Je vais le tuer

Ecrit par Hübsch

_Woyo mama oo, j'ai mal oo.

_Madame tout va bien ?

_Imbécile, toi même tu ne vois pas ? Où est Hassan

_Madame c'est que.....

_Où est mon mari hurlait je avec le peu de force qui me restait.

_Il est sorti urgemment.

_Appelle le bon sang, il faut qu'on aille à l'hôpital. Et vous autres au lieu de me regarder aller arranger le nécessaire, mon bébé ne va pas vous attendre.

Je viens de perdre les eaux et ce fils de pute n'est pas là. Il m'avait pourtant promis d'être là pour le bébé, je vais le tuer, Aieeee j'ai tellement mal. Les contractions se font de plus en plus ressentir. Je dis hein ça fait toujours mal comme ça ou bien le sang marocain est différent. J'essaie de descendre les marches de l'escalier une à une en m'accrochant solidement à la paroi. 

_Madame

_Quoi.............

_Il ne répond pas.

_Eh ben voyons. On va pas l'attendre préparez la voiture. Et toi pourquoi tu pointes une caméra sur moi?

_Monsieur m'a demandé de filmer.

_Il n'a pas pu être là pour la naissance de son bébé et il te demande de filmer. Dégage avant que je ne te lance quelque chose au visage.

Hassan je te déteste pour m'avoir fait ça, tu n'es pas là alors que j'ai tellement besoin de toi. Snif snif, Seigneur, Maman j'ai mal oo. Arrivée en bas de l'escalier j'ai l'impression d'avoir couru un marathon. 

_Madame la voiture est prête 

Marchant le plus délicatement possible, je me faufile à l'arrière le visage en pleurs par la douleur que me causent les contractions et le pic d'hormones. Je me tortille de douleur à l'arrière tandis que le chauffeur tente son possible de m'amener à l'hôpital en un morceau tout en tentant de joindre mon mari au téléphone et que cette fichue domestique continue de pointer sa caméra sur moi. J'ai envie de lui tordre le cou mais j'ai trop mal pour penser à elle. Je m'occuperai de son cas plus tard. Durant un trajet qui me semblait interminable on finit par arriver à l'hôpital. Les infirmières se precipitaient pour m'apporter une chaise roulante, parce qu'une grossesse c'est un grand handicap plus grand que les seins lourds. Une fois assise je me tortillais de douleur tout en criant de toutes mes forces. "Où est il ce fils de pute qui m'a enceinté, où est il alors que je m'en vais me battre pour notre fils". Oui j'étais en colère mais j'avais trop mal pour m'en préoccuper maintenant. "Donnez moi mon téléphone" hurlais je. Et en mon état il fallait mieux ne pas me contrarier. Qui vais je appeler ? Si j'appelle ma mère, elle pétera un plomb pour savoir pourquoi mon mari n'est pas là et ne fera qu'accroître mon inquiétude. Déjà qu'elle avait insisté pour venir mais je lui ai dit que la maman d'Hassan serait là. Juste pour me voiler la face mais aussi parce que c'était ce que mon mari avait répondu. Je me souviens encore de sa voix blessée quand elle m'a dit "Tu sais ça ne me dérange pas du tout de me déplacer. Si c'est pour le billet d'avion je paierais tout moi même. C'est de mon petit fils qu'il s'agit aussi" "Non maman Tout ira bien ne t'inquiètes pas. Tu viendras après l'accouchement, je vais en parler avec mon mari, il s'occupera de tout". Si je l'appelle maintenant ça ne fera qu'admettre que ma belle famille m'avait fait faux bond et je ne suis pas prête à répondre à ses questions. Qui d'autre alors ? Mon frère, il ne saura pas quoi me dire ça c'est certain. Mes amies ? Ça fera un peu bizarre non ? Ah oui j'ai oublié une personne. Mon bouchon doré. Les infirmières viennent de m'emmener dans une chambre et de me coucher sur le lit. Le docteur, un homme âgé de la quarantaine si possible venait de me faire passer une échographie. Selon lui il fallait que je me calme. Il me demanda si j'avais besoin de quelque chose et je lui répondit que je voudrais faire un appel en vidéo conférence. Il sourit sans doute croyant que j'allais appeler mon mari ce qui paraissait logique dans cette situation. Tout mari responsable devrait être présent là maintenant. Nous risquons nos vies pour donner naissance à nos enfants et ils nous laissent seules comme si nous les avions conçu seules. L'infirmière revient avec la chaise roulante et me conduit dans une autre chambre un peu plus adaptée mais à la fois à l'abri des regards. Un ordinateur fut alors connecté à la télé de la chambre et je lançais l'appel sur skype. Elle ne décrochait pas. Je l'appelle alors directement puis elle decroche. La première chose que je fais c'est de lui verser un sac de larmes. 

_Maeva ça va ? 

_Non ça va pas. Je suis sur le point d'accoucher et ce fils de pute n'est pas là. Tu peux te connecter sur Skype s'il te plaît ? 

_Bien sûr un instant ma chérie. 

Je raccroche et elle me rappelle sur Skype. La seule vue de son visage suffit à me calmer. Enfin un visage familier, je me perds entre tous ces étrangers. Même le docteur est différent mais je ne vais pas me plaindre maintenant. 

_Coucou toi ça va ? 

_Snif snif snif j'ai mal 

_C'est normal. Tu vas donner naissance à mon neveu. Respires un grand coup. Allez inspire et expire. Encore une fois. 

Cette fille c'est vraiment autre chose. Elle imitait les même mouvements comme un coach de cardiologie. C'est vrai que ça m'a fait un bien fou son conseil. Je suis là entrain de l'entendre me raconter les anecdotes de notre enfance pour me distraire quand une contraction me fit pousser un cri strident ce qui la fait arrêter. 

_Ne t'arrêtes pas s'il te plaît. 

Alors elle reprend so' histoire ce qui me faisait sourire par moments. On aurait dit qu'elle pourrait parler pendant des heures mais ce n'est pas le cas. Je sais que si elle le faisait c'était pour éloigner mon cerveau de la douleur et ça marchait. Quelques minutes après le docteur fit son entrée, on dirait qu'il était temps. Il fit signe à son infirmière d'éteindre l'appel mais je m'y opposa. Alors il me demanda si c'était mon mari. Avant même que je ne puisse répondre j'entends jenny lui crier à travers la caméra "Vous n'avez jamais vu de couples lesbiennes ?". Sa remarque me fit sourire un peu. Le docteur quant à lui leva un sourcil comme pour signifier que cette situation ne le plaisait pas du tout et qu'il s'apprêtait à dire quelque chose mais il ne dit rien. Il donna des instructions pour qu'on m'installe correctement et le travail commença. Il me demandais de pousser ce qui n'était pas évident avec mon ventre tout ballonné et mon corps fatigué mais je le fit quand même. La voix de jennifer à travers la caméra entrain de me dire "Vas y Maeva, je sais que tu peux le faire. Sois forte. Encore un peu. Oui c'est ça. Tu y es presque." m'encourageait au plus haut point. Et lorsque je n'avais plus d'énergie plus de force pour continuer et je sentais que j'étais à bout mais que le docteur me demandais de pousser une dernière fois ce qui pour moi semblait mission impossible, j'entendis jenny me dire "Imagines le visage de cet ange, imagine que tu le serre dans tes bras, il est presque là, il est aussi impatient de te voir, encore un petit effort, tu peux le faire", je rendit mon dernier cri en poussant de toutes mes forces. Même si je m'en allais aujourd'hui je voulais être sûre d'avoir donner tout ce que j'avais. Lorsque j'entendis son cri, toute cette épisode de souffrance avait disparu d'un revers de la main, c'était comme si ça n'avait pas existé. Lorsque l'infirmière plaça mon fils dans mes bras, je ne sais pas comment vous le décrire mais plus rien ne comptais. Si c'était à refaire je recommencerai pour pouvoir le visage de cet ange. J'étais tellement absorbé que j'ai oublié que jenny était encore en ligne. Elle pleurait, oui l'emotion était au rendez-vous. Je lui en serais éternellement reconnaissante d'avoir été là pour moi. J'approche la caméra du bébé pour qu'elle puisse le voir. 

_C'est un ange. Il est tellement beau comme sa maman et son papa. 

Je l'avais oublié celui là. Toujours pas de nouvelles de lui. Connaissant jenny je sais qu'elle ne posera pas de questions. Elle attendra que je sois prête pour me confier. 

_Regarde comment il tête on dirait qu'il veut s'approprier mes seins. 

_Mais c'est pour lui hein. Faut définir ton territoire loo mon neveu. Ce petit gars montre déjà une force de caractère. Bon je vais te laisser te reposer maintenant. On se parle après. 

_Merci pour tout mon bouchon d'or. 

Elle raccrocha et l'infirmière me prit mon bébé endormi pour le coucher dans son berceau. Je m'assoupi aussitôt épuisée. À mon réveil je profite du sommeil de mon bébé pour appeler ma mère. Celle ci était très heureuse. On pouvait l'entendre danser dans le téléphone. Après ce fut le tour des domestiques qui un à un venaient me présenter leurs félicitations. Celle avec la caméra prit une photo du bébé mais j'avais retrouvé mes esprits pour ne pas lui crier dessus. Toujours pas de nouvelles de mon cher mari. On m'apporta à manger et comme je n'avais plus sommeil je me mis à regarder la télé. Je passais les chaînes jusqu'à tomber sur une où on parlait au moins l'anglais. C'est pas comme chez moi à la maison. Ici c'est un hôpital ils doivent s'attendre à ce que certains patients soient étrangers. Il y avait un événement digne de prestige. On aurait dit une réunion de stars comme les awards qu'on avait l'habitude de regarder à la télé avec tapis rouge et tout. Eh bien au moins c'est pas en arabe. On voyait des gens élégamment vêtus, des gens riches je suppose accompagné de leurs femmes ou maîtresses. On dirait une compétition de qui est plus beau, plus riche ou plus populaire. Le nom de mon mari fut prononcé et cela me rendit curieuse. Je suis là à l'accuser et si quelque chose lui était arrivé ? Non j'augmente un peu le volume pour bien entendre mais plus rien sur Hassan. Je continue alors de regarder et quel ne fut mon choc de voir mon mari sur l'écran élégamment habillé en compagnie d'une charmante jeune femme. Ah c'est pour ça que tu m'as laissé seule. En ce moment une infirmière fit son entrée et me demandait si je regardait aussi le marriage du siècle. Je l'ai regardé le visage interrogateur et elle m'a expliqué que toute cette cérémonie c'était pour annoncer les fiançailles entre les deux enfants de millionnaires. Hassan et une certaine Leila. Qu'on en parlait dans les journaux et que c'était comme les marriages de conte de fée dont tout le monde rêve. Qu'ils sortaient ensemble depuis des années et qu'on les voyait ensemble partout. Ces deux là c'est le parfait amour l'ai je entendu dire avant de sortir de la chambre. Elle ne croit pas si bien dire. Et moi je fais quoi dans cette histoire ? Et mon bébé ? Pourquoi m'avait il épousé s'il vivait déjà le parfait amour ? Et moi qui n'en savait rien. J'étais aveuglé par l'amour, je n'ai pas compris que j'étais un deuxième bureau. Toutes ces absences, tout s'explique maintenant. Que je suis bête. Je ne savais même pas dans quoi je m'embarquais. J'ai bu toutes ses paroles, ses excuses. Et mon bébé, non il ne mérite pas ça. Voilà pourquoi il n'était pas là aujourd'hui, il était dans les bras de sa bien aimée. J'ai quitté ma famille et mes amis pour le suivre mais si je mourrais aujourd'hui, il aura sa fiancée pour le réconforter. Moi et mon bébé nous ne passons qu'en deuxième plan. Je refuse de vivre cette vie de sacrifice que je n'ai pas choisi, ce rôle de maîtresse ou concubine pour un menteur comme lui. Je suis en colère, enragée et perdue. Que vais je faire maintenant ? 


Mademoiselle la pute