La vie de parent

Ecrit par lelechu

Boris

Jade Ornelle Christophe LAMI. C’est le prénom de ma fille. Elle est splendide. Depuis 2 semaines maintenant que je suis papa, j’ai l’impression d’être sur un nuage. Je me sens chamboulé de l’intérieur. Quand je la prends dans mes bras, la culpabilité revient me ronger impitoyablement. Je me souviens de comment j’ai rejeté ma propre chair et la femme que j’aime. Un jour peut être Jasmine réussira à me pardonner mais je ne sais pas si moi-même j’arriverai à me pardonner. De toutes les conneries dont je me suis rendu coupable, c’est certainement la plus moche et la plus grave de toute. J’essaye de toutes mes forces de me racheter auprès de Jasmine. Cette femme merveilleuse que je ne mérite pas mais que la vie a choisi de m’être sur mon chemin. Cette femme est d’une bonté sans limite. Malgré toutes les crasses que j’ai eu à lui faire, elle m’accepte, elle me tolère auprès d’elle et de notre enfant. J’avais de nombreuses peurs. Je pensais qu’elle ne voudrait même pas que je m’approche d’elle et de notre fille. A ma grande surprise, elle était toujours la première à me proposer de la porter, elle me permettait de changer souvent ses couches, me montrais comment faire, elle m’a appris a lui faire ses biberons, J’ai pu donner mon nom de famille et mon prénom de choix à ma fille et ce qui m’a laissé sans voix, elle a accepté sans rechigner d’aménager avec moi alors qu’avec Andy on avait déjà mis en place tout un plan pour la convaincre. Heureusement je n’ai pas eu besoin de tout ça. Je n’ai eu besoin d’aucun stratagème, d’aucun plan, d’aucune aide. 10 jours donc déjà que les femmes de ma vie vivent avec moi. La maman de Jasmine est avec nous. Elle a dû changer son programme a la dernière minute. Il était prévu que Jasmine aille accoucher chez elle mais le bébé étant venu plus tôt, ça a été plutôt à elle de se déplacer. Bref ! tous les 4, nous avons notre routine et nous essayons d’organiser notre petite vie du mieux que nous pouvons. J’ai pris un mois de congé rien que pour profiter de mes prunelles. Je regarde ma montre, il est 7heures. Jasmine a surement fini de prendre son bain à cette heure et elle assiste maman pour le bain de Jade. C’est un moment de pur bonheur auquel j’assiste tous les matins mais j’ai dormi un peu plus longtemps ce matin. Je vais aller prendre ma douche et descendre à la cuisine pour faire le petit déjeuner. En 10 minutes, je suis lavé et revêtu d’un léger pantalon de tissu et un body. Dès que je sors de ma chambre, une vision enchanteresse s’offre à moi. Jasmine enroulée dans une petite serviette blanche, les jambes dénudées, les cheveux aussi enroulés dans une serviette. Elle est magnifique. Elle a perdu du poids pendant la grossesse et ça lui donne un petit air fragile, mais la grossesse a rendu son teint encore plus clair. En une minute, mon corps me rappelle douloureusement mes 8 mois d’abstinence. Une tension puissante, vient se loger dans mon bas ventre, me donnant une impressionnante érection, mon souffle se fait court et ma peau se couvre de frissons. Elle me voit et m’adresse un sourire. Puis son regard se porte sur mon érection et elle affiche une expression gênée. Je baisse les yeux et je comprends mieux sa réaction. Seulement en ce moment, ma préoccupation première, c’est de ne rien faire qui puisse la choquer davantage. 

- Bonjour. Je lui dis avec un sourire rassurant.

- Bonjour. Me répond -elle timidement. 

Je ne dis rien d’autre et emprunte les escaliers pour me rendre à la cuisine. Mon Dieu ! Je suis en train de payer pour chaque erreur que j’ai commise avec Jasmine. Aujourd’hui je suis un homme incapable d’être attirée et de ressentir une once de désir pour une autre femme que Jasmine et c’est justement la seule qui ne me regarde même pas. Je l’ai dans la peau, je l’ai même dans les os. Elle hante mon esprit, elle occupe mes pensées, elle fait vibrer mon cœur et mon corps, elle me tient éveillé toutes les nuits et me fait languir encore plus la journée. Mais je n’ose rien tenter, je n’ose pas l’approcher, j’ai peur de la brusquer, de l’éloigner encore plus de moi. Alors je me retiens, j’accepte de souffrir. D’ailleurs c’est mérité. J’essaie de me concentrer sur la cuisine pour oublier mon envie et j’y arrive tant bien que mal. J’ai fait beaucoup de recherches sur les aliments qui augmentent la production de lait et chaque jour, je fais un repas à base d’un de ses aliments pour Jasmine. Je ne suis pas un cordon bleu mais pour elle, j’ai appris et je suis heureux de pouvoir l’aider un tant soit peu. Quand je termine, je constitue un plateau et le monte dans sa chambre. Je donne un léger coup a la porte pour ne pas réveiller la princesse au cas où elle dormirait. Quand j’entre, je trouve Jade endormie dans les bras de sa mamie et Jasmine n’est nulle part.

- Elle a mangé ? je demande affectueusement à ma belle-mère en posant mon plateau.

- Oui elle a englouti un litre de lait avant de s’endormir. Me dit-elle en riant doucement.

- Elle est magnifique.

- Oui, elle l’est.

Je regarde longuement ma fille avec un sourire gaga un moment avant de demander d’après l’objet de tous mes tourments.

- Et Jasmine ?

- Elle est dans la salle de bain. Elle ne mettra pas long.

- Ok

Je décide de rester debout. Quelques minutes plus tard, la porte de la salle de bain s’ouvre sur Jasmine. Elle porte un short noir et un haut bustier, surement pour faciliter l’allaitement. Je ne sais pas par quelle magie nous nous sommes retrouvé l’un en face de l’autre à nous dévorer des yeux silencieusement. C’est la petite toux de maman qui nous a ramené à la réalité. Cette fois ci, j’ai eu vraiment honte d’avoir été pris en flagrant délit d’excitation. Et je pense que Jasmine aussi vu la tête qu’elle fait. Nous parlons en même temps tous les 2 et nous sourions ensuite gênés. Puis elle fait un geste de la main pour m’inviter à parler en premier.

- Euh… j’ai fait le petit déjeuner. Je t’ai apporté un plateau. J’espère que tu vas aimer.

- Merci beaucoup. Je suis sûre que je vais aimer, tu es devenu un vrai cordon bleu. Je suis obligée de faire attention à ma ligne désormais.

- Ce n’est pas nécessaire, tu es parfaite comme tu es. Dis-je dans un murmure.

Mal à l’aise, elle passe la langue sur ses lèvres. Un geste qui attire automatiquement mon regard sur ses lèvres. De peur de me ridiculiser davantage, je prends vite congé d’elle sous le regard moqueur de ma belle-mère.


Jasmine

- Maman pourquoi tu rigoles ? 

- Je n’en ai plus le droit ? je suis heureuse c’est tout.

- Je vais coucher Jade dans son berceau. Tu ne trouves pas qu’il fait chaud dans cette chambre ?

- Comment ne ferait-il pas chaud avec toute la chaleur que la présence de Boris a créé tout a l’heure.

- Maman !

- Quoi ? j’ai bien cru que vous alliez vous mettre à faire l’amour devant moi.

- Maman arrête stp.

Elle se dirige vers la sortie en riant. Non mais cette femme souvent ! Je reste debout à regarder ma fille dormir, perdue dans mes pensées. Boris se plient vraiment en 4 depuis que j’ai accouché, il a réaménagé sa maison pour que nous puissions y vivre à l’aise sans manquer de rien, il s’est transformé en cordon bleu rien que pour moi et il est devenu un expert en change de couche. Il est complètement à ma disposition, il est juste là pour moi et ça a fait fondre toute la colère que je ressentais à son égard. Cet homme est ma faiblesse. Mon amour pour lui me rend totalement bête. Quand il se comporte de manière aussi attentionnée avec moi, je ne résiste pas. Mon cœur ne résiste pas. Je n’aurai jamais pensé que j’oublierai juste comme ça toute la souffrance qu’il m’a fait vivre ces 8 derniers mois. Actuellement j’ai beau creusé, tout ce qui me vient en tête c’est le gout de ses lèvres, la sensation grisante de sentir ses muscles fermes sous mes paumes. Si seulement il savait combien je l’aime !!! Mon téléphone sonne me sortant de mes pensées. Le nom de Romy s’affiche. Il est passé me voir 2 fois depuis que j’ai aménagé chez Boris. Le courant ne passe pas bien entre les 2. Il se fait donc rare mais ne manque pas de m’appeler pour avoir de mes nouvelles.

- Allo ! Mon grand frère d’amour.

Il me répond par le silence.

- Romy tu es la ?

- Oui je suis là, comment tu vas ? et ma petite princesse ?

- Bien. Nous allons bien toutes les 2. Mais tu devrais venir voir de toi-même au lieu de t’en inquiéter seulement au téléphone.

- Ce n’est pas moi qui vais te dire pourquoi je me fais rare. Ton type-là ne veut pas me sentir.

- Tu ne veux pas le sentir toi non plus.

- Avec juste raison. Je t’ai ramassé à la petite cuillère quand il t’a laissé tomber.

- Ça va Romy, c’est du passé maintenant. Il a changé. Il essaie de se racheter.

- Waouh ! qu’est-ce qu’il t’a fait pour que tu lui manges déjà dans la main de cette façon ?

- Arrête d’être méchant stp !

- Bref ! je voulais te parler d’un truc délicat.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Assane. Est-ce que tu vas porter plainte ?

- Non, j’ai beaucoup réfléchi. Je n’ai pas envie de me lancer dans des combats épuisants. J’ai besoin de calme dans ma vie désormais. Je suis fatiguée de tout ça. Je rends grâce à Dieu qu’il n’ait pas permis que je tombe enceinte de lui. En parlant de ça, j’ai obtenu les résultats du test ADN. Je vais les montrer à Boris tout a l’heure. Pour ce qui est d’Assane, quand je serai prête, vous m’organiserai une rencontre avec lui. Je veux juste lui parler et c’est tout.

- Jasmine…

- N’insiste pas Romy, je ne changerai pas d’avis.

- D’accord je respecte ta décision. Je vais te laisser, je conduis. Je passe te voir demain.

- A demain et merci encore pour tout.

- Je t’en prie. Prend soin de toi.

Je m’installe et fait honneur à mon petit déjeuner. Ensuite quand maman revient dans ma chambre, je laisse Jade sous sa surveillance et vais taper à la porte de la chambre de Boris. Il vient m’ouvrir et m’invite à entrer. Il semble surpris de me voir. Je ne le laisse pas poser de question. Je lui tends juste l’enveloppe. Il la saisi toujours avec un air interrogateur mais son expression change quand il réalise de quoi il est question. Il m’adresse ensuite un regard désolé, les yeux emplis de larmes.

- Je tenais à te rassurer sur ta paternité.

- Je n’avais plus de doute, tu le sais.

- Peut-être mais je devais le faire. Surtout que j’ai mis prématurément Jade au monde.

La minute d’après il était à genou à mes pieds, luttant désespérément pour retenir ses larmes.

- Pardonne moi Jasmine. Il ne se passe pas une seule minute sans que je regrette la façon dont je t’ai traité. Stp Pardonne moi.

Ses mots me touchent au plus profond de mon être. Je me mets à genou pour être à son niveau et je prends ses mains entre les miennes. 

- Boris je te pardonne du fond de mon cœur. J’ai eu mal, je t’en ai beaucoup voulu mais je ne suis plus en colère et je ne t’en veux plus. 

Là il ne parvient plus à retenir ses larmes et moi non plus.

- Je ne te mérite pas Jasmine, je ne mérite pas le cadeau que tu m’as fait. Je n’ai jamais pris conscience du trésor que j’avais à mes côtés.

- Mais mon cœur s’en fiche parce qu’il a décidé de ne battre que pour toi.

Ses yeux se posent sur mes lèvres et mon cœur s’emballent en prévision du baiser qui va suivre. Je suis à la fois excitée et effrayée. Malgré tout, j’ai peur de ce que l’avenir me réserve. J’ai peur de souffrir encore. Soudain, la voix de Jade s’élève, me rappelant que je suis restée trop longtemps dans la chambre de Boris et m’offrant ainsi une porte de sortie. 

- Je … je vais y aller. Jade doit avoir faim.

- Jasmine…

- Ne dis rien stp Boris ! Ne dis rien.

Je me lève et sors de la chambre. Il reste à genou, l’enveloppe a la main. A cet instant, il me fait tellement de peine. Finalement il s’en veut lui-même plus que je ne lui en voulais moi-même. La culpabilité l’empêche de vivre. Je l’aime, c’est mon devoir de l’aider à dépasser cette mauvaise passe et je le ferai. Je ferai du mieux que je pourrai. 


Maman Jasmine

Ma fille entre dans la chambre et viens directement vers moi pour voir sa fille qui s’époumone. Elle a faim. Elle s’installe sur le matelas et je lui mets la petite entre les mains pour qu’elle l’allaite. Je la regarde de plus près et je remarque ses yeux mouillés signe qu’elle a pleuré.

- Tu as pleuré chérie. C’est une affirmation, pas une question.

- Maman mon amour pour Boris m’a causé tellement de chagrin.

- Il faut que tu saches que la relation parfaite n’existe pas Jasmine, chaque couple traverse ses épreuves et le bonheur s’acquiert difficilement. Je n’excuse pas ce que Boris a fait mais je peux le comprendre. Tu devrais aussi faire ça et surtout lui pardonner.

- Je lui ai pardonné maman. 

- Mais alors pourquoi tu as pleuré ?

- Parce qu’il a pleuré aussi et je ne supporte pas de le voir comme ça. 

Je la regarde attendrie. Jasmine et moi avons toujours été très proche. Quand mon mari est décédé, je n’avais plus envie de rester vivre aux états Unis et donc quand Jasmine a décidé de suivre Boris au Gabon pour le seconder, moi j’ai décidé de rentrer en Guinée, dans le pays de mon mari pour y finir mes vieux jours. Je suis italienne de nationalité mais guinéenne de cœur. Je ne me revois plus vivre dans mon pays. J’y vais quand j’ai envie de changer d’air pour rendre visite a ma famille et a mes connaissances mais je rentre toujours « chez moi ». Je connais Boris depuis toujours. A cause de l’amitié qui le liait à ma fille, il était devenu un membre à part entière de ma famille et il l’est toujours. Surtout maintenant qu’il est le père de ma petite fille. Je ne me serai jamais douté que leur relation prendrait une telle tournure et eux non plus d’ailleurs vu, les erreurs qu’ils ont enchainé depuis le début de cette histoire. Quand j’ai su que ma fille était enceinte d’un homme marié, j’ai ressenti de la déception parce que ce n’est pas l’éducation que je lui ai donnée. Puis avec le temps j’ai compris que ce que la force de ce qu’il ressentait l’un pour l’autre les dépassait eux même. Je n’ai pas souvent vu Jasmine amoureuse. Elle est magnifique donc les prétendants ne manquaient pas mais ils partaient tous aussi facilement qu’ils venaient parce que ma fille se lassait vite. Quand elle a rencontré Claude, j’ai cru qu’elle avait enfin rencontré son âme sœur puis j’ai vu ce que Boris lui inspirait et j’ai compris que même Claude elle ne l’aimait pas. C’est Boris que son cœur a choisi, qui suis-je pour lutter contre ça ? Je me contente de prier pour elle, de la guider du mieux que je peux et de la soutenir.

- Tu ne dois pas être triste pendant l’allaitement souviens toi que les bébés ressentent ces choses-là.

- Oui maman, tu as raison. Elle est trop belle. Me dit-elle avec un sourire.

- Comme son père ? je la taquine.

- Maman stp !

- Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? son père est beau ou bien toi-même tu ne vois pas ?

- Non je ne vois rien.

- Ce n’est pas l’impression que j’ai eu ce matin quand tu bavais devant son sourire.

- Maman ce n’est pas bien de m’embarrasser comme ça.

- Ce n’est pas moi qui t’embarrasse hein ! ce sont tes sentiments qui t’embarrassent. Sérieusement ma puce, tu devrais essayer de régler tes problèmes avec Boris. Ça se voit à des kilomètres qu’il est fou de toi et toi de lui. Le plus dur est derrière vous et la vie a décidé de vous rapprocher par ce merveilleux cadeau du ciel. Voyez ça comme un signe. Ce que je te dis aujourd’hui, je ne te l’aurais pas dit si je n’avais pas été témoin de ce que vous ressentez l’un pour l’autre donc réfléchis-y et prend la meilleure décision pour toi. Tout ce qui m’importe c’est ton bonheur. Tu es mon bébé et je ne veux pas te voir souffrir. Tu me promets d’y penser ?

- Je te le promets maman, merci beaucoup. Tu es la mère que chaque enfant rêverait d’avoir. J’espère être pour ma fille une aussi bonne mère que toi. Dit-elle en me baisant la main. Je lui caresse la joue. 

Je prie qu’elle connaisse enfin le bonheur. Elle me mérite amplement.


Tel un feu dévorant