Jack Anato
Ecrit par Cella
-
J’aurais dû le cogner !
-
Tu as été parfait, dit Elsa qui riait encore de
l’air ahuri de Felix.
-
Pourquoi je ne l’ai pas fait, il le méritait.
-
Parce que tu vaux beaucoup mieux que lui. Une
bagarre n’est pas digne de ta grandeur. Et n’oublie pas que tu aurais été
obligé de te battre également avec Franck et Edem.
-
Je n’ai pas peur des trois réunis.
Même si Elsa
trouvait cette attitude de Jack ridicule, elle s’efforça de le réconforter.
-
Stp oublie cet épisode, Felix n’en vaut pas la
peine. Qu’a-t-il d’ailleurs pu bien dire pour te mettre dans cet état ?
-
Il a fait une de ses allusions sordides sur toi.
Ce gars n’a vraiment rien dans la tête, je m’en fou qu’il soit riche, ce n’est
qu’un raté.
-
Alors pourquoi tu veux le laisser nous gâcher le
peu de temps que nous avons ? Je dois être à la maison dans au plus une demi-heure.
Jack était un
très beau garçon, toujours propre malgré sa condition sociale. Il avait un
visage naturellement aimable, des cheveux coupés ras, de beaux yeux bruns et un
corps athlétique.
Prenant en compte la remarque d’Elsa, il lui dit tout en lui caressant la joue ;
-
Tu as raison, Felix serait joyeux si notre
soirée était bousillée. C’est juste que je ne supporte pas qu’il prononce même
ton nom.
-
Je t’aime Jack Anato.
-
Et moi beaucoup plus Elsa Edo.
Il l’attira
contre lui et l’embrassa. Ils se trouvaient près du marais du quartier.
Cette nuit de
mai était légèrement fraîche. Haletants, les deux s’étreignirent avec une
sensualité explosive, chose que venait de condamner le prête du haut de sa
chaise. Jack glissa une main sous le pull d’Elsa.
-
Elsa ? Je t’aime, tu le sais ?
Elle le regarda
avec des yeux pleins d’amour.
-
Je le sais.
Ils sortaient
ensemble depuis la dernière classe du collège. Avant cela, Elsa n’avait jamais
flirté avec qui que ce soit. Jack avait été son initiateur. Dès leur troisième
rendez-vous, il l’avait embrassée, langue dans la bouche à l’américaine comme
elle avait l’habitude de le voir dans les feuilletons qui passaient à la télé.
Elsa avait aimé.
Depuis des
années ; ils se contentèrent de ces baisers fiévreux qui les laissaient
toujours pantelants. Puis, le désir de faire l’amour avait commencé par s’accentuer.
Jack hésitait car il avait peur d’offenser la pudeur d’Elsa. Mais le jour où,
il avait glissé sa main dans le soutien-gorge de la jeune fille, il combla une
attente que les deux ressentaient depuis fort longtemps.
Tandis qu’ils
continuaient de s’embrasser, elle lui caressa la poitrine. Il descendit sa
bouche sur ses seins, elle gémit ;
-
Jack, j’ai tellement envie que nous faisions l’amour.
-
J’en ai aussi tellement envie.
Les mains du
garçon s’aventurèrent sous sa jupe, le désir les emballait et tout échappait à
leur contrôle. Elle gémit de nouveau et voulut tant offrir au jeune homme les mêmes
sensations que ceux qu’il lui procurait. Elle aventura donc sa main à l’endroit
où le désir du jeune homme était le plus évident. Il recula brusquement.
-
Elsa tu n’es pas obligé de faire cela, je ne te
le demande pas.
La jeune fille
rougit sans pour autant enlever sa main.
-
Je sais bien, c’est moi qui le veux…
Il ne résista
plus. Des caresses brûlantes suivirent, des sensations nouvelles et inattendues
et des gémissements jusqu’à ce que Jack s’écarte.
-
Il faut s’arrêter.
-
Pourquoi ?
Elle allait
pleurer de frustration.
-
Je vais exploser et cela va être dégoûtant.
-
Cela m’importe peu.
-
Moi non.
Il se réajusta
sans lui accorder un regard. Elsa se sentit triste et malheureuse.
-
Je ne sais ce qui est plus frustrant, ne pas te
toucher du tout, ou s’interrompre…
-
Je préfère un peu que pas du tout, avoua Elsa.
-
Moi aussi, mais nous ne pouvons continuer ainsi.
-
Dans ce cas, franchissons le pas.
Il le regarda
et lui dit ;
-
Tu es ce que j’ai de plus précieux au monde, je
ne veux pas risquer de tout perdre.
-
Quel est le risque ?
-
Le fait que tu tombes enceinte.
-
Nous nous protégerons tous simplement.
-
Tu sais bien que les protections ne sont pas sûr
à cent pour cent. Et si cela arrivait, nous n’aurions plus de chance de quitter
ce pays. Nous serions obligé de travailler pour les Abalo, dans leur maudite
usine et nous suivrons les pas de nos parents. Et les gens diront que je suis
aussi idiot que mon père.
La famille
Akato étant une famille nombreuse, elle était sujette à des plaisanteries de la
part des habitants du quartier. Jack souffrait de cela et voulait s’en
débarrasser.
Il attira Elsa
à lui et lui posa un baiser sur le front.
-
Nous ne devons pas jouer et risquer la possibilité
de réussir.
-
Faire l’amour ne nous condamnera pas forcément à
cette misère.
-
J’ai peur que si. Je ne suis heureux qu’avec
toi. En dehors du temps passé avec toi, je me sens atrocement seul. Je sais que
c’est curieux de se sentir seule au milieu d’une dizaine de petits frères et sœurs.
Mais je te dis vrai, il m’arrive de penser que je ne suis pas avec ma véritable
famille. Mon père se résigne à ce champ inondé, aux cultures qui ne réussissent
pas et aux emprunts qui n’en finissent pas. Il souffre non seulement de sa
pauvreté mais aussi de son ignorance. Il prend les quelques francs que lui
donne Bola Abalo et l’en remercie. Moi je suis pauvre mais pas ignorant, les
Abalo ne me font pas peur. Je n’accepterai pas les choses histoires qu’elles
ont toujours été ainsi. Je deviendrai quelqu’un. Je sais que je le peux, Elsa,
avec ton aide.
Il prit sa main
et lu dit ;
-
Je sais que tu trouveras cela long et difficile,
j’ai peur qu’un jour tu renonces à m’attendre et te mettre avec un type qui n’a
pas de chemin à parcourir, un type comme Felix Abalo.
Elle s’écarta
avec fureur et colère,
-
Ne dit plus jamais cela. J’ai cru entendre ma
mère, et tu sais que ça me rend folle quand elle se met à faire de tels projets
pour moi.
-
Elle n’a pas tort, Elsa. Une fille comme toi
mérite un mari riche avec une position sociale élevée, un homme qui peut mettre
le monde à tes pieds. Et cet homme je veux le devenir. Mais cela va prendre du
temps et j’ai peur que tu finisses par perdre patience.
-
Écoute-moi bien, Jack Anato, je me fiche de ces
choses matérielles, j’ai mes propres ambitions et je les aurais eus même si je
ne t’aimais pas. La première c’est d’obtenir cette bourse. Moi aussi je ne me plais
pas avec une famille comme la mienne. Le seul monde que je veux à mes pieds est
celui que je me créerai. Celui que nous créerons ensemble, ajouta-t-elle avec
un ton adouci tout en enlaçant le jeune homme.
-
Tu sais que tu es quelqu’un de spécial ! s’exclama
t’il en lui rendant son étreinte. Seigneur, comme je suis heureux que tu m’aies
choisi !