Fin

Ecrit par Plénitudes by Zoé

Chapitre 35 : Fin


+++ Trois mois plus tard +++


**** Marla ****


Après l’enterrement, la vie a petit à petit repris son cours normal. Les petits sont à l’école, il n’y a que Daniel qui a quitté l’internat. Nos tantes du côté paternel sont toujours avec nous et m’aident de façon à ce que je puisse me consacrer à notre projet. Nous avons participé à une foire où nous nous sommes faits connaître auprès de la jeunesse de Lomé. Nous sommes donc en route pour la création de notre entreprise. Sabine et Nathaniel ont fait leurs présentation, premiers pas et fiançailles ici avant de partir, tout ça le même jour. Vu que les oncles et tantes de Sabine habitent à Lomé. Une délégation composée de quelques oncles de Nathaniel, de ses parents et de quelques amis est venue de France et du Cameroun pour demander coutumièrement la main de Sabine.


La cérémonie était très émouvante, Sabine était si belle dans sa tenue traditionnelle avec de grosses perles rouges qui ornaient son cou. Et elle souriait jusqu’aux oreilles. Ça se voyait qu’elle était heureuse comme tout. Je dois avouer que j’ai ressenti un petit pincement au cœur de jalousie mais je suis sincèrement contente pour elle. Ils sont retournés en France depuis un mois presque. Et la petite Sara Grâce ne fait que grandir, elle est si jolie. Le mariage lui-même est prévu pour dans six mois, le temps de tout organiser.


Il y a des moments où je passe mes nuits à pleurer et d’autres où je vais mieux, ma mère me manque horriblement, je pense très souvent à elle et la plupart des lieux où je vais me ramène à un souvenir que j’ai d’elle. C’est très dur à porter mais je ne peux pas faire autrement. Alors, je pleure jusqu’en avoir les yeux gonflés et mal à la tête. Puis je suis soulagée pour un moment. Je n’arrive plus à aller à l’église ni à me mettre dans la présence de Dieu. Je ressens trop de colère, ce n’était pas sensé se passer comme ça. Bref…


**** Thierry ****


Ma relation avec Dieu ne fait que s’améliorer et je suis de plus en plus heureux. Célibataire mais heureux, cela me permet de me concentrer sur l’essentiel, le travail, ma famille, mon fils et je suis convaincu que la vie me réserve encore de très bonnes surprises, d’autres moins bonnes mais en somme, je garde confiance en Dieu et en Son plan.


Nadège se marie dans trois mois. Elle a finalement eu ce qu’elle voulait et mieux puisqu’elle a trouvé un homme qui l’aime réellement et qui ne joue pas avec elle comme le moi d’avant le faisait. Je suis content pour elle. Avec son fiancé par contre, même nous ne serons probablement jamais amis, nous nous respectons assez pour faire la part des choses dans l’éducation de mon fils. Je ne peux qu’espérer que tout se passera bien.


**** Ruben ****


J’ai fait ma proposition quelques mois plus tôt et ce qui m’a décidé c’est le cœur si généreux de ma chérie. Lorsque je lui ai parlé de la situation avec mon père et ma mère que je ne peux pas voir, elle a fait le pied-de-grue devant leur portail pendant plusieurs jours pour trouver le moment où ma mère serait seule et aller lui parler. Elle s’est courbée très bas devant elle en signe de respect, lui a apporté des cadeaux et s’est présentée comme une de mes amies qui a à cœur de nous aider à nous réconcilier. A partir de ce moment, elle est souvent passée voir ma mère et a demandé de l’aide à mon frère pour nous aider à tendre un piège à mon père.


Un jour, ils ont décidé d’aller au restaurant, chose que mon père ne fait jamais en famille, et de son côté, Nadège m’a invité pour célébrer je ne sais plus trop quoi… Bref, nous nous sommes tous retrouvés à ce restaurant et Nadège et mon frère ont décidé que nous devions tous nous asseoir à la même table. L’atmosphère était super pesante, Nadège et ma mère faisaient leur possible pour meubler le silence mais c’était trop bizarre. Je me souviens quand on a fini de manger, j’ai voulu les redéposer, mon père a refusé et ma mère, d’habitude si docile a pété un câble. Soit, nous nous réconcilions, soit elle irait vivre chez son fils et mon père n’aurait qu’à se débrouiller seul. Il est parti très fâché et je me disais qu’il n’y avait plus d’espoir. J’ai ramené les autres chez moi pour passer la nuit et voir quoi faire le lendemain. Quelle ne fut pas ma surprise quand en déposant les autres le lendemain matin chez mon père, ce dernier me dit de passer à la maison de temps en temps. Je pense que si je m’attendais à des excuses je pouvais aller me brosser. Mais c’était le mieux qu’il pouvait faire alors j’ai juste passé l’éponge sur toutes ces années de souffrance.


Tout va bien pour moi, tout ira bien et même si ça ne va pas, tout va bien.


**** Naomi **** 


Je reprends ma vie en main, je suis sortie de l’hôpital depuis quelques semaines et aujourd’hui quand je pense à ce que j’ai failli faire, tout ce que j’aurais pu manquer, je me sens mal. En revenant à la vie, j’ai eu une nouvelle chance de faire quelque chose de concret de mon existence, de la mettre au service de Celui qui m’a ramené. C’est ma nouvelle résolution.


**** Marla ****


Aujourd’hui c’est l’inauguration de ma boutique. Je suis tellement contente, je suis aux anges. L’emplacement est parfait, la boutique est très bien construite, le loyer un peu élevé mais ça va on gère et je l’ai décoré moi-même dans des tons orange et gris très classes. Je ne suis pas peu fière de moi. Je supervise tout depuis le discours d’ouverture aux activités organisées spécialement pour cette journée. Il y a de tout, des tournois de jeux vidéo avec des goodies à la clé, un concours de karaoké, des projections de mangas et films divers, tout ce qui peut avoir un rapport avec la culture pop, tout ce que je refuse c’est des trucs sexuels ou qui ne glorifient pas le nom du Seigneur, et toute mon équipe est Chrétienne (ça c’est une coïncidence pas une condition sine qua non) et sait très bien que je ne tolère pas certaines choses.


Je coupe le ruban devant la boutique et nous entrons tous pour découvrir l’atmosphère. J’ai fait en sorte qu’on se sente comme transportés dans une autre dimension en entrant, la fraîcheur de la climatisation d’abord après la chaleur dehors, puis des figurines de personnages qui vous accueillent dans la vitrine, alors en entrant, on sait déjà que ce qu’on verra, on ne l’a vu nulle part ailleurs. La boutique en elle-même met en valeur les fringues et goodies. Mais l’arrière-salle est une sorte de salle de détente, écran géant, canapés rembourrés et table à café avec des muffins et du café disponible, une bibliothèque chargée de mangas, de comics et autres BD, deux cabines d’essayages, un énorme miroir sur le mur du fond et connexion à la fibre dont tu auras un code en fonction de tes achats… Je me suis laissée aller cette fois. C’est super et je ne dis pas ça juste pour me faire mousser.


La journée s’est finie sur une note positive avec un pot de l’équipe au Crazy Cream à côté. On a bu des milkshakes et mangé des sucreries, tout ce que j’aime. Après, nous nous sommes tous séparés et sommes chacun rentrés chez nous. J’ai une moto depuis peu et elle m’est d’une très grande utilité surtout en ce moment.


Le lendemain, nous avions eu beaucoup d’affluence et ça s’est poursuivi quasiment tous les jours. Mais un jour, je rangeais les nouveaux livres arrivés la veille sur les étagères et je devais en placer un sur une étagère très haute, je suis grande alors je ne pensais pas avoir besoin d’escabeau mais apparemment cette étagère en a décidé autrement. Je me hisse sur la pointe des pieds mais rien à faire. Tout à coup le livre quitte ma main pour se poser tout seul sur l’étagère en question. Je me retourne et rentre dans le torse d’un homme grand et un parfum envoûtant d’homme m’a empli les narines. Je fais un pas en arrière et soulève la tête pour plonger dans un regard bleu acier complètement hypnotique. Je ne sais pas combien de fois nous sommes restés plongés dans les yeux l’un de l’autre mais j’ai dû entendre ma vendeuse se râcler la gorge derrière l’inconnu pour émerger complètement et me souvenir que j’étais sensé saluer notre client et lui demander en quoi nous pouvions l’aider…


Je prends presque la fuite et laisse la vendeuse s’occuper de lui, je vais me réfugier au comptoir. J’en profite pour le détailler pendant qu’il se déplace entre les rayons. Il est grand, plus grand que moi, c’est ce qui m’a impressionné tout à l’heure et ses yeux, je n’ai jamais vu un tel bleu, pourtant j’ai côtoyé beaucoup de blancs lorsque j’étais en France. Et son costume lui sied à merveille. Je ne faisais que le dévorer des yeux et je crois bien qu’il m’a grillé parce que lorsqu’il a apporté ses achats à la caisse, il m’a dit « Vous venez de tomber amoureuse n’est-ce pas ? » Il m’a tellement surprise que j’ai juste éclaté de rire. Nous avons ainsi commencé à discuter, nous nous sommes échangés de numéro et de là est parti une chouette amitié, je ne sais pas où cela nous mènera mais je savoure chaque instant. Et grâce à lui, j’ai retrouvé le chemin de l’église et de la prière, nous sommes très soudés mais j’ai peur d’aller trop vite et d’être encore déçue. L’avenir nous le dira.


+++ Deux mois plus tard +++


Nous sommes dans un hôtel avec Olivier, nous sommes à Angers pour le mariage de Nathaniel et Sabine. Mais nous avons pris deux chambres séparées, nous sommes ensemble mais nous évitons certaines situations qui puissent nous faire chuter. Je n’ai même pas eu besoin de le convaincre, il l’a proposé lui-même. La veille, j’ai rencontré la mère d’Olive, j’étais tellement stressée, fallait me voir trembler dans mes chaussures à talons (l’un des avantages de sortir avec Nath, je peux en porter). 


Mais, cela n’était pas nécessaire, ce petit bout de femme m’a prise immédiatement dans ses bras après avoir ouvert la porte et m’a tirée au salon où elle m’a montré des photos d’Olive quand il était petit, ce dernier était très gêné. Il était tellement adorable et je me rends compte qu’aujourd’hui il ressemble énormément à son père. Mère et fils sont émus lorsque j’en fais la remarque et je crois qu’il se sont mis à m’aimer un peu plus l’un et l’autre grâce à cela. Je suis restée moi-même et cela a payé, j’en suis contente. Cette femme est vraiment adorable. J’ai vu la période rebelle de mon chéri et le voir en baggy alors que je vois que des costumes sur lui la plupart du temps m’a fait exploser de rire. Il se gratte alors la tête et me dit « je reviens de loi », je lui ai fait mon plus grand et radieux sourire. Je suis décidément amoureuse de l’homme le plus extraordinaire que la terre ait portée.


Le mariage se passe très bien et au moment de jeter le bouquet de la mariée, Sabine me fait un clin d’œil avant de se retourner et de le jeter. Toutes les jeunes femmes célibataires qui étaient regroupées se sont écartées et le bouquet m’est tombé directement dans les mains. Je suis très surprise et me retourne pour voir ce qui se passe autour de moi quand je vois que de l’autre côté, c’est Olivier qui a attrapé la jarretière de la mariée. Je crois que nos amis ont voulu nous faire une blague. C’est trop tôt pour parler de mariage quand même.


Plus tard, à l’hôtel, Olive et moi dînions au restaurant de l’hôtel et il a commencé à me parler en me regardant droit dans les yeux :


Olive : Je ne voulais pas te le dire immédiatement quand on s’est rencontrés mais ce n’était pas la première fois que je te voyais. Je t’ai vue plusieurs fois dans mes rêves et dès que tu as levé les yeux vers moi, je t’ai immédiatement reconnue. Je me prépare depuis très longtemps à cette rencontre et j’ai fait des placements de sorte à ce que tu ne manques jamais de rien

Moi : Qu’est-ce que tu essaies de me dire ?

Olive (sourire) : Si tu me laissais finir tu le saurais. Tu es trop pressée…

Moi (répondant à son sourire) : Désolée, continue.

Olive : Ce que j’essayais de dire avant que tu ne m’interrompes c’est que je sais que nous sommes ensemble depuis moins de deux mois mais je sais que tu es la personne prévue pour moi par le Seigneur. (Il se lève, contourne sa chaise pour se mettre près de moi, met genou à terre et me présente un énorme solitaire en saphir serti de petits diamants aux formes diverses et variées et l’anneau était en or blanc)

Moi : Ce solitaire a la même couleur que tes yeux. Oh Olive, tu me connais si bien déjà. Tes yeux brillent particulièrement ce soir tu le sais ?

Olive (rire) : Arrête de parler ma chérie. 

Moi (rire) : Désolée.

Olive : Donc, chérie, veux-tu m’épouser ?

Moi : Oui, oui et oui. Je vais passer ma vie entière à tes côtés.


Il se relève, me passe la bague au doigt et m’embrasse pendant de longues minutes. C’est notre premier baiser et certainement le seul jusqu’à notre mariage mais je l’accepte volontiers. D’ailleurs, il se prolonge quand même. Ce sont les sifflements, les rires et les applaudissements de la foule autour de nous qui nous font nous séparer, sourire aux lèvres, nous payons l’addition et allons nous balader à la lumière de la pleine lune. Je suis bien la personne la plus heureuse du monde à cet instant. 


Moi : Au fait mon cœur, faudra convaincre mon père parce qu’il n’aime pas beaucoup les Blancs. Mais je te fais confiance, tu vas gérer.

Olive : Quoi ? Mais pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ?


Je m’élance au pas de course et il court après moi, nous rions jusqu’à ce qu’il me rattrape, me charge sur ses épaules et me ramène à l’hôtel. Je ris tellement que je n’arrive plus à respirer. 




Fin

Le Fardeau des Autre...