La face cachée_Acte 2
Ecrit par Farida IB
Aout.
Debbie.....
Armel : vas-y ! Non wait.
Moi soupirant : quoi encore ?
Armel : dit le si je t'agace déjà.
Moi soupire débitée : Mel parle que je quitte ici, je suis mal garée.
Armel : et alors ? On s'en fout !
Moi : fous-toi en l'air également lorsqu'un mauvais conducteur viendra nous ramasser.
J'ai à peine parlé qu'on attend quelqu'un klaxonner derrière.
Moi : voilà, c'est ce que je disais.
Armel : rien à foutre ! Tu viens me chercher chez Ro à la descente.
Moi plissant les yeux : ah...
Armel me coupant net : Alex a un rencard et Magnime passe la soirée chez Ro. Je ne veux pas tenir la chandelle.
Moi : bah, c'est simple ! Que l'un d'entre eux te dépose directement à la maison après la séance muscu.
Ping ping !
Armel : c'est notre aprem chill aujourd'hui !
Moi : souffle* Mel je ne sais même pas à quelle heure je sortirai ce soir.
Armel : tu t'arranges, c'est tout. Et encore il faut que je te dise déjà, ne me laisse pas en plan pour venir me sortir tes excuses à deux balles.
Pinnnnngggggg pinnnnnggggg Piiiinnnnnnnnnnnngggggg !!!!
Moi (jetant un regard à travers le rétroviseur, exaspérée) : une minute ! Sourire*, Salut Ro !
Armel se tourne pour le regarder et ils se sourient en faisant une grimace du doigt puis Romeo actionne de garer sur le bas-côté puis de descendre de sa grosse moto cylindrée.
Armel reprenant : on est d'accord que tu viens me chercher.
Moi : je ne te promets rien. Enfin, je te fais signe si je peux venir. Sinon je t'appelle un Gozem.
Armel : ça, je peux le faire moi-même. Ce que je veux, c'est partager le trajet avec ma meuf.
Moi : c'est pour ça que tu as laissé ta voiture ?
Romeo : salut les amoureux (s'abaissant à ma vitre) la plus belle de tous les temps, c'est comment ?
Moi : ça va Ro et toi ?
Romeo : posey, on se cache pour mourir !
Moi lui souriant : je suis là pourtant.
Romeo regardant Armel en biais : pour lui, oui. En plus, il mange les bonnes choses le veinard.
Moi : rire*
Armel amusé : couillon va !
Romeo : couillon toi-même, sale con ! (me fixant) Sinon Deborah dis-moi ce qu'il te donne pour devenir aussi bonne au jour le jour.
Armel au tac : une bonne dose d'amour.
Moi : lol disons ça.
Romeo : ouais, j'en suis témoin ! (me regardant d'un air menaçant) Eh, j'espère que tu ne nous dribbles pas parce que sinon, c'est moi-même qui vais te tacler sans ménagement en plus !
Je souris à cause de son ton qui se veut menaçant.
Moi : pas moyen que je vous dribble en tout cas.
Romeo ton préventif : j'ai pris bonne note de l'information, j'espère que toi aussi.
Moi : sourire*, c'est reçu 5/5.
Romeo : « ékom» ravi.
Il l'a dit avec un accent francisé qui me fait rire doucement pendant qu'il détourne son regard pour s'adresser à Armel.
Romeo : bon petit je serai au poste, Lex est déjà là ?
Armel : assurément.
Romeo : ok, on se prend. (à moi) Ma petite Deborah, on se fait ça.
Moi : salement, je n'aime pas quand c'est calme.
Il hausse les sourcils d'un air étonné. Du coin de l'œil, je peux voir Armel qui me jette un regard réprobateur.
Romeo : t'es un danger public toi !
Moi me pinçant la lèvre : je le prends comme un compliment.
Il secoue la tête amusé et je suis sa progression vers la salle de gym avec un sourire au coin des lèvres.
Moi : dis entre Magnime et lui, c'est toujours l'amitié comme ça ?
Armel la voix tendue : selon elle.
Moi (regardant Romeo disparaître derrière la porte vitrée) : la mauvaise foi ! Elle gaspille les ways celle-là, elle ne sait vraiment pas ce qu'elle rate. Mon Dieu qu'est-ce qu'il est sexe ce mec !
Je me rends compte que j'ai pensé la dernière phrase tout haut lorsqu'en me tournant, je tombe sur la mine froissée d'Armel. Je synchronise pour faire genre.
Moi : qu'est-ce qu'il y a ?
Armel ton agressif : à toi de me le dire !
Moi ne relevant pas : ok ça peut attendre ce soir non ? L'heure tourne là.
Armel ouvrant la portière : comme tu veux (posant le pied à terre) ce n'est plus la peine que tu viennes me chercher, je vais me débrouiller. Néanmoins, je t'attends chez moi ce soir.
Moi : mais tu ne veux plus partager le trajet avec tu amor ?
Armel sec : ça ira, je te dis.
Je me pince la lèvre pour bloquer mon rire.
Moi : ah oh, c'est toi qui vois.
Armel : je t'attends ce soir Deb.
Moi : oui monsieur.
Il descend.
Moi : Sé, et mon bisou ?
Il me lance un de ces regards là (rire) je mets le contact amusée. Alors que je suis en train de démarrer la voiture (la mienne s'il vous plaît) je sens un baiser mouillé sur ma joue gauche. Je tourne ma tête direct et sans qu'il ne s'y attende je capture ses lèvres. Il reste quelques minutes inactif étant sous le coup de la surprise avant de se pencher un peu plus vers moi pour approfondir le baiser. J'ai dû couper court à un moment donné.
Moi (essuyant du rouge à lèvre sur les siennes) : à ce soir, sois bien sage mon amour.
Il a un sourire béat, affaire classée.
Armel : je te retourne la prescription.
Moi : je suis toujours sage.
Armel : hum.
Moi : lol tu sais bien que je suis à toi. À toi pour la vie.
Il sourit et vient m'embrasser brièvement.
Armel : fait attention à toi.
Moi : ok, je peux y aller là ?
Il secoue la tête de gauche à droite.
Moi soupirant : Sé s'il te plaît.
Armel riant doucement : nan vas y, c'était pour te taquiner.
Moi (secouant la tête amusé) : bisou bé.
Armel : bisou mi amor.
Il me regarde jusqu'à ce que je démarre ma petite Nissan Micra, cadeau de monsieur pour mes 21 ans. L'amour est mou lol.
Huit mois, huit longs mois ont passé depuis notre escapade à Dakar et je ne peux pas affirmer que tout va relativement bien. C'est vrai que j'ai ma licence en poche et j'ai surtout pu prendre mes marques au magazine. Ce qui veut dire missions, responsabilités et tâches supplémentaires que j'arrive néanmoins à gérer sans réel stress. Et même encore, je me suis lancée dans la rédaction web en sous-traitance avec Djifa. En principe, c'est elle qui trouve le plus les contrats et nous nous partageons les tâches ainsi que les revenus qui servent à alimenter un compte en banque que j'ai ouvert pour "mes aînés" en plus de mon salaire à Tina'sGlam. Parce que oui, là-bas aussi, je continue à prester. Ça me fait moins de cheveux blancs pour leurs études et tout le reste. Encore une fois, ils m'ont prouvés que tous ces sacrifices en valent le coup. Noemie a décroché le bac D avec mention bien ! Il va sans dire qu'il m'a fallu déployer des gardes fous à un moment donné. (nous y reviendrons ! ) Sophie passe en troisième et Caroline au CM1 toujours dans les cinq premiers et notre grand frère Junior fera la grande section de maternelle à la rentrée. Rire*, c'est quand même un pas géant vers l'avenir.
Toutefois, l'activité avec Djifa est au ralenti depuis son accouchement il y a quatre semaines. Elle nous a ramené un mignon mari. Espoir, se prénomme-t-il. Son baptême est d'ailleurs prévu pour ce samedi et Armel et moi sommes respectivement parrain et marraine. Un challenge que nous avons arraché à Romeo et Magnime qui ont cependant remporté le challenge du best man et de la dame de compagnie. Comme vous l'aurez sans doute compris, Djifa et Ange se diront " Yes, I do" en décembre prochain. J'entends par là la cérémonie civile et religieuse puisqu'ils comptent faire la cérémonie de dot juste après le baptême de bébé Espoir.
Le côté obscur à présent !
Bof j'ai souscrit à une assurance-vie pour moi-même. (ça ce n'est pas une mauvaise nouvelle en soi lol) Avec tout ce que monsieur mon chéri me vire à chaque fin de mois, j'ai dû faire recours à un gestionnaire qui m'a suggéré cette idée. Il faut le dire, c'est son année de douahou (bonheur, chance) d'argent. Ça a commencé par son père qui comme d'habitude a payé son silence avec un véritable pactole par rapport à l'affaire Cassmachin, même si ça a servi à pas grand chose finalement. Cette histoire continue de faire des vagues. C'est plus que jamais la guerre froide entre sa femme et lui. Maman Eunice a posé un ultimatum comme quoi tant qu'ils ne lui révèlent pas la vérité sur mon insinuation, elle fera de leurs vies une misère et ce n'était pas des mots en l'air ! Du coup ça fait des mois que c'est tendu chez eux là-bas. C'est Mel qui subit le plus parce que tonton Fulbert comme je l'appelais à une époque donnée ne dure pas dans un mauvais rêve. Je l'ai vu en tout deux fois cette année. La première fois à notre retour de Dakar et lorsqu'il est passé leur rendre une visite éclaire au repas de Pâques. Bizarrement, mais fort heureusement, elle me tient à l'écart de cette histoire donc c'est moi qui sers souvent d'intermédiaire entre la mère et le fils.
Bref tout ceci désespère votre pote alors il se laisse souvent dominer par ses émotions. Cela fait en sorte qu'il devient de plus en plus susceptible à la limite soupe au lait. Je passe par toutes les phases avec lui. Il me faut prendre des gants, marcher sur des œufs, me faire petite au quotidien sans relâche. Pendant ce temps, outre ses études et son travail, il n'a plus de passion à part moi. Je suis devenue sa mère, sa complice, sa moitié, son bonheur, son roc, la seule et unique madame de son cœur comme je l'ai toujours souhaité. Bien entendu, je suis plus que satisfaite de notre nouvelle relation. Je l'aime d'ailleurs encore plus qu'avant et ça me fait plaisir qu'il me traite comme une reine, qu'on soit toujours là l'un pour l'autre. Mais d'un autre côté, il est devenu plus jaloux qu'avant, possessif, collant et mièvre et du coup son attitude est presque qu'étouffante. Franchement, entre lui et les maux de tête que ma mère ne cesse de me donner du fait de ses histoires avec son mari en plus de devoir faire face à Angèle qui n'a que mon prénom dans sa bouche, je craque, et même que je suis complètement à la masse. Angèle par contre je ne gère pas. J'ai donné du moins Mel a insisté pour qu'on donne un fond de commerce à sa mère destiné à leur survie. Donc je ne sais plus ce que la fille me veut. Enfin bref elle-même là-bas !!!
Je me gare une fois sur le parking aménagé de l'immeuble et vais chercher mes affaires sur la banquette arrière avant de tracer dans les locaux du magazine. Je me dirige vers mon bureau en échangeant des salutations avec les collègues comme nous avons coutume de le faire, mais je remarque qu'ils sont plus souriant que d'habitude. Ce qui est suspect parce qu'avec le temps, je me suis fait des ennemis par ici. Des ennemis invisibles, je précise. En ouvrant la porte de mon bureau, j'ai un mouvement de recul. Ce qui me fait buter sur le torse de quelqu'un. Je me tourne pour voir tout le staff derrière moi.
Eux avec enthousiasme : bon anniversaire !!
Je plisse les yeux et les regarde perdue.
Moi : lequel anniversaire ? Celui que j'ai déjà fêté ?
Ils se contentent de rire. Paterson (oui ça a changé) sans mot dire se fraie un passage jusqu'au panier posé sur ma table, y prend une bouteille de rosée qu'il ouvre prestement.
Moi : bon ok, quelqu'un veut bien m'expliquer ?
Véronique roulant des yeux : genre, tu ne sais réellement pas !?
Je secoue négativement la tête.
Moi : rien de rien
Paterson : en même temps, elle n'a pas le temps de compter les jours vu qu'elle a tout le temps le nez fourré dans sa machine. (me fixant) Ça fait un an jour pour jour que Natacha nous a fait défilé dans les bureaux pour nous présenter à l'équipe.
J'écarquille les yeux, un an déjà ? Wow, que le temps passe !
Paterson (regardant Natacha qui sourit) : en parlant de ça, je n'ai pas aimé la façon dont tu me reluquais ce jour-là. Je me suis senti à la limite comme un bonbon à la fraise.
Rire général.
Paterson : et toi miss bravoure comme si j'étais un démon, je n'ai pas aimé même !
Moi : rire* je ne m'étais pas trompée en tout cas. Je suppose que tu es derrière tout ça !
Love : et comment !?
Elle a ramené des verres jetables et d'autres filles se sont occupées de servir le vin. Ils ont même prévu un gâteau ! Les choses d'Atayi, le type a toujours quelque chose à célébrer. Où est-ce qu'il a vu qu'on fête l'anniversaire d'embauche ? Les choses qui vont encore faire jacasser un bon moment par ici. Sinon ça fait un moment qu'on s'entend bien lui et moi. Enfin, l'entente s'est imposé à force de collaborer tout le temps ensemble. Il reprend la parole après que nous ayons tous levé nos verres.
Paterson s'adressant à moi : une année de montagne russe ça a été. Les débuts n'ont certainement pas été faciles, surtout avec toi qui me prenais en grippe sans raison apparente ! (je fais un sourire contrit) Mais j'apprécie de plus en plus de partager mon quotidien avec toi (aux autres) avec vous. Mon souhait en ce jour est que les années qui vont suivre contribuent à nous rapprocher encore mieux que ce qui se passe actuellement. Pour le travail sans aucun doute. (appuyant) Quoi qu'il en soit, je ne redoute rien. (me fixant) Bon anniversaire à nous !
Moi : tu as tout dit, bon anniversaire confrère !
On se fait un sourire entendu avant de porter les verres à nos lèvres, les autres font de même. Il y a un embarras certain qui se lit sur des visages et des messes-basses autour de nous, mais il n'en demeure pas moins que nous passons un agréable quart d'heures. C'est le claquement des talons aiguilles de tata Mimi venant des escaliers qui met fin à la petite fête. Les autres se dispersent à pas pressés et j'aide Paterson à remettre le couloir au propre.
Moi : toi !
Paterson : laisse petite, c'était une petite mise au point.
C'est tout ce qu'on se dit, bon pour le moment. On finit ensuite, je vais m'installer sur ma chaise mes affaires, le gâteau et le verre à moitié vide posés sur la table. J'observe une courte prière (ça ne blague plus) avant d'entamer le gâteau que je mange de façon intermittente pendant que je revisite mon to-do list. Je prends ensuite une petite pause technique de quinze minutes. L'idée, c'est de profiter d'un moment de tranquillité et de calme avant d'attaquer la journée proprement dite. Aujourd'hui, je peux espérer passer une journée normale de travail étant donné que Mel consacre son jour de repos à ses potes. Ah oui j'ai oublié de vous dire qu'il est à titre officiel un agent du port autonome de Lomé. Ils lui ont signé un contrat d'occupation d'étudiant dont la durée est bien sûr proportionnelle à ses études universitaires. Coup de surprise de ce côté, il nous a sorti un 16 comme moyenne annuelle, seize ! Au cas où vous ne l'aurez mal lu !! Plus fier que moi à ce moment-là, il n'y avait pas. J'ai claqué deux mois de salaire pour lui organiser une fête d'autant plus que c'était courant la période de son anniversaire. Je crois que c'est tout ça qui le rend encore plus gaga de moi. (clin d'oeil).
Je travaille donc comme une forcenée, à la pause déjeunée, je reçois une livraison de bouffe. N'ayant pas tellement faim, je le range sous la table et joins néanmoins l'expéditeur. Il coupe l'appel à la première sonnerie et m'envoie le fameux « Je te rappelle » automatique. Intriguant ! Je me replonge dans le travail sans plus vraiment y penser jusqu'à 15 h lorsque je décide de prendre ma pause. J'étais en train de mettre de l'ordre sur la table quand j'entends toquer à la porte.
Moi : entre Paterson !
Paterson (passant la tête par la porte) : avoue que tu m'as vu dans ton miroir magique.
Moi : mdr j'ai mieux à faire que de gaspiller mes pouvoirs pour une piètre personne comme toi.
Paterson : comme ensorceler le pauvre Armel par exemple !
Moi (accent francisé avec un geste évasif de la main) : nan, il est déjà dans la sauce lui. Je suis à la recherche d'une nouvelle proie.
Il entre et ferme la porte d'un geste précipité, c'est d'autant qu'il vient s'asseoir pointu devant moi. J'ai juré que je n'ai jamais vu un homme aussi pointu. Et au fait nous ne faisons pas que bien nous entendre, il est devenu mon confident en quelque sorte. C'est un type bien dans le fond, même si mes soupçons se sont avérés. Il fait dans le plantain ! Il me l'a avoué au cours d'une de nombreuses discussions, c'est sorti tout seul pour être plus précis. Il m'a aussi avoué qu'il me harcelait au début parce que j'étais la seule à ne pas jeter mon dévolu sur lui. Personne d'autre ici n'est au courant à part moi. Enfin, les langues de vipères de la boîte sont déjà parties sur l'hypothèse d'un ménage à trois avec Armel qui a également sympathisé avec lui. Je ne sais même plus qui est l'idole à qui. Les deux s'adulent en fait.
Paterson : dis-m'en plus !
Moi sortant ma bouffe : il n'y a rien à dire Pat. Et tu peux aller dire à ta patronne que je ne suis pas dispo.
Paterson : lol si tu pouvais répéter ça devant elle. Ah, j'oubliais presque que c'est ta maman.
Moi m'égosillant : ne sois pas jaloux frère.
Paterson : trop tard, je suis très jaloux même. Il s'en faut très peu pour que je commence à te hanter dans tes rêves comme d'autres.
Moi : rire * pardon mon nom.
Paterson balayant l'air de la main : qu'est-ce que tu n'as jamais vu ?
Moi : une poule qui a des dents.
Il m'entraîne dans son rire.
Moi lui présentant mon plat de Couscous : fais comme moi.
Paterson : ça ira pour moi. Bon ma petite, j'ai une nouvelle fraîche pour toi.
Je pousse le plat jetable et me redresse intéressée.
Moi : je sens que c'est du bon.
Paterson : plus que bon ! On m'a soufflé que la patronna a lancé une promotion.
Moi (faisant un geste évasif de la main) : oh ça, je le savais ! Du moins, elle m'a fait la proposition avant de la rendre publique.
Paterson arquant le sourcil : si je veux bien comprendre, tu l'as décliné ?
Moi : oui
Paterson ton scandalisé : mais pourquoi ? Tu passes rédactrice en chef avec tous les avantages que ça entraîne. En plus ça te donne la possibilité d'aller bosser à l'étranger pendant deux ans.
Moi : j'ai refusé justement à cause de cette contrepartie. Deux ans loin de ma famille, de mes cadets. Tu t'imagines un peu ?
Paterson : ta mère peut bien s'en occuper ! Enfin, si tu mets tous les moyens à sa disposition.
Moi : lol tu n'es pas convaincu toi-même de ce que tu avances !
Paterson amusé : bon, tu aviseras. C'est une véritable aubaine. J'allais tenter ma chance si j'étais rédacteur. Mais vu que ce n'est pas le cas, j'aurais aimé que toi, tu la décroches. Ton profil correspond parfaitement.
Moi : lol même si tu étais rédacteur, tu n'allais pas faire le poids devant moi. Je te bats en un tour, seulement avec mon année d'expérience.
Paterson : en voilà une excellente raison d'accepter ce poste. En un an, tu as efficacement pris la main. Ce n'est pas pour rien que tata Mimi t'a fait la proposition avant les autres.
Moi remuant la tête : il y a trop de facteurs qui entrent en ligne de compte. Tu as pensé à Armel dans tout ça ? Ce n'est pas du tout le moment de l'abandonner à son sort à plus forte raison mes frères.
Paterson : connaissant mon type, il ne va pas rechigner à te suivre.
Moi riant : il en est capable oui.
Paterson : penses-y sérieusement. En ce qui me concerne, je suis prêt à t'aider dans la mesure du possible. Je peux t'aider à monter une interview très propre.
Moi (le fixant ébahie, mais agréablement) : tu feras ça pour moi ? (il hoche la tête) Ohh, c'est trop mims ! Très gentil de ta part.
Paterson : sourire* pas besoin de faire cette tête ! Je suis ton support, par ailleurs le seul dans cette boite. En plus de supporter ta grosse tête sur mes épaules pendant nos voyages.
Moi : Paterson imbécile.
Il rigole et je souris.
Moi : je vais y réfléchir, mais je ne te promets rien.
Paterson : c'est déjà bien de songer à cela. Bien bon, c'était le breaking new du jour. Je reviens au cas où il y a du nouveau.
Moi : mdr je suis calée. Si ça te dépasse, tu peux toujours me balancer un message.
Paterson clin d'œil : ce n'est qu'un rappel.
Moi : il faut ça parfois ! Sinon ça te dit un after histoire de te remercier pour la surprise ce matin et célébrer notre année de service en bonne et due forme ?
Paterson faisant mine de réfléchir : ce soir, non, j'ai un truc de prévu avec Daniche. (son partenaire, enfin, ce que vous voulez) Si tu veux vendredi.
Moi : ok pour vendredi.
Il acquiesce et me laisse sans plus tarder. Je soulève mon plat que je pose sur ma main plate en m'adossant et mange en réfléchissant à notre discussion. A priori, c'est une belle opportunité comme il le dit. On parle d'un salaire dans les millions sans parler de la prime de mission. Cependant, je l'ai également dit, il y a trop de facteurs à prendre en considération. Il y a ceux que j'ai mentionnés plus haut qui sont les plus essentiels, mais la vraie raison pour laquelle j'avais décliné l'offre de tata Mimi en personne est plus mystique qu'autre chose. Je crois que Paterson l'a insinué, mon poste dans cette entreprise ne fais pas forcément des heureux autour de moi dans la mesure où tata Mimi me met dans une position de supériorité depuis mon intégration. Ça va des missions hors du pays aux grosses interviews qu'elle me confie au détriment de certains collègues plus expérimentés que moi, j'avoue. En fait, j'ai compris que c'est sa manière de me hisser dans la haute sphère comme promis. Et il faut le dire, je commence petitement à gagner en notoriété. Pas que je sois populaire à son instar, mais de Lomé jusqu'à Cinkassé passant par la sous-région on me connaît en tant que son bras droit. À cela, s'ajoute Armel qui me met sur un piédestal comme si j'étais Wonder Woman. En tout cas, je ne me plains pas. Seulement que cette affirmation de ma mère « le diable est toujours à côté de ton bonheur, reste toujours sur tes gardes » a pris tout son sens. Je suis un peu plus chaque jour la cible du mauvais œil, des persécutions nocturnes, de pamphlets. Mais bon ma grande mère a sentit ça de très loin et a pris des dispositions selon elle. Elle est même partie dans les prédictions qu'il y a un danger qui plane sur ma tête. Les trucs qui m'ont fait faire un jeune sec pendant un mois parce que les visions de ma grande mère ne sont jamais anodines. Noémie en a fait les frais très récemment.
Ping SMS.
Armel : « Bonsoir, au retour passe directement à Cassablanca »
Je plisse les yeux en lisant le message. À la fin de la lecture, je réponds machinalement.
Moi : « Bonsoir bé, il y a un souci ? »
Armel : « Tu le sauras d'aussitôt. »
Ah ? Je l'appelle direct.
Armel d'entrée de jeu : tu sors à quelle heure ?
Moi : je pense que je peux rentrer à 16 h 30.
Armel : tu penses ou tu rentres à 16 h 30 ?
Moi : je rentre à 16 h 30.
Armel : ok passe directement à la villa.
Moi : Sé dis moi ce qu'il y a.
Le fait est que je sens comme un air frustré dans le ton de sa voix.
Armel : tu le sauras d'aussitôt, bye.
Il raccroche sans me laisser en placer une. Un soupir dépité m'échappe. Du coup, je n'ai rien appris de nouveau en l'appelant. Je pousse un soupire prolongé en reposant la nourriture. J'ai perdu l'appétit tout d'un coup. Elli et ses mystères parfois. Je ne le sens pas du tout cette convocation si je pus dire, du tout pas. Bon bof, allons y voir ce qu'il en est.