La chérie de son cœur

Ecrit par Farida IB


Chapitre 50 : la chérie de son cœur 



Armel….


Ce soir après ma journée de travail, je me rends directement chez Cassidy pour l’emmener faire ses courses comme prévu. Ah ouais heu il y a une espèce d’amitié qui est en train de naître entre nous. (bref, ne commencez pas déjà à tirer des conclusions hâtives !) Je ne vais pas nier que sa compagnie me fait énormément du bien. En soit elle est complètement métamorphosée. Enfin, elle est en train de renaître de ses cendres en devenant une meilleure version d’elle-même. La Bad Bitch a fait place à un mi-ange, j’ai dit mi. Et je dois dire que son nouveau mood m’inspire à voir la vie du bon côté.


Je gare donc à la devanture de sa maison et l’informe par messagerie que je suis là. J’en profite pour répondre à quelques mails puis des messages sur whatsapp. J’étais occupé à répondre à une amie inconnue sur Messenger, ce qui fait que je ne remarque la présence de Cassidy que lorsqu’elle referme la portière.


Cassidy : salut !


Moi (sans décrocher mes yeux de l’écran) : salut, je réponds à ce message et on y va.


Cassidy : ok.


Je clique sur envoyer, fixe le   portable sur le support et enfin je lève les yeux sur elle. Une chose qui n’a pas changé du tout, c’est qu’elle est toujours bien apprêtée. Les ongles tout le temps bien faits, la coiffure qui change toutes les trois semaines, toujours un truc sexy mais pas vulgaire sur le corps.


Cassidy : qu’est-ce qu’il y a ?


C’est à ce moment que je me rends compte que j’étais en train de la regarder intensément pour pouvoir vous faire cette description. Je décroche subitement mes yeux de son regard interrogateur.


Moi : tu as super bonne mine.


Cassidy : merci, c’est grâce à toi. (ton pétillant) Tu es toujours aussi d’agréable compagnie et plus serviable que jamais.


Moi souriant amusé : c’est réciproque.


Je lui lance un regard furtif en démarrant. 


Moi : sinon, quoi de neuf ? Tu as passé une bonne journée.


Cassidy : pas mal, pas mal. Et toi quoi de neuf ? Nous avons assez parlé de moi ces derniers temps, parlons un peu de toi.


Moi (lui jetant un autre coup d’œil) : que voudrais-tu savoir ?


Cassidy haussant l’épaule : bon, je sais d’ores et déjà que nonobstant le sujet tabou, 


Moi en la coupant : le sujet tabou ?


Cassidy : Deborah !


Moi : c’est drôle, mais en même temps, c’est elle qui aime sortir ce genre de gros mots-là « nonobstant ».


Cassidy : rire* il n’y a pas de gros mots, seulement ceux qu’on n’a pas encore dans son vocabulaire. 


Moi : bref ! 


Elle rigole et je souris.


Cassidy : donc je disais qu’en-dehors de…


Moi : voilà, c’est plus simple comme ça.


Cassidy (me lançant un regard goguenard) : bref ! Je présume que ta vie personnelle se résume au travail d’abord, le travail encore et le travail toujours (je fais un sourire contrit) alors parle-moi de Roger et Alex.


Moi : Romeo ! Ils vont bien. Romeo vient de rentrer de Paname, Alex se cherche et les filles se maintiennent. D’ailleurs, nous avons prévu un chill avec toute la team samedi, ça te dirait de venir avec moi ?


Cassidy : si vous m’engagez pour vous faire la cuisine.


Moi : lol je suppose que ce serait payant.


Cassidy : mais bien sûr, je vous ferez une réduction.


Moi riant : ok ça marche, même si tu forces un tout petit peu.


Cassidy : tous les moyens sont bons pour se faire de nouveaux clients !


Moi riant : n’est-ce pas ?


Cassidy acquiesçant : et ton frère ainsi que son ami, comment il s’appelle déjà ?


Moi : Bilal ! Ils vont bien également.


Cassidy : Bilal râle toujours à propos de son ex ?


Moi : toujours oui et encore plus maintenant qu’il y a un Arabe qui tourne autour d’elle.


Cassidy souriant : pas de bol pour lui.


Moi de même : tu l’as dit !


On continue à discuter, une conversation plutôt fluide, sans blanc. À un moment donné la notification d’un texte Messenger retentie sur mon téléphone C’est elle qui vérifie et  me regarde juste après. 


Cassidy : Papillon de nuit ? C’est qui comme ça ?


Je souris face au ton intrigué de sa voix.


Moi : aucune idée, c’est le genre de profil fantôme très actif dans les groupes Facebook et sur diverses pages, mais ne laisse aucune information sur son profil personnel. On n’a pris l’habitude de s'écrire à nos heures perdues.


Cassidy méfiante : un arnaqueur sûrement.


Moi remuant la tête : pas sûr, ça fait quand même un bon bout de temps qu’on s’écrit et il n’a jamais été question d’un colis à retirer ou je ne sais quelles autres méthodes que les arnaqueurs utilisent.


Cassidy : en tout cas !

Elle n’ajoute plus rien et moi non plus. Des minutes plus tard, on y était, au Champion. Galant comme je suis, je lui ai pris le chariot à l’entrée du coup elle le remplit au fur et à mesure en suivant sa liste. C’est d’autant plus plaisant de faire les courses avec elle parce qu’elle prend le temps de te montrer les meilleurs produits à adopter et ceux qu'il faut à tout prix éviter. Là, elle a fini et je l’aide à vider le chariot sur le comptoir lorsque la voix d'une personne que je connais trop bien raisonne depuis l'entrée. Elle s'avance vers les caddies placés juste à coté du comptoire, téléphone à l’oreille.


Noémie : toi en réalité, tu me prends pour ta boniche (…) la chérie de ton cœur, oui c’est ça ! (…) Tchiippp (…)


Le temps qu’elle finisse sa conversation, Cassidy paie son dû et nous attendons de récupérer les courses. Obligé de faire un mouvement de tête en guise de salutation quand nos regards se croisent. Elle me regarde d’abord l’air surpris de me voir avant d’arquer un sourcil inquisiteur alternant entre Cassidy et moi jusqu’à ce qu’on arrive à sa hauteur. 


Moi : bonsoir,


Noémie (répondant du bout des lèvres les regards collés sur Cassidy) : euh bonsoir.


Je passe ma route sans plus en poussant le chariot vers la sortie.


Cassidy lorsqu’on passe la porte : c’est qui ? Et pourquoi elle m’a regardé comme si elle voulait me dévorer tout crue ?


Moi : la sœur du sujet tabou.


Elle me fait « je vois » en rigolant. Je la dépose chez elle et rentre à la maison sans tarder. Après avoir fait un tour dans la cuisine et dans les chambres sans trouver personne, je me dirige vers la mienne quand je vois  Marianne  descendre les escaliers qui mènent au toit-terrasse. Elle est en pleine conversation téléphonique avec sans doute Eddie.


Marianne (après avoir remarqué ma présence) : tiens un revenant ! (au téléphone) C’est Armel.


Il lui dit quelque chose puis elle se tourne vers moi en décollant l’appareil de l’oreille.


Marianne : Eddie demande de répondre à ses messages.


Moi : dis-lui que je l’appelle tout à l’heure. 


Elle lui transmet le message et je patiente qu’ils finissent pour parler à Marianne. 


Moi : tu es seule ?


Marianne hochant la tête : maman et Kékéli sont chez Tina, papa au boulot sûrement.


Moi : ok. Si on me demande, ce qui n'est pas évident, je suis dans ma chambre.


Marianne : tu ne veux pas manger ?


Moi (sortant du salon en allant dans ma chambre) : je n’ai pas faim.


Marianne me suivant : humm, tu as sûrement mangé là-bas avant de rentrer.


Je lève le sourcil en me retournant pour la regarder.


Moi : là-bas où ?


Marianne : chez la fille qui t’occupe dernièrement, tu ne manges presque plus à la maison.


Ça, c’est vrai, mais…


Moi faisant la grosse voix : mêle toi de tes oignons !


Marianne : hummm quand ça va pourrir ça va sentir.


Moi : lol.


Elle me suit au pas jusqu’au seuil de ma porte où je m’arrête et lui lance un regard inquisiteur.


Moi : tu veux quelque chose ? 


Marianne (comme si on l’avait branché) : les darons, ils se sont réconciliés ou quoi ?


Moi : oui.


Marianne ton enjoué : ouf, je commençais à désespérer de les revoir ensemble (souriant toutes les dents dehors) je suis absolument trop contente de l’apprendre. Mais tu es sûr inh ? Ils en font des mystères dernièrement.


Je la regarde en pensant qu’elle n’a pas totalement tort. C’est en passant par hasard devant leur porte il y a trois jours que j’ai appris qu’ils sont partis renouvelés leurs vœux de mariage. Même pas partager l’information avec nous encore moins le gâteau ! Quoi qu'il en soit, je suis content que mes conseils aient servi à quelque chose.


Voix furieuse de papa : MARIANNE KUNTI AHOUEFA MAKAFUI ELLI !!


Je fronce légèrement les sourcils en me tournant vers l’endroit d’où nous parvient la voix tandis que Marianne sursaute. De là où je suis, je peux voir son cœur rater un battement. 


Marianne en mode panique : doux Jésus, je suis cuite !


Moi : en même temps ça répond à ta question non ?


Papa arrivant à ce moment-là : dans mon bureau tout de suite.


Il l'a dit d'un ton sec et glacial en lui lançant un regard noir, signe  qu’elle est sur le point de passer sous la guillotine. Autant dire qu’il reprend peu à peu son autorité donc rebonjour la dictature. Je le regarde refermer son bureau et regarde Marianne juste ensuite.


Moi : qu’est-ce que tu as fait ?


Elle hésite deux secondes avant de répondre d’une petite voix.


Marianne : j’ai raté les partiels.


Moi (lui lançant un regard aigu) : quoi ? Comment ça ? Pourquoi ?


Marianne balbutiant : je, il, il faut que j’y aille.


Moi : vient me voir quand tu finis avec lui.


Marianne dans un soupir : ok (sur le ton de la plaisanterie) je sens que je vais passer une longue soirée.


Elle s’éclaircit la voix en voyant que ça ne m’amusait pas du tout avant de foncer dans la cour d’assise de la maison. (rires) J’ai fini par rentrer dans ma chambre, et une fois-là, je vais faire ma toilette et reviens m’allonger en travers du lit en jogging en cogitant sans cesse sur son échec. C’est bien la première fois que ça arrive. Il est vrai que c’est une élève moyenne, traînant des lacunes dans quelques matières, mais de là à échouer ? Il va falloir se pencher sur son cas.


Ping SMS.


Je prends le téléphone et le redépose avec agacement quand je m’aperçois qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de Ruth. Voilà un autre cas sur lequel je dois sérieusement me pencher parce qu’elle commence à me faire chier. Vraiment !!




Noémie….


Je rentre à la maison avec les nerfs à vif à force de ruminer ma rencontre avec Armel et sa grosse doudoune. Ça s’est passé il y a trois heures, mais ça m’énerve toujours autant. D’autant plus qu’il m’a carrément snobé, tchippp ! Il est bien vite passé à autre chose le beau-frère, même pas attendre six mois après le départ de Debbie. Quand je pense qu'il criait sur tous les toits qu'elle est le grand amour de sa vie ! Les hommes ! De quoi je me plains même ? Lorsque l’autre a décidé de partir comme une voleuse sans donner la moindre nouvelle depuis lors. (soupir frustrée) On ne cesse de s’inquiéter pour elle, mais apparemment elle n’a rien à faire de nos inquiétudes, nos ressentiments. Rien ! C’est même   ça qui achève de me mettre en rogne.  


Je coupe le contact une fois devant la concession de mes grands-parents, salutation rapide de loin à ma mère et Sophie assises sur un long tabouret devant le kiosque et je trace directement dans ma chambre, c’est-à-dire l’ancienne chambre de Debbie. Je jette mon sac sur le lit et dépose la clé de moto ainsi que le sachet de course sur la table pour aller me soulager un coup. Au retour, je trouve Sophie qui ressort de la chambre alors que je me prépare à y entrer. Elle se met de côté pour me laisser passer en fixant un regard inquisiteur sur le mien.


Sophie me suivant : qu’est-ce que t’as ? (s’affalant sur le lit) Tu en fais une de ces têtes.


Moi grinchant : vire tes sales pattes de mon drap, je l’ai changé ce matin.


Elle se redresse et me regarde les sourcils haussés.


Sophie : ok, je reprends ma question, qui est-ce qui t’a énervé ?


Moi : pourquoi tu me poses cette question ?


Sophie : je te pose cette question parce que tu sens la foudre à des kilomètres. 


Moi : tes rhétoriques à deux balles-là tchiiipp ! Personne ne m’a énervé, c’est juste que j’ai croisé notre entre griffes,  beau-frère en charmante compagnie en allant faire des courses pour Paterson.


Sophie : juste ça ?


Je lève subitement des yeux plissés sur elle.


Moi ton scandalisé : comment ça « juste ça ? » Tu trouves normalement qu’il sorte une autre de là à là ! 


Sophie : mais qui est-ce qui dit que la fille que t’a vue est sa copine ?


Je stoppe mes gestes et la regarde genre « tu es tombée sur la tête ou quoi ? »


Moi : non mais tu es sérieuse là ? Une femme et un homme qu’est-ce que ça fout ensemble ? 


Sophie : tout le monde n’est pas comme Paterson et….


Le regard foudroyant que je lui lance l’empêche de terminer sa phrase.


Sophie se recouchant : bah en même temps dagan est partie donc il a le droit refaire sa vie.


Moi haussant le ton : seulement trois mois après ?


Sophie le ton rieur : mais je ne comprends vraiment pas pourquoi tu te mets dans des états pareils.


Je souffle en prenant place sur une chaise parce que celle-là commence à faire monter ma tension.


Moi : jusqu’à preuve du contraire, lui et Debbie ne se sont pas dit merde !


Sophie haussant l’épaule : on est sûr de rien.


Moi : et figure-toi qu’il n’a même pas daigné nous présenter, ça prouve qu’il a quelque chose à se reprocher.


Sophie roulant des yeux : tu sais bien qu’il ne veut plus rien à voir avec tout ce qui lui rappelle de près ou de loin dagan. Il a d’ailleurs changé de trajectoire pour éviter de croiser l’un d’entre nous, faire camoufler la voiture qu’il lui a offerte. Ça, ça prouve qu’il n’est pas du tout passé à autre chose.


Moi la toisant : je peux savoir pourquoi tu prends sa défense ?


Sophie se pinçant la lèvre : mais je ne le défends pas ! J’exprime simplement l’idée que j’ai de la situation.


Moi : oui, c’est ça ! De toute façon ça n’engage que Debbie, elle l’aurait voulu.


Sophie ton las : et ça recommence ! 


Moi la fixant : oui oui je le dirai autant de fois que je voudrai, elle n’aurait dû jamais partir comme elle l'a fait et se comporter comme si nous étions tous coupables de ce qui lui est arrivé. 


Sophie : on est toutes les deux d’accord que se faire violer, perdre pas un, mais deux enfants est un poids trop lourd à porter.


Noémie : ça ne justifie pas le fait de tout abandonner, sans songer à ceux qui comptent sur elle. Elle n’a fait que penser à elle-même !


J’ai dit la dernière phrase en haussant un peu le ton, du coup, elle synchronise.


Sophie : pour une fois !


Je la regarde sans trop piger.


Sophie baissant d’un ton : pour une fois qu’elle a choisi de faire ce qu’il y a de mieux pour elle sans penser à nous tu vas passer ta vie à la blâmer ? Depuis le temps que tu radotes à propos de cette histoire, est-ce que tu as pris le temps de te mettre à sa place, d’imaginer comment elle doit se sentir. Le pourquoi elle en est venue à prendre une décision aussi radicale et dévastatrice pour son entourage, et même pour elle-même ? Elle a sans doute ses raisons Noémie, tu devrais essayer de la comprendre.


Moi : quel genre même !? Quelles raisons ? Je te rappelle qu’ici, elle a toute sa famille, ses amis, son chéri, enfin bref ! Il était prêt à la soutenir, nous étions tous là pour elle, mais elle nous a tous envoyé paître pour ensuite faire la morte. On ne sait même pas comment elle va ni ce par quoi elle passe en ce moment. Elle a peut-être fait une autre tentative de suicide ou elle est même déjà morte à l’heure où nous parlons…


Sophie dans un souffle : ne dis pas n’importe quoi. Tu as été témoin de combien de fois elle en a souffert, la psychothérapeute, nos soutiens, rien, nous n’avons rien pu faire pour la soulager. Alors si se retirer du monde est la solution idéale qu’elle a trouvé grand bien lui face !   


Moi : nous n’en savons rien Sophie et c’est ça qui m’énerve ! (la voix enrouée) Ça m’énerve de ne pas savoir, j’aimerais tant l’aider.


Sophie me regarde avec désolation quelques secondes avant de reprendre la parole.


Sophie : moi, je suis confiante qu’elle se porte très bien, pas de nouvelle bonne nouvelle a-t-on l’habitude de dire. Je sais en plus qu’elle a dû prendre cette décision par dépit et je répète, elle doit avoir une excellente raison. Je connais ma sœur et je sais qu’elle ne prend jamais de décision à la légère qui plus l’éloignerait de tous ceux qu’elle aime et de tout ce qu’elle a passé sa vie à construire. Tout ce qu’on peut faire, c’est de prier le seigneur qu’il veille sur elle peu importe l’endroit où elle se trouve.


Moi essuyant une larme rapidement : c’est dur ! Trop dur !


Sophie avec compassion : es la vida. 


Moi : ce qui veut dire ? 


Sophie : la vie est ainsi faite.


Moi : et tu ne pouvais pas le dire en français. Toi, depuis que tu as regagné le lycée, tu t’emmènes ici avec un genre.


Sophie amusée : je m’entraîne à parler l’espagnol, ce n’est pas ma faute si tu n’as pas d’atomes crochus avec les langues étrangères.


Moi : tchhhrrrr va là-bas !


Elle a un rire moqueur qui finit par m’agacer. 


Moi : sort de ma chambre, et puis tu m’énerves avec ton éternel optimisme.


Sophie (prenant un ton poétique) : relativiser, ça rend plus belle la vie. Tu auras des rides plus tôt que prévu à force d’être tout le temps grincheuse et de t’inquiéter pour tout et pour rien.


Moi : c’est ça ! Sort sort !


Sophie (faisant fi de mes humeurs) : quelque part ça t’arrange que dagan soit partie, tu n’as même pas entendu pour venir squatter sa chambre.


Moi : en même temps, on n'allait pas laisser la chambre vide.


Sophie : et tu nous interdis l’accès !


Moi : parce que tes frères me retournent la chambre, je n’aime pas le désordre. Pourquoi même, je te réponds ? Part là-bas !


Sophie riant : on aurait même dit que c’est toi la femme enceinte de cette maison, dada n’est pas si irritée que toi.


Moi : elle ne peut pas, trop de problèmes dans sa vie.


Cette fois, nous rions ensemble toutes les deux. Un fou rire, je dois dire.


Voix de Paterson depuis la porte d’entrée : bonsoir, je peux venir partager votre joie ?


Moi levant les yeux au ciel : voilà un autre !


Sophie : ta vieillesse sera une épreuve, une rude épreuve !!


Moi martelant : toi dégages d’ici !!


C’est en riant qu’elle salut Paterson qui nous rejoint dans la chambre avant de s’éclipser.


Moi (regardant Paterson venir vers moi) : Tsévié boy !


Paterson : en général, on accueille son petit ami avec  sourire et câlin.


Moi : en général les petits amis ça vient chez sa petite amie avec un paquet en main.


Paterson sourire en coin : pas besoin si le paquet est avec la petite amie.


Je lui lance un regard d’incompréhension.


Paterson (prenant les courses qu’il sort en détail) : le Ferrero Rochet, c’est pour toi.


Moi le sourire jusqu’ààà : c’est vrai ??


Paterson : ouais, maintenant, je peux avoir mon bisou et mon câlin ?


Je hoche la tête pendant qu’il s’approche de moi et c’est pile à ce moment que ma mère décide de m’interpeller. C’est sa botte lorsque Paterson franchit la porte de la maison. J’ai bien compris qu’elle ne l’aime pas, mais ça, c’est son problème. Par contre j’ai prévu d’avoir une discussion avec elle à propos de ça. 


Moi allant à sa rencontre : oui maman jumeaux.


Dada : tchhrrrr arrêtez avec ce surnom, j’ai qu’un seul enfant dans mon ventre.


Moi braquant mes yeux dessus : pas sûr inh.


Je le dis en rigolant alors elle pousse un long juron.


Dada : je sors faire un tour, occupe-toi de faire à manger.


Moi : ok.


Dada : ne prends pas tout ton temps dans la chambre pour venir nous faire manger à 23 h.


Moi : est-ce que c’est déjà arrivé dans cette maison ?


Dada : je te préviens seulement, garde un œil sur tes frères.


Moi : mais Sophie et Caroline sont là pourquoi ?


Dada : c’est toi l’ainée.


Moi : anh anh, je ne suis que la cadette. Ta fille ainée est quelque part dans la nature.


Elle m’a lancé un sale regard en tournant les talons. Je souris juste.


Moi : bonne chance, je te souhaite de tout vendre.


Dada : amen !


Aussi bizarre que cela puisse paraître le commerce lui réussit plus bien depuis un certain moment. En plus des épices et les condiments qu’elle vend habituellement, elle se promène avec toutes sortes de produits en liquidation. À 5 h elle sort de la maison et à 10 h elle a fini de tout vendre, pareil pour le soir. On se demande ce qui a changé par rapport à quelques mois plus tôt. (rires) Nous autres ne pouvons pas nous plaindre actuellement. Nos deux parents ont enfin pris leur responsabilité vis-à-vis de nous, même s’ils ne se sont toujours pas rabibochés comme le désire papa. Nos scolarités étant déjà soldées par Debbie, nous n’avons pas à nous inquiéter sur ce côté cette année. Aussi, je peux compter sur le soutien de Paterson. 


Pour en venir à ma relation avec lui, vous l’aurez deviné de toute façon, je ne nierai pas que j’ai toujours eu un béguin pour lui. Ce n’est pas comme s’il était indifférent non plus hein, en criant partout que je suis la chérie de son cœur avec une voix-là qui me faisait chavirer mon cœur. (souriant) Nous étions devenus inséparables pendant la période où Debbie s’est fait agresser et j’ai sauté sur l’occasion dès qu’il m’a annoncé être célibataire et libre. Me voilà donc officiellement la chérie de son cœur ! Bien sûr que je sais pour son ancien penchant sexuel. Il me l’a avoué lui-même avant que je ne me souvienne des allusions que faisait la sister. Pour le moment, il n’est pas question de sexe entre nous, nous prenons le temps de nous connaître. Enfin, c’est l’argument que je lui ai servi afin de gagner du temps pour le jauger un peu. Vous ne croyiez tout de même pas que j’allais me lancer à l’aveugle sans avoir la confirmation qu’il n’est réellement plus de l’autre bord. Pardon de ne rien lui dire ohh, le gars que trop sensible. Un mot de travers et il est parti pour te faire la tête des jours durant.


Je le rejoins et me jette sur lui pour lui faire son bisou et son câlin. Le bisou prend une autre tournure que je stoppe et reste néanmoins assise sur ses jambes  en le regardant amoureusement. Lui aussi.


Paterson : qu’est-ce que tu as ? 


Moi : rien.


Paterson me fixant perplexe : tu es sûr ? Tu fais la même tête que ta sœur lorsqu’elle est contrariée.


Moi dans un soupir : justement...


Paterson : je t’ai déjà dit d’arrêter de t’inquiéter pour elle, elle va bien. Très bien même il faut dire.


Moi plissant les yeux : comment en es-tu si certain ? 


Il se gratte la nuque.


Moi (me redressant brusquement) : enfin, wait a minute ! Et ne me regarde pas comme ça en te disant que c’est la seule phrase que je connais en anglais, j’en connais d’autres.


Paterson sourire moqueur : je n'ai encore rien dit.


Moi : ne change pas de sujet Paterson. En fait toi, tu causes avec Debbie depuis toujours. Vous vous appelez, n’est-ce pas ??


Paterson :…


Moi me levant : oh mon Dieu que j’ai été conne ! Donc tu m’as regardé me plaindre ces trois derniers mois, m’inquiéter à mort alors que tu sais exactement, très exactement où elle se trouve !


Paterson : ce n’est pas ça…


Moi élevant la voix : et c’est quoi ? Hein Paterson !!?


Paterson : un secret professionnel, je suis soumis au code de confidentialité du magazine.


Moi : ne me parle pas le français Atayi, tu as de ses nouvelles ou pas ?


Paterson : Noémie….


Je souffle et me passe la main sur le visage avant de le regarder à nouveau.


Moi : tu… Tu sais où elle est, n’est-ce pas ?


Paterson : Noé….


Moi le coupant net : je ne devrais même pas te poser la question ! À toi elle dit tout, même lorsqu’elle ne veut parler à personne avec toi, elle le fait. Seigneur pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?? Comment ai-je pu zapper sur ce détail ?


Paterson : Noémie tais-toi et assois-toi !!!


Je soupire bruyamment et le regarde avec toute la colère du monde. 


Moi vexée : ça ne se fait pas dans un couple, il s’agit de ma sœur Paterson.


Paterson : est-ce que j’ai déjà dit le contraire ? Seulement n’oublie pas que je suis son confident avant d’être ton compagnon.


Je le regarde en soupirant encore une fois.


Moi : crois moi, je ne vais pas laisser passer ça ! Vas-y donne-moi son numéro.


Il me regarde.


Moi avec humeur : ce n’est pas une demande Paterson !


 Il prend son téléphone en soupirant et me le tend après avoir pianoté dessus.


 Moi lisant à haute voix : +241 ? C’est où ?


Paterson : Gabon.


J’ouvre les yeux et le regarde.


Moi : Debbie est au Gabon ? (oui de la tête) Pour faire quoi là-bas ??


Paterson : elle est en mission.


Bon laissez-moi m’asseoir d’abord.


Moi : donc la sister est partie chercher son argent en fait, elle n’est pas du tout partie pour guérir.


Paterson : lol elle fait d’une pierre deux coups.


Je prends mon téléphone pour relever le numéro, je m’apprête à lancer l’appel quand Paterson me stoppe.


Paterson : tu ne peux pas la joindre à cette heure, elle doit être en réunion. Elle n’est disponible que la nuit et là encore, c’est si elle est en éveil.


Je le regarde complètement larguée.


Moi : donc si je veux bien comprendre, tu es au courant de sa vie en temps et en heure. Hum !


Paterson : c’est mon collègue de travail après tout, nous collaborons toujours ensemble.


Moi (croisant mes doigts sous ma poitrine furieuse, très) : tu ne paies rien pour attendre.


Paterson : rhooo bébé


Je mets mon visage sur le côté en pouffant. Il place un doigt sous mon menton pour m’inciter à le regarder. Ce que je fais, pas sans l’avoir toisé et tchipé.


Paterson : je fais juste ce qu’elle m’a demandé, entre autres veiller sur vous et,


Moi tiquant : donc toi et moi…


Paterson (ne me laissant pas terminer) : ça n’a rien à voir, toi et moi ça ne date pas d’hier et tu le sais. J’ai toujours ressenti quelque chose pour toi. Au début, j’étais dans le déni. Ensuite, c’est apparu comme une évidence.


J’ai un sourire que j’efface aussitôt.


Moi : mais tu m’as quand même caché la vérité !


Paterson : nuance, j’ai respecté la volonté de ta sœur. Je ne veux pas abuser de la confiance qu’elle a en moi.


Moi le regardant : même si ça doit me blesser ?


Paterson soutenant mon regard : même si ça doit te blesser et je suis désolé si c’est le cas.


Moi ironique : quel ami loyal !!


Paterson souriant à moitié : c’est bon, tu me pardonnes ?


Moi quittant devant lui : la vie est si facile inh.


Il soupire et me suit.


Paterson : je me demande comment elle va le prendre si tu l’appelles.


Moi : t’inquiètes pour ça (tenant la porte) il faut que j’aille faire la cuisine.


Paterson : je dois également y aller, mes parents seront là dans une heure.


Moi : tu n’auras qu’à réchauffer les marmites.


Paterson : merci Noémie (me ramenant dernière en m’enlaçant) tu me manques déjà.


Moi : hum !


Paterson m’incitant à le regarder : tu boudes ? Rhoo Noé, je t’ai expliqué ce qu’il en est.


Moi : n’empêche que tu pouvais me le dire, je n'irai pas le révéler à tout le monde. Même si on  s’inquiète tous pour elle.


Paterson : tout ce que je peux te dire, c’est que ce n’est pas de gaieté de cœur qu’elle est partie.


Moi : qui l’a obligé à le faire ? 


Paterson : elle a ses raisons Noémie. 


Moi : lol Sophie m’a sorti la même chose tout à l’heure.


Paterson (croisant ses bras derrière mon cou, la voix suave) : ah ouais ? (oui de la tête) Elle est plutôt futée Sophie. Et du coup, je me demande si j’ai choisi la bonne sœur.


Moi : ha-ha. Bonne soirée Paterson.


Paterson : tu me chasses ?


Moi le fixant : oui, je t’en veux. Je vous en veux...


Sans m'en rendre compte, il colle sa bouche contre la mienne en forçant la barrière de nos lèvres. Obligée de répondre, loleuh. 


Paterson (mettant fin au baiser) : tu m'en veux encore. 


Je hoche seulement la tête.


Paterson : tu m'en voudras encore si je te dis qu’elle veille sur vous depuis sa position ?


Moi : surtout que tu es son œil ici.


Paterson : l’argent que je te donne tous les mois, tu penses que ça vient de qui ?


Moi : wait a minute (il rigole) c’est Debbie ?


Paterson : techniquement, je le  retire d’un compte qu’elle a ouvert pour vous.


J’écarquille seulement les yeux, hébétée.


Paterson amusé : Debbie est partie, mais elle est là.


Moi sortant de mon hébétude : donc l’argent que tu me donnes ne sort pas de ta poche !?


Paterson : rire* non.


Moi : quelle déception !!!


Là, il éclate de rire. Non mais sérieusement, j’étais dans un rêve en fait. Moi qui pensais avoir un copain prévenant et tout sachant que ma part-ci ne sort jamais le moindre sous pour faire plaisir à autrui. Non mais il faut absolument que je corrige vite le tir, très vite ! Sa grande théorie selon laquelle « la femme doit participer aux finances du couple » qu’il nous a sorti un jour au restaurant, ce n’est même pas avec moi qu’il le fera. Si je dois le faire, ça sera de ma volonté propre. Ce n’est pas une histoire d’être matérialiste ou mendiante. Un homme, un vrai se doit d’assurer le minimum à sa chérie qu’elle soit active ou pas. Ce n’est pas seulement bomber le torse et voûter l’épaule d’avoir une belle femme à ses côtés. Il faut en prendre soin du moment qu’on a les moyens de le faire. C’est mon avis et je le partage.

























Le Maître du jeu 3