La fois de trop !

Ecrit par Saria

***Quelques jours plus tard***

***Chez Selma – Fidjrossè – Cotonou, Bénin ***

***Selma***

Aujourd’hui, j’ai day-off. J’ai décidé de la passer tranquillement chez moi. C’est sans compter sur l’objet de mon tourment. Je ne comprends même pas l’idée de débarquer chez les gens à 11h du matin.

 « C’est qui celui-là ?! Depuis quand tu ramènes des mecs chez toi ?! Tu me nargues ! J’attends une réponse ! »

Moi (chuchotant) : Baisse d’un ton, s’il te plaît !

C’est Philippe qui vient faire sa folie chez moi ! Il tonne depuis 10 mn parce que Kader est venu ouvrir le portail quand il a sonné !

Hum… Lol… On est en froid depuis presque trois semaines ; d’habitude il sait que je craque au bout de deux jours, parfois même quelques heures et que je le supplie de me « pardonner ». Cette fois-ci, il a attendu longtemps, il faut le voir la mine serrée me demandant des comptes. Je le regarde dépassée moi-même par mes « choses », comment j’ai pu le supporter tout ce temps ?!

J’en suis là dans mes pensées quand j’entends derrière moi, la baie vitrée qui sépare le hall et le séjour coulisser.

Kader : Tout va bien Selma ?

Avant même que je n’ouvre ma bouche, votre parent se retourne et répond avec hauteur.

Phil : Elle est avec son fiancé… Donc tout va bien !

Chineke ! Comme le dirait maman Adesua ! Donc on est fiancés ?! Deux ans qu’il a du mal à sortir une femme de sa vie… Monsieur est jaloux comme un pou et capricieux comme un mulet et aujourd'hui nous sommes fiancés !

Kader plonge son regard dans le mien, comme si on était seuls… Il attend ma réponse… Je sens un long frisson me parcourir l’échine. Troublée, je murmure.

Moi : Oui

Il se retire tranquillement comme si Philippe n’était pas là. Ce dernier secoue la tête… Tchiip, il joue les offusqués pourquoi ?

Phil : Non mais oh ! Il est carrément chez lui, on dirait ! Ah ça ! Bravo hein Selma ! Bravo!

Moi : Phil, s’il te plaît ! Qu’est-ce que tu veux ? Tu penses sincèrement que tu es en droit de me demander des comptes ?! C’est toi qui es en faute ! C’est toi qui mènes une double-vie ! C’est toi qui t’es fâché et es parti ! C’est toi qui m’as dit que c’était fini !

Phil : Mais non chérie ! C’était pour te punir de m’avoir mal parlé, je…

Moi : Ok c’était alors la punition de trop ! C’est fini là ! Je n’en peux plus de tout ça !

Phil : Quoi ?! Tu me largues parce que tu as trouvé « Musclor » ?

Moi : Pense ce que tu veux !

Phil : Selma ! Selma ! Selmaaaa ! Si je passe cette porte ! Tu ne pourras plus te rattraper !

Je lui fais une révérence en lui montrant la porte ! Je suis fatiguée, épuisée, de tout ça ! Le même chantage, les affronts, l’irrespect ! Oui qu’il s’en aille et que je meure vieille fille. De toute façon j’ai déjà coiffé sainte Catherine, il reste quoi encore ?!

Mais lorsque la porte d’entrée claque et que j’entends le crissement furieux des pneus de sa voiture, mes épaules s’affaissent et je commence à pleurer. Recroquevillée dans mon canapé, le visage entre mes mains, je pleure. C’est horrible de réaliser que tous ses efforts, tout ce pour quoi on a avalé des couleuvres n’en valait pas la peine. Qu’on se soit fait avoir une fois de plus et qu’on en soit toujours à la case départ.

 

***Kader***

Apparemment, le fiancé de Selma est parti. Pas très agréable le bonhomme : hautain, grossier, il a une tête de parvenu. Comment un beau brin de fille comme elle peut se mettre avec quelqu’un comme ça ? Elle est vraiment magnifique, un corps ferme et fin comme une liane, une grosse touffe afro (que j’adore regarder quand elle ne me voit pas) qu’elle module au gré de son humeur. On sent quand même quelqu’un de très seul, manquant d’assurance. Quelqu’un qui se cache derrière de grands sourires.

Quand j’arrive au salon, elle est en train de… pleurer ! Sans bruit, il n’y a que ses épaules secouées de spasmes qui me laissent croire cela. Je me gratte la tête ; moi, c’est la partie du film que je n’aime pas avec les femmes ça. Gauche, je m’avance et m’assois derrière elle, je la sens se figer sans pour autant changer de position, alors je l’attire contre moi. Son dos contre mon torse, et je lui caresse les cheveux ; étrangement ils sont doux et soyeux. Ils sentent bon la vanille. Mes doigts glissent jusqu’à sa nuque et mes lèvres descendent jusqu’au lobe de son oreille, elle frissonne. Mon cœur battant la chamade, je la retourne doucement et commence à faire ce que je brûle de faire depuis le jour de notre rencontre : l’embrasser.

Elle répond à mon baiser avec ardeur et passe ses bras autour de mon cou. C’est la sonnerie du téléphone qui nous interrompt. Elle se détache et va fouiller dans son fourre-tout. Apparemment c’est le boulot, elle s’éloigne pour répondre. J’en profite pour me retirer.

Je ne dirai pas que je regrette mon acte, non ! Depuis, que j’ai intégré cette maison, l’ambiance est de plus en plus électrique. Je sais que je lui plais et elle a le même effet sur moi. Jusqu’ici, chacun de nous a essayé de jouer les aveugles. J’ai tout fait pour garder mes distances car je sentais bien qu’elle avait ses propres problèmes. Je me dirige vers ma chambre, je ne sais pas trop comment elle réagira après cette interruption.

Allongé sur mon matelas posé à même le plancher, je repense aux événements de ces derniers jours, à notre cohabitation. Une routine s’est installée entre nous : chacun dispose de son temps mais les repas, nous les prenons ensemble. Quand elle part travailler, j’en profite pour retaper la maison. Elle m’a expliqué que son père la lui a offerte quand elle est revenue au Bénin après ses études en France. Elle voulait essayer de la rénover elle-même, moi j’ai réalisé que je m’y connaissais en bâtiment. Ne me demandez pas comment, je n’en sais pas plus. J’ai trouvé des instruments dans la vieille remise qui jouxte le garage et je me suis mis au travail.

Quelques minutes plus tard, je l’entends s’activer à la cuisine. Elle ne m’a pas cherché donc… c’était probablement juste un baiser… Rien d’autre. Mec, ressaisis-toi ! Pendant que je m’admoneste, j’en profite pour me changer. J’ai besoin d’aller faire un tour. Arrivé dans le hall, je lance :

Moi : Je vais faire un tour… mais je rentrerai à temps pour manger.

Selma : Ok ! Le repas sera prêt dans une heure !

Moi : As-tu besoin de quelque chose ?

L'homme qui n'avait...