La main mise

Ecrit par ngengeti

La main mise


Cette main que tu as bien dit, ne jamais vouloir demander : « pas de mariage n’est-ce pas ? »


 Cette phrase, je m’en souviens vaguement, m’a mise dans un brouillard mental pour quelques secondes avant de me pousser, telle une tape sèche sur dos, vers une clairvoyance étonnante.

Ce n’était pas vraiment une question. Plutôt une décision unilatérale présentée comme telle.

Je comprenais par cette phrase que la question avait déjà été posée, soupesée dans ses mains à lui, et répondue selon ses critères et références à lui, acquises comme légitimes, justes, évidentes, inamovibles.

Le poids des siècles de traditions le lui permettait.

Cet engagement solennel qui était matérialisé par la demande de ma main ne serait pas partie intégrante de cette histoire. Point. Cela avait le seul mérite d’être clair.

Ce à quoi, après une note personnelle interne bien marquée, enrubannée à la fois :

- de surprise. Nous en serions déjà à ce niveau de conceptualisation de la relation illusoire à peine entamée et dont j’en étais la dernière informée ;

- d’ironie. Eh bien, cette prise en main fut rapide. Est-il possible de se sentir acheté sans être passé par le marchandage usuel ?  J’en ai pourtant eu la sensation. (Tel un morceau de viande acheté en boucherie. J’imagine le boucher dire : emballé, c’est pesé, ça fera tant, ma petite dame. Au revoir ! ;

- de dérision. Tiens, un bon passe temps sous la main, autant en profiter. Je n’étais pas même candidate ni courtisée, encore moins sa « copine » que je n’étais déjà pas mariable d’office. Vendu. Au suivant ! ;

- de déception. Que cela soit si simplement, banalement pris pour acquis qu’il ait mainmise sur ma personne et mes décisions ;

- de résignation. Toute aussi surprenante pour ma part mais après tout, ainsi va le monde dans lequel nous vivons ; et enfin,

- de dégout.


J’ai clairement répondu par un « oui » dont je ne pourrais décrire autrement la teneur ou profondeur de l’acceptation, en dehors des sentiments déjà cités.


Certains disent : quoi ?  « Oui » à quoi exactement ?!

Eh bien, au fait qu’il n’y aura pas de  mariage.

Les imaginations vont bon train : cela implique donc que je fus quoi exactement pour lui ?

Avait-il quand-même ma main autrement? 

A suivre > Avoir la main

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La main