Etre sa femme

Ecrit par RIIMDAMOUR


    Ces derniers temps j'avais entendu toutes sortes de demandes bizarres mais celle-ci...
Ouah!
Il voulais que j'aille vivre chez lui.
Quoi?
Comment?
Et surtout.
Pourquoi?
En ce moment là il me regardait de la même manière que d'habitude. Même un aveugle aurait vu qu'il ne me portait pas dans son coeur.
Alors pourquoi voulait-il que Je vive chez lui.

- Il t'a dit que c'est pour être plus crédible ioe tamit. Ish. Fit ma conscience.

- Pardon? Je crois que je n'ai pas compris ce que tu as dit. Lui dis-je.

Lui: moi je crois que tu as parfaitement compris.

En y réfléchissant bien, j'avoue que j'avais compris. Mais je ne voulais pas comprendre.

- Écoutes, je ne connais pas vraiment vos coutumes et vos réalités. Je n'ai pas grandi dans ce pays. Mais il semblerait que la situation sociale d'une personne soit très importante ici.
Depuis que je suis rentrée ma famille paternelle m'appelle sans arrêt pour me demander de tes nouvelles. Et je ne sais pas vraiment quoi dire. C'est vraiment bizarre qu'un couple marié ne vive pas ensemble. Tu trouves pas?

Je savais tout ça.
À moi aussi on me faisait le même genre de réflexion.
Tala au début ne disait rien mais il a fini par me faire part de ses pensées.

- Wa mais Mimi, où est ton mari?
Avait-il demandé.

- Il est toujours en voyage. Avais-je répondu.

- Hunn? Tu me caches quelque chose?

Moi: Non pourquoi?

- Deux mois que vous êtes mariés, il n'est pas venu une seule fois. Je ne t'entends jamais faire allusion à lui. Je te vois scotchée à ton téléphone H24 et je ne sais même pas si c'est avec lui que tu parles. Je trouve tout ça très bizarre Mimi. Je ne voulais pas t'en parler parce que je me disais que c'est un mariage tout frais.
Je sens que tu me caches des choses mais j'espère que tu m'en parleras. Continua t-il.

Lui parler?
Lui dire dire la vérité?
Lui dire que j'ai accepté cet arrangement idiot pour avoir de quoi le sortir de prison( en partie)?
Jamais de la vie.

Tala à toujours été plus calme que Mansour, plus posé et plus réfléchi aussi. Mais il cachait en verite une âme très sensible et il pouvait devenir très colérique au besoin.
Il risquait de m'en vouloir de lui avoir caché tout ça et aussi d'avoir hypothéqué une partie de ma vie.
Je ne voulais pas tout ça.
D'ailleurs le mal était déjà fait, les dés jetés, les contrats signés. Donc pas de retour en arrière possible.

Puisque que je ne disais rien il continua:

- Mimi, j'ai conscience de beaucoup de choses, notamment du fait que tu as changé, moi aussi d'ailleurs, mais ça ne doit pas changer notre relation. On ne se parle plus. Je suis toujours ton grand-frère. Tu peux me parler tu sais, si jamais tu as un problème.

Quoi répondre à ça? Dites moi rekk.

- Il n'y a pas problème je t'assure. Mentis-je en lui servant un faux sourire. C'est juste qu'il est très occupé, il vient de signer un contrat pour son nouveau travail et il a besoin de temps pour s'installer et régler quelques problèmes c'est tout. ( asstahfiroulah! j'en savais rien j'avais appris tout ça par son père ).

Tonton Beckaye aussi m'avait fait la remarque. ( évidement)
Tonton Khadim aussi.
Tata Sokhna aussi.
Et mes badienes.
Tout le monde quoi!

Je savais tout ça, je savais hein.
Mais pourquoi j'étais aussi surprise qu'il m'en parle. Aïdir Junior  me sondait toujours son regard mais c'était comme si j'étais mise sur pause II.

- Eh bien. Je ne sais pas. Finis-je pas dire après plusieurs minutes.

- Ne me dis pas que tu n'y avais jamais pensé!.

Face à mon silence il repris.

- Écoutes princesse, j'avais cru que tu avais assimilé que ta vie allait changer mais il paraît que non.

Il m'appelait princesse tout le temps. Je doute même qu'il savait comment je m'appelais.
Ne vous leurrez pas hein, ce "princesse" là n'avait aucune connotation positive dé.
Je sentais l'ironie à chaque fois qu'il m'appelait ainsi. Il le faisait depuis qu'il avait entendu ma sorcière de belle-mère le faire.
Tchrr...

- Pour tout le monde, on est un couple normal, poursuit-il. Et un couple normal qu'est-ce que ça fait? Hein princesse? Un couple normal, ça vit ensemble. Ça dort ensemble et se réveille ensemble,tu comprends?

Il parlait en détachant les syllabes comme quand on parle à un gamin trop con.

Tchim...est- ce que j'ai l'air d'une gamine idiote moi?

- Heu.. c'est pas la peine de me parler comme si je suis une demeurée non plus. Le coupais-je en levant les yeux au ciel.

- Ça c'est toi qui le dis Princesse. Rétorque t-il d'un ton narquois.
Mais dis moi, tu ne pensais quand même pas que nous allions vivre chacun de notre coté?

Face à mon silence il éclata de rire.

- Pauvre petite! Je me demande si tu es seulement naïve ou s'il y a autre chose. Continua t-il.
Sérieusement quoi? Écoutes,je te dis ça pour ton bien d'accord? Il faudrait que tu sois un peu plus réaliste.  On s'est fourré dans cette histoire malgré nous. Je sais que tu déteste cette situation autant que moi mais on doit s'adapter toi et moi. J'ai rencontré les soeurs de ton père et ton oncle, ils sont plutôt originaux j'avoue mais je suis sûre qu'ils t'on demandé pourquoi on ne vit pas ensemble.
Je sais que notre cohabitation n'est pas évidente mais on est obligés.

Silence.

Quoi? Il a enfin fini son monologue? Me demandé-je.

Ki nimako diéppé (il m'insupporte )

J'ai décidé de ne pas répondre sinon j'allais dire un impolitesse.

- Tu as perdu ta langue princesse?

- Que veux tu Que je dise? Tu semble avoir réponse à tout. Je t'en pris parles pour moi, je suis tellement débile que je n'arrive pas à comprendre ce que tu me sors depuis tout à l'heure.

Son regard changea de moqueure à pas content.

- Parles moi sur un autre ton princesse je suis pas ta copine.

- Ne t'inquiètes pas pour ça Monsieur je sais tout, j'en ai bien conscience. Mon regard à moi était provocateur.

L'ambiance devint électrique.
Ni lui ni moi ne parlions, on se regardait en chiens de faïence.

Falewoumako mane (je m'en fiche de lui).

- Bon finalement tu décides quoi?  Lança t-il mettant fin au silence pesant.

Je haussai seulement les épaules.
J'avais pas envie de parler.

- Tu n'as rien à dire?

Je haussai encore les épaules.

- Tu te fiches de moi? Écoutes moi bien tu vas venir vivre avec moi. Que tu le veuilles ou non. Ta belle-mère m'avait averti que t'avais un caractère de petite fille gâtée, j'aurais du l'écouter apparemment. Non seulement tu vas venir vivre avec moi et ensuite tu vas arrêter tes trucs là. Mets toi bien dans la tête que je suis plus fou que toi. Je peux te pourrir la vie si je veux alors vaut mieux négocier avec moi et faire les choses à ma manière. Tu es prévenue.

Il remis en place son noeud papillon tranquillement et partit en direction de la sortie.
Pépère quoi, comme s'il venait pas de me menacer.
Comme s'il m'avait pas filé la plus grosse trouille de ma vie.

J'étais sur le cul
Grave sahh.
Tellement que j'en avais oublié de respirer.

Mais...ki nitt leu??

5minutes plus tard j'étais toujours dans la même position.

Quand je repris mes esprits j'étais vénère.  Trop sahh.
Il m'avait menacé?
Il avait osé me menacer?
Moi?

Eh bien pour la peine javais décide de l'ignorer. Je n'allais certainement pas emménager chez un goujat pareille.

Enfin si. J'étais obligée quand même. Vous même vous savez que j'étais obligée de le faire. Mais j'allais lui faire croire le contraire juste pour l'énerver.
C'est puéril?
Peut-être bien. Mais il m'avait menacé aussi.
J'allais pas me laisse faire waay.

******************************

Finalement je crois bien que j'aurais du me laisser faire, ce jour là au salon, avec Aïdir Junior, le con.
J'avais passé un mauvais quart d'heure à me faire remonter les bretelles, par Tonton Bekaye et Tonton Khadim.
Apparemment mon con de mari était allé les voir le lendemain de notre "dispute" pour leur dire que je refusais de vivre chez lui.

J'ai dit ça moi?
Tchim.
Les vieux m'ont grave sermonné, j'ai eu droit à la totale.

Je dois respecter mon mari. (Et si Lui il me respecte pas).

Lui obéir.( même pour des idioties?)

Ne pas le contredire ( ouais mais et si il a tort?)

Je dois être à son service toute la journée  ( faut pas exagérer non plus nakk).
Enfin bref...

J'ai été obligée de l'appeler devant eux pour m'excuser et lui dire que j'allais faire mes bagages et m'installer chez lui.
Maman la honte!!!!
J'ai cru que j'allais mourir.
J'ai même versé quelques larmes pour les amadouer mais ils n'ont pas flanché. J'ai juré que je l'apellerai une fois à la maison mais Tonton Beckaye a dit:
-Mariam, appelle ton mari tout de suite. Ne nous fatigue pas dé.

J'ai composé le numéro avec la lenteur de quelqu'un qui se dirige vers son exécutoire.

J'ai retenu mon souffle pendant que ça sonnait.

Et quand enfin il a décroché, j'ai du me forcer de ne pas Lui raccrocher au nez, il y avait le regard inquisiteur des vieux.

- Allô!

Moi: allô c'est Milouda.

- Oui tu veux quoi?

Quelle politesse vraiment

Moi: En fait je suis chez mon oncle et heu... Je... euh... Je vais faire mes bagages pour emménager chez toi demain.

J'avais fait exprès de lui dire que je suis chez mon oncle, pour qu'il sache bien que je ne l'appelle pas de ma propre initiative.

Il éclata de rire.

- En fait c'est ton oncle qui t'a forcé à m'appeler quoi?

Voilà il a tout compris.
Tchip.

Moi: oui

- Eh bien! Je t'avais prévenu que t'allais faire ce que je veux. Dit-Il narquois.

Moi: euh oui mon chéri mais c'est pas fini. Il y aura un retour.

Tonton Beckaye me lança un regard d'avertissement. Mais il savait même pas de quoi j'étais entrain de parler.

Lui: Tu me menaces princesse?

Moi: Peut-être Mohamed.

- C'est bon continues à faire la conne.

- T'es désirs sont des ordres

Tonton Khadim me mima de lui demander pardon.

Quoi?
Jamais de la vie.

Je faisais comme si j'avais pas compris mais quand Tonton Beckaye enleva sa babouche et me menaca avec ...

Moi: Euh... Mohammed je voulais aussi te demander pardon pour t'avoir contrarié.

Mon oncle descendit sa babouche.
Ouch, je l'ai échappé belle.

L'autre con là à l'autre côté du fil se permit de rire.

- On dirait que tu as vraiment peur de ton oncle toi! C'est bien Je vais m'en servir comme arme.

Avant que je ne réponde il raccrocha.
Toujours aussi poli le mec.

Je me tournai vers mes tontons avec une mine triste.

- Il a dit qu'il me pardonne ( asstahfiroulah).

S'en suivit d'autres autres et autres conseils. Comme si j'en avais besoin.
C'était pas un vrai mariage quoi.

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Deux jours plus tard, j'étais toujours pas partie de chez moi.
Pourquoi?
Parce que quand les soeurs de mon père on appris que je rejoignais le "domicile conjugal", elles ont voulu "faire les choses comme il se doit". Ceci implique le protocole du "seuyi" et tout le tralala.

Xanaa elles avaient pas dit qu'il n'y aurait plus tout ça puisque j'était pas vierge?

Elles ont créé une autre cérémonie rocambolesque. Heureusement que mon oncle est intervenu en leur disant qu'il ne voulait ni tambours ni trompettes.
Elles se sont fâché mais bon...

Au Sénégal quand une mariée rejoint le domicile conjugal on lui achète un tas d'ustensiles de cuisines et tout ça.
Mes badienes n'ont pas eu besoin de m'en acheter, j'avais bien plus de matériel ménager qu'elles n'en avaient elles.
Elles étaient vraiment surprises de voir tout mon arsenal de cuisine.
Elles ont eu un peu honte car à part Tata Nanou, elles n'étaient pas au courant que je savais cuisiner. Elles ont même été dubitatives.

Elle m'ont seulement remis des valises avec plein de vêtements.
Badiene Matel me donna trois valises qui me choquèrent au plus haut point.

De la lingerie!

C'était de la lingerie fine
Des trucs que je n'ose même pas vous dire wallay.
J'étais

- Occupes toi bien de ton mari avec ça. Passe me voir je t'expliquerai comment te servir de tout ça Bilo. Avait dit badiene Matel.
J'étais tellement gênée. Heureusement que je ne suis pas blanche sinon jaurais été rouge de honte.

- Moo ne joue pas à  l'innocente avec nous. Tu sais très bien ce que c'est que tout ça. Lança badiene Paulel à ce moment là .

Elle réussit à plomber l'ambiance.
J'étais tellement énervée contre elle. Mais qu'est-ce que je lui avais fait?

Une autre valise ma été donnée, une dans laquelle il y avait deux tapis de prière, des chapelets et des foulard pour moi. C'était un cadeau de badiene Nanou et Tata Sokhna.
Elle me donna plein de conseils ndeysane sous le regard bienveillant de Tata Sokhna et la Maman de Mansour.
Elles me prodiguerent d'autres conseils qui me toucherent tellement. Elles citaient ma maman et me disaient de la prendre pour exemple.
Mes autres badienes ne disaient rien. Au fond elles n'avaient jamais aimé maman.

Bref avec tous les cadeaux que J'ai recu J'ai dû faire appel à un déménageur pour tout prendre. Oui tout!
J'ai décidé d'envahir toute l'espace de mon " mari". Juste pour le faire chier . J'avais même emmené avec moi mes oreillers et mes coussins .

Mes tantes ont tenu à m'accompagner jusqu'à ma nouvelle demeure.
Moi même je savais pas où c'était.
Bien évidemment elles ne m'ont pas cru quand je le leur ai dit.

Khadija à voulu être ma "tope"( celle qui accompagne la nouvelle mariée pour l'aider à s'habituer à sa nouvelle vie).

Là encore il a fallu que badiene Paulel s'en mêle.

- Elle n'a pas besoin d'une tope. Les topes c'est fait pour les vierges qui se font dépuceler aient quelqu'un pour les assister les jours suivant leur nuit de noce puisqu'elles auront mal les jours suivant.

Cette fois-ci j'ai vraiment craqué et j'ai pleuré à  chaudes larmes.
Tout le monde était énervé par sa remarque.

Je n'en pouvais plus. Pourquoi fallait t-il qu'elles me parlent toujours de virginité? Je comprenais que ce soit important mais de la à en faire une obsession...

Et puis moi, j'étais vierge. Elles ne le savaient pas parce qu'elle ne m'avait pas demandé.
Quand Safietou à clamé devant tout le monde qu'elle m'avait trouvé au lit avec son neveu tout le monde l'a cru directement.
J'ai essayé de les joindre pour leur expliquer. J'ai appelé Badiene Paulel la première elle n'a même pas écouté. Elle m'a traité de petite dévergondée et ma dit que je lui ai fait honte.
J'ai renoncé à appeler les autres.
Et je n'allais certainement pas sortir pour les voir.
C'est à partir de ce moment que je me suis renfermé sur moi-même . J'avais honte d'une chose que je n'avais pas faite

Mansour et Tala arrivèrent pile au moment où Badiene Paulel crachait son venin. Fofou tangue dieurr ( c'était chaud)

Je n'écoutais même  pas ce qui se disait. J'avais le cœur déchiré.
Khadija tenta de me consoler du mieux qu'elle put mais rien n'y fait. Je pleurais encore plus.

Tout le monde était remonté contre la soeur de mon père, même ses soeurs à elle.
Au final elle se facha et partit.

Le trajet jusqu'à chez mon mari se fit dans la plus grande tristesse.  J'avais les yeux bouffis et le coeur meurtri.
De ce fait je ne savais même pas où on était quand la voiture se garda devant une maison.
Je ne m'attardai même pas sur la façade. J'avais juste remarqué que c'était une maison à étage peinte en blanc avec un grand portail en fer forgé.

On me mit un énorme pagne tissé sur la tête et on me dit d'attendre. Je sentis qu'on me versait de l'eau sur les pieds et j'entrais la première.

À l'intérieur il y avait du monde.
Mais qui étaient ils? Je n'en savais rien. Je ne savais même pas qu'il y aurait tout ce monde là.

Khadija m'apprit que c'étaient les soeurs de mon beau-père.
 Tout ça là.

J'eus enfin le droit d'enlever le pagne. C'était pourquoi même? Ah les traditions!!!

Il y avait au moin une vingtaine de femmes.
Elles se presentèrent comme les sœurs et les cousines de mon beau-père.

De belles femmes à la peau très claire ( elles étaient marocaines ou métissées ) qui avaient des manières très sénégalaise avec leurs énormes boubous et leurs mouchoirs de tête.

Il y avait trop de bruit.
Je demandais à badiene Nanou pourquoi elles étaient là.
- C'est Matel qui a voulu qu'elles soient presentes. J'ai tout fait pour qu'il n'y ait pas autant de monde mais tu connais ma soeur. Désolée. Souffla t-elle.

Thieuy yalla.

On était dans une sorte de petit salon, mais je ne pouvais pas voir la déco a cause de toutes les personnes.
Des amuses-bouche étaient servis.

Mais où était mon mari.

En parlant du loup. Il se dirigeait vers moi avec sa dégaine habituelle, c'est à dire Jean et chemise.

Il arriva vers moi et se pencha comme pour me faire la bise.

Les autres qui n'avaient rien compris applaudirent, les pauvres ils croyaient sans doute que c'était un bisou.

Beurk.

- C'est quoi tout ce monde? Souffla t-il à mon oreille discrètement.

- Je n'en sais rien. Je n'y suis pour rien. Fis-Je doucement forçant un sourire. Tout le monde nous regardait.

- Débrouille toi pour qu'ils s'en aillent. Et vite. Fit-Il en se redressant.

Pour une fois j'étais d'accord avec lui. J'en avais ras le bol de tout ce bruit.

Que pouvais-je dire nakk pour qu'ils partent?

Mansour s'approcha de lui et se présenta avec Tala vu qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de se rencontrer. Tala et sa réserve habituelle.
Amine sourit et semblait même être à l'aise avec mes cousins.
Ouf! J'avais eu peur qu'il fasse le con.

Je dus expliquer à tata Matel que mon mari n'était pas trop à l'aise avec tout ce monde et tout ce cérémonial.
À ma grande surprise, elle me dit qu'elle avait compris.

Une heure de temps plus tard, elle s'était débrouillé pour faire partir tout le monde très gentiment en disant que les nouveaux mariés avaient besoins de se retrouver un peu dans l'intimité.

Je pus enfin regarder la déco quand tout le monde fut.

Mais pas la moindre trace de mon mari. Je ne savais pas où se trouvaient mes affaires il aurait au moins pu me faire visiter la maison.
Non?

Il reapparut une heure  plus tard une sucette dans la bouche et les pieds nus.
Il semblai surpris de me voir.

- Qu'est ce que tu fais toujours là toi? Demanda t-il.

- Je t'attendais. Repondis-je

- pourquoi?

- Bah pour que tu me montre où se trouvent mes affaires que je puisse me changer.

- Ah oui! Suis moi.

Je le suivis à l'étage.
Il y avait un long couloir un peu étroit où il y avait quatre portes.
Il ouvrit la seconde et me dit:

- C'est ta chambre, il y a une salle de bain. Tu peux visiter le reste de la maison si tu veux. Mais la chambre à côté c'est la mienne, je te conseil pas d'y entrer. Et la porte au fond c'est mon bureau. Ta rien à faire là-bas.

Puit il partit les mains dans les poches.
Charmant. Vraiment.

Notre cohabitation risque d'être...originale si on agit comme ça l'un envers l'autre.
It's gonna be funny! Comme disait Kevin.
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Ça me faisait toujours aussi bizarre, qu'on m'appelle Madame Aïdir.
Vu que moi, je ne me sentais pas du tout mariée, alors là pas du tout hein.
Il m'arrivait même doublier que c'est moi Madame Aïdir.
Puisque j'en arrivais à oublier l'existence de Monsieur Aïdir car cela fesait plus d'un an que je ne l'avais pas vu.

En effet, environs deux semaines après mon installation chez lui, il m'avait trouvé dans la cuisine et me dit qu'il devait partir en voyage pour son travail. Voyage d'une durée indéterminée, précisa t-il.

Je lui ai dit ok.
Qu'est ce que j'aurai du dire d'autre?
Honnêtement ça m'était égal qu'il parte ou qu'il reste.
C'était même mieux qu'il parte parce que nôtre cohabitation était des plus pénible.
On passait notre temps à nous éviter et quand malencontreusement on se croisait dans la maison, on se disputait, toujours.
Il ne pouvait pas s'empêcher de me faire des remarques désobligeantes auxquelles je ne me gênait pas de répondre.

Depuis que je le connaissais j'avais développé des comportements que je ne me connaissais pas. J'étais tout le temps sur le qui-vive attendant qu'il me dise quelque chose pour répliquer.

Bref je disais plus d'un an que je ne l'avais pas vu.
J'avais de ses nouvelles presque une fois par mois, il m'appelait pour me demander comment j'allais, si je n'avais besoin de rien...
Nous parlions à peine cinq minutes  qui me paressaient interminables par ce qu'il se debrouillait toujours pour glisser des menaces dans ses phrases. Des trucs dans le genre:
- J'espère que tu ne fais rien d'irréfléchi pour entacher ma réputation.
Ou
- J'espère que je n'aurais pas vent de rumeurs comme quoi ma femme me trompe. Je pourrais vraiment devenir méchant dans ce cas.

À part ça il m'arrivait d'oublier son existence même. Oui je sais, je suis trop gentille

J'avais validé ma première année d'études en  comptabilité dans une école réputée de la place.
Je ne pouvais pas vraiment dire que je m'étais intégrée. Mes camarades ne m'appréciaient pas pour la plupart. Je n'avais qu'une seule amie, Rockya. Une fille très cool et un peu originale.

Ma consolation ces derniers mois est que  j'avais aussi repris contact avec Djouma, la femme qui ma élevée.
De très belles retrouvailles. C'est comme si j'avais retrouvé une mère. Elle était allée vivre avec une de ses amies après avoir quittée notre maison.
Elle a été ravie que Safietou soit sortie de ma vie, mais m'avait conseillé d'être sur mes gardes. 

Le plus important, c'est que grâce à elle, je pouvais enfin vivre ma passion: la cuisine.

Elle m'avait mis en rapport avec un de ses amis qui était un chef étoilé qui n'exerçait plus, et qui était venu s'installer à Dakar.

Mon Dieu, comme j'étais contente. Alain Corona était un chef triplement étoilé .
Il avait perdu son restaurant parisien à la même époque que Djouma qui en tenait un spécialisé dans la cuisine exotique.
Ils avaient été escroqués par un entrepreneur véreux et avaient tout perdu.
Djouma a essayé de faire décoller son affaire à maintes reprises mais malheureusement...

Alain lui, donnait des cours de cuisine de temps en temps dans des école de gestion hôtelière.

Il a accepté de me donner des cours à domicile gratuitement. C'est grâce à ma Djouma bien-sûr.
Je lui en étais vraiment très reconnaissante.
Donc trois fois par semaine, après mes cours, Alain passait à la maison et m'aidait à m'améliorer.
Oui m'améliorer! Car d'après lui j'avais déjà acquis toutes les bases de la cuisine. Grâce à lui j'avais même la perspective de me spécialiser dans la cuisine.
Mais ce en quoi j'étais vraiment douée, c'était la pâtisserie.
Peut-être parce que j'adore les gâteaux et que je suis une incorrigible gourmande, mais j'aimais vraiment ça.

J'appréciais  Alain, il était une sorte de Tonton mentor pour moi.
C'était un quinquagénaire bien conservé pour son âge, très ouvert. Le genre de personnes qui vivent tellement longtemps dans un pays étranger qu'ils agissent comme les habitants du pays.
Il parlait aussi bien le wolof que le français et avait une tes grande connaissance des produits locaux.
On pouvait passer des heures à discuter ganache, génoises et glaçage.

J'avais désormais une vie bien remplie entre les différents cours que je prenais dans la journée.

Je me sentais aussi à l'aise dans mon nouveau chez moi.
J'en avais même fait un petit nid chaleureux et accueillant.
A mon arrivée cette maison était triste et sans vie colorée dans des tons: noir blanc et gris.

Je m'étais permise de complètement chambouler la déco de sa maison.
J'avais quand même raison de le faire parce que tout était tellement triste. Tout son mobilier était soit noir ou blanc, ou gris. C'était à de demander si quelqu'un vivait dans cette maison.
J'ai rajouté des coussins colorés sur les canapés, une nappe par-ci, une moquette par là( fallait pas en faire trop non plus).
Et le résultat était franchement plus accueillant.

La maison n'était pas trop mal, juste un peu plus petite à ce à quoi j'étais habituée, mais ça ne me dérangeait pas tant que ça

La maison n'était pas trop mal, juste un peu plus petite à ce à quoi j'étais habituée, mais ça ne me dérangeait pas tant que ça.
Il y avait une petite véranda un peu fleurie à l'entrée de la maison .
En entrant dans la maison proprement dite, il y avait un petit salon en rotin. Mon endroit préféré, après la cuisine bien-sûr

Il ya avait aussi au rez-de-chaussée le garage, une chambre, un énorme débarras et enfin la cuisine  . Ma pièce favorite. Enfin après que je l'aie relookée.
Le lendemain de mon emménagement, quand je suis descendue à la cuisine, j'ai été surprise.
Sa cuisine était juste vide.
C'était une pièce de taille moyenne  ( Deux fois plus petite que celle de ma maison)
Elle était quand même bien lumineuse, heureusement!
Elle était juste équipée d'un four à micro-ondes, une machine à café et un frigo vide à part de l'eau et des canettes de Soda et le plus bizarre une boîte remplie de sucettes.

Je lui ai demandé alors qu'il passait par là sucette aux lèvres si je pouvais faire venir quelques trucs à moi, il m'a répondu vaguement un "ouais".
Wallay c'est tout ce que j'attendais et j'ai tout de suite appelé le camion de déménagement qui contenait mes affaires.
On a mit trois heures à tout descendre et monsieur ne s'est rendu de rien. Il était enfermé dans son bureau depuis le petit matin.

J'avais fait venir de chez moi: cuisinière,mixeurs,  robots électriques et même mon moule à gaufres. Et la vaisselle aussi, une tonne d'ustensiles de cuisine.
Au final la pièce était bien plus accueillante.
Elle donnait enfin l'impression que quelqu'un l'utilisait.
Assez simple mais fonctionnelle.

Assez simple mais fonctionnelle

Quand il a vu ce que j'avais fait à sa déco il a juste haussé un sourcil mais n'a rien dit.
Apparemment ma tentative pour l'énerver était ratée. Cet homme était vraiment stoïque.
J'ai ensuite passé le reste de ma première journée chez lui a ranger mes affaires et organiser MA chambre, puisque comme vous l'avez compris, nous allions faire chambre à part.
C'était une cause stipulé dans notre contrat et approuvé par nous deux.
Il était aussi stipulé un tas d'autres trucs suivant nos exigeances à tous les deux. Notamment le fait qu'on n'était pas obligés de coucher ensemble puisque c'était un mariage blanc.
Nos avocats respectifs nous ont demandé de ne pas inclure cette clause parce que rien n'était sûr.
On leur a formellement assuré qu'on ne risquait pas de coucher ensemble.

Kevin.
Il était de retour au pays depuis plusieurs mois et était redevenu mon rayon de soleil.
Non je ne lui avais pas dit que j'étais mariée parce qu'après tout cela n'avait aucune importance car mon contrat de mariage ne durait que quatre ans et la première année était passée assez rapidement.
En plus c'est comme si je n'étais pas mariée. Non?

On se voyait assez souvent, pour prendre un verre et papoter ou pour faire nos footing nocturnes.
Je prenais toujours soin qu'on se voit dans des endroits discrets, je ne pouvais pas risquer qu'on me reconnaisse avec un autre homme alors que tout le pays avait eu vent de mon mariage.

Quand Josée su que je le revoyais, elle me fit la réflexion que ce que je faisait n'avait d'autre nom que l'adultère.
Adultère où même? 
J'ai trompé personne que je sache car je n'étais avec ni  l'un, ni l'autre.
Elle m'a dit que j'étais entrain de tromper mon mari.
Je ne lui ai même pas répondu.

Avec Kevin on entretenait une relation purement amicale. A part les regards qu'on se jetait de temps en temps, ou les fois on ma main reste un peu trop longtemps dans la sienne quand il m'aidait à me relever. Ou même les fois où je ressentais de petites décharges électriques quand on se touchait.

Ça me faisait du bien de le fréquenter et je ne voyais vraiment pas ce que nous faisions de mal.

Mes relations avec ma famille s'était nettement améliorée.
Je passais les dimanches chez mon oncle et lui ramenais toujours quelques petits trucs à grignoter fait maison qu'il adorait mais ça, il ne l'avouait jamais.
Je passais voir les soeurs de mon père très souvent et j'avais tissé une vraie complicité avec Badiene Nanou qui était devenue très amie avec Tata Sokhna et Tata Binette.

Les garçons squattaient chez moi très souvent le soir, c'était surtout pour la bouffe mais on passait quand même pas mal de temps ensemble. Josée aussi venait me voir très régulièrement mais était très prise par ses cours.
J'étais assez contente d'elle car il me semblait qu'elle avait arrêté ses bêtises.
Tala était redevenu à peu près normal, mais juste un peu quand même.
Toujours dans les nuages.

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J'étais affalée sur le canapé du salon devant la télé ce jour-là.
J'étais vraiment épuisée car j'avais passé la journée à faire le tour de la famille. J'ai rendu visite à tout le monde et comme je l'avais prévu, ils m'ont tous demande des nouvelles de mon époux.
J'ai du encore mentir.
Bref je somnolais devant une énième émission culinaire quand j'entendis une clé dans la serrure de la porte principale.
Je ne m'en inquitais pas plus pensant que c'était Fatou la femme de ménage qui revenait, elle avait un double des clefs et avait l'habitude de passer la nuit pour voir si je n'avais besoin de rien.
Donc je ne inquietais nullement d'entendre des pas dans le vestibule.
- Je suis là! Fis-je assez haut pour lui indiquer ma position.
Les pas se digèrent donc vers moi et je restais toujours couchée, les yeux fermées.

- Tu attendais quelqu'un? Fit une voix masculine.

Je sursautais et faillis tomber.
Mohamed ou Amine , mon mari quoi, se tenait sur le seuil de la porte avec une valise dans une main et une veste dans l'autre.

- Bonsoir. Lui dis-je par soucis de petitesse.

Il me fixait les sourcils froncés.
- Qui attendais tu? Redemanda t-il.
Mooo

- Personne, je croyais que c'était la bonne. Expliquais-Je.

Il me jeta un regard de suspicion et me lança un bonsoir très sec avant de tourner les talons et de monter à l'étage.

Pardon mais...je t'a...