Jour 29 : La grande évasion

Ecrit par Owali

***Adam Ntchango***


(JOUR 28)


« Ntché yaso pilazwè, myé but’ozangé

Ntché yaso pilazwè , myé but’iviriiiii

Elélé zwè z aga Moyen Ogowé, élélé zi kuwugu hou hou… »


-Rrrhhho Adam tu ne te fatigue donc jamais de chanter ? C’est agaçant à la fin !


-Tu trouves ? Et pourtant à une époque tu adorais ça… que je laisse échapper de douces mélodies dans le creux de ton oreille…


-Pfff tu es resté trop longtemps exposé au soleil toi !Ta vieille voix là je devais l’adorer à quel moment ?


-Quoi ? Moi le Rossignol ? Ah ah ah tu n’es pas sérieuse Nyanto ! Go Ntché (Au pays) quand je faisais seulement 

« Elélé… » toutes les filles tombaient comme des mouches tellement elles…


-…avaient les tympans cassé ?


-Hein ? N’importe quoi ! Tellement elles étaient naze de ma voix ! Silence femme, tu n’es pas belle quand tu fais ta jalouse !


-Quoi ? Moi jalouse ?!?


-Oui toi jalouse de ma belle voix !


-Pfff n’importe quoi !


-Ah ah ! A bout d’argument madame ?


-Argument pour quoi ?


-Ben me démontrer que ce n’est pas le cas. D’ailleurs chante un peu toi, qu’on entende !


-Jamais de la vie !


-Ah ah ah ! Tu vois, tu reconnais que tu as une vilaine voix !


-Quoi ?!


Elle se baisse pour ramasser un petit cailloux qu’elle me lance mais que j’évite de justesse.


-Foigneuse ! Lui lançè-je ne lui tirant la langue.


-Rhaaa!


Elle se baisse à nouveau mais cette fois-ci je saute sur elle avant qu’elle ne réussisse à prendre autre chose et la plaque contre l’arbre pour la chatouiller.


Elle se met à éclater de rire et me supplier d’arrêter tout en se tordant dans tous les sens.


-Eh bien ! Heureux de voir qu’il y a en a qui garde le moral ici malgré tous les malheurs qui s'enchaînent et la menace permanente qui nous guète, lance Charles en revenant vers nous les bras chargés de liane qu’il est allé chercher un peu partout pour finir le renforcement du radeau tandis que Sissi et moi étions charger de rassembler les vivres pour partir.


Nous ne restons pas un jour de plus ici. Après la mort de Massa nous étions tellement sous le choc que nous avons préféré revoir notre plan d’évasion et plutôt que de jouer cavalier seul, j’ai convaincu Charles d’abandonner son projet de pirogue et de plutôt utiliser ce qu’il avait commencé pour nous faire un vrai moyen de locomotion facilement navigable et pouvant tous nous transporter en une fois car il était hors de question que nous nous séparions à nouveau. Nous avions donc rehausser et élargie la base de notre radeau et avec des restes de vêtements des disparus Sissi avait réussi a les rapiécer pour former quelque chose qui ressemblerait à une voile ainsi qu’un toit pour la tente qu’on hisserai par-dessus pour s'abriter du vent et du soleil qui pourrait nous tuer avant qu’on atteigne un quelconque rivage.


-Sissi tu peux aller voir ce que foutent JK et Solène depuis qu’ils devaient aller remplir les bidons d’eau de source, lui demande Charles.


-C'est vrai, renchéris-je. Il va être pas loin de 17h la, on ne doit plus tarder si on veut pouvoir rejoindre Kwale Island avant la tombée de la nuit.


-Ok je vais voir…


-Reste visible s’il te plait ! lui demandè-je peu rassuré


-Oui, oui rrhoo…


Elle s’éloigne en direction de la grotte qui est a une centaine de mètre en contre bas pendant que m’accroupie pour aider Charles à finir de monter la tente.


-Tu penses que ça va tenir ?


-Ça devrait.


-En tout cas j’ai hate qu’on se barre d’ici je n’en peu plus de cette ile de la mort !


-Tu ne crois pas si bien dire…


Je lève la tête en direction de la grotte et ne vois plus Sissi.


-Bon sang ! Pourquoi est-ce que cette fille n’écoute jamais quand on lui parle ?! ralè-je en me relevant et amorçant ma descente vers la grotte.


« Eveeee ! »



« Eveeee ! tu es où ?!? »


J’accélère mes pas et l’aperçois enfin lorsque j’arrive en bas. Elle est de dos et semble figée avec le regard perdu au loin.


Je m’approche lentement d’elle et pose ma main sur son épaule.


Elle sursaute et se retourne vers moi.


-Hey ! Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne m’as pas entendu t’appeler ?


-Hein ?!? Non..


-Qu’est-ce que tu regardais comme ça ?


-Je ne sais pas. J’ai cru voir une silhouette là-bas mais… non.


-Hum.


Je scrute les environs du regard.


-Ils sont ou ?


-Qui ?


-Ben JK et Solène… tu es sur que tu as toute ta tête ?


-Je…je ne sais pas ou ils sont. Adam, j’ai un mauvais pressentiment, on devrait partir tout de suite !


-Quoi ? Et les abandonner ? On avait dit qu’on ne ferait pas ca !


-Que vous ne ferez pas quoi ? Nous surprend une voix dans notre dos.


-Délomé ? Mais tu sors d’où ? lui demandè-je en me retournant.


-Depuis quand ça t’intéresse? Vous parliez de quoi ?


-De JK et Solène, répond Sissi prestement. Tu sais où ils sont ?


-Non. Mais je sais ou il ne sont plus…


-Quoi ? Tu peux être plus précise s’il te plait ?


-Ils ne sont plus sur cette île. Du moins en ce qui concerne JK pour l’autre… c’est une question de temps je dirai.


Nous nous regardons Eve et moi avec effroi. Le froid et l’indifférence avec laquelle elle nous a sorti ça... C'est juste glaçant ! Cette femme est le démon incarné !


-Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu leur à fait ?!? lui crachè-je au visage en l’empoignant.


-Il se passe quoi ici ?! Vient s’informer Charles probablement alerté par les cris. Sissi pourquoi tu trembles ?


-Elle a… elle a dit que JK et Solène sont morts !


-Morts ? Mais… Quand ? Comment ?!?


-Tu vas parler oui !!! Intimè-je à Délomé en la secouant un peu plus.


-Elle arrive… Elle... Arrive...


Elle essayait de parler mais j’étais tellement déchaîné que je ne voyais pas que je l'étouffais.


Son corps se met brusquement à se secouer tout seule. Paniqué je la relâche et elle tombe lourdement au sol !


-Bon Dieu ! Mais … mais ça c’est quoi encore ! S’exclame Charles.


-Adam… Adam… tirons nous d’ici ! Me supplie Sissi en me tirant par la main.


Ca sent pas bon tout ça… c’est pas bon…


Je suis comme paralysé devant ce qui se passe devant moi. Le corps de Délomé est tellement secoué qu’on aurait dit qu’elle fait une crise d'épilepsie


-Il faut l’aider ! S’écrit Charles. On ne peut pas la laisser comme ça !


-Tu veux faire quoi ?! lui demande Sissi Barrons nous d’ici ! C’est une sorcière ! Elle va tous nous tuer !


-Mais…


Les secousses ont cessés et, la tête baissée, elle se relève lentement.


Instinctivement nous faisons quelques pas en arrière. Je saisis un bois à mes pieds et place Sissi derrière moi tandis que Charles sort son canif.


Elle est maintenant debout face a nous mais a toujours la tête baissée.


Charles et moi nous nous regardons. Une atmosphère étrange règne autour de nous. On aurait dit que le temps et la vie ce sont arrêter tellement c’est... calme.


Aucun oiseau ne chante et même le bruit des vagues pourtant si proches semble avoir disparut. Ce silence assourdissant est insoutenable. Mes oreilles sifflent et je crois percevoir les battements du cœur de Sissi qui me broie la main.


-Adam… me chuchote-t-elle


-Chut !


-Adam…


-Eve tais toi tu veux ? Il repondè-je discrètement.


Elle ne dis plus rien. Avec Charles nous nous faisons des signes pour nous préparer à charger sur Délomé quand…


-ADAAAMMMMM !!!!! AAHHHHHHHHHH !!!


Charles et moi nous nous retournons vivement vers Sissi qui pointe son doigts vers une des pistes qui traverse la forêt. Lorsque nous regardons la direction qu’elle nous indique nous bondissons en arrière. Une silhouette titubante s’approche vers nous. Son visage est complètement ensanglanté.


On aurait dit qu’elle… qu’elle…


-C’est… c’est…


-SOLENE ! Lance Charles avant de courir dans sa direction.


Je veux le suivre mais Sissi me retient.


-Adam barrons nous !


-Arrête Sissi, je ne peux pas la laisser comme ça.


- Tu n'as pas entendu ce que la sorcière a dit ? Elle va mourir.


- Depuis quand tu te fie à ses propos ? Allons voir au moins si on peut faire quelque chose.


Sans lui laisser le temps de répondre je la tire pour rejoindre Charles qui est déjà avec elle.


- Non Sissi! Adam éloigne la, elle ne doit pas voir ça! Lance t-il vivement quand il nous entend arriver dans son dos.


- Quoi ?!? Pourquoi je ne peux pas.... AAAAHHH !!!!


Trop tard ! Je n'ai pas pu l'empêcher de voir l'inimaginable, l'inhumain, l'inconcevable.... Il n'y a pas de mot assez forts pour décrire l'horreur qu'on a sous les yeux ! Solène... Uniquement reconnaissable au habits qu'elle avait sur elle a été complètement défiguré. La chair de son visage à vif, plus d'un centimètres de peau n'existe. Qui est le malade qui a pu commettre une telle boucherie?


- Elle... Elle vient de rendre l'âme... Lâche Charles complètement agare la tenant dans ses bras. Je ne sais même pas comment elle a fait pour arriver jusqu'ici...


- Pas le temps de se poser plus de questions, je crois qu'ils n'y a plus une minute à perdre maintenant ! Lancè-je alors que Sissi tremblait comme une feuille dans mes bras.


- Tu as raison, allons y!


Il se lève d'un bond après avoir posé délicatement Solène sur le sol.


Il murmure une petite prière après quoi nous courons à en perdre haleine jusqu'au radeau.


" Un orage est en approche... Attendez moi sagement ici!" Nous lance Délomé lorsque nous passons devant elle.


Toujours plantée comme un piquet, les yeux complètement révulsés et le sourire jusqu'aux oreilles, elle n'a vraiment pas l'air dans son état normal.


Sans plus nous attarder sur elle, nous la dépassons sans l'ombre d'un remord.


Nous ne sommes pas trop de trois pour pousser le radeau jusqu'à la mer. C'est avec soulagement qu'on le voit flotter et bien résister à l'agitation naissante de la mer face au vent qui se lève dangereusement.


- On dirait que la sorcière avait raison.. Me fait remarquer Charles en regardant les gros nuages sombres approcher.


- Les gars, on n'a pas d'eau de source !! Nous signale Sissi complètement affolée alors qu'elle était en train de charger les vivres dans la tente.


Merde!


Charles et moi tournons simultanément la tête vers la forêt avant de nous regarder longuement.


- C'est trop dangereux d'y retourner...


- En effet mais en même temps nous n'irons pas loin sans eau


- A la vitesse à laquelle les choses s'enchaînent ici, nos chances de survie son plus grandes si nous partons maintenant plutôt que si on s'entête pour avoir 3 gorgée d'eau douce. L 'homme ne meurt pas de déshydratation en 3 jours. Avec un peu de chance on croisera des bateaux.


- Un peu de chance... On ne peut pas dire qu'elle nous ai beaucoup sourit jusque-là. Je vais y aller, attendez moi 15 min!


- Et au delà... ?


- Au-delà... Partez! Nous intime t-il avant de s'élancer vers la forêt trois gourdes à la main.


- Où est-ce qu'il va!?? Demande Sissi qui n'avait pas suivi notre conversation.


- Prendre l'eau. Tu es prête ?


- Oui


- Ok.


Nous sommes dans l’obscurité la plus totale et les arbres s'agitent dans tous les sens et leurs ombres dansant sur la sable confèrent aux lieux une atmosphère lugubre.


- Ca fait plus de 15 min qu'il est parti Adam, il y a quelque chose qui ne va pas.


- Attendons encore un peu...


- ADAM ! Tu vas m'écouter pour une fois ! On part maintenant !!! Notre fils! Tu ne veux donc jamais le rencontrer!?


Cette phrase fait tilt dans ma tête et sans réfléchir davantage je commence à pousser le radeau vers le large.


Une fois que je n'ai plus pied je me hisse dessus et saisit la rame pour nous mettre dans la bonne direction. Je ne pagaie pas dans l'espoir qu'il apparaisse sur le rivage, mais un éclair zigzaguant dans le ciel me fit me résigner…


(JOUR 29)


***Sissi Karba***


Le bruit du clapotis vaguelette s'échouant sur le sable me sort de l’état d’inconscience dans lequel j’étais plongée. 


J’essaie de bouger mais je sens un poids sur moi.


J’ouvre les yeux et je réalise que je suis sous un amas de branchage. Je réunis le peu de force qui me reste et prends appuis sur mes mains pour me dégager de ce que je réalise être les restes de notre radeau.


Oh Ciel! Nous sommes foutus! 

Je dis même nous mais... il est ou?!?


Je me mets à regarder autour de moi complètement en panique. Une chose est sur, il ne s’agit plus de l’île sur laquelle on était que d'ailleurs j'aperçois à quelques dizaines de kilomètre. 


Pas un arbre, que du sable sur une centaine de mètre à la ronde. Je suis sur un banc de sable et aucune trace d’Adam.


Alors que nous quittions l’île de la mort la veille, un violent orage éclata en route et bien qu’il se démena comme un fou pour que notre radeau ne chavire pas sous la force de la houle, une immense vague s’abattit sur nous et c’est enlacé l’un dans l’autre que nous fumes emporté sous les eaux et que je perdis connaissance.


Oh mon Dieu! Snif snif… je suis foutu! Non, non, non! Ce n’est pas possible! Il ne peut pas me faire ça! Il ne peut pas m’avoir abandonné! Il me l’avait promis! Plus jamais il ne me laisserai!


-ADAAAMMMMMM!!!!! ADAMMMMM!!!!


Je cours dans tous les sens à en perdre haleine, je retourne chaque rondin de bois, le moindre amas de sable en me disant qu’il est peut être enseveli, mais rien. 


Au bout d’une demi-heure à tourner autour de cet îlot, je dois me rendre à l’évidence. Adam n’est plus et je suis perdue toute seule au milieu de nulle part.


Je sens le sol se dérober sous mes pieds et me laisse choir telle une grosse masse en éclatant en sanglot.


Jusqu’ à présent j’avais réussi à tenir bon car j’avais l’espoir et Adam m’avait promis que nous retrouverons notre fils et le serrerons dans nos bras. Mais je réalise amèrement que les promesses n’engagent que ceux qui y croient et qu’en réalité Adam n’avait aucun moyen de me garantir quoique ce soit. J’avais choisi de le croire car c’était la seule chose qui me poussait à me lever chaque jour, à me battre chaque jour contre l’être diabolique qui nous traquait. 


Mais finalement je ne sais pas ce qui était pire. Être sauvagement assassinée ou voir l’ombre de la mort s’approcher lentement mais sûrement de soi. 


Car il fallait que je me rende à l'évidence, je mourrai, si ce n’est de faim ce sera de soif, dans cet endroit hostile à tout forme de vie.


En chien de fusil sur le sable, m'apitoies sur mon sort et fais une petite prière à l’attention de mon fils. J'espère que ma soeur en prendra bien soin et qu’il ne sentira pas trop mon absence.


“Je te jure sur ma vie que je reviendrai mon bébé!” Telle avait été la ma promesse lorsque je dû le quitter alors qu’il était inconsolable à l’idée que je m’en aille. On dit que les enfants sentent ces choses la. 


Si j’avais su et que j’étais resté avec lui au lieu de considéré qu’il me faisait un simple caprice…


“MAMAANNN REVIIENNNSSSS!!!”


Ce cris de détresse qu’il m’avait lancé résonnait en moi si fort que les yeux embués de larmes, je me lève d’un bond et me dirige d’un pas décidé vers la mer. 


Il est hors de question que j’attende sagement que la mort vienne me trouver la sans rien faire. S’il le faut, je rentrerai chez moi à la nage mais je ne peux pas rester ainsi sans rien faire!


J’entre dans l’eau bleu turquoise sur les premiers mètres avant de s'assombrir à mesure que la profondeur augmente. J'avance prudemment et alors que perds peu à peu pied je crois percevoir une forme sortir de l’eau en face de moi. Je m'arrête dans mon élan, passe ma main sur mes yeux pour mieux voir lorsque je crois reconnaître la silhouette de… non ce n’est… ce n’est pas possible.


-ADAM?!? ADAM C’EST TOI????


Il nage dans ma direction et instinctivement je nage à reculons et rejoins rapidement le bord. Une fois sur le rivage, je le vois sortir de l’eau et crois rêver quand je le vois, grand sourire, me montrant fièrement les deux poissons qu’il tient dans ses mains. 


Non… non… non! Il ne va pas me faire croire que pendant que je me fais du sang d’encre et que je pense qu’il est mort il…


Je fonce vers lui telle une furie avec la ferme intention de lui faire passer l’envie de rire!


-Non mais tu te fous de moi ou quoi!


-Mais… Aïeeee! Putain mais t’es malade ou quoi! Me crit t-il dessus alors que je viens de lui flanquer un coup de genoux en plein entre ses jambes.


-Ça t’apprendra a te faire passer pour mort!


-Pour… pour mort???


-Oui mort! Ça fait une éternité que je t’ai cherché ici en vain! Non mais tu n’es pas normal toi! On échoue sur une ile déserte et tu ne trouves rien de mieux à faire que d’aller pêcher alors qu’on n’a plus aucun moyen de quitter cet endroit maudit! Je veux lui assener un autre coup mais il me bloque dans mon élan.


-Calme toi Eve, désolé si je t’ai inquiété mais vois-tu nous avons perdu tout nos vivres dans la tempête alors je n’avais d’autre choix que d’aller chercher à manger dans la mer. Je t’ai laisser à l’ombre sous l'abri de fortune que j’ai monté avec les restes du radeau et je suis parti, loin de moi l’idée de te faire peur, je pensais être de retour avant que tu ne te réveilles…


- J’ai… j’ai cru que plus jamais je ne te verrais… je… snif…


-Chut… c’est finit. Je suis la…


Il me prend dans ses bras que je ne pensais plus jamais retrouver et je me laisse attendrir car enfin l’espoir renaît. 


J’ai beau être une femme forte et indépendante, sa présence à mes côtés m’est d’un réconfort inestimable.


-Où est-ce que tu étais en train d’aller lorsque je suis sorti de l’eau? Me demande t-il d’un air moqueur.


-Tchiiippp! J’étais en route pour rejoindre notre fils! Répondis-je boudeuse en me détachant de lui.


-Tu étais en train de quoi?!? Ah ah ah! A la nage???


Je ne repond pas et m’éloigne de lui.


Pfff c’est facile pour lui de rire de tout, tout le temps. Je le sens courir derrière moi.


-Hey Eve! Kokolo pardon, ne te fâche pas chéri…


-Puisque tu as l’air de trouver la situation dans laquelle on se trouve ci drôle, tu peux me dire ce que tu comptes faire pour qu’on se sorte de là??? As-tu seulement idée de l’endroit ou on se trouve???


-Heu… non pas exactement…mais...


-Super! Donc on est vraiment perdu cette fois! 

Franchement je crois vraiment qu’il faut que tu envisages te faire soigner!


-... si tu me laissais parler 2 minutes au lieu de t’enflammer pour rien…


-Pour rien??? On… ok je t'écoute.


-Pendant que je nageais j’ai cru entendre des bruits de bateau à la surface, tu n’en as pas vu?


-Non, je n’ai rien vu. Mais attends… tu veux dire qu’il est possible que vous soyons dans une zone ou il y a du trafic maritime???


-Je n’en suis pas sur car une fois à la surface je n’ai plus rien vu mais…


-C’est possible! Ohhh merci Seigneur!!!


Je me jète dans ses bras et me mets à l’embrasser partout sur le visage.


-Hey… calme toi, on n’en n’ a pas encore vu. Il faut qu’on fasse du feu et qu’on trace des signaux de détresse sur le sable, d’ici à ce qu’un avion passe…


-Oui tu as raison mettons nous au travail!


Je prends sur moi de tracer un SOS géant dans le sable pendant qu’il se bat pour allumer un feu avec les quelques brindilles sèches qu’il arrive à trouver. Dès que je finis je le rejoins et à deux on réussit et on grille les deux poissons qu’il a péché. Après s’être délecté de ce maigre repas, nous nous enlaçons avant de nous assoupir à l’ombre.


***


“BBROUUUUMMMM BBRROUUUUMMMM”


-Eve, eve! Debout! Y a un bateau qui approche!


Je me lève d’un bond et avec Adam nous nous mettons à courir vers le bord en faisant de grand signe.


-Ca y est! Ils nous ont vu, on est sauvé Adam!


Je me mets à sautiller de joie sur place. Une fois le hors-bord que nous avons hélé est à proximité, nous distinguons les silhouettes d’une femme et d’un homme. Je me tourne vers Adam dont le visage s’est soudain refermé.


-Ce sont sûrement des touristes chérie…


-Ca je n’en suis pas si sur… me repond t-il en me tenant par la main et en commençant à faire des pas en arrières.


-Mais… mais qu’est-ce qui te prends???


-Je ne crois qu’ils soient la pour nous sauvez mais plus tôt pour finir le travail qu’ils ont commencé Sissi…


Mon cœur se met à battre à la chamade. Mais… mais enfin… pourquoi tu dis ça? Lui demandè-je alors qu’il accélérait ses pas au moment où les deux individus quittais leur bateau. La tête recouverte d’un chapeau de paille et des grosse lunette de soleil barrant son visage, la jeune dame au corps plutôt frêle marchais dans notre direction d’un pas assurer. Le gorille qui avançait dans ses pas tenait une corde qu’il enroulait autour de sa main. 


A bien y regarder, ils n’avaient effectivement pas l’air amicale… mais elle m’avait l’air familière.


-Sissi, il va falloir être forte et pour une fois m’écouter. L’air grave qu’il prend ne me rassure pas du tout. Je fronce les sourcils et essaie de deviner où il veut en venir mais… non, non… je refuse!


-Si Eve! Nous n’avons pas le choix! Il faut qu’un de nous deux s’en sortes!


-Hors de question! J’ai déjà cru mourir en pensant t’avoir perdu une fois ce n’est pas pour que ça ce reproduise une deuxième fois.


-Et notre fils! Tu y a pensé?! Me sermonne t-il en me tenant fermement par les avant-bras. Je peux retenir l’homme un moment mais toi il faut que tu me promette que tu t'enfuiras!


-Non Adam… snif… non… c’est nous ensemble! Tu m’as promis... snif…


-Je serais toujours la Eve… là dans ton cœur, tant que tu vivras, je vivrai à tes cotés. Maintenant cours part la bas, je vais essayer de les retenir tous les deux pour te laisser le temps de nager jusqu’au bateau, okay!


-Snifff… snif…


-EVE!


-O...Okay!


-Très bien, bon maintenant file!


J’ai juste le temps de lui donner un dernier baiser avant de m’enfuir dans la direction perpendiculaire à celle qu’ils prennent. Un coup d’oeil en arrière et je le vois courir vers eux.


PANNNN!


OH Ciel! Le coup de feu qui vient de retentir me cloue sur place! Adam vient de s’écouler sur le sol en se tenant la jambe.


-La pièce est terminé! Lance la femme. Merci pour le spectacle Adam et Eve… les amoureux originels.


-Sissi! Vas t’en! Ne t’occupe pas de moi!


-Oh… comme c’est mignon. Finalement ce voyage aura eu le mérite de vous réconciliez définitivement. Vous devriez me remercier…


-Salope! Je savais que c’était toi! Fétiche!


CLAP!


-Ferme ta sale gueule d’ange! La dernière personne qui m’a appelé comme ça s’est chier dessus quand elle a subit ma vengeance. Tu devrais plutôt t’inquiéter de ton sors au lieu de vouloir jouer les héros! Stan, va la chercher, il ne faudrait pas qu’elle rate le spectacle.


A ces mots je me mets a courir aussi vite que je peux mais les 20 mètres qui nous séparait n’était pas suffisant pour être hors de sa porter. Une fois rattraper, il me saisit fermement et me saucissonne avec la corde qu’il avait avant de me porter par dessus son épaule et me ramener vers l’autre folle.


BOUM!


Il m’a balancé sur le sol à coté d’Adam qui gémissait silencieusement de douleur.


-Bon on a assez perdu de temps, finissons-en, lançe la femme dont je n’arrive toujours pas à distinguer les traits a cause du soleil qui m'éblouie.


-Tu ne m’écoutes jamais Sissi! Me réprimande Adam en chuchotant. Nous voilà bien avancé maintenant.


-Tu voulais que fasse quoi au juste? Que je t’abandonne lâchement comme ça, alors que…


-Ca suffit maintenant vous deux! Même a l’article de la mort vous ne pouvez pas vous empêcher de vous disputer? Il est trop tard maintenant pour les scènes de ménage. Toi Sissi parce que tu as toujours eu une attention particulière à mon égard, je vais te mettre au première loge du délicieux spectacle funeste que va nous offrir ta moitié! Ah ah ah


Je m’accroche aux vêtements d’Adam du bout des doigts alors que je sens qu’on me porte.


-Non non non!!! Je veux rester avec lui!


-Je t’aime Sissi… je n’ai jamais aimé que toi! Toi forte ma puce!


-Silence! Vous m’agacer avec cet excès d’amour pathétique! Stan bâillonne la!


Le fameux Stan me plonge dans un tonneau à moitié enterré dans le sol, avant de le refermer avec un couvercle ayant un trou juste assez grand pour laisser ma tête en dehors.


-Mais enfin à quoi ça rime tout ça! M’indignè-je. Si tu veux nous tuer, colle nous simplement une balle dans la tête au lieu de… HUUUUmMMMm


On venait de me foutre un baillon dans la bouche.


-Tu as toujours eu la langue bien pendu ma chère… espérons que ce sera toujours le cas, une fois que tu auras assisté à ma petite représentation…


Elle se retourne, retire ses lunettes et….


OH NON CE N’EST PAS POSSIBLE QUE CE SOIT ELLE!!!


-Ne fait pas cette tête voyons. Tes yeux risques de sortir de leurs orbites avant l’heure… Ah ah ah. Non pas que cette perceptive me soit désagréable, mais avoue que ce serait dommage…


Elle se retourne et donne des instructions à Stan qui ligote Adam.


-Fils de pécheur… je te réserve une mort digne et brève. Dis moi merci!


-Vas au diable Salope!


-Tititititiiii ce n’est pas gentil ça chéri… bon ce n’est pas bien grave. Nous allons y remédier...


Stan recouvre sa tête d’une serviette et la tient fermement pendant qu' elle tient un gros bidon d’eau dans ses mains et se penche vers son visage pour en vider le contenu.


Il se débat, et son corps est pris de violent spasme pendant que l’autre folle est morte de rire.


Je me débat dans mon tonneau, mais solidement ligoter je n’arrive pas à grand chose.


Au bout de 15 seconde elle arrête et retire la serviette. 


Le regard complètement hagard, il redresse sa tête tousse et se penche sur le coté pour vomir avant de prendre de grosses bouffées d’air.


-Tu es plus disposé à me remercier maintenant chéri?


-Mer… MERCI! crache t-il a plein poumon! Voilà tu es contente???


-Hum… je m’attendais à plus de résistance de ta part mais bon… je m’en contenterai. Ce fut un plaisir très cher… Adieu gueule d’ange!


-Non, non, nonnnnn! Pas ça pitié!


Il recouvre à nouveau son visage et cette fois ci c’est sans pitié qu’elle vide entièrement le contenue de son bidon le laissant s'asphyxier sans l’ombre d’un remord. 


Mon visage est inondé de larme, pendant que j’assiste impuissante à l’élimination de l’homme de ma vie. Mais bon sang! Pourquoi elle lui a fait ça??? Qu’elle m’en veuille moi passe encore, mais lui… il ne lui a jamais rien fait.


Une fois satisfaite de son travail, elle se redresse et se tourne vers moi. Un large sourire irradie son visage. Elle est si fière d’elle… c’en est écœurant.


J'arrête immédiatement de pleurer pour ne pas lui faire plus plaisir que ça. 


Stan place un autre tonneau à deux mètres du mien et lui remet quelque chose dans les mains avant de retourner vers le bateau. Elle manipule l’appareil et lorsqu’elle le pose sur le tonneau je me rends compte qu’il s’agit d’une caméra.


-Tu m’excuseras si je ne reste pas plus longtemps, mais il y a une dernière personne dont doit m’occuper là-bas, mais ne t’en fait pas grâce à cette caméra je ne manquerai pas une miette de ta prestation.


Je fronce les sourcils en signe d'incompréhension.


-Oh ne t’inquiète pas, tu comprendras vite le rôle que ton personnage auras à jouer…


Elle se tourne vers Stan qui lui tend un grand verre avec une paille.


-Merci. Tout est prêt pour qu’on y aille?


-Oui boss.


-Ok. Tu peux démarrer je te rejoins dans une petite minute.


-Bien.


Il disparaît de mon champs de vision tandis qu’elle pose le verre près de mon visage et retire mon bâillon.


-Sale pétasse! Tu ne l’emporteras pas au paradis! Meme morte, je te poursuivrais!


-Hum… tu ferais mieux d'économiser ta salive… Enfin, si jamais tu as soif, tu pourras toujours te délecter de ton dernier cocktail…


-C’est ça! Pour que je me brûle l’estomac avec ton poisson???


-Rhhooo Sissi, tu me déçois de penser ca de moi. Regarde, pour te prouver que tu n’a rien a craindre, je vais même en boire une gorgée. Aussitôt dit, aussitôt fait. Tu vois, il n’y a absolument rien à craindre, ce n’est rien de plus qu’un petit mélange de lait, miel et pruneau.


-A quoi ça rime alors?


-Tu le sauras bien assez vite. Je te souhaite une bonne dégustation et ah… tiens, je t’offre mon chapeau en cadeau, il ne faudrait pas que tu perdes connaissance à cause du soleil! Ah ah ah!


Elle me fourre la paille dans la bouche et me tourne le dos en sifflotant.


Quelques secondes plus tard, le vrombissement du hors bord retentis.


J’avale prudemment quelques gorgés de sa mixture. J’attends, il ne se passe rien. Prise de soif, je me sers à nouveau mais cette fois j’avale de grandes rasades.


Au bout de quelques minutes je sens mon ventre se retourner.


Oh Seigneur! Qu’est-ce qu’elle a dit qu’il y a avait à l’intérieur déjà?


Du lait… du miel… des pruneaux… Un savant mélange explosif pour…


-AAaahhhhhhhhh!!!!!! Je me débat dans tous les sens mais mon agitation accélère le remue-ménage naissant dans mon estomac.


La diarrhée!


Prisonnière dans ce tonneau remplie d’eau, je vois déjà les bactéries se rependre et se nourrir de ma chair lentement…


Mourir dans ma merde! Seigneur, quelle fin horrible!

LE CERCLE