III- Le jour où tout a basculé!

Ecrit par Amaral Dongo

…03h59 mon téléphone sonna ! Je venais de rentrer d’un voyage épuisant de l’intérieur du pays. Mon interlocuteur au bout du fil était mon parrain actuellement en vacance à cuba. Il voulait que je le rejoigne à paris dans les 48h qui allait suivre ; une urgence à la loge.

Sans discuter ces ordres je me recouchais mais en ayant une grosse boule sur le cœur. Mais je ne tardais pas à men dormir. Dans la journée je préparais déjà mon voyage, je prie le vol du lendemain 20h à bord d’Air France. A ma grande surprise mon parrain était là pour m’accueillir : je commençais vraiment à cerner l’urgence de la situation. Sans mot dire nous rejoignîmes sa voiture avant de rejoindre son appartement parisien 42 avenue Foch ! Pour ceux qui savent vous devez sans doute imaginez le genre d’homme qu’est mon parrain pour posséder un appartement dans cette zone chic de Paris. Si ce n’est pas le cas alors laisser-moi vous le présenter en quelques mots. Très peu sont les ivoiriens qui ignorent ce monsieur dont la puissance financière s’évalue du père aux fils à Abidjan. Il est très actifs et présents dans les BTP, dans les Assurances, dans le sport, l’immobilier, dans le commerce, l’import-export, dans la cimenterie etc. … cet homme détient des amitiés très solides dans les milieux politiques ivoiriens et jouent gros dans les milieux d’affaires. Discrets, Francis EBOUE est très souvent proches des couloirs et arcanes politiques et parfois même parrain de façon discrète de certaines chapelles politiques. Ces deux enfants sont en Europe et étudient dans les meilleures universités. L’un d’eux détient de solides relations dans les milieux judiciaires grâce à sa passion pour le Droit.

Il me servit un verre de scotch ! C’est ainsi qu’il m’annonça la maladie du Grand Maitre et même son agonit. La course pour sa succession avait déjà commencé et nous étions très peu d’africain dans la loge. Depuis des lustres ce sont les français à peau blanche ce qui était bien naturelle qui avait le poste mais il avait envie de bien renverser la tendance cette fois ci d’autant qu’il était naturalisé. Ce ne serait pas une mince affaire ; pour l’élection il voulait savoir s’il pouvait compter sur nous ces frères de couleurs mais aussi sur quelques amitiés en échange de quelques contrats. Ce fut la première chose qui me déçu mais bon j’en avais habitude avec les jeux de pouvoir. Pour ma part c’était mon parrain et j’étais prêt à lui donner ce coup de main quel qu’en fut le sacrifice. Dans le camp adverse les tractations avaient aussi commencé. C’est ainsi que les tractations commencèrent ainsi que les petites réunions nocturnes. Beaucoup de coups bas ont vu le jour, beaucoup de contrats perdus jusqu’au jour fatidique où le compte à rebours fatidique commença avec le décès du Grand Maitre. Je continuais toujours dans mon rôle de départ : celui de courtier, mieux jetais celui qui fournissais les idées et celui qui organisait les coups foireux ce qui renforça encore plus le lien entre mon parrain et moi mais je n’avais pas prévu le coup dure qu’il allait m’infliger car j’avais une totale confiance ne lui.

Le jour du vote j’étais sûr qu’il passerait vu le nombre de frère que nous avions mobilisé. De plus cela m’arrangerais moi aussi qu’il soit élu car je suis quand même son filleule ; mais au moment de présenter les postulants au poste de Grand Maitre, grande fut ma surprise de constater que mon parrain n’y figurait pas ! Gros coup dur ! Au contraire il venait d’accorder son soutien à Mathieu son adversaire ! Je ne comprenais rien ! À quel moment il y a-t-il eu ce revirement ? Tout un tas de question !  Tous les autres frères que j’avais eus à convaincre m’interrogèrent des regards ; je ne savais quoi répondre. Au moment du vote décisif je votai par un bulletin nul, le seul d’ailleurs. Dès lors je commençais à me méfier de lui. Il avait céder sa place contre  un gros contrat dans le Bénin voisin. Et il m’invita à travailler avec la nouvelle équipe afin d’en tirer profit ; c’était mal me connaitre et s’il savait par quoi je suis passé pour arriver à cette place il n’aurait pas trahit ma confiance. J’ai commencé à prendre mes distances de lui !

Le nouveau Grand Maitre avait pour ambition de revoir les nouvelles règles de la loge, projet sur lequel je travaillais avec mon parrain car il en était à la tête. Le Grand Maitre voulait la faire à cause d’un frère qui était gênant pour lui et qu’il fallait écarter ! Pourquoi ? Dans l’ordre normal des choses c’était lui qui devait être à la place mais à cause des jeux de pouvoir il fut mis à la touche. Je n’avais pas pour autant oublier le sale coup de mon parrain malgré ces bonnes grâces.

Lors du passage du frère Arsène dans la capitale puisque c’est de lui qu’il s’agissait je l’invitai dans ma ferme, rien de surprenant dans notre entourage. Nous avions beaucoup discuté affaire puis par la suite avenir de la loge. Il exprimait avec dégout à quel point il fut mis sur le banc de touche et à quel point il était déçu par mon comportement. Je lui présentai mes excuses mais en lui faisant une offre intéressante et qui lui permettrait de se repositionner dans la loge.

Qu’est-ce que c’est Amaral ? Dit-il

Moi,Maçon!