La nouvelle venue
Ecrit par lelechu
Romy
Je me demande bien ce que je suis en train de faire actuellement.
- (Voix ensommeillée) Boris LAMI à l’appareil
- Je ne sais pas pourquoi je vous appelle.
- Qui est ce svp ?
- Jasmine va avoir son bébé. Nous sommes à l’hôpital.
- (Voix paniquée) mais c’est déjà le moment ? elle me disait hier qu’elle était à 8 mois de grossesse ? dans quel hôpital êtes-vous ?
- Saint Marc.
- Je ne sais pas si ça lui fera plaisir de me voir là-bas.
- Il vous arrive de vous comporter comme un homme et non pas comme un gamin ? Je n’ai entendu aucun bien de vous depuis que je la connais. Hier c’était la première fois que je vous voyais et le moins qu’on puisse dire c’est que votre visite ne lui a pas fait du bien. Et franchement je ne vous aime pas mais je suis là en ce moment entrain de vous informer que la femme que vous avez mise enceinte et abandonnée lâchement va mettre votre bébé au monde et vous me sortez des excuses à la con. Remuez-vous le cul, putain !
J’ai raccroché sans autre forme de procès. Je n’aime pas ce type. Je le trouve un peu trop con. Je me demandais ce qui me poussait à l’appeler mais je regrette carrément maintenant. Hier bien que je mourrais d’envie de lui foutre mon poing sur la gueule, je me suis retenu. Il semblait bien assez mal en point. Ça m’a réconforté de le voir souffrir autant. Et à contre cœur, j’ai du aussi me rendre à l’évidence que les 2 s’aiment réellement. Il n’y avait qu’à voir comment ça crépitait entre eux. J’ai expérimenté le divorce. Je sais reconnaitre 2 personnes qui s’aiment et 2 personnes qui ne s’aiment plus. C’était notre cas à mon ex-femme et moi. Il n’y avait plus d’amour. Notre divorce s’est fait sans chichi. Tout ce qu’elle voulait c’était être libéré de moi et de même pour moi. Il n’y avait plus rien entre nous. Même pas de haine. Juste de l’indifférence. Mais quand ce type est arrivé hier, Jasmine a changé. Le langage de son corps était différent, elle a lutté du mieux qu’elle a pu pour cacher son trouble. Elle a surement réussi à le berner lui mais pas moi. C’est pourquoi malgré la colère qu’elle ressent vis-à-vis de lui, je l’ai informé. Ça lui fera plaisir de le trouver à ses cotés à son réveil. De toute façon, elle-même lui a toujours reconnu ce droit-là malgré tout ce qui les séparait. Sous l’effet de la colère, on dit beaucoup de chose qu’on ne pense pas vraiment. Quant à cet André, je vais m’en occuper personnellement pendant que les parents seront occupés avec leurs bébés. Je vais lui faire passer l’envie d’abuser des femmes, moi !
Boris
Hier soir, j’ai atterri chez André et j’ai bu comme un trou avant de laisser libre cours a mes larmes. Je me suis laissé emporté par le sommeil vers 7h du matin et à 10h, mon téléphone sonnait avec insistance. J’ai décroché surement par reflexe. Là je suis habillé et je m’apprête à foncer à l’hôpital. Ce type n’a pas pris de gants pour s’adresser à moi. D’ailleurs il a avoué ne pas m’aimer. Ça m’a blessé dans mon amour propre tout ce qu’il m’a balancé au visage. C’est facile pour lui de me juger. Qu’est ce qu’il sait de moi ? il vient d’arriver et il n’a eu que la version de Jasmine. Je ne dis pas qu’elle m’accuse à tort ou qu’elle a menti mais même si mes réactions peuvent paraitre immatures et insensées, j’avais mes raisons. Personne n’a jamais essayé de me comprendre. On m’a toujours dit que je fais mal les choses sans chercher à comprendre mes émotions. Ce qui est injuste.
Je ne sais pas si André est la mais je vais taper à la porte de sa chambre. Je me suis préparé en 10 minutes chrono.
- Oui ?
J’ai ouvert et sans le saluer, j’ai enchainé.
- J’y vais. Jasmine va avoir notre bébé.
- Calme toi mec. Viens t’assoir.
- Je ne peux pas. C’est son ami qui m’a appelé pour m’informer. C’est pour bientôt. Je ne veux pas arriver trop tard.
- Le blanc bec ?
- Oui, tu le connais ?
- Oui, je le connais mais on va en reparler. Viens je te conduis à l’hôpital.
- Non, je peux y aller. J’ai ma voiture.
- Tu as vu comment tes mains tremblent ? (Je lève mes mains et les regardent, elles tremblent effectivement). Le but n’est pas que tu te retrouves hospitalisé dans la même clinique quelle mais que tu sois plutôt là pour la soutenir et lui témoigner ton amour.
Je soupire et passe mes mains tremblantes sur mon visage.
- Je suis mort de trouille Andy. J’ai l’impression que j’ai toujours merdé avec elle. Je ne sais pas si je serai un bon père. Et puis elle a seulement 8 mois de grossesse d’après ce qu’elle m’a dit hier. Je ne comprends pas pourquoi elle est déjà entrain de mettre au monde notre enfant. En plus, jusqu’à hier, je l’avais complètement délaissé parce que je doutais de la paternité de l’enfant. Je suis mort de honte Andy. Quel genre de père suis-je ? qu’est ce que je dirai à mon enfant demain ? comment je vais regarder Jasmine désormais ? que vais-je devenir sans elle ? parce que j’ai vu dans ses yeux à quel point je l’avais blessé. Est-ce qu’elle trouvera un jour la force de me pardonner ?
- Hey ! Calme toi mec ! tu vas faire de l’hypertension si tu continues comme ça. Je peux te donner mon avis objectif ?
- Oui stp !
- Depuis le début de ton histoire avec Jasmine, tu t’es toujours conduis comme un idiot. Quand vous avez repris dernièrement, nous avons tous pensé que cette fois c’était la bonne mais encore une fois tu as merdé. Heureusement que Jasmine, elle, a su tirer leçon de tout ce que vous avez vécu. Elle est devenue une femme forte, rationnelle et mature. Sinon tu l’aurais brisé cette fois plus que les autres fois. Boris, il n’existe pas de relation parfaite. Quand tu trouves déjà quelqu’un qui t’aime assez pour supporter tes imperfections et tes défauts, tu fais tout pour la garder. Regarde-moi. Je suis toujours célibataire alors que j’ai tout ce qu’il faut à un homme pour que les filles lui courent après. Mais je n’ai pas encore trouvé celle qui en vaut la peine. Toi tu l’as trouvé. Elle t’a accepté marier, en instance de divorce, silencieux, méchant, violent, immature, incohérent, et j’en passe. Elle t’a toujours accepté comme tu étais Boris. Elle a déconné aussi c’est vrai mais ça c’est parce qu’elle est humaine. Le seul truc que je te reconnais, c’est ta fidélité à Jasmine. Depuis que tu as reconnu officiellement être amoureux d’elle, tu n’as plus posé les yeux sur une autre femme. C’était Jasmine que vous soyez ensemble ou non, c’était Jasmine que ça aille bien entre vous ou non. Ils sont rares les hommes comme ça. Je sais que tu n’es pas méchant, tu te laisses juste dominer par tes émotions alors qu’un homme doit à un moment aller au-delà de ses émotions pour appréhender les choses avec plus de lucidité. De toi à moi, depuis le début, tu savais que Jasmine était incapable de te tromper avec assane, tu le savais au plus profond de toi. Mais parce que la vidéo qu’il t’a envoyé t’a blessée, tu as voulu la punir d’avoir couché avec lui-même si en ce moment-là elle n’était pas avec toi. Et tu t’es laissé aveuglé par la jalousie au point de rejeter ton propre sang.
- Seigneur, je suis vraiment un imbécile.
- Je ne t’ai pas dit tout ça pour te fustiger. Mais je suis ton ami, c’est mon rôle de te dire la vérité.
- Merci Andy. Tu crois que j’ai encore des chances de la récupérer ? je veux dire elle semble tellement me détester ! et puis il y a ce type.
- Elle le considère comme son grand frère. Je ne sais pas ce qu’il en est de son côté mais elle, elle a juste beaucoup d’affection pour lui. C’est de toi qu’elle est amoureuse.
- Mais lui il est amoureux d’elle. Je les ai vu ensemble, j’ai vu comment il la regardait. C’était flagrant. Elle ne l’aime peut-être pas mais lui il a été là pour elle quand moi je n’étais pas là. Juste par reconnaissance, elle pourrait se mettre avec lui.
- Non pas la Jasmine qu’elle est devenue. Elle a fait cette erreur-là avec Assane et les conséquences ont été désastreuses. Elle est trop intelligente pour faire la même erreur 2 fois.
- Elle au moins elle tire des leçons de ses erreurs.
- Qu’est ce que tu comptes faire ?
- Dans un premier temps, je serai là pour elle et pour notre enfant et ensuite j’essaierai de la récupérer.
- Tu es conscient qu’elle ne va pas juste te pardonner du jour au lendemain même si elle est folle de toi ?
- Oui je sais. Je tiendrai bon Andy. Tu es la et Tacha aussi. J’ai bon espoir qu’à nous 4, avec mon enfant, nous arrivions à la faire flancher.
- Bonne chance mon frère. Je te souhaite de retrouver la femme de ta vie.
- Merci mon frère. Je ne sais pas comment te remercier pour tout ce que tu fais pour moi.
- Sois heureux Boris. En tant que ton frère, c’est ce qui me rendrait aussi heureux. Viens je t’emmène faire connaissance avec ton enfant.
Andy
C’est un Boris nerveux qui a fait son entrée dans la clinique. Il courrait partout sans réellement faire quelque chose. Depuis 20 minutes qu’on est là, il n’a toujours pas réussi à nous trouver une information. Exaspéré, je l’immobilise comme un enfant et l’oblige à s’assoir sur les bancs de la salle d’accueil.
- Donne-moi le numéro du blanc bec stp !
Il fait sortir son téléphone mais il est incapable de se rendre dans son journal d’appels, tellement il panique.
- Donne-moi ça. Je lui arrache le téléphone des mains et après manipulation, je lui montre un numéro, le seul qui l’ait appelé aujourd’hui et lui demande de me confirmer l’identité de l’appelant. Il me dit que c’est bien le numéro du blanc bec. Il faudrait que je lui demande son nom. Je ne peux pas continuer à l’appeler comme ça alors qu’il a fait preuve d’une si grande humanité envers mon ami.
Je lance l’appel vers son numéro et il répond presqu’immédiatement. Je me présente et il nous dit comment le trouver. Nous arrivons pile poil au bon moment. Le bébé vient juste de naitre. Les sages-femmes sont entrain de nettoyer sa maman mais lui il est déjà nettoyé et habillée ou devrais je dire elle, vu le minuscule ensemble rose qu’elle porte. Une vraie beauté et la copie conforme de son père. Le père justement se tient en retrait comme s’il avait peur d’être mordu par cet adorable petit ange.
- Approche mec, elle ne va pas te manger. Lui dis je avec un sourire taquin.
Il essaie de me rendre mon sourire mais il parvient seulement à grimacer. Mais il approche et sous mes encouragements, tend la main pour prendre le minuscule fardeau des mains de la sage-femme. Il est un peu maladroit et se comporte comme s’il a peur de la casser mais il parvient tant bien que mal a la porter. Pendant plusieurs minutes, nous avons comme l’impression de ne plus exister pour lui tant il est occupé à contempler la merveille qu’il tient dans ses bras. Quand finalement il lève la tête, ses yeux sont inondés de larmes et ses traits déformés l’émotion.
- C’est ma fille Andy. Me souffle t il d’une voix hachée. Je lui fais signe un signe de tête pour approuver ce qu’il vient de dire et je vois son corps tremblé sous l’assaut de ses larmes. La sage-femme essaie de lui prendre la petite mais il dit non de la tête.
- Ou est ma f…, je veux dire Jasmine ?
- Nous avons bientôt fini de la nettoyer, je vous accompagne dans la chambre ou elle vous rejoindra bientôt. Nous dit la sage-femme.
- Merci beaucoup.
Quelques minutes plus tard, nous sommes 2 dans la chambre avec la petite. Romy, je lui ai demandé son nom, est sorti faire je ne sais quelle course. La porte s’ouvre et Jasmine fait son entrée, aidée par des infirmières. Elle reste figée quelques minutes sur le pas de la porte quand elle nous voit surtout quand elle le voit lui porter leur enfant. Mais elle ne dit rien et nous l’aidons a s’installer.
- Félicitations maman. Lui dis je en allant l’embrasser. Elle me répond avec un merci joyeux avant de tourner son regard vers Boris qui s’approche la petite toujours dans les bras.
- Elle est sublime, tu as fait du beau boulot, félicitation. Dit-il en la lui mettant dans les bras.
- Merci.
C’est tout ce qu’elle a dit mais elle lui a répondu. C’est déjà ça. Un immense sourire a étiré ses lèvres quand la petite s’est saisi goulument du sein qu’elle a glissé entre ses lèvres. Boris m’a fait signe qu’il voulait me voir en privé.
- Nous allons voir si nous pouvons te trouver un truc à manger. A tout de suite.
- Ok.
Nous sommes sortis pour parler devant la chambre.
- Andy aide moi, je veux qu’a sa sortie, elle vienne vivre avec moi mais j’ai peur d’être confronté à un refus. Comment je peux procéder ?
- Ah là ! C’est une mince affaire hein ça ! est ce que tu pourras t’occuper d’elles tout seul ?
- Je vais faire venir sa maman.
- Dans ce cas, fais venir sa maman chez elle mon type.
- Je les veux à mes cotés Andy, c’est ma femme et ma fille. Elles ne peuvent pas être ailleurs que chez moi.
- Boris, elle n’est pas ta femme hein ! Ne va pas l’énerver.
- Elle le sera Andy, je le jure sur tout ce que je cherche dans ma vie. S’il faut que je me mutile pour qu’elle comprenne que je regrette et qu’elle me pardonne, je le ferai. Pour le moment, je veux juste les avoir tout près de moi.
- Ok, je pense que tu peux la convaincre mais on aurait besoin du blanc…, enfin de Romy.
- Ok, dis moi a quoi tu penses stp !