IMPASSE D'AUTEURE
Ecrit par Marc Aurèle
MARCY
- Il est temps que je m’y mette.
- Tu parles de quoi ?
- Je trouve qu’il est temps que je finisse ce roman.
- Lol ! tu m’étonnes. Y a deux mois tu me disais l’avoir fini dans trois jours. Alors pourquoi c’est maintenant que tu vas t’y mettre ?
- Je manquais d’inspiration, c’est tout.
Je baissai la tête, évitant de croiser son regard. Connaissant mon interlocuteur, il n’hésitera pas à me dire combien je ne fais que chercher des excuses le clair du temps. Je fis semblant de récupérer mon téléphone dans mon sac. Il avait compris mon manège et les soixante secondes de silence que je pu gagner furent brisées. Comme un coup de tonnerre, la voix de Justin tonna.
- Merde alors, Marcy de qui te fous-tu ? de moi ?
- ….
- Attends, je rêve où quoi ? Tu penses déjà être une auteure hors paires qui doit se faire prier ?
- …
- Ou bien c’est le simple fait de vendre quelques exemplaires d’un recueil de nouvelles qui te fait avoir la grosse tête. J’ai obtenu pour toi ce contrat et si tu ne me livre pas le manuscrit de ton roman, au plus tard la fin de la semaine prochaine, j’annule le contrat.
- Je…
- Non toi rien ! sors tout de suite de mon bureau ! et surtout ne t’avise pas d’y revenir sans le manuscrit. Et ne m’appelle pas non plus. Tu n’es qu’une petite fille gâtée, incapable de mener à termes un projet. Je n’avais d’ailleurs jamais cru en toi.
Sur ces mots, Justin ADJI se leva sur son séant. Il poussa derrière lui le fauteuil directeur dans lequel il était assis quelques minutes plus tôt et se dirigea vers moi. Il arborait un bel ensemble Bazin riche, un peu trop brillant à mon gout. Le brodeur avait bien fait son travail et la dorure des dessins donnait à mon agent d’édition, l’allure d’un riche marchand musulman. Il serra d’avantage sa mine et se dirigea vers le mini bar qui se situait sur sa gauche. Il sonnait onze heures du matin en cette belle matinée du Jeudi. Je n’avais point levé la tête et je regardais les gestes de mon hôte de biais. Dans ma tête, je recherchais, la démarche et les gestes à imprimer à mon état d’âme. Je suis de cette frange de personnes qui sans être sournoises, s’expriment très peu. La plupart de mes bavardages, je les couche sur du papier, histoire de vider, le trop plein d’idées en moi.
Le bar fait en aluminium et en vitrerie, laissait entrevoir de mon point de vue, l’entièreté des gestes de mon hôte. Il venait de soulever la bouteille de Jack Daniels dont il versa le contenu dans le verre à whisky qu’il avait saisi en premier. Il le porta à ses lèvres et en bu le contenu d’une traite.il fit une grimace et se retourna vers moi. Je ne suis toujours pas prête à affronter son regard. Justin est du genre colérique, hystérique, qui s’irrite très facilement. Hélas dans cet état la plupart du temps, le personnage perd de son charme et son visage est tout transformé. Du visage de l’agneau, il vire au loup et c’est ce qui se passe sous mes yeux en ce moment.
Le bel homme à l’allure de prince qui était assis en face de moi, s’était transformé comme au clair de lune, en un loup garou qui de son regard venait de faire de moi, une bouchée.
- Désolé, je m’en vais. Je ne vous savais pas aussi…
Je venais de me lever et toujours sans relever la tête et tout en regardant le tapis sous mes chaussures, je reculais vers la porte du bureau. Il devrait avoir compris qu’il venait de m’achever avec ses cris, car d’une voix plus calme, il essaya de rassurer.
- Tu ne me savais pas aussi…. ?
- Non, t’inquiète. Tout va bien pour moi. Au plus tard jeudi, tu auras le manuscrit. Le reste on va gérer plus tard.
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