INSPIRATION

Ecrit par Marc Aurèle

Je venais de reprendre mes esprits. Je le regardais à présent droit dans les yeux. De toutes les manières, il n’a jamais été mon genre d’homme et quel que soit son charme, il peut être sûr que je ne m’intéresserai pas à lui au-delà du professionnel. Je lui donnai dos, et d’une poigne ferme, j’ouvris la porte et me retira de cet endroit qui avait commencé par me donner des bouffées de chaleurs. Mon sac pendait sur mon bras et je peinais sérieusement à le porter. Du bout de mes doigts, j’arpentai les parois de ce long couloir aux murs tapissés de velours rouge. Mes idées s’en allèrent pèle – mêle. Elles volèrent vers des destinations qui jusqu’alors, n’avaient jamais été envisagé de moi. Mes sens s’amplifièrent d’un coup, je perçu un bruissement dans le bureau sur ma droite. Des murmures inaudibles, se laissaient entendre. Je me tenais dans l’entrebâillement de cette porte mal fermée et le spectacle sous mes yeux, me tétanisa.

Sally se tenait debout au milieu du bureau. Bien qu’elle soit de dos je pouvais la reconnaitre entre mille. Ancienne basketteuse, sa taille athlétique l’a toujours distingué dans un groupe. Ses cheveux toujours coupés ras et teints en couleur or, la particularise d’avantage. Sally était là face à son bureau et repassait tant dans les gestes que dans les paroles d‘un match de basket.

-          Sally, se saisit de la balle, elle entame les trois pas, elle esquive Sabine, va au paaaanier, basket… deux points supplémentaires pour les PRAYSOR qui mènent ce dernier carton. L’arbitre de touche regarde son chrono, fait signe à son collègue, lève le drapeau ! Eh oui, c’est la fin du match. Les PRAYSORS sont sacrées championnes de l’état de Kouhounou pour la première fois depuis quinze ans. Les spectateurs sont en transes, c’est la grande joie ici, Sally ADJI vient de rompre la malédiction des PRAYSORS….

J’étais sciée, hébétée devant le spectacle que se donnait la jeune dame. Elle tourna sur elle-même plusieurs fois en sautant de joies et là nos regards se croisèrent. Elle me fit un large sourire et m’invita à entrer. Elle était toute essoufflée et entre deux grosses inspirations elle me désigna le siège et m’invita à m’asseoir. Elle prit une serviette qui était posé sur le dossier de son fauteuil directeur et s’essuya le visage. Arborant toujours son sourire hagard, elle me tendit la main. J’étais comme une petite fille au cirque, émerveillée par les prouesses des artistes et amusée par les pitreries des clowns. Sally, à elle seule faisait tout ce petit monde sous mes yeux.

-          Vous êtes essoufflé à ce que je vois !

-          Bien sûr je viens de faire quarante-cinq minutes de match ?

-          … mes yeux s’arrondirent dans leur lobe.

-          Oui c’est ma façon à moi de maintenir la forme. Et le match que je revis tous les jours c’est celui de mon dernier sacre en tant que meilleure joueur, mais également mon dernier en compétition officielle depuis trois ans.

-          Mais vous avez encore la forme, pourquoi aviez-vous disparu ainsi ?

-          … hummm longue histoire…

-         

-          Je ne saurais te le raconter en une fois, mais on aura le temps d’y revenir, mais retiens juste que pour avoir levé la malédiction des PRAYORS, je devais finir ainsi.

Il était dix heures du matin. L’horloge murale qui se situait au-dessus de la tête de Sally tinta dix coups. Elle se leva et s’approcha de moi.

-          Je me présente Sally ADJI, mère de deux enfants. Je suis la Directrice générale des éditions ADJI, créées en Mars 2007, en partenariat avec les éditions du flamboyant qui voulaient à l’époque sortir un livre sur ma vie de joueur professionnel. Hélas, le projet n’a pas abouti, pour des raisons que jusqu’à ce jour j’ignore. Ma passion étant assez forte pour le sport et la lecture, j’ai maintenu mon rêve de soutenir de jeunes écrivains béninois et vous avez la suite.

-         

-          Je sais que cela parait invraisemblable, mais mon frère, n’est que la partie visible de l’iceberg.

-          Eh ben, c’est ma matinée surprise alors.

-          Alors jeune fille qui êtes-vous ?

-          Je suis Marcy LEKE, passionnée d’écriture et je suis à ma deuxième publication avec votre boite.

-          Ah bon !

-          ‘’héritages ‘’ et ‘’ plumes à lyre’’ sont mes ouvrages, madame et si vous m’en donnez la permission, je vous ferez l’héroïne de mon prochain roman.

-         

Silence plat, je pouvais entendre aisément le vrombissement silencieux de l’armoire frigorifique posé à l’angle dans le bureau de mon hôte.

Je recherchais une inspiration et je venais d’en avoir une. Je ne pouvais mieux avoir qu’une histoire vraie, une bibliographie romancée.

-          Marcy, vous êtes sure de vouloir le faire ?

-          Oui madame, je le veux.  Les quinze minutes que je viens de passer à vous regarder et à vous écouter, m’ont inspirée.

-          … elle soupira et me regarda dans les yeux. Je compris qu’elle recherchait une certaine assurance quant à ma capacité de faire face au challenge.

-          J’ai l’air toute frêle mais derrière cette silhouette, il y a du lourd. Faites-moi confiance.

-          Je ne sais pas si je dois y aller avec vous mais laissez-moi y réfléchir et vous revenir.

-          C’est tout réfléchit déjà madame, je sais combien il est difficile de s’ouvrir aux autres. Je le fais en écrivant généralement et cela me réussit assez bien. Je suggère que le projet soit une conversation entre deux amies qui se font des confessions. Ce livre sera nos deux vies présentées au monde, sous la forme d’un roman.

-          Destins croisés… ;

-          Pardon !

-          Ce sera le titre. Tu as mon ‘’OK ‘’ et je souhaite qu’on se tutoie.

Je me levai et alla vers elle pour l’embrasser. Elle avait eu la même envie et nous nous primes l’un dans les bras de l’autre. L’étreinte fut forte, c’était comme un partage de sensations. Je n’avais aucune envie de lâcher Sally et elle encore moins.  On se serra si fort au risque de nous étouffer. C’est ainsi que j’ai eu ma muse, mon inspiration pour affronter le challenge que m’avait lancé mon éditeur un peu plus tôt.

A LA CROISEE DES CHE...