.
Cynthia : un effronté pareil, la prochaine fois tord lui le cou de ma part.
Moi : lol.
On commente un moment avant de triper sur le sujet de sa lune de miel avant de conclure avec celui des bébés. Parce que oui, elle attend des triplets. Les gars n’ont pas lésiné dans les bords, trois coups en un kkrkrkr. Actuellement, si vous cherchez le bonheur, vous n’aurez plus qu’à faire un tour chez Joe (rire).