Just married
Ecrit par RIIMDAMOUR
Le lendemain du mariage.
J'étais tellement déçue par cette farce ridicule qu'à été mon mariage.
Et surtout, surtout j'avais tellement honte de m'être laissé prendre au jeu de la sorcière.
Je n'ai même pas pu
identifier tous les sentiments que je ressentais mais tout ce que je
savais c'était que j'allais mal, très mal.
Tout le monde m'énervait, je ne voulais plus rien d'autre que chacun rentre chez lui.
Ils frappaient de discrets petits coups sur la porte depuis le matin mais je n'avais aucune envie d'ouvrir.
Je reçus un SMS de Josée :
- Tu devrai sortir. Tout le monde s'en va. Viens dire au revoir au moins.
Je fis l'effort d'obéir à Josée.
J'avais beau être en colère, je ne devais pas oublier les bonnes manières.
Et
je devais quand-même admettre qu'elles ont fait tout ce qu'elles ont pu
pour m'organiser un beau mariage. C'était moi et seulement moi le
problème.
Tout le monde était dans la salle à manger où il régnait une très bonne ambiance.
Silence total quand je franchis la porte. Sympa l'accueil!
- Bonjour. Fis-Je a l'endroit de tout le monde.
Khadija se leva direct pour me faire une bise toute mouillée.
- Bonjour Madame Aïdir! Fit-elle.
Ce qui eut le dont de me rendre déprimer encore plus. J'avais envie de hurler. Mais comme elle était très gentil, je ne voulais pas la décevoir. Je fis un petit sourire forcé.
Je fis un autre effort et me mis à table à côté de Tala qui comme d'habitude était plongé dans ses pensées.
Il sentit ma présence et me fit un sourire qui semblait aussi sincère que le mien.
- Ça va mimi? Demanda t-il.
- Oui et toi?
- Moi je vais bien mais toi on ne dirait pas. Tu as une petite mine. Répondit il.
J'haussai les épaules et plaquais un autre sourire sur ma bouche.
Les
conversations allaient bon train, Mansour faisait le pitre comme
d'habitude et sa soeur était à fond dans une conversation à propos de
mode avec badiene Nanou, Josée et Tata Sokhna.
Mes autres badienes étaient en train de compter des billets de banque, beaucoup beaucoup de billets de banque.
- C'est leurs "ndawtals" qu'elles sont entrain de compter depuis ce matin. M'explique Tala doucement.
Ahhh le ndawtal! Au
Sénégal le ndawal est une tradition, et une obligation et même un
protocole carrément inutile et volage si je puis dire.
Pour celles
qui ne savent pas, c'est la somme que l'on donne à la mariée le jour de
son mariage et à la nouvelle mère lors d'un baptême (entre autres).
Cette somme était en quelque sorte faite pour aider à la base et n'était
ni forcée ni fixée à un montant.
On donnait le ndawtal pour
aider,car tout le monde sait qu'en Afrique on y va pas de main morte
quand il sagit de cérémonie,et c'était de gaieté de coeur, chacun
donnait qu'il pouvait se permettre.
Mais aujourd'hui "le ndawtal est un business" comme le dit Daro de la série Dinama Nekh.
Quand
on le donne maintenant ça doit attendre certaines sommes, plus la somme
est importante plus on est content parce qu'à notre tour on devra se
faire rembourser.
Exemple:
Je te donne 10.000frs à ton mariage,
quand se sera à mon tour tu sera obligée de me donner la même somme
sinon plus. Et Alors toi aussi la prochaine fois que tu organise une
autre cérémonie je te donnerai plus que tu m'avais donné.
Une sorte d'enchères quoi!
Ouais...
J'avoue que je sais pas vraiment comment l'expliquer, mais j'ai fait de mon mieux.
C'est que c'est vraiment tordu tout ça non?
Avec ça on ose parler de "teranga sénégalaise"!
Moi je dis plutôt hypocrisie sénégalaise.
J'ai toujours trouvé cette pratique répugnante.
Un cadeau, c'est un cadeau. On le donne, c'est on le donne, point. Pas question de le reprendre.
Badiene Aïssata qui n'a pas d'enfants, donc pas d'occasion de récupérer tous les ndawtal profite des mariages et autres des enfants de ses soeurs pour récupérer un vrai pactole.
J'avais vraiment mal à la tête à force d'entendre tout le habillage autour de moi. Khadija qui n'arrêtait pas de parler de mode . Mansour et ses blagues. Tata Aissata qui parlait d'argent.
Je comprenais Tala. Il y a des moments où on a juste pas envie de parler. Ni de voir personne d'ailleurs.
Tata Nanou et Khadija faisaient tout pour m'introduire dans la conversation mais... Sur le moment je ne m'encombrais d'aucune forme de politesse.
Ils partirent tous une heure de temps plus tard. Ouf!!
Je n'avais même pas fait semblant d'être triste.
Bon débarras et sans regret.
Josée avait proposé de rester et j'ai retenu les garçons. C'étaient les seuls que je supportais.
Dès que toutes les voitures partirent, je me dirigeais vers la cuisine, il y avait Satou et une autre femme qui nettoyaient. Elisabeth avait sans doute été renvoyée par Anas. Bien fait.
- Satou, vous avez fini? Demandais-je.
- Presque Mademoiselle...heu Madame. Répondit l'intéressée.
- Vous pouvez prendre votre journée quand vous finirez.
Elle me regarda avec de gros yeux genre" tes sûre ".
- Je n'ai plus besoin de rien. Expliquai-je. Et Satou, plus de mademoiselle stp appelle moi Milouda.
Ça me faisait du bien d'être dans la maison où j'ai grandi sans sentir la présence toxique de Safietou.
Je me dirigeai vers le jardin.
Papa
passait ses journées là-bas quand il avait été malade, juste avant
de... Mais Safietou m'avait interdit d'y aller après sa mort.
Je pouvais dorénavant y aller quand je voulais.
J'y trouvais Tala qui tournait autour du goyavier, comme quand on était jeune. Il chipait tout le temps les goyaves de l'arbre et je m'empressais de le dénoncer.
Ah le bon temps!
Il sourit quand il me vit.
- Alors le voleur de goyave, on est récidiviste à ce que je vois. Taquinais-je.
- Comme tu le vois Mimi. C'est une addiction.
Il revint avec deux goyaves mûres entre les mains.
Elles sentaient bon.
J'avais même oublié l'odeur des fruits frais, l'odeur du jardin.
La même odeur que...Papa. une odeur de nature.
Je contemplais ma goyave, un goût trop amer à la bouche.
Tala partit les laver, et je mordis dedans dès qu'il me la donnait.
C'était trop bon.
Je n'en avais pas mangé depuis la mort de Papa.
- Le bon temps. Murmura Tala.
Oui, le bon temps.
Je partis à la cuisine me faire un petit déjeuner de princesse.
Des
frites, une tonne avec beaucoup de ketchup, de la glace et du chocolat
au lait et des boissons gazeuses. Tout ce qu'il y a de plus mauvais pour
la santé.
Ça remonte le moral.
Je pris place devant la télé avec Tala. Aucune trace de Josée ou Mansour. Je ne savais pas ce qu'ils trafiquaient c'est deux la mais c'était louche.
Ils réapparurent une demi heure plus tard l'air de rien, alors qu'on regardait un dessin animé Lucky Luc Tala et moi.
Je dus refaire beaucoup de frites et on passa tous une chouette journée devant la Télé à manger des cochonneries et à regarder des dessins animés.
Du vivant de mon père, on faisait ça tous les dimanches et au déjeuner, Papa nous laissait manger ce qu'on voulait.
Après on buvait beaucoup de Soda et on faisait un concours de rot. Et après, on s'endormait tous comme des masses.
Mais ça c'était avant.
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Cela faisait deux mois que j'étais Madame Aïdir, deux mois relativement calmes.
La succession était réglée, j'étais exécutice légale de tous les bien.
Ça
n'a pas été très facile de régler le problème de l'héritage avec
Safietou qui demandait sa part, mais il à été dit que seulement moi
devais hériter puisque Safietou n'a pas eu d'enfant avec Papa.
Une
coquette somme lui a néanmoins été versée, sur la demande de Tonton
Khadim, il a trop bon coeur. Billay si ce n'était que moi, elle n'aurait
pas touché le plus petit franc.
J'ai joué un très mauvais tour à Rawane Aïdir et j'en suis plus que fière.
Le
terrain qu'il voulait acheter à Safietou, je le lui ai vendu, comme
convenu. Mais il y a eu une légère modification des plans.
J'ai été voir un
géomètre et mon avocat qui ont estimé le prix du terrain trois fois
supérieur a celui que me proposait Rawane Aïdir.
Je lui ai demandé de me payer le prix correct mais il n'a pas accepté soit disant parce que je lui avais donné ma parole.
Quelle parole même?
Il a été très énervé, il m'a même menacé, ça ne m'a même pas touché.
Finalement c'est la moitié de la surface convenue que je lui ai vendu, le pauvre il était rouge de colère.
Safietou s'attendait à recevoir une part de cette vente mais elle n'a rien touché, nichts, nada, que dalle.
Elle aussi est entrée dans une colère noire, très noire.
Pourquoi devrais-je lui donner de l'argent?
Pourquoi devrais-je leur faire des faveur?
Ils me prenaient pour une idiote, mais ils ont appris à leur dépend que moi aussi je pouvais être une parfaite hypocrite.
Ils n'ont juste pas pris des précautions pensant me duper.
Mon "époux"? Je n'ai pas eu de ses nouvelles une seule fois.
Je m'en fichais à vrai dire.
Kevin n'était toujours pas rentré au pays. Mais on avait repris contact.
On passait nos journées scotchés au téléphone à s'envoyer des texto.
Il était très drôle et avait une orthographe catastrophique.
Il me tenait bien compagnie.
Les garçons aussi, et Josée était redevenue à peu près normale.
Elle avait repris ses études et moi je m'apprêtais à en faire de même.
J'avais beau avoir une fortune, je devais poursuivre mes études.
J'avais toujours rêvé
d'intégrer une école de cuisine, mais il n'y en avais pas de trop
prestigieuse au Sénégal et je n'étais pas du tout emballée à l'idée de
quitter mon pays.
La cuisine à toujours été pour moi une passion, comme certains sont passionnés par la musique, la danse ou la littérature.
Je ne me souviens même de quand j'avais commencé à cuisiner.
La
cousine de ma mère qui s'occupait de moi quand j'étais petite était
chef cuisinier dans sa jeunesse. Elle avait du vendre son restaurant
suite à une maladie qui l'empêchait d'exercer normalement. Diouma
passait tout son temps à cuisiner, moi toujours accrochée à ses jupes.
Elle m'a transmis l'amour des fourneaux.
Papa aussi aimait cuisiner, enfin... expérimenter. Il concoctait des trucs pas nets quand il senfermait dans la cuisine.
Je me souviens qu'il nous avait fait une omelette à la banane. c'était tout simplement...infect.
Diouma est partie de la maison quand Papa a épousé la sorcière, elles ne se sont jamais entendu ces deux là.
Safietou avait changé toute la décoration de la maison sous prétexte que ce n'était pas bien pour nous de vivre dans une ambiance qui nous rappelais maman. Diouma n'a pas supporté ça, car pour elle, ma tante voulait juste prendre la place de ma mère. On aurait du l'écouter. Si je savais.
Mon père m'avait
toujours conseillé d'étudier la comptabilité parce que lorsqu'on est
riche, on ne doit faire confiance à personne pour gérer nos biens.
Il avait raison, je n'étais pas trop emballée à l'idée d'étudier la compta mais... j'en avais besoin.
Je m'étais donc inscrite dans une école privée réputée de la capitale.
Mais j'avais peur.
Mes dernières années de lycée ont été très dures pour moi à cause de toutes les rumeurs qui circulaient sur moi.
Tous mes bons amis s'étaient éloignés de moi, mes professeurs me detestaient.
Les
garçons du bahut étaient tous à mes pieds parce qu'il considéraient que
j'étais une fille facile et ils espéraient tous coucher avec moi.
Les
seuls qui m'approchaient étaient les filles en quête de popularité,
elles se rapprochaient de moi parce que j'étais populaire.
Je n'ai jamais accepté leur compagnie parce que je ne supporte pas ce genre de personne.
Avant quand tout était normal, j'étais une fille très discrète. Personne ne me connaissait.
Je ne voulais pas revivre cela. Et je savais que ça allait arriver. Encore.
Il me restait environs
deux mois pour commencer mes cours et je ne sortais jamais de chez moi.
Je m'enfermais dans la cuisine du matin au soir. J'étais heureuse quand
je cuisinais. Les frigos étaient pleins de nourriture.
J'envoyais tout le temps des trucs à Mansour, qui était trop gourmand, à Tala aussi.
Bon à tout le monde quoi.
Josée passait ses soirées avec moi à bouffer. On en avait pas parlé, mais il me semblait qu'elle avait arrêté ses conneries.
Bref ma vie avait repris un cours presque normal.
Peut-être à cause du fait que la Sorcière était partie de la maison. J'avoue que je ne lui ai pas laissé le choix non plus.
Ne croyez surtout pas que je lui avais pardonné tout le mal qu'elle ma fait, mais je me suis promis de ne jamais être comme elle. Jamais je ne lui ferai du mal sciemment. Sauf si elle m'attaque, alors là oui je me vengerais.
Je n'étais pas idiote non plus, je savais qu'elle n'allait jamais me laisser en paix. Elle a la rancoeur tenace. Mais j'étais prête et je l'attendais de pied ferme.
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Quelques temps après,
une matinée plus précisément, alors que je me faisais une mousse au
citron, je reçus un coup de fil d'un numéro inconnu.
- Allô! Bonsoir. Fit une voix rauque que je connaissais bien.
Moi: Oui allô!
- C'est Amine Aïdir. Je suis de retour au pays.
Moi: ah okay!
Qu'est ce que je pouvais répondre d'autre?
- Il faut qu'on se voit.
Moi: Ok. Et quand ça?
- Le plus vite possible. Pourquoi pas ce soir.
Moi: bah je suis chez moi. Tu peux passer.
- Je ne préfère pas. Je ne voudrais pas risquer de rencontrer une certaines personnes. Fit-il avec une voix très sérieuse.
Sur le moment je ne compris pas, mais quand je saisis qu'il parlait de Safietou , je me retiens avec peine pour ne pas éclater de rire.
Moi: Si tu parles de ma belle-mère, saches qu'elle n'habite plus ici.
- D'accord, alors je passerai ce soir à 20h.
Et puis...clic.
Il avait raccroché.
Vraiment trop bizarre le mec avec ses manières trop rustres. Je m'étais un peu habitué.
Je pris mon temps pour
faire le dîner. Oui c'est moi qui faisais mes propres repas. J'avais
licencié le cuisinier puisque je n'avais plus besoin de ses services.
Je
me suis sentie un peu mal de l'avoir renvoyé donc je lui ai versé une
assez grosse somme pour le dédommager et quelques temps après Tala lui a
trouvé une place dans l'entreprise ou il travaillait.
Vers 19h je me préparais.
Je mis une maxi robe bleue, toute simple avec ma coiffure afro.
J'avais changé toute ma garde robe.
Safietou m'obligeait à
porter des mini jupes, des shorty et des hauts trop dénudés. Elle
faisait ça pour corroborer sa thèse de l'ado rebelle.
Une fois j'ai refusé de porter ce qu'elle m'avait acheté, elle m'a menacé de renvoyer Xavier.
Je ne pouvais pas la laisser faire car je connaissais la situation délicate de ce dernier.
Il
travaillait à la maison bien avant ma naissance et son salaire lui
permettait de nourrir sa famille et de prendre en charge la
chimiothérapie de sa mère. Donc il était pour moi hors de question que
je La laisse faire du mal à Xavier.
Tous les nouveaux habits que j'avais acheté étaient amples et corrects, nullement dénudés et chics.
C'était
ça mon style et ça m'allait bien. J'avais pris beaucoup de poids,
environs 10kg et j'en étais tellement mais tellement heureuse. Les gens
croyaient que c'était à cause du mariage, que j'étais heureuse quoi.Je
le revenais de leur dire: N'importe quoi!
À 20h j'étais prête et j'attendais mon chieur de mari. J'étais très fatiguée et je n'avais pas envie de voir sa tête.
Je commençais à somnoler quand Moussa me prévint qu'un homme voulait me voir. Je lui demandais de le laisser entrer.
C'est vrai qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de le rencontrer.
Mr mon mari se présenta devant moi avec autan de chaleur qu'un glaçon. Pour ne pas changer.
- Bonsoir. Dit-Il.
J'en fus surprise. Il m'avait salué quoi? Kieh
Je lui répondit et lui fis signe de prendre place.
Il portait un jean noir, une chemise en wax bleu et noir et un nœud papillon. Une veste noire avec tout ça.
Je ne faisais pas l'effort d'être accueillante. Pas avec lui.
- Tu vas bien? Demanda t-il.
Hein? Mais il se passe quoi?
Moi: heu... oui et toi?
- Je vais bien. Dit-il.
Silence radio...
Silence radio....
Silence radio....
J'étais tout à coup très mal à l'aise.
- Bon. Je suis venue pour te faire une proposition. Et j'aimerai que tu acceptes. Ça nous permettra d'être plus crédible dans... ce... enfin plus crédible quoi.
J'étais vraiment perdu. De quoi parlait-il?
Moi: heu... oui dis moi.
Il me regardait de ses yeux à la couleur indéfinissable (très flippant aussi) et me dit.
- J'aimerais que tu viennes habiter chez moi.