L'année de mon année
Ecrit par Iriselom
**8 ans plus tôt**
New Jersey,
J'ai un entretien très important ce matin, je vérifie encore ma mise. Mon costume Armani est impeccable, je lisse un pli imaginaire et ma serviette en main, je descends prendre mon taxi.
Moi: Parsippaney,...
Taximan: Sure sir!
Après 15 minutes de trajet, j'arrive devant le siège de la DHF (D'or Hedge Funds) Company.
J'entre et me présente, une hôtesse est là pour m'accueillir. Je la suis dans l'ascenseur qui montre une vue panoramique de tout l'immeuble, nous sommes déjà au 86e.
Elle me précède et m'introduit directement à Mr Heals, le directeur des ressources humaines d'après les échanges que j'ai eus avec lui.
Forte poignée de mains, je le suis dans son bureau et à son invitation, m'assieds face à lui.
Je décline poliment le verre d'eau qui m'est proposé par un serveur en livrée.
Il m'explique les conditions du contrat et me montre où signer: tout était déjà conclu.
Je me sépare de lui et accompagné d'une autre hôtesse, je vais rencontrer celui qui me cède son poste.
Nous nous mettons directement au boulot, téléconférence avec Hong Kong.
Une compagnie qui a besoin de bénéfices et veut vendre une bonne part de son VIF (Value In Force), bonne nouvelle mais ils voudraient se reprendre le portefeuille dans 10 ans.
J'ai l'impression que Mr Soan (mon presque prédécesseur) veuille me mettre en difficulté, il me demande de décider même si j'ai bien senti qu'une décision positive est déjà prise.
Je réponds: No!
Ils me regardent interloqués.
Mr Soan: No?
Moi: No, we don't need that affair or better we could make it but it won't be profitable for your Company. Why don't you try to reinsure some of your business? (Non, nous n'avons pas besoin de cette affaire ou plutôt nous pourrions accepter mais ce ne serait pas rentable pour votre compagnie. Pourquoi n'essayez vous pas de réassurer une partie de votre business?)
Le japonais: We are not able to, we have to follow some rules here in Japan. (Nous ne pouvons pas, nous avons des règles à respecter, ici au Japon)
Moi: Ok, it's still no. By a week, I will have a team dedicated to those kinds of affairs implementing creation and innovation. We shall be able to give you a consultancy to help you. (D'accord mais c'est toujours bon. Au bout d'une semaine, j'aurai à disposition une équipe dédiée à ce type d'affaires, ils s'occuperont de création et d'innovation. Nous pourrons vous aider à trouver une meilleure solution tout en restant avec nous).
Je disais tout ceci en fixant le grand chef, il est là aussi le CEO ( Chief Executive Officer) de la Company. C'est notre première rencontre, je veux lui faire comprendre que les choses vont changer.
Nous terminons la call, une réunion sur la création de ma team est improvisée autour d'un bon repas au Gourmet cafe.
[Je continue en français pour éviter les traductions.]
CEO: Je ne suis absolument pas contre l'innovation, je tiens juste à vous rappeler que nous ne nous occupons pas de consulting mais de gestion de fonds. La formation d'un team de consulting comporterait des coûts non négligeables.
Je fais sortir mon tablet et lui expose mon plan avec les prévisions de coûts et statistiques de gain. Je lui explique que outre le nombre de clients que nous allons rafler c'est à dire 87% de ceux dont nous gérons les fonds, nous aurons un effet de diversification "monstre" qui améliorerait nettement nos rating.
Mon presque prédécesseur: C'est bien beau mais il faudra d'abord toucher des fonds de la compagnie avant de voir ces avantages pointer leur nez avec un peu de chance dans 10 ans.
Moi: Le délai de rentrée des fonds selon les calculs et mes expériences est fixé dans un an. En outre, je suis celui qui s'occupera de la balance technique, le nouveau CFO ( Chief Financial Officer) de DHF Company, je sais parfaitement ce que je fais.
Je rentre à l'hôtel le cœur léger et me mets directement au boulot, j'envoie aux ressources humaines une liste des qualités dont j'ai besoin.
En 3 jours, mon team était prêt. J'ai ramené un garçon qui était en stage chez moi à Londres. Il est jeune et vif.
Deux semaines après, nous avons signé un contrat super avantageux avec les japonais, qui impliquait totalement autre chose.
Depuis deux mois, je fais le trajet maison-boulot, boulot-maison, je n'ai jamais été un gros dormeur donc je passe plus clairement de temps au boulot que dans l'appartement de 300 mètres carrés que j'occupe dans la city. J'ai un chauffeur et une voiture offerts par le boulot donc ça va.
Dimanche à 8:30, je suis en train de travailler quand je reçois un appel de ma mère.
Moi: Mattia ... !
Maman: Je t'ai déjà dit de ne pas me citer ton nom, c'est moi qui l'ai choisi.
Moi: Bonjour maman!
Maman: Ça va Mattia? Tu reviens quand?
Moi: Bien maman et toi? Le mois prochain.
Maman: Et tu te maries quand?
Moi: Cherche moi déjà une fille du village.
Maman: Je t'ai déjà dit que ta mentalité est erronée. Je veux que tu te maries, oui mais pour de bonnes raisons.
Moi: C'est relatif, maman.
Maman: Ayo!! Tu as des nouvelles de ton frère et de ton père?
Moi: De Léon oui!
Maman: Mattia, il faut que tu nettoies ton cœur et que tu pardonnes pour pouvoir avancer.
Moi: Maman, j'avance déjà!
Maman: On parlera de tout ça quand tu seras là.
Moi: Au revoir maman chérie !
Maman: Au revoir. Ah je t'appelle pour te dire de dire à ta copine congolaise de Londres que les produits de beauté qu'elle m'achète souvent là, sont déjà finis.
Moi: Je n'ai plus de contact avec elle, envoie moi une liste des produits stp.
Maman: Donc la jolie fille là, tu ne pouvais pas l'épouser?
Moi: Maman bye bye!!
Maman: Bye!
Le mois suivant, je suis dans l'avion pour Lomé. Peu de choses exceptés les chiffres et quelques composantes du genre féminin m'excitent encore mais je ne résiste jamais à l'euphorie qui étreint mon cœur lorsque de l'avion, je vois les lumières de mon pays.
Oh Denyigba! L'air chaud m'accueille, j'essaie de rentrer au moins trois fois par an pour mon fils.
Le voilà avec son cousin qui vient m'accueillir, il est trop grand maintenant, on aurait dit mon petit frère.
Mon fils s'appelle Grâce, c'était l'unique souhait de sa mère. Il a maintenant 16 ans et fait ma fierté même s'il a pratiquement été élevé par mon grand-frère Léon et sa femme.
Moi: Grâce mais vous deux avez encore grandi!
Grâce: Papa, appelle moi Kossi
Son cousin: Krkrkr
Mon cœur se gonfle de joie comme à chaque fois que je l'entends m'appeler papa avant il m'appelait Atavi (petit oncle) et appelait mon frère papa puis il a changé tout seul.
Nous rentrons à la maison, c'est Kossi-Grace qui conduit. Nous arrivons chez ma mère, elle nous attend avec un bon adémè et amankoumè.
Je me régale, je parle vite fait au téléphone avec mon frère qui n'est pas là.
J'ai deux semaines à passer ici, aller saluer mon père, ne m'intéresse pas. Je suis ici pour profiter de mon fils, de ma mère et me trouver une femme.
Je veux me marier, possiblement avec une fille du village qui ne fait pas de chichi. Il n'y a rien qui ne m'énerve plus que les femmes coquettes. Pour un soir voire quelques mois, ça peut aller mais pour la vie, non.
Les femmes coquettes demandent trop de temps, trop d'attention et sont souvent tellement concentrées sur le matériel, qu'elles en deviennent immatérielles. Je veux dire qu'elles semblent ne pas être faites de matières surtout de matière grise.
Quand j'ai commencé à travailler, Il y a 9 ans, j'ai voulu récupérer mon fils mais Léon m'a convaincu de le laisser encore un peu. J'avoue que je n'aurais sûrement pas pu concilier les deux choses: carrière et un enfant de 7 ans. Puis je ne l'ai plus pris, j'ai décidé de le laisser avoir son BAC ici.
Maintenant j'ai 32 ans et une bonne position, je me sens prêt pour avoir une femme et pourquoi pas d'autres enfants? J'en ai même parlé à Kossi qui est très enthousiaste d'avoir d'autres petits frères en plus des enfants de mon grand-frère Léon, maman et mon frère, un peu moins mais juste pour la méthode peu orthodoxe que je veux employer dans ma recherche.
J'ai une semaine pour chercher une fille du village dans ma ville. En fait nous venons de Bè (centre-ville de Lomé) donc une fille de mon village est forcément de la ville.
Les filles d'Aneho sont inutilement maniérées, on le sait; celles de Kpalimé sont de vraies tourneuses de rein. Je ne veux pas me trouver aux prises d'une bête assoiffée de sexe, je dois concentrer mon énergie sur le boulot.
Au finish, j'ai trouvé une fille de Tsévié. J'étais avec un ami Martial à Ayizan, la fête du haricot!
Elle n'est pas mal avec des tresses au fil, un beau teint noir et un joli sourire. Je l'ai immédiatement abordée et lui ai expliqué que je voulais l'épouser.
Deux mois après, je suis retourné au Togo me marier avec Yawavi, c'est son nom; elle a 24 ans et est coiffeuse. Elle a un niveau 4e.
Cette année est vraiment la mienne: poste rêvé avec mariage rêvé.
Elle m'a rejoint 6 mois après et 10 mois après sont nées nos jumelles Akoele Line et Akoko Laure.
Elle est la femme que je voulais, calme, pas coquette pour un sou mais propre sur elle. Ce qui ne veut pas dire qu'elle est négligée, moi même étant féru d'élégance, je l'ai bien briefé; c'est juste l'excés qui m'insupporte. J'avais quand même été très clair et puis je ne suis pas difficile à vivre.
Mon fils vient habiter avec nous après son Bac.
Je suis un homme heureux.
La nouvelle est tombée, notre compagnie d'Aberdeen n'a plus de chef, ce dernier a été remercié pour mauvaise gérance. J'ai été promu, tout en gardant ma place de CFO, je suis le nouveau chef de la compagnie d'Aberdeen.
Nous déménageons immédiatement à Aberdeen et laissons Kossi à NJ vu qu'il avait déjà commencé l'université.
Mes responsabilités au boulot ne cessent de s'accroître. J'essaie toujours de consacrer la journée du dimanche aux filles, parce que le reste de la semaine, je ne les vois même pas.
Au même moment, je perçois des changements dans le comportement de ma Yawavi. Elle se fait appeler Yv (lire en anglais). Tissages, faux ongles, vêtements et accessoires de marque toujours plus tape à l'œil.
Je ne m'en offusque pas, je me dis que c'est surement dû au fait que s'étant faite des amies, elle essaye de s'adapter au standing des autres.
Je suis convaincu que ça lui passera, elle s'en lassera toute seule quand elle comprendra que ce n'est pas fait pour elle. Tout le monde a eu cette période, même moi. Je lui fais confiance pour revenir sur le droit chemin.