Le boulet

Ecrit par Farida IB



Nahia…


 Je roule en silence en cogitant sur la meilleure manière de répartir les tâches afin de pouvoir satisfaire toute ma clientèle. En ce moment, je ne sais plus trop où donner de la tête, il faut dire que je suis engagée dans un simulacre de course contre la montre. J'ai une montagne d’instances auxquelles je n’ai même pas encore touché, le dossier urgent de Tina vu qu’elle veut lancer sa collection dans deux semaines au plus. À cela, il faut rajouter celui de M Singh, que je dois gérer avec plus de dévouement que d'habitude. Il faut dire qu'avec la présence de Mister tête en l’air, je sens comme une pression vis-à-vis de ce dossier.


Au fond j’étais super contente lorsqu’il m’a parlé de sa bourde, mais il ne fallait surtout pas perdre la face devant lui lol. Au moins ça aurait servi à quelque chose de bien qu’il soit tête en l’air krkrkr. Sinon quel que soit le dossier en ce moment, je me sens dans l’incapacité d’aboutir à des résultats concrets, encore que je ne peux pas compter sur les grattes papiers que j'ai comme employés. J'ai même été étonné que la designer rende aussi vite son travail, d'habitude ça fait mille ans pour finir un simple logo. Là, je sens juste le burn-out venir en trombe parce que franchement plus accablée et plus flemmarde que moi en ce moment, tu meurs. Ce qui me fait penser que je dois vraiment me ménager avant l'arrivée des documents de M Singh pour pouvoir assurer comme d’habitude. J’aime traiter ses dossiers avec une attention particulière parce qu’il est en même temps mon plus gros bonnet et un prospect gratis pour l’agence. 


Je gare devant la concession toujours préoccupée par tout ça. C’est lorsque je coupe le moteur que je me rappelle de la présence de mon collabo. Donc lui aussi pouvait la fermer de temps en temps et encore pendant plusieurs minutes ? It’is historic lol. Quand je pense qu’il a essayé de m’intimider toute à l’heure, ça me fait juste rire parce qu’il y a longtemps, qu’il a baissé dans mon estime. Mais bon, c’est quand même exaltant de savoir que je le mets constamment en boule avec ses airs de sa majesté le roi dans les films que diffusent Nollywood krkrkrkr.


Moi (posant un pied à terre) : je reviens, ça va peut-être me prendre du temps


Khalil : bravo !


Moi plissant les yeux : qu’est-ce qui vous prend tout à coup ?


Khalil ton narquois : pour une fois que vous avez fait preuve d’humanité, ça mérite un standing ovation.


Je descends du véhicule furieuse en claquant la portière. 


Khalil se tournant dans ma direction : ouchh la pauvre portière !


Moi : tchuiipp !!


Je rentre dans la concession et me dirige tout droit vers la cuisine où je ne trouve personne. Intriguée, je passe d’abord dans le grand salon guidée par le bruit de la télévision. Je ne retrouve que Yusef et les bébés concentrés devant leur programme télé. 


Yusef décollant le regard de l'écran : salut tataaaa !!!


Moi (bisou dans ses cheveux) : salut toi, tu as été sage aujourd’hui ?


Yusef : ouuiiii krkrkr.


Moi : je n’en doute pas.


Je sors un sachet de confiseries que je lui tends.


Yusef (se saisissant du sachet) : merci tata !!


Moi : je t’en prie mon chéri, les grands ne sont pas encore rentrés de leur TD ?


Je lui demande pendant que je m’approche des bébés à qui je monte la joue.


Yusef bousculant la tête : non non.


Moi : ok et mamie ?


Yusef : dans sa chambre.


Moi posant mon sac à côté de lui : je laisse mon sac ici, surveille tes frères qu’ils ne touchent à rien.


Yusef hochant la tête : d’accord tata.


J’arrive au bas des escaliers avant de revenir sur mes pas.


Moi : Yuyu, tu me fais signe quand ça commence d’accord ?


Yusef ton enjoliveur : oookkk.


Moi : chouette !!


En fait, il n’a pas cours les mercredis et puisque que je prends souvent mes soirées du mercredi pour réviser avec les grands nous nous sommes découvert une passion commune pour Oggy et les cafards sur Télétoon (les vrais savent lol)  . Laissez ça comme ça, c’est juste trop chic (rire). 


J’arrive au premier étage et prend la direction de la chambre de mamie,  je perçois des bribes de conversation au fur et à mesure que je traverse le couloir jusqu'au pallier de sa porte où je n'entends plus rien. Je crois qu’elle parlait au téléphone. Au moment où je pousse la porte pour rentrer, elle pose le téléphone sur la table de chevet le visage déconfit.


Moi (m'avançant vers elle suspicieuse) : qui cherche des noises à notre belle mère ce soir ?


Elle relève la tête et me fait un sourire, sourire auquel je réponds en prenant son visage en coupe pour ensuite le relever vers moi et lui faire un bisou sur le front.


Moi fronçant les sourcils : tu n’as vraiment pas l’air bien, tu es sûr que tu ne veux pas consulter ?


Mamie : c’est maintenant ton refrain ?


Moi : je remarque juste !


Mamie sur la défensive : je suis juste fatiguée, d’ailleurs laisse-moi me reposer.


Je la regarde sceptique pendant qu'elle s'allonge de dos sur le lit. Je prends également place à son chevet.


Moi la fixant intensément : hmmm ! En tout cas, vaut mieux prévenir que guérir. Étant donné que je veux que tu vives assez longtemps pour me procurer perpétuellement tes précieux conseils et me faire manger les bonnes choses, il vaudrait mieux pour toi que tu prennes soin de ta santé.


Mamie riant : rassure-toi, je ne partirai que lorsque je t’aurai laissé entre de bonnes-mains et là je ne parle pas de ta famille. Je parle de l’homme de ta vie, celui qui saura prendre soin de la perle que tu es et en même temps te donner les fessés que tu mérites. Il faut dire que parfois, tu pousses à bout.


Je suis amusée et touchée à la fois.


Moi le ton rieur : j’espère qu’il mettra long avant de venir parce que s’il faut choisir entre la bouffe et l’homme. (me léchant les babines) Mon choix est clair !


Mamie : bou ! (dégage) Quand tu seras en train de te faire ramoner, tu ne me tiendras plus le même discours.


Moi : mamie !!!


Mamie l’air de rien : quoi mamie ?


Moi secouant la tête dépassée : hmmm !! (changeant de sujet) Sinon tu fais quoi dans la chambre à cette heure ? C’est inquiétant de ne pas te trouver à la cuisine. (la petite voix) Il n’y a pas de goûter aujourd’hui ?


Mamie me toisant : je suis maintenant ta domestique ?


Moi : rhooo mamie je n’ai pas dit ça, je suis habituée à te voir là-bas. En fait, c’est revigorant de te voir dans cette pièce de la maison.


Mamie : on ne voit même pas à quoi ça te sert de manger, ah si, à entretenir tes os !


Moi boudant : rhhooo j’ai grossi !


Mamie : par où ? (appuyant mon bras droit) Rien que des os !


Moi : au moins ça les développe !


Mamie : Nahia libère-moi le plancher. J'ai besoin de me reposer ensuite, j'ai pour corvée de rabattre les tricots du futur bébé de ta sœur.


Moi : on ne voit même pas encore son ventre !


Mamie : oui, mais moi, je n’ai pas l’éternité à faire ici. Je rentre sous peu à Louvain, mes autres enfants et petits enfants me réclament.


Moi me plaignant : on profite à peine de toi ! Eux, ils t'ont tout le temps.


Mamie : jeune fille, je te rappelle que ça fait trois mois que je suis ici.


Moi la moue boudeuse : pfff !! Ce n'est pas suffisant !!


Mamie : j'aurai beau fait dix ans à tes côtés, ça ne suffirait jamais pour toi.


Moi riant : ça c'est vrai lol. (au tac) Pendant qu'on y est, pense à faire une pléthore d'habits. On ne sait jamais avec ton fils et sa femme, il se pourrait que ce soit des quadruplés cette fois.


Elle ouvre l'un des tiroirs de la commode et en sort tout un lot.


Mamie : j’avais tout prévu t'inquiète.


On se lance dans un fou rire.


Moi : donc comme ça tu as fait tout ça à la main ? (oui de la tête) Eh beuh il ne manque plus qu'on ouvre l'usine.


Mamie haussant l’épaule : il faut bien que je m’occupe quand vous me laissez seule à la maison.


Moi me levant du lit : en tout cas, chapeau ! Bon, je te laisse (bisou sur la tempe) j’espère que tu n’auras plus cette mine à ton réveil.


Mamie : du vent Adja !!


Moi claquant la langue : la chance que c’est le nom de mon grand-père.


Je descends et me rends directement dans la cuisine où je me mets aux fourneaux sans autres formes de procès. Je suis bien en phase lorsque Yusef vient me prévenir pour notre programme. Je boucle donc tout et vais m’asseoir captivé par le dessin animé lorsque les jumelles débarquent. Elles me font tour à tour des bises avant de prendre place  chacune de son côté pour suivre la série.


Moi : où est Nabil ?


Laïla : il est avec tonton Lil.


Je roule des yeux, celui-là force l’amitié même pour quoi ?


Amou entrant : vous deux, vous montez vous changer (ajoutant) tout de suite !!


Elles se lèvent en boudant.


Amou (se tournant vers moi) : qu’est-ce que gueule d’Arabe fait  dans ta voiture aujourd’hui encore ?


Moi les yeux rivés sur l'écran : il occupe l’appart à côté du mien donc j’assure son transport le temps qu’il trouve ses repères.


Mamie (arrivant en ce moment) : et tu le laisses dehors pour venir perdre le temps ici ? En quoi  ça te dérange de l’inviter à rentrer en attendant que tu finisses ce que tu as à faire ici ?


Moi extrapolant : je ne perds pas le temps, je cuisine.


Amou : devant ton dessin animé peut-être !


Je lui lance un regard réprobateur.


Amou : si c’est pour venir l’exposer dehors à chaque fois, mais va le déposer chez lui avant de revenir ici.


Moi la fixant genre : tu imagines tout le tour que ça me fera faire ? Et puis est-ce qu’il s’est plaint chez toi ?


Amou haussant le ton : mais c’est quoi ton problème avec lui au juste ?


Moi sur le même ton : aucun ! Est-ce que j’ai dit qu’il y avait un problème ?


Mamie me réprimandant : jeune fille, tu m’arrêtes ce que tu fais là ! On te confie un étranger et tu le traites comme un fardeau. Tes parents ne t'ont pas élevé comme ça à ce que je sache, pourquoi essaies-tu de prétendre être ce que tu n’es pas ? 


Moi : justement, on ne se connaît pas, il est là pour un travail et d’ici là, il serait parti donc je ne vois pas pourquoi je serai obligée de faire montre de courtoisie avec lui.


Amou me lance un regard assassin, je hausse simplement les épaules. Mais c’est vrai keh ! 


Mamie : donc parce qu’il est là (articulant) juste pour le travail, il faut qu’il parte avec une mauvaise image de toi ? Tu sais quelle aubaine peut représenter cette collaboration pour toi ? Pendant que tu niaises, n’oublie pas que c’est son patron ton plus gros client. N’oublie surtout pas qu’en quelques mots mal placés, tu peux perdre des millions !!


Moi avec conviction : j’en trouverai d’autres !!


Les deux me fusillent du regard.


Mamie ton péremptoire : tu la fermes maintenant et tu vas conduire ce jeune homme chez lui !


Moi : mais… Mais.


Mamie hurlant : j’ai parlé Nahia !!


Moi la petite voix : je cuisine !!


Amou : vas-y, je m’en charge.


Moi ton rageur : comme c’est ça tu es prête. D’habitude, il faut que tous les anges intercèdent pour que tu acceptes cuire un œuf ici. 


Amou en colère : parce que c’est toi qui prépare le petit-déjeuner dans cette maison ? Quand tu te pavanes dans ta tanière, tu sais qui prend soin de ton fils ?


Je la fixe genre : c’est quoi le rapport ?


Amou continuant dans sa lancée : d’ailleurs, va te plaindre auprès de tes parents, ce sont eux qui t’ont imposé cette loi.


Je me saisis de mon sac et sors de la maison avec la rage au cœur et m’en prends à tout ce qui est porte et cailloux sur mon passage.


Nabil (dès qu'il me voit) : bonsoir maman.


Moi sèchement : bonsoir, toi à la maison !


Il est toujours penché à la hauteur de Khalil au moment où je m'installe dans la voiture.


Moi le fixant sévèrement : Sollou, je ne vais pas me répéter !


Il fronce les sourcils et me regarde étonné un moment avant de  partir sans rien dire.


Khalil (pendant que je boucle ma ceinture) : sympa le visage que vous faites !


 Moi ton haineux : vous vous aurez intérêt à ne pas l’ouvrir !!


Il arque un sourcil interrogateur, mais n’émet aucun commentaire. Je mets le lecteur en marche avant de démarrer.


Khalil…


Je ne sais pas ce qui s’est passé dans cette maison entre temps, mais je ferai mieux d’éviter de vouloir étancher ma soif de curiosité parce que le visage ci est pire qu’une illustration de la sorcière Grabouilla. 

Tout comme hier, le trajet est meublé par de la musique zen. Du coup pour m’éviter de faire un roupillon, je prends mon téléphone et me rends sur whatsapp. Je tombe d'entrée de jeu sur le message de Yumna qui réclame mes photos sur le taxi moto et défile sans y prêter plus d'attention. Celle-là avec la miss ici, je ne vois pas qui peut rattraper l’autre. Je tombe ensuite sur une réponse de Jemal et m’empresse d'ouvrir la discussion.


Moi répliquant : « Tu as un plan ? »


Il répond aussitôt.


Jemal : « Je me pencherai sur le cas cette nuit, ton père me noie dans une tonne de boulot. Figure-toi que je n’ai pas fait trempette depuis que tu es parti ».


La miss me jette un coup d’œil désapprobateur lorsque j’éclate d’un rire bruyant.


Moi : « Ça, c’est à marquer dans le livre Guinness des records, deux semaines ? Mais bravo, tu as battu ton propre record ».


Jemal : « ppffff ! À part ça ? Comment se passe la collaboration avec Miss Blackbeauty ? »


Moi : « bro elle veut ma peau cette fille »


Jemal : « Krkrkrkr, mais tu es tombée sur une crâne brûlée hein, de là à te sentir menacé par une petite kiakiakia. Pardon de me l'envoyer, je vais lui apprendre moi ce que c’est que le respect »


Moi : « pfff j’ai essayé de le faire ce soir, mais ça a eu l’effet d’une piqûre d’insecte sur sa peau ».


Jemal : « tu as essayé en faisant quoi ? »


Moi : « bon, c'est mieux que je te raconte de vive voix. Tu es dispo ? »


Jemal : « yup ! »


Je lance l’appel sans plus attendre et fais signe à la miss de baisser le volume de son lecteur, ce qu’elle fait en parlant dans sa barbe. Quand Jemal décroche, on tripe deux minutes sur des histoires de familles. Ensuite, on essaie d'émettre quelques idées concernant l’affaire d’Ussama, Yumna n’a pas arrêté de me gazer avec cette histoire donc je veux en finir au plus tôt. Je profite également pour lui charger de me faire un DHL Express pour me faire parvenir les documents dont nous avons besoin pour travailler. C’est après tout ça que j’aborde le sujet de la miss en virant en arabe.


Jemal (quand je finis mon monologue) : change donc de tactique, inverse les rôles !


Moi : tu me demandes de me rabaisser auprès d’elle ?


Miss me jette un coup d’œil amusé.


Jemal : wep sinon ce combat de titan ne vous mènera à rien, réfère toi à ce qui s'est passé avec ton père. 


Moi : mais c’est une petite !


Jemal : je ne te demande pas de te laisser marcher dessus, évite simplement de rentrer dans son jeu. Elle finira par relâcher la pression.


Moi sans conviction : je vais y penser.


Jemal : en tout cas, je suis curieux de voir cette petite, elle me plaît déjà !


Moi souriant lentement : plutôt intéressante inh bro !


Jemal : raison de plus pour que tu me l’amènes à Abu-Dhabi, puisque visiblement, tu as raté le coche avec elle d’avance. krkrkr ta réputation t’a précédé bro.


Moi : lol je n’ai pas encore dit mon dernier mot.


Jemal : soutiens frérot, la nation Émirienne compte sur toi.


Moi : yeah, peace and love !


On tripe ensuite sur d’autres sujets et comme d’habitude ce con arrive tout de même à changer mon humeur.


Nahia…


Je me retiens de rire, si seulement le type pouvait se douter que ce qu’il raconte là rentre direct dans mes tympans. Enfin pas tout, mais je me débrouille pas mal en Arabe. En gros, il me déteste et c’est tant mieux parce que c’est réciproque. Quand je pense qu’à cause de lui, ils m’ont fait rater ma partie préférée du dessin animé, j’ai la rage. J’imagine les enfants fredonner Zouinn Zouiinnn zoouuinnn sans moi là-bas. Tssuiippp !!


Moi lorsqu’il finit son appel : maintenant que vous avez fini de me vilipender, est-ce que je peux augmenter le volume de mon lecteur ?


Khalil me fixant interloqué : vous avez entendu quoi qui sous-entend que je parlais de vous ?


Moi pince-sans-rire : si ça vous intéresse de savoir, j’ai fait assidûment mon école coranique. Actuellement, j’ai deux ou trois partenaires Émiriens avec qui je gagne non seulement de l’argent, mais également une expérience immersive. En plus dans la pratique, je m’essaie souvent dans l’interprétariat lorsque mon père doit recevoir des donateurs arabes pour son orphelinat.


Il écarquille les yeux de surprise en un clignement d’œil puis se reprend aussitôt.


Moi rictus moqueur : vous voulez quoi frère ? C’est la mondialisation !


Khalil ton narquois : ça y est vous avez recommencé à faire le truc.


J’arque le sourcil.


Khalil (pointant mes lèvres) : weh le truc là avec vos lèvres, on dirait presqu’un sourire et (détachant les mots) ça vous va à ravir.


Je ferme aussitôt mon visage, il pouffe de rire. Je me contente de le toiser et de regarder droit devant moi jusqu’à ce qu’on arrive à la maison. Dans nos apparts, je tourne en rond en essayant d’évacuer ma frustration pendant qu’il éternue à plusieurs reprises. Un moment, j’entends le Ding Dong de la sonnette, il ne me faut pas plus pour savoir qui s’invite chez moi. J’ouvre âprement la porte pour tomber sur son visage raide. 


Khalil la voix enrouée : je pense que je me suis chopé une allergie.


Je lève le sourcil.


Khalil : je suis allergique à la poussière.


Moi : bah faites le ménage alors.


Khalil : c’est ce que j’essayais de faire, sauf que l’appart n’est pas équipé du matériel adéquat.


Moi ton pressant : venez-en au fait !


Khalil se grattant la tête : j’ai besoin que vous m’accompagniez pour acheter du matériel nettoyant.


Moi roulant des yeux : vous ne voulez pas non plus que je vous prenne au dos pendant qu'on y est ?


Khalil ton narquois : très bonne idée, vous en avez d’autres comme ça ?


Moi : tchuiipp !!! (refermant la porte) Je reviens.


Khalil : je ne risque surtout pas de disparaître.


Je lui claque la porte au nez.


Khalil criant pour se faire entendre : n’oubliez pas votre carte de crédit, je n’ai toujours pas fait l'échange.


Je tchipe fort pour qu’il entende. On reprend la route quelques minutes plus tard pour la droguerie d’Harold (qui vit maintenant à Luanda avec sa femme). Il choisit lui-même ce dont il a besoin et je paie à la caisse. On traîne une bonne heure dans les embouteillages avant de rentrer finalement. Je fonce directement dans mon appartement en pestant contre lui lorsque je l’entends sortir du sien à nouveau. 


Diiinngg Donngg !!


Moi ouvrant furieusement : qu’est-ce que vous voulez encore ?


Khalil l’air d’hésiter : j’ai besoin de votre aide, en fait euhh je ne sais pas faire le ménage.


Moi : vous ne voulez pas non plus que je devienne votre femme de ménage par hasard ?


Khalil (se frottant le menton) : vous avez de si brillantes idées ma belle black. (me tendant le balai qu'il tient dans  sa main) Vous commencez sur le champ. (ajoutant) Ne vous inquiétez pas pour le salaire, j'en toucherai deux mots à tonton enfin M Singh pour qu’il l'augmente sur vos honoraires.


Bam !!!


C’est le bruit de la porte que je viens de claquer. C’est avec quelqu’un comme ça qu’on me demande d’être courtoise, dans ses rêves oui !!


Le tournant décisif