IAN-ANIEL BENNETT

Ecrit par Opale



Depuis ce matin, c'est busy de chez busy au bureau. Pour ne pas tomber évanouie de faim. Je descends rapidement avaler un truc pour tenir jusqu’à l'heure de la descente.


Moi(la regardant) : tu ne descends pas manger ?


Victoire : non, il faut impérativement que je termine ça. Le responsable marketing en a besoin. 


Moi : ah ok. Je te laisse alors.


     Elle hoche de la tête et se reconcentre sur l'écran de son ordinateur pendant que je descends. Lorsque j'arrive dans le restaurant habituel du coin, il y a de l'affluence sur les venteuses. Apparemment l'estomac crie famine chez tous les travailleurs de la Côte d'Ivoire. C'est parce que c'est l'heure de pause. Bah, là si je veux être dans le temps il faut que je change de menu. Je me dirige vers la vendeuse de bananes braisées et d'arachides grillés de l'autre coté de la route.


Moi(la saluant) : c'est à combien les bananes ? 


La vendeuse : 200f, 250f…


Moi(choquée) : aaah ! Les bananes la sont chères aujourd'hui hein. Alors que j'étais venue achetée hier et ce n'était pas aussi chère.


La vendeuse(retournant les bananes au feu) : eeeeh ma fille ! Le transport a augmentée. Et puis il n'y a pas de banane actuellement. La vie est vraiment dure pour nous les vendeuses. Le marché est chère.


Hmmm, la vie est dure ! À qui le dis-tu ? Tu connais ce que je vis moi ? Regardes pardon sers moi, je vais quitter ici pauvre escroc.


Moi : donnes moi deux bananes de 200 avec un sachet d'arachide de 100 f


  Je la laisse me servir. Je récupère mon paquet et je quitte devant elle après que je lui aie remis un billet de 500f. Juste devant, je m'achète deux paquets d'eau chez une autre vendeuse et je monte au bureau. Une fois dans les locaux, j’aperçois les deux inséparables qui discutent gaiement.


Princia(à Bella) : je t'avais bien dis qu'elle n'était pas descendue. Elle aime tellement le boulot cette fille !


Bella : Victoire ?


Victoire(croisant son regard) : oui madame.


Bella(lui tendant un truc) : tiens, on a pris un paquet pour toi.


Victoire(toute sourire) : vous êtes trop gentilles. Il ne fallait pas vous déranger. Merci beaucoup.


Bella (s'en allant): arrêtes avec les merci stp. Bonne appétit. 


  Ehoooo ! Ne me dites pas que c'est ce que je pense svp. Pas ça ! Donc comme ça l'autre a même droit a un paquet KFC et pas moi ? 


Moi(les saluant) : bonjour mesdames.


Bella et Princia ( en chœur) : salut ! Comment vas-tu ?


Moi(froide) : bien merci. 


    Elles échangent encore quelques sourires idiots avec cette minable avant de se rendre dans leur différents bureaux en riant et discutant de je ne sais quoi, pfffff !!. Je plaque un sourire de de circonstance sur mon visage puis je rentre à mon tour dans le bureau.


Moi(rire jaune) : elles t'ont gâté oh ! KFC même hein ?


Victoire(rire) : je te dis, viens manger avec moi.


Moi(rire) : volontiers.


    Belle idiote, qui te dis que j'allais refuser ce poulet qu'on ne voit qu'à la télé. C'est sans rechigner que je prends un papier clinex et de piocher un morceau bien croustillant dans le carton à ce effet. Je déguste. C'est très bien fait. Hmmm, il faut que je mange ce genre de chose à jamais. Je me vois déjà manger ce genre de poulet dans ma grande villa et devant ma grande télé.  Je suis sure que ce sont ce genre de chose que mange la reine Elisabeth II et même le roi du Maroc. Ça c'est le poulet de la gloire. Rien à voir avec ce qu'on nous vend au marché. Ces blancs vont même nous tuer un jour, c'est quoi encore cette pâte visqueuse à côté ? Il faut que je goutte à ça.


Normalement, c'est à moi que cette toute cette attention, tous ces cadeaux devraient revenir et non pas à cette idiote de pouilleuse. À bien voir même, elle vit déjà une situation bien meilleure que la mienne. Ah non ! Non ! Je ne vais pas quitté dans un quartier précaire et venir me faire voler la vedette ici encore. Car de loin, je suis bien plus belle et plus impressionnante qu'elle. Pourquoi tout ceci ne me reviendrait pas ? Il faut toujours que cette nullarde soit dans les parages. Elle m'exaspère à un tel point mon Dieu !  faut que je fasse tout pour être la chouchou de la patronne. Il le faut. Si non, c'est mort pour mes rêves. Je refuse que cette fille avec ses grosses jupes de none vienne me boucher le chemin.   


Il faut que je vois avec maman dans quelle mesure rencontrer le marabout du quartier afin que tous ces privilèges puissent me revenir. 


        *** Bella Fatima Porquet***


Princia : donc comme je disais, tu peux dire à Austin que tu es actuellement sur ton projet d'installation de ton Institution de beauté et…


Moi(la coupant): tu ne la trouves pas fausse ?


Princia(me regardant) : qui ça ?


Moi : la Diane.


Princia(perdue) : laquelle Diane ?


Moi: la Diane du bureau d'où on vient là. Je parle de la collègue de Victoire.


Princia (me regardant genre) : oui, fausse ? Fausse comment ?


Moi(cash) : fausse du genre euh je sens un truc pas net en elle mais laisses tomber. C'est juste une intuition.


Princia(moqueuse) : intuition hein ? Hmmm maman radar.


Moi(faussement outrée) : arrêtes ça ! Je t'ai dis que je n'aimais pas qu'on m'appelle ainsi (revenant au sujet) mais pour parler sérieusement, l'autre je l'aime bien quand même.


Princia : Victoire ?


Moi : oui oui, je l'aime mais j'ai de la peine pour elle car voir sa mère souffrir et ne pas pouvoir la soigner. Ça doit être pénible. 


Princia : je ne te dis pas. Attendons de voir son rendu au bureau encore après trois mois. Et on dira à Angela de la faire monter dans l'hiérarchie pour qu'elle ait un salaire un peu plus conséquent afin qu'elle puisse s'occuper de la santé de sa mère. 


Bella : ok, attendons de voir. En tout cas la Diane, je ne la sens pas. 


Princia : laisses Diane en paix. Que t'a-t-elle fait pour que tu développes toutes ses intuitions sur sa personnes. Ou bien ses rondeurs t'effraient autant que ça ?


Moi(pouffant) : rondeur ? Regardes moi bien. J'ai les mensurations d'une miss(secouant son corps) et c'est ce qu'Austin aime.


Princia : AOK, la miss des Porquet.


             ***Amira Bennett***


S'il y a bien quelque que je déteste et que je détesterai c'est belle et bien le huitième mois de grossesse. Je n'arrive à rien faire de moi-même. Même les choses les plus basiques. Le fait de dormir simplement dans mes globuleux yeux, c'est impossible. L'insomnie de 24h à 4h du matin pendant que Curtis dort profondément dans le lit. Ce qui me fait mal c'est que c'est à des heures où le sommeil devient très intéressant. On aurait dit une punition. Si seulement se n'était que l'insomnie, ça aurait été gérable. Mais quand le bonhomme dans mon ventre se plait à me donner des coups de pieds dans le ventre rendant ainsi mes positions très inconfortable dans le lit, ça devient limite de la maltraitance. Il s’agite dans tous les sens comme s'il était sur la terre ferme. Ça me rend grave nerveuse. 


Et ce qui m'agace le plus en ce moment c'est qu'il me rend à fleure de peau. J'éclate en gros sanglot pour des futilités. Je ne suis ni maitresse de mes humeurs ni de mes mouvements et ça m’énerve. Même mettre ma petite culotte devient un tôlé…et le plus aberrant dans tous ça c'est que j'en arrive à être jalouse de mon mari. Oui vous m'avez bien entendu, je suis jalouse de sa liberté. À des fois je fais exprès de dormir mal dans le lit pour juste l'embêter. Comment peut-il être alaise en dormant peinard pendant que moi je souffre le martyre dans mon corps à ses cotés pendant les nuits ? N'est-ce pas lui qui m'a mise dans cet état ? Alors qu'on souffre à deux.


J'ai un gros corps pendant que lui, il a ses muscles. C'est injuste. Il vaque tranquillus à ses occupations pendant qu'il m'interdit de sortir à cause du dernier incident qui s'est produit. Je ne sors qu'en cas de nécessité si non je suis à la maison. Et ça me soule grave. J'ai une envie pressante d'accoucher car je suis au bout de ma vie. Au vue de la manière dont l'enfant ci me donne des coups, je sens qu'il sera très pointu. Mais je vais bien lui botter les fesses. Je ne suis pas dans les choses de blanc.


Je voulais finir cette grossesse en beauté mais impossible avec le mal de cheville et les bobos de grossesse que vous connaissez. C'est dans ces moments que ma famille me manque. Certes ma belle-mère est présente pour moi mais bien souvent j'ai le mal du pays. Malgré le fait que la date de mon accouchement ne soit pas encore arrivé. J'ai déjà perdue le bouton muqueux. Le gyneco m'a rassuré que ce n'était rien de bien grave. N'empêche que je discute constamment avec mémé et Angela car je fais beaucoup de cauchemardes ces temps-ci. Les deux étant expérimentées spirituellement, elles me soutiennent en prière. Chaque 13h, je suis pendue au téléphone avec Angie ou avec mémé. Cela dépend de leurs occupations. Cela m'empêche d'avoir des mauvaises pensées.


Tout est prêt pour accueillir le bébé. On attend qu'il pointe le bout de son nez. Les Bennett se sont musclés dans la décoration de sa chambre et dans les cadeaux. On aurait dit qu'après celui-ci il n'y aura plus d'enfant dans la famille.


           (Bruit de porte)


Curtis(entrant) : mimi !


     En lieu et place de réponse, je le lorgne. Je vous avais dis ici que j'étais jalouse de lui non ? Et bah voilà, le bon monsieur vient de rentrer tout joyeux de sa sortie avec son amie Mike. On est mardi et c'est avec Mike qu'il se promène dans la ville me laissant à la maison, ok. Après c'est pour me balancer les prétextes de l'incident. Et que le bébé risque de naitre dans trois semaines donc il faut que je me ménage et bla-bla et bla-bla. Je cherche mes pantoufles avec peines au sol. J'ai envie d'uriner.


Curtis(derrière moi) : bébé ?


   Suivant mon geste, il s'empresse de chercher mes pantoufles et de m'aider à les porter. Son geste est suivis d'un gros sourire. Il en profite pour me donner un baiser sonore sur les lèvres. 


Curtis(tout sourire) : mon africaine à moi tout seule !


   Comme il est bêtard parfois de penser que je ne vois pas dans son petit jeu. Je vais faire pipi en y mettant mes milles ans. Il vient même tirer la chasse d'eau pour moi. Très bien. Je retourne m'assoir sur le rebord du lit en trainant mon corps. 


Moi(le regardant) : je parle, je t'écoute.


Curtis(gros sourire) : je ne veux rien, je suis juste en train de d’admirer ma femme c'est tout. 


Moi(incrédule) : hmmm…


Tu nages mais je vois ton dos Bennett. C'est moi la fille Porquet qu'il veux gruger ainsi ?


Curtis : tu es sortie prendre un peu d'aire aujourd'hui ?


Moi(froide) : Curtis tu me provoques ?


Curtis(doux) : non bien sure que non. C'est juste pour savoir ce que tu as fais de ta matinée. On ne sais jamais.


Moi(le regardant mal) : tchrrr.

 

    Voyant que la carte des sourires idiot ne marchait pas. Le type s'est mis à me conter l'histoire amoureuse de ses aïeux et leur façon de draguer dans un anglais de Shakespeare digne des temps des ducs et duchesses d’Angleterre.  Je l'écoute me dire à quel point il était fou amoureux de moi quand je bossais pour lui. Il me dit même qu'il a aimé quand je lui aie vomis dessus(rire) la bonne blague. Je sais très bien que le type veux me demander quelque chose mais il ne sais pas comment. En une fraction de seconde l'eau devient bouillante entre nous. 


Moi(remontée) : je ne te saisis pas très bien, tu peux répéter stp ? 


Curtis(fuyant mon regard) : il y a l'anniversaire de la fiancée de mon pote Mike et il organise une soirée.


Moi(me réajustant) : oh et monsieur est le super parrain je suppose ?


Curtis (petite mine) : je ferrai juste un acte de présence et c'est tout…juste une heure .


    C'est quelques mots ont suffit a fait disjoncter mon cerveau. 


Moi(vénère) : faire acte de présence tu dis ? Pendant ce temps la petite vache que je suis t'attend sagement à la maison c'est ça ?


Curtis(petite voix) : non


Moi(sec) : alors c'est quoi alors dis moi Bennett ?


Curtis raclant la gorge) : bien sure que non…tu sais très bien que ça n'a rien avoir.


Moi : bien, je viens avec toi alors.


     Je me lève à pas de canard et je vais me bloquer devant mon placard. Non mais de qui se fout-il ? De moi Porquet ? (Rire dérisoire) assurément pas. Je ne resterai pas à la maison à me faire chier prétextant le bien être du bébé alors que monsieur se la coule douce dans la ville.


Moi(l'imitant) : c'est l'anniversaire de la grand-mère de la meuf de Mike…


Curtis(derrière moi) : tu ne connais pas sa meuf…


Moi(le regardant) : ah ce n'est plus sa fiancée ? Affaire où la meuf devient fiancée et que la fiancée devient meuf, tu penses que je vais avaler ça et te laisser y aller tout seul ? Je ne connais pas la fiancée certes mais mon mari est la femme du parrain de l'anniversaireuse.


Curtis( la mine de chien battu) : chérie, personne ne te connais a part Mike. 


Moi(cherchant une tenue du regard) : que ça soit une soirée entre les fourmis de la terre moi Porquet je te suis. 


Curtis : Mike ne va pas aimer.


Moi(le fixant) : je vais finir par croire que tu me mens.


Curtis(bredouillant) : non bah…enfin il y a la sortie de la nouvelle série de JAGUAR…

 

   Je laisse tomber le vêtement que je tenais entre les mains en étant toute verte de colère.


Moi(pétant les câbles) :et comme je suis une éléphante, il fallait que tu me caches information en me mentant ? (Furieuse) je reste enfermée ici toute la journée pendant que tu vis la belle vie et c'est maintenant les soirées que tu me caches ? Réponds moi…


Curtis(se passant nerveusement la main sur le visage) : tu sais très bien pourquoi je t'ai caché cette information. Tu le sais très bien.


       En un quart d'heure je me suis mise dans tous mes états. J'étais remontée après lui. Comment depuis deux mois il m'empêche à moi de sortir alors que lui il se rend a des fêtes et soirées ? J'étais furieuse. Très furieuse et je le lui ai fait comprendre. J'étais tellement remontée que je n'entendais pas ses'' bébé calme toi'' jusqu’à ce qu'une douleur lancinante me paralyse le côté. Puis la douleur est devenue fréquente. Elle était intense et rapprochée. Les secondes qui ont suivi, s'était a panique au village. J'ai vu Gnanmien (Dieu)


Curtis(médusé) : quoi ? Ne me dis pas que tu accouches là ?


Moi(gueulant) : Envois moi à l'hosto non de Dieu ! J'ai mal.


   Je crois que c'est mon cris qui lui a fait prendre conscience de la situation. Les conditions dans lesquelles nous sommes arrivés à l'hôpital, je ne sais pas. Je sais juste que j'ai été très vite prise en charge. 


Doc(regardant Curtis) : il faut provoquer l'accouchement.


Curtis (nerveux) : faites tout ce que vous pouvez mais je les veux vivant. 


     La douleur mêlée à l'extrême peur de perdre mon bébé ou de mettre au monde un enfant malade ou non viable était à son paroxysme dans toutes mes cellules. La sensation était vilaine, très vilaine je vous dis. Mais tout ce que je peux dire c'est que Jésus a géré. Mon Dieu l'a fait. À ce jour, je suis mère d'un garçon de 2kg500. Il est né prématurément à trois semaines de sa naissance normal. Il es en bonne santé. Il sera dans une couveuse à la maison. Monsieur Bennett ne veut pas laisser son fils seul à l'hosto. Tout le nécessaire médical sera donc mis en place chez nous à la maison. 


Tout ce que peux dire, c'est merci à Dieu pour IAN-ANIEL BENNETT. Je ne peux dire qu'il n'a pas fait sa part. IL a fait et grandement même. Il a rendu possible ce qui étaient impossible hier. Il y a une année en arrière, ce n'était que dans mes rêves que je voyais ces choses. Mais Dieu m'a permis de les toucher réellement. 

 
Les Soeurs Porquet