La visite de l'agent

Ecrit par Samuel

***Fibela***

Le jour se lève et tout le quartier grouille déjà de bruit. Chacun vaque à ses occupations sans se soucier des autres. Et oui, c’est comme ça la vie. Celui qui a pensé : « chacun pour soi et Dieu pour tous » avait fortement raison. A mon réveil ce matin, je n’ai pas vu mes frères et sœurs. Ils sont allés au cours très tôt je pense. Ah comme ils sont soucieux de leur avenir ! Les parents seraient tellement fiers d’eux, de là où ils sont. Quant à moi, j’ai décidé de sacrifier une année afin de bien préparer l’autre. Depuis que j’ai eu le BAC, je ne suis jamais allée au cours dans une faculté. J’ai juste fait l’inscription à la faculté de langues pour pouvoir bénéficier des allocations universitaires puisque j’ai une demi-bourse. Je ne vais pas rater ça. Ça pourrait me faire grand-chose. Pourquoi pas démarrer un commerce ? Bah oui ! Je veux étonner les gens ! Et quand ils me verront, ils auront peur et honte. Peur de ce que je serai devenue sans eux et honte de ce que j’aurai réussi sans eux quand bien même ils devraient m’aider.

  Après m’être douchée, je vais à la cuisine pour me mettre  quelque chose sous la dent. Je me suis concocté un plat de salade de fruits et un thé lorsque j’entends quelqu’un sonner :

Dring…dring…dring…

Mais qui ça peut bien être ce beau matin ? 10h seulement et les gens dérangent !

Je boutonne ma chemise pour aller ouvrir.

Clac !

-Lui : bonjour mademoiselle ! Oh comme vous êtes jolie dans cette chemise ! Dieu aussi a créé de belles choses hein !  

                     

                     C’est l’agent qui avec qui j’ai parlé hier soir.

 

-Moi (souriant) : Merci pour le compliment ! Vous n’êtes pas en reste ! Ne restez pas sur le pas de la porte. Entrez, je vous en prie !

-Lui : Merci ! Euh…enfin…je suis venu pour vous parler de quelque chose de très important pour vous et pour vos frères et sœurs. Y a-t-il quelqu’un à l’intérieur qui pourrait nous entendre ?

-Moi : Non, il n’y a personne. Je vous sers quelque chose ?

-Lui (hésitant) : je ne sais pas trop. Un café bien noir ferait l’affaire ! Si vous voulez bien !

-Moi : ok un instant ! En fait, comment savez-vous que c’est ici que j’habite ?

-Lui : Bof ! Vous savez, je connais tout sur tous dans ce quartier!

-Moi : Ah ça !

                     Je me lève pour aller lui faire le café. Comme nous avons une cafetière assez rapide, ça n’a pas duré. En moins de cinq minutes, je lui ai apporté ça avec des biscottes.

-Moi : Et voilà !

-Lui : Non mais, c’est rapide ! On aurait dit que ça m’attendait déjà !

-Moi (ricanant) : On a une cafetière. Vous prenez du lait ? Je vous en apporte ?

-Lui : Non ça peut aller. Ne vous dérangez pas. Merci, c’est gentil !

-Moi : Ok !

-Lui (buvant une gorgée du café) : Ah la vie…          Bon voilà, je disais tout à l’heure que j’ai quelque chose de très important pour vous. Hier soir, quand on s’est vu, je vous disais que je connais beaucoup de choses sur votre famille que vous n’en connaissez vous-même. Je connais votre père, votre mère, vous avez deux frères et deux sœurs. Vos parents sont décédés très récemment dans un accident. Votre père était avocat et votre mère couturière. Je mens ?

-Moi (étonnée) : Non, pas du tout. Mais com…

-Lui (me coupant net) : Ne posez pas encore de questions. Vous aurez tout le temps pour ça. D’abord, il faut que je vous dise que votre père m’a engagé quelques mois avant sa mort pour que je veille sur sa famille au cas où quelque chose lui arriverait. On dirait qu’il avait vu venir le coup !

-Moi : Ah bon ? Et pourquoi ? Il n’avait pas confiance en son frère et sa sœur ?

-Lui : Si c’était le cas, je ne serais pas devant vous actuellement. Bon, enfin bref, au fil du temps, je vous révèlerai beaucoup de choses et vous saurez que vous vivez dans une vraie jungle. Et quand on vit au milieu de félins sans cœur, croyez-moi, il faut beaucoup se méfier et être sur le qui-vive. Et puis, sachez que vous n’êtes pas en sécurité ici. Pensez à déménager en silence.

-Moi (hébétée) : Mais pourquoi ? Qui peut nous en vouloir, mes frères et sœurs et moi ?

-Lui : Dans des circonstances données, on ne pose pas la question du « pourquoi ?» mais plutôt du « comment ? ».  Je passerai dans la soirée, quand les autres seront là. A plus tard ! Et merci pour le café ! Ça m’a fait du bien.

 

                         Cela dit, il se leva pour partir. Tout ceci est trop pour moi. Il m’a dit que je ne suis pas en sécurité ici. Est-il au courant d’un mauvais plan qu’une tierce personne planifierait contre moi ? Pourquoi papa n’avait-il pas confiance en son frère et sa sœur ? Comment il connait tout ça lui ?

         Ma tête commence à chauffer...

 

 

 

 

 

 

LE BONHEUR TANT RECH...