L'arrêt de Bus
Ecrit par Sheila Biscuit
Ouf quelle chaleur de chien !
Le trajet est si long, si je pense que je dois marcher une longue distance pour attraper mon bus, ça me fatigue de plus belle.
Quitter la fac de droit jusqu'au centre culturel français tous les jours c'est un calvaire pour moi mais que faire?
Je ne pense pas terminer mes études quoiqu'en deuxième année déjà.
Mes parents traversent des moments difficiles et j'ai envie de tout arrêter et trouver un petit boulot pour les aider. Mais mon père ne veut rien savoir, il insiste que je continue et me promets de traverser monts et collines pour m'aider.
J'ai trop pitié de lui, surtout quand je le vois sortir chaque matin pour chercher notre pain quotidien.
Ma mère, sage-femme chevronnée se donne à bras le corps pour tenir son foyer. Quoique nous n'ayons pas l'essentiel chez nous mais nous ne manquons jamais de quoi manger. Si je pense d'où l'on vient, je me dis que la vie est compliquée.
Je suis Samantha Opala, j'ai 20 ans au moment où j'écris cette chronique. Je suis première d'une famille de trois enfants dont une fille et deux garçons (Brel et Jerry).
Mon père Jérôme fut l'ancien Directeur général d'une société italienne en faillite depuis 5 ans. Orphelin de père et de mère dès le jeune âge, mon père n'a grandi qu'avec sa sœur aînée qu'il considérait comme sa propre mère.
Après le Bac, il est parti 6 ans en Italie à l'aide d'une bourse d’État et en rentrant, il a été contacté par une entreprise italienne qui voulait s'installer dans notre pays. Après l'installation de ladite entreprise, il a été directement directeur général vu que c'est grâce à lui que toutes les démarches ont été effectuées dans les délais.
C'est alors qu'il rencontre ma mère qui n'était autre que la copine de la fille aînée de sa grande sœur. Ma tante était une femme d'une certaine âge déjà l'écart d'âge entre elle et mon père était assez grand. Onze années les séparaient à cause des difficultés qu'avaient ma grand-mère de concevoir.
Au départ, ma tante ne voulait pas de la relation entre mes parents mais l'amour a été plus fort et a fini par l'emporter. Je dois dire aussi grâce au caractère docile de ma mère qui ne bronchait pas malgré tout ce que ma tante disait.
Nous sommes tous nés et grandis sous l'emprise de tante Pauline qui contrôlait tout à la maison. Tout passait par elle avant d'atterir chez maman, de la popote à la gestion de la maison en passant par nos habits, fournitures scolaires et même notre mobilier.
Dès sa première année de travail, ma tante avait exigé à mon père de construire une maison dans sa parcelle. Donc nous y sommes nés et y habitions depuis que je suis née jusqu'à il y a 5 ans. J'y reviendrai ne vous inquiétez pas.
Pi pi pi pi pi le son des klaxons me tire de mes pensées, j'essaie de regarder dans le sens de la voiture d'où provenait ces fameux klaxons, je vois un homme au volant en train de me faire des signes de la main.
Je décide de détourner mon regard et continuer mon chemin mais cette fois-ci avec une allure pressée. La voiture me contourne et vient se mettre juste devant moi. Le gars à l'intérieur descend la vitre et me lance un regard noir avant de sourire.
- Bonjour Mademoiselle !
Je déglutis avant de répondre à son bonjour puis lui demander de bien garer sa voiture pour que je passe. Franchement avec ce soleil si accablant, je n'ai vraiment pas besoin des problèmes, surtout que le monsieur roule dans un 4 fois 4 dernier cri tout flambant neuf, et pardon, je ne veux pas de problème.
Dernièrement même dans la ville, il y a une rumeur qui circule comme quoi les jeunes garçons se seraient lancés dans le commerce des organes humains ah pardon je n'ai pas envie de me faire charcuter vivante, je tiens à ma vie.
- Où va une si belle femme sous ce chaud soleil? Puis-je vous accompagner où vous allez?
J'hésite par orgueil mais au fond de moi je bouillonne d'envie de monter sur ce beaux bijoux.
En plus, je n'ai que 150 frs CFA pour payer le bus et si je ne trouve pas le bus direct petit-chose (quartier reculé situé dans les bas fonds de Talangai, 6 ème arrondissement) , je serai obligée de descendre au marché de Talangai et faire encore le rallye un long moment, non jamais adieu l'orgueil pour aujourd'hui. Temps mort.
- Je viens de la fac et je rentre chez moi à Petit Chose donc je marche comme ça pour aller attraper mon bus au rond point du CCF.
- Vous avez de la chance, c'est sur mon chemin. Donc je peux vous accompagner si vous voulez bien évidemment.
- Je n'ai pas le choix.
- Ok attendez.
Il descend, m'ouvre la portière et l'installe sur le siège avant, avant de m'attacher la ceinture. Qu'est-ce qu'il croit ? Tchip, peut-être qu'il pense que je ne m'y connais pas. Si je pense que j'avais toute une voiture à ma disposition depuis mon jeune âge jusqu'à il y a 5 ans. Triste sort!