L’argent de la réconciliation familiale

Ecrit par Yanolebon

Bonsoir la famille, comment vous allez pour moi seul? Toutes mes excuses pour le long silence. Manifestez vous pour qu'on passe un bon weekend ensemble. Merci et Bisous.


    Les coqs chantaient depuis fort longtemps le lever du jour. Dans la case de Baligo, sa femme allait et venait. Elle voulait transmettre le message de la veille à son mari mais n’y arrivait pas. Les mots ne sortaient pas. La mère de Claudie hésitait, avançait et s’arrêtait, murmurait sans savoir pourquoi. Elle revint sur ses pas, hésita un instant, puis se décida à parler à son mari. Elle le réveilla, à grands cris, le supplia à la limite, et lui dit : 

 Tata Amélia : Baligo ! Baligo ! J’ai à te parler. 

   Baligo se réveilla en sursaut, surpris par cet appel inhabituel et lui répondit sèchement et énergiquement : 

 Baligo : Pourquoi me cries-tu dessus ? Pourquoi me réveilles-tu ainsi ? Pourquoi tu cries mon nom comme ça ? J’ai assez de problèmes et tu cries mon nom. Que veux-tu ? 

 Tata Amélia : Assieds-toi, j’ai à te parler. Tu aimes trop faire des histoires, des histoires inutiles. 

Baligo : Ça suffit ! Parle, je t’écoute. Que se passe-t-il ? 

Tata Amélia : Prends ce tabouret et assieds-toi. Cette nouvelle est très importante. 

Baligo [s’asseyant sur le tabouret que lui présentait sa femme] : Je t’écoute. Parle ! Quelle est cette nouvelle qui ne peut pas attendre ? 

 Tata Amélia : Ta fille Clau… 

 Baligo, d’un geste vif, presque violent, arrêta sa femme et se mit en colère.

  Baligo : Ne me gâte pas cette belle journée qui commence ! Ce nom que tu prononces là… Jamais ce nom dans ma maison ! 

 Tata Amélia : Laisse-moi finir. [Puis elle tend une grosse enveloppe à son mari.] Il s’agit de cette enveloppe venue de la ville, hier soir. Elle contient une somme de 850 000 Francs que ta fille Claudia t’a expédiée. 500 000 Francs pour payer tes dettes et le reste pour nous deux. 

   Baligo hésita un instant, jeta un coup de d’œil à droite et à gauche et bondit sur l’enveloppe, puis dit : Baligo : Hé ! Claudie ma fille adorée ! Ma fille bien-aimée ! Elle m’a envoyé de l’argent ! C’est une bonne nouvelle. Ma fille est très intelligente, elle est très gentille. Je savais qu’elle m’aiderait un jour ! 

   Il admira l’enveloppe, la caressa, puis la cacha sous son vieux pagne presque déchiré et interrogea sa femme. 

Baligo : J’espère que tu n’as informé personne ! Dans ce village, il y a trop de kpakpato, de la médisance et des ragots ! Approche et ferme la porte, je vais compter l’argent. 

 Tata Amélia : Non, c’est moi qui compte l’argent Baligo. 

 Baligo : Je t’ai dit que je ne sais pas compter l’argent ? L’argent de ma fille Claudie, c’est moi qui sais le compter. 

 Tata Amélia : Tu n’as même pas honte ! 

 Baligo [tout heureux] : Pourquoi aurais-je honte ? Avoir honte de qui ? Avoir honte pour compter l’argent ? L’argent venu de ma fille ? Ah ça ! Jamais ! Surtout l’argent de ma propre fille ! 

 Tata Amélia : N’oublie pas que tu dois faire des sacrifices pour conjurer les mauvais sorts que tu as lancés contre elle et demander pardon aux génies et aux âmes de nos ancêtres. 

 Baligo : C’est déjà chose faite. La colère n’arrange rien. J’ai tout oublié et tout pardonné. Hé ma fille Claudie, tu es longtemps bénie, tu as longue vie ! Les dieux te béniront. Parole de ton père. Hé l’argent ! Beaucoup d’argent pour moi ! 

  Puis, s’approchant doucement de sa femme, il lui demande discrètement : 

 Baligo : Notre fille a-t-elle épousé un Blanc ? Hum ! Elle est devenue riche en si peu de temps ! Je le savais. C’est un Blanc qu’elle vient d’épouser. Ma fille avait raison de ne pas vouloir épouser ce vieux Dioula ; plus avare que lui, il n’y en a pas dans ce village. Ce pauvre Diomandé pensait qu’il pouvait épouser ma fille ! Non jamais ! 

 Tata Amélia [en riant] : Hé ! Toi Baligo, l’argent va te tuer ! 

 Baligo : Reste là ! As-tu vu un jour l’argent tuer quelqu’un ? L’argent peut-il tuer un homme ? Au contraire, ça guérit complètement l’homme. L’argent de mon enfant va me guérir ! Je deviendrai le plus grand planteur du village. Tu verras. 

 Tata Amélia : Surtout n’oublie pas de me donner ma part. Il y a les sacrifices à faire ! Ne va pas boire le vin de palme avec tes amis. On ne sait jamais ! 

 Baligo : Hé ! Les femmes, elles aiment trop les pagnes. Pagne piment ! Pagne tomate ! Pagne arachide ! Que sais-je encore ?

  Cette rencontre ne laisse pas vraiment le choix à Claudie

  Claudie, revenue à la maison de Mamie Love, eut le temps nécessaire de se changer et d’appeler sa tante Maliba pour l’informer de la rencontre inattendue qu’elle venait d’avoir avec Claudia, la meilleure amie du village, devant le supermarché de Mamie Love. 

 Claudie : Allô ! Allô ! Oui, c’est moi Claudie. Oui, ça va bien. Devine celle que j’ai rencontrée aujourd’hui devant le super marché de Mamie Love ! 

 Tata Maliba : Qui est-ce ? 

 Claudie : J’ai rencontré Claudia dont je te parlais, ma sœur amie du village. J’étais tout heureuse ma tante. 

 Tata Maliba : C’est très bien, je savais que tu finirais par la retrouver. Tu ne cessais de parler d’elle. C’est très bien et prends soin de toi. Au revoir ma fille.

    La nuit fut profonde. Claudie, fatiguée, se coucha. Pendant son sommeil, elle fit un rêve qui la projeta dans le passé. Elle vit son enfance au village, son amitié avec Claudia, la fête des ignames, leurs occupations communes, leurs jeux et surtout la scène de séparation. L’échange du collier et du bracelet lui revint et elle la revivait. Les vœux au clair de la lune lui revenaient et elle réécoutait les paroles qu’elles avaient échangées et cela la torturait. Elle revoyait encore ce jour tumultueux, mouvementé, agité, sur la place publique où elle désavouait son père. La scène du mariage forcé l’effrayait dans ce rêve et la tête qu’elle faisait l’effrayait. Elle défiait toute une communauté ! Que s’était-il passé ? Elle avait tenu tête à toute cette assemblée ! Et comment ? 

  Enfin, elle revécut la promesse de Claudia, et sa lettre qui n’était jamais venue et qui la torturait inlassablement. Ce denier souvenir lui fit mal au cœur et elle se réveilla brusquement. 

  Le lendemain, à son réveil, comme elle le faisait habituellement, elle fit sa ronde, jeta un coup d’œil sur le personnel de Mamie Love et alla au bureau. Au bureau, elle appela ses hommes de main, donna les ordres, et alla faire la ronde des magasins de Mamie Love. Elle revint ensuite à son bureau et appela son amie Claudia. 

 Claudie : Allô ! Oui allô Claudia ! Oui, c’est moi-même ! 

 Claudia : Je m’apprêtais à t’appeler… Comment vas-tu ma chère Claudie ? 

 Claudie : Je vais très bien et toi ? 

 Claudia : Je n’ai fait que penser à toi toute la nuit. D’ailleurs, j’ai déjà informé Yves-Roland, mon fiancé, de notre rencontre. Il est très content et souhaite faire ta connaissance. 

 Claudie : C’est gentil. J’ai aussitôt informé par téléphone ma tante Maliba et mon fiancé de notre rencontre et ils étaient très heureux. Ils souhaitent, eux aussi, faire ta connaissance. 

 Claudia : On se voit ce soir à la maison ? Yves serait là et aimerait faire ta connaissance. 

 Claudie : Oui, c’est compris. À ce soir Claudia. 

 Avant d’aller à cette invitation, Claudie fit un tour à la maison afin de se faire plus belle. Elle se para des beaux bijoux de Mamie Love et vint à cette invitation à l’heure précise.


Une fois encore toutes mes excuse, pour me rattraper je vous laisse au moins trois chapitres. La Diva bisou là bas


Une Amitié Dangereus...