KAIRA: partie 4

Ecrit par Ibtissem



KAIRA : partie 4

Dans les minutes qui suivaient notre départ, ma mère eut vent par son amie sage femme que j'aurai  suivi une dame . Elle ne sait pas qui, vue qu'elle ne s'était jamais intéressée à mes fréquentations; d'ailleurs qui fréquentais je ?, personne ne venait me chercher à la maison se disait elle .Elle se demandait même à quel moment j'ai  eu des relations sexuelles puisque je passais mon temps à étudier . 

Pour gagner du temps, elle décida de dire à mon père que je serai hospitalisée quelques jours de plus. Il lui faudra savoir où et avec qui je me trouvais .
Elle paniqua et se demandait : et  si c'était une de ces  assistantes sociales ? Elle pourrait avoir des problèmes avec la justice . Qu'allait elle raconter à mon père ? Elle se rongeait les ongles quand son téléphone retentit, la faisant sursauter.

ma mère: oui ! Qui est à l'appareil ?
la mère de Rayan: c'est la maman de Rayan, un ami de  votre fille qui est chez moi. Je pense qu'on a des choses à se dire 
ma mère: ah oui ? Quel ami? Ma fille n'a pas d'amis, de quel droit prenez vous ma fille avec vous ? Je vais porter plainte 
la mère de Rayan: je ne pense pas que cela soit judicieux , vue que votre fille vient de perdre une grossesse sous les coups que vous lui avez assénés, mais c'est vous qui voyez

ma mère: qui êtes vous ? Que voulez vous ?Comment savez vous tout cela ? Ma mère paniqua, je pouvais l'entendre vociférer dans le combiné

la mère de Rayan: je vous donne RDV pour que nous en parlions de vive voix, elle raccrocha le combiné après avoir donné l'adresse .

Cette affaire devient compliquée se disait la maman de Kaira, que pouvait elle bien vouloir lui dire ? Serait elle un juge? Une policière ? Pourquoi avait elle amené Kaira chez elle ? Autant de questions fusaient dans sa tête? Elle décida quand même de s'y rendre dans la soirée. Elle ne dira pas un traitre mot concernant ce RDV  à son mari,jusqu'à ce qu'elle sache de quoi il s'agit .
 
Il était 20h , lorsqu'elle pointa devant la porte de chez les Rayan. Elle scruta la maison, la vue externe annonçait déjà que cette famille était aisée, maison à étages, finition parfaite, rien à comparer à leur bicoque. Le vigile la fit attendre le temps de l'annoncer; il l'accompagna jusqu'à la terrasse où la domestique prit le relais et la fit installer dans le salon spécial, après avoir traversé le grand salon.

Elle fut servie de, l'eau et du jus ,mais ne put rien avaler, tant son ventre lui faisait mal, le stress ayant eu raison d'elle. Il lui fallait encore attendre , le temps que la mère de Rayan finisse ses prières et la retrouve. Rayan qui était tout aussi tourmenté, décida de venir croiser le regard de  cette femme.  il bouillonnait de l'intérieur; de justesse, sa mère l'avait devancé et lui interdit de rentrer dans le salon, qu'elle referma soigneusement après avoir congédié son fils.
Quelle ne fut sa surprise de se retrouver nez à nez devant ce visage si familier qu'elle a perdu de vue des années durant. Elle était pétrifiée et ma mère encore plus; cette dernière commença à trembler comme une feuille
La maman de Rayan: toi ? Marwa c'est toi la maman de Kaira ?
Ma mère: Oumalher ? C'est pas possible , elle baissa la tête de honte devant cette femme à qui elle avait planté un couteau dans le dos lorsqu'elles étaient encore adolescentes
Des années plutôt
Elles avaient fréquenté le même lycée jadis et en ce temps la maman de Rayan était la copine du père de mon père. Ils étaient un couple que tous leurs camarades admiraient, jusqu'à ce que l'irréparable soit commis. Ma mère (Marwa) était copine à Oumalher ( maman de Rayan) , elles se disaient tout, faisaient tout ensemble.

Un beau jour, des bruits de couloir arrivaient aux oreilles de Oumalher selon lesquels , sa copine (ma mère)voyait Faycal (mon père ) en cachette. Elle n'y croiyait rien jusqu'à ce que Marwa commence à l'éviter , ainsi que Faycal. Elles étaient encore en seconde et Faycal en Terminal. 

Faycal coupa net avec elle, quand elle essayait de l'aborder, il la rabroua en lui disant que leur relation n'était pas forcée et qu'il fallait qu'elle l'oublie. Elle se demandait ce qu'elle avait bien pu lui faire pour qu'il se comporte ainsi avec elle, elle culpabilisait au point d'en dépérir, et les regards , les ragots ne faisaient qu'aggraver sa situation.

Oumalher connut un tourment sans précédent , pointée du doigt par les lycéens, la nouvelle sonna comme une bombe dans sa tête, Marwa et Faycal se mariaient . Tout s'était tellement vite passé , un mois entre le changement de Faycal et Marwa envers elle, c'était donc cela ? Ils étaient amoureux et ne pouvaient pas l'affronter ? Mais non, une autre rumeur surgit la déboussolant encore plus , Marwa était enceinte de Faycal, raison pour laquelle leurs parents avaient précipité leur mariage.
Oumalher ne put supporter cette double trahison et décida de partir loin du Niger continuer ses études .Ses parents étant assez aisés l'envoyèrent en France poursuivre ses études. Elle rencontra le père de Rayan la bas, un nigérien aussi qui avait eu un enfant avec une métisse ( Rayan) qui refusa de s'occuper de lui , il se marièrent plus tard. Ils décidèrent de revenir au Niger après la naissance de Leyla . Oumalher n'a jamais cherché à savoir ce que devenaient Marwa et Faycal, elle les avait tout simplement rayés de sa mémoire, jusqu'à aujourd'hui où elle tomba nez à nez sur elle.

Pendant que Oumalher faisait son "come back" dans le passé intérieurement ; marwa se projeta de même et revit les moments qui avaient chamboulés son amitié . Elle a aussi dû affronter le regard des autres, elle était qualifiée de traitresse et ce qui la tuait le plus ,c'était le fait que Faycal ne l'aimait pas du tout. ils avaient eu un bref moment de faiblesse, une soirée où Oumalher malade n'avait pas pu assister à une fête . Ils l'avaient regretté certes , faycal avait bu  et marwa avait de tout le temps souhaité être à la place de Oumarlher, tant Faycal était beau, prévenant et intelligent.

Leurs regrets ne servirent à rien, je commençais à bourgeonner dans le ventre de ma mère suite à cette petite virée . Le mariage fut précipité entre les deux un mois après cet incident car mes grands parents  refusèrent l'idée de faire avorter ma mère.

Ma mère  abandonna son rêve d' être une grande intellectuelle, elle devait, si jeune, s'occuper d'un bébé. Pareil pour mon père, qui avait des ambitions d'être un grand ingénieur ; en plus d'avoir perdu celle qu'il aimait réellement , il dut se coltiner une femme à vie. Les parents de ce dernier lui exigèrent d'épouser ma mère. Tous les deux m'en voulaient d'une manière  , je leur rappelais leur erreur de jeunesse, j'étais  la raison pour laquelle ils n'avaient pas eu ce qu'ils méritaient dans la vie
Retour dans la réalité
Les deux  revinrent sur terre enfin tirées de leur rêverie par le sonnerie d'un téléphone. C'était le père de Rayan qui annonçait à Oumalher qu'il arrivait dans quelques instants. Intérieurement ma mère se disait qu'oumalher avait de la chance d'avoir un mari comme celui qu'elle avait, comment faisait elle pour avoir les hommes à ses pieds? depuis le lycée c'était toujours pareil. Elle s'assombrit quand elle repensa au mépris que mon père  lui vouait par moment, pas de tendresse du tout , ils étaient comme des colocataires dans la maison.

Oumarlher décida de briser ce suspense et lança: alors , comme on se retrouve , la vie est un Karma décidément , je suis la mère de Rayan, le petit ami de ta fille, celui qui l'a enceinté en un mot
Ma mère : je ne sais pas quoi dire , que veux tu ?
Oumalher: Mon mari arrive, je te conseille d'appeler le tien pour qu'il nous rejoigne
Ma mère : quoi ? Il n'en est pas question! Il ne sait même pas ce que sa fille traverse, je ne veux pas plus de problèmes 
Oumalher: voila ton problème, tu as toujours été lâche dans ta vie, et ben tient toi bien , si tu ne le fais pas, je vais le faire , ta fille doit bien avoir son numéro non ? On va débattre de ce sujet à quatre, mon mari arrive.
Ma mère: pourquoi veux tu me faire ca ? Pourquoi ? Par vengeance ? Faycal peut me répudier pour cette histoire , je t'en supplie , ne le mêle pas à ca.
Oumalher: prend le comme tu veux, il est vrai que je voulais juste te parler , mais ca c'était avant que je ne sache qui était la mère de Kaira; alors? Tu le fais où bien je décide.

Ma mère  n'eut d'autres choix que de prendre son combiné et appeler mon père, ce dernier criait à l'autre bout du fil car elle le dérangeait pendant qu'il regardait son match de foot. Elle ne savait pas quoi dire, hésitante, alors Oumalher saisit le téléphone et se présenta à lui. Mon père n'en croyait pas ses oreilles, rêvait il ? il accepta immédiatement de venir à l'adresse indiquée par la mère de Rayan.

Il conduisait comme un fou, heureux et honteux de rencontrer celle qu'il avait poignardée , celle qu'il avait aimée en secret toute sa vie. 
il arriva devant la porte , cœur emballé, le vigile le conduisit au salon, entre temps le papa de Rayan était déjà arrivé chez lui.Il le dévisageait , rouge de colere et de jalousie, pas que concernant Oumalher mais pour le luxe dans lequel ils baignaient.

ils étaient tous les quatre réunis à présent, chacun dévisageant l'autre, ma mère déglutissant difficilement et tremblant à l'idée que mon père sache ce qui se passait réellement.
Mon père: bon , je suis là, de quoi s'agit il ? Pourquoi tu es là toi ?
Oumalher: du calme et tu sauras tout
la chambre de Rayan était contiguë au salon vitré ou les quatre parents y étaient, il pouvait capter la conversation, j'étais avec lui pour écouter tout ce que nos parents se disaient.

Oumalher raconta tout à mon père qui demeura silencieux tout au long du récit. Je pouvais entendre ma mère sangloter et le père de Rayan qui lui disait de se calmer. Quand , enfin oumalher finit son récit, mon père prit la parole d'une voix fébrile: que voulez vous ? c'est ma fille qui est victime dans l'histoire.

le père de Rayan: ah oui? C'est ainsi que vous le voyez? Et notre fils dans l'histoire? Il tenait à cette grossesse.
la mère de Rayan: calme toi, on vous a fait appeler pour que vous sachiez ce qui se passent, on n'a pas éduqué nos enfants dans la brutalité et ils savent prendre leurs responsabilités. Vue que mon fils tient à votre fille, je vais la garder avec moi et suivre son cursus scolaire. Si vous refusez, je dénonce Marwa à la police. C 'est vous qui voyez
Ma mère: vous n'avez aucun droit de la garder ,c'est notre fille

Oumalher: votre fille ? Que vous maltraitez ? Je comprends qu'elle ait été votre erreur de jeunesse, mais était ce sa faute ? Si vous lui aviez témoigné de l'affection, elle ne serait pas dans cette situation aujourd'hui

Mes parents demandèrent à me voir, ce que la maman de Rayan permit. Je sortais timidement , larmes aux yeux pour affronter mes parents. Maintenant que je savais  tout , j'étais  écœurée, je n'étais pas désirée, j'aurai voulu être un enfant adopté, je comprendrai mieux leur mépris.

Mon père: ils veulent te garder, tu décides quoi ?

Moi: ai-je déjà décidé de quelque chose papa ? Je préfère rester avec des gens qui m'aiment et qui s'inquiètent pour moins c'est sur.

Ma mère était honteuse, elle ne faisait que pleurer? Je ne lui ai pas dit un seul mot jusqu'à ce qu'ils s'en aillent. J'étais un poids moral pour eux, leur péché, ca les soulagerait peut être de me savoir loin d'eux.

La mère de Rayan paya mes études à Accra après , elle réalisa mes rêves. Rayan eut un boulot au Niger . Ses parents parlaient de nous marier après que j'aie fini mes études, mais je ne sais pas pourquoi l'idée ne m'enchanta pas du tout. Dans d'autres circonstances j'aurai accepté , mais là tout ce que je veux , c'est quitter et aller au loin.

C 'était humiliant ce que j'ai découvert sur moi même, j'étais un enfant hors mariage en fait, un rebus qui rappelait à mes parents que j'étais l'erreur qui leur a fais raté leur vie.

L'histoire s'était juste répétée entre Rayan et moi, sauf que nous ,on était amoureux l'un de l'autre. Pour l'heure j'ai besoin de digérer cette douleur, j'ai l'impression que la famille de Rayan me faisait de l'aumône, une sorte de réparation pour ce que Rayan m'avait fait. Savoir que mon père avait trahi la mère de Rayan me faisait honte, ma mère encore plus, et je ne valais pas mieux qu'elle sauf à un point.

J'ai trente aujourd'hui . J'ai fini mes études et j'ai eu un bon travail à Accra. Je n'ai aucune idée de ce que cela aurait fait de sentir un enfant bouger dans un ventre, je m'étais fait à l'idée d'aimer mon bébé , mais ma mère me l'avait empêché, elle ne voulait pas vivre la même chose pour la deuxième fois à travers moi, elle m'avait donc hai toute sa vie. Je lui en veux tellement de m'avoir fait avorté. Je ne sais pas comment lui pardonner un jour à elle, à mon père de m'avoir privé de leur amour et de mon bébé.
Fin
Kaira