Le cadenas
Ecrit par leilaji
Chapitre 16
La peur de voir quelque chose que je ne supporterai pas m’empêche d’avancer. Elle est de dos, les bras animés par les mouvements qu’elle fait quand elle raconte une histoire passionnante. Mais à cette distance et vu le peu de lumière qui éclaire le parking souterrain, je n’arrive pas à voir avec qui elle parle. J’ai le cœur qui cogne fort. Je repense à ce que Naranayi, la femme de l’ambassadeur a dit, j’y repense et j’ai comme un frisson d’effroi. Je n’ai jamais aimé une femme comme j’aime Leila. Ce que je ressens pour elle est incroyablement déraisonnable. Quand je suis avec elle, je ressens en moi comme une paix intérieure, le sentiment diffus d’être là où je dois être. Mais quand je ne peux la voir, la toucher ou lui parler, doucement mais surement je glisse vers un trouble que je n’arrive pas à maitriser. Je me rappelle encore du premier soir où je l’ai vu pour la première fois. Je l’ai trouvé magnifique et mon corps a immédiatement réagi. Il a fallu que je me montre désagréable pour que je puisse m’éloigner d’elle sinon je serai resté là des heures debout devant elle à la contempler. Elle, et ses magnifiques yeux en amande, elle et ses lèvres pleines et rose, elle et son corps gracile, elle et ses cheveux de reine. A ce moment là, je ne savais pas que je l’aimerai aussi fort et aussi vite. Je ne le savais pas.
Je sais juste une chose aujourd’hui, je ne supporterai pas de voir un autre homme la toucher. Elle est à moi. Je sais très bien que c’est idiot de raisonner ainsi mais je ne peux m’en empêcher. Il faut que j’avance encore un peu. Allez Alexander, juste un pas.
Je le fais et je me rends compte qu’elle parle avec … Elle, son espèce de meilleure amie-grande sœur. Je suis extrêmement soulagé. J’ai toujours son téléphone en main.
— Je ne me suis jamais sentie aussi jalouse que ce soir. Je t’assure Elle, ça me brulait la poitrine.
— Tu aurais dû lui demander de ne pas l’inviter.
— Je te dis que je l’ai fait. C’est juste qu’il s’en foutait que ça me gène. Tu penses qu’il supporterait lui d’avoir un de mes ex collés à mes basques pendant toute une soirée ? Non ! Mais moi, il m’a imposé ce supplice.
— Ce n’est pas grave, zappe sur elle. Ta soirée a été merveilleuse et c’est tout ce qui compte. Bon il faut que je file moi.
— Pourquoi ? Ne me dis pas que t’as rendez-vous avec Monsieur-tu-sais-qui ?
— Il veut une partie de jambes en l’air et la je cours le rejoindre.
Elles éclatent de rire et sur la pointe des pieds, je me retire. J’ai vraiment été con ! Comment aurait-elle pu se rendre à ce rendez-vous puisque le téléphone était avec moi quand le message est apparu ?
Une fois à l’appartement, j’ai regardé longuement son téléphone. Je ne sais pas ce qui me retient d’effacer ce message tout simplement ni vu ni connu. Comme ça, je n’aurai pas à craindre qu’elle lui réponde. Finalement, je décide qu’il est temps d’agir en homme et je remets le téléphone à sa place initiale et allume la télévision en attendant qu’elle remonte. Ce qu’elle fait vingt minutes plus tard. Je veux voir si elle va essayer de répondre en cachette ou m’en parler.
Elle passe devant moi et consulte son portable. Elle lit le message. Je la dévisage, j’interprète le moindre changement dans sa physionomie. Leila n’a pas l’air très heureux de lire ce qui est écrit. Ca me soulage profondément. Elle fronce les sourcils et lance un appel.
— Herman espèce de connard si tu m’envoies encore un message de ce genre, je te ferai bouffer les mini-boules qui te servent de c… C’est maintenant que tu te rends compte que je suis une femme ? Eh bah c’est pas grâce à toi nabot.
Puis elle raccroche et éteint son téléphone. Wo ! Je ne m’attendais pas à ça. Quand je repense au scénario catastrophe que je me suis imaginé, j’ai presque envie de rire. J’ai failli tout gâcher avec ma suspicion. Elle m’aime, je dois l’intégrer maintenant et arrêter de jouer au con. On a besoin de commencer à se faire confiance. Je me lève alors et m’approche d’elle pour la câliner.
— Je suis fatiguée, je vais dormir, dit-elle en me tournant le dos.
Je crois qu’elle est encore fâchée. Ce n’est pas bien grave. Je saurai lui rendre le sourire pour qu’elle me pardonne ce soir la présence de Nathalie.
JE SAURAIS LUI RENDRE LE SOURIRE
****Leila****
Je boude un peu Alexander en ce moment. Il est parti en voyage d’affaires en Guinée Equatoriale où il prospecte le marché pour établir des partenariats avec des sociétés nationales guinéennes. Je ne veux pas l’empêcher de travailler mais quand même : il voyage alors que je le boude parce qu’il ne s’est toujours pas excusé pour l’épisode « Nathalie » et que demain c’est mon anniversaire et il ne sera pas là. Cet homme me met hors de moi parfois.
C’est donc le cœur lourd que je me lève, m’habille et prends un café bien fort sans sucre. Je regarde en face de moi la place vide qu’Alexander occupe habituellement les matins et je soupire. Je suis seule dans l’appartement pour le week-end. Quel triste anniversaire ce sera ! On sonne à la porte. Je vais ouvrir. C’est Abdoulaye, un des chauffeurs de la société en qui Alexander à toute confiance.
— Bonjour madame.
— Bonjour Abdoulaye. Monsieur n’est pas là.
— Je sais madame Leila. C’est Monsieur qui m’a dit de vous remettre ceci et d’attendre pour vous accompagner.
Il me tend une enveloppe blanche toute simple que j’ouvre immédiatement. J’espère qu’il ne s’est rien passé de grave. La lettre est bien de lui, je reconnais de suite son écriture.
« Dans mon placard, il y a un petit trolley, habille-toi et prends le puis tu suis Abdoulaye. Il te conduira à une navette ».
Mais c’est quoi ce délire ? Je fais ce qui m’est demandé après avoir vainement tenté de le joindre pour des explications. Il ne décroche pas. Je suis anxieuse, parce que je ne sais pas ce qui se passe mais une petite voix me dit que je n’ai rien à craindre. Mon homme veut que je fasse quelque chose alors je le fais. Peut-être a-t-il besoin de mon aide en Guinée pour le week-end. De toute manière, je glande ici sans lui.
Quelques instants plus tard, je me rends compte que je me suis trompée du tout au tout. On est en train de rejoindre la pointe Denis. J’ai pris une navette à Michel Marine. On traverse l’Estuaire à une folle allure. Je m’accroche à mon bagage. J’avoue que j’ai un peu le mal de mer.
****Alexander****
J’espère qu’elle ne va pas faire sa butée et refuser de suivre Abdoulaye. Elle en est tout à fait capable vu qu’elle ne fait confiance à personne. J’aurai peut-être dû tout lui expliquer et venir ici avec elle tout simplement. Mais ça n’aurait plus été une surprise ! Je sais que la présence de Nathalie l’a profondément blessée et je veux me rattraper. Pourvu qu’elle me laisse faire. je regarde à ma montre et il est bientôt 10 heures, elle doit déjà être là.
****Leila****
On est descendu sur une plage de sable fin. Je ne peux m’empêcher de sourire. Le cadre ici est divin. Le sable est blanc et l’eau, bleue turquoise. Je n’étais encore jamais venu à la Pointe Denis, alors je suis émerveillée par ce que je vois. On se sent comme ailleurs ! Le lieu est encore un peu sauvage. C’est magnifique. Je commence à comprendre ce qui se passe. Un inconnu se dirige vers moi et me salue cordialement puis il prend mes bagages. Je le suis docilement. Je me sens un peu perdue maintenant. Où est Alexander ?
Quand j’entre dans ma chambre, je prends une bonne douche et je dors. Alexander a laissé un mot sur le lit.
« RDV à 19heures »
Je dois me reposer parce que la nuit que j’ai passée sans lui a été bien longue, je n’ai pas pu fermer l’œil un seul instant. A présent, je sens que contrairement à ce que je croyais, je vais passer un week-end mémorable. Il n’est donc pas parti en Guinée comme il me l’avait dit. Il a menti pour me faire la surprise d’une soirée en amoureux à la Pointe Sainte Denis.
Je pouffe de rire toute seule sur le lit. Alexander n’est peut-être pas très bavard mais il est très démonstratif et c’est ce que j’aime. Il me montre tout le temps que je compte pour lui. C’est très important pour moi car ça m’aide à aller dans le même sens que lui. A lui faire confiance. A nous faire confiance.
A 18 heures 35, je suis quasiment prête. Alexander a une sainte horreur du retard et je ne voulais pas qu’on commence la soirée par une brouille. Je me suis habillée avec ce que j’ai trouvé dans le trolley. Une magnifique robe courte couleur chaire qui dévoile mes jambes. Mes pieds sont chaussés de stilettos. J’ai dû me coiffer toute seule alors j’ai fait simple grâce au fer chaud. Je les ai bouclés et ils tombent en longues cascades ondulantes sur mes épaules. Il pourra passer les mains dedans à volonté. On frappe à la porte. Je regarde l’heure sur mon téléphone. Ca doit être Alexander.
J’ouvre et il est là. Cheveux complètement décoiffés par la brise nocturne. Il porte un ensemble de lin blanc qui lui va à ravir et il est beau comme un Dieu ! Seigneur j’aime cet homme à un point fou.
— Tu es magnifique.
— Merci. Tu aussi, je lui réponds soudain intimidée par sa présence.
Il me tend son bras et nous allons d’un pas tranquille diner.
****Alexander****
Depuis qu’elle m’a vu, je crois qu’elle a l’esprit ailleurs. Elle a à peine touché aux couverts posés devant elle. Pourtant tout dans ce lieu invite à la détente, des meubles en rotin aux voilages dansants. Elle met cinq bonnes minutes pour commander. Je ne sais pas ce qui se passe.
— Lei, ça va ?
— Oui pourquoi ?
— Tu as l’air ailleurs. Ma surprise ne te plait pas ?
— Alexander ! Je suis heureuse, arrête. Mais j’avoue que j’ai extrêmement faim …
— Patiente, les commandes arrivent.
— Je … j’ai faim de toi.
J’ai failli avaler de travers en l’entendant dire « j’ai faim de toi » d’une voix sensuelle, les yeux brillants d’excitation. Je veux que la soirée soit parfaite alors on ne va pas bruler les étapes !
— On mange et on y va, t’inquiète.
— Comme tu voudras.
Pendant que le serveur nous dépose nos plats, je sens quelque chose caresser mes jambes. Je regarde Leila. Un demi-sourire flotte sur ses lèvres tandis qu’elle boit son verre d’eau. La pression s’accentue sur ma jambe et remonte. Je comprends enfin qu’elle est en train de me caresser avec son pied alors que le serveur lui demande si elle souhaiterait autre chose. Elle bavarde un peu avec lui et continue de me caresser. Son pied est sur mon sexe qui déjà réagit. Je ne la savais pas capable de … ça. Elle continue, j’ai du mal à attraper correctement ma fourchette et je crois même que j’ai du mal à avaler. Le serveur s’en va enfin.
— Leila !
— Je t’ai dit que j’ai faim de toi bébé.
Quand elle est dans cet état, il ne faut jamais hésiter longtemps. Je commence à la connaitre parfaitement.
Quand elle est dans cet état, le sexe est magique entre nous. Je m’essuie la bouche avec ma serviette, dépose de l’argent sur la table et me lève. Je prends sa main. On sort du restaurent à vive allure. Elle rigole, bien contente de m’avoir mis dans cet état. Pour moi la situation est moins drôle. J’ai du mal à marcher et mon sexe tend indécemment mon pantalon.
Je l’emmène vers la plage. Elle me suit toute docile. Elle ne proteste pas. Un peu plus tôt, j’ai posé certaines petites choses dans un coin qui m’a plu. Une couverture bien chaude et immense, et une autre surprise pour elle. Je retrouve mon coin qui est à l’abri des regards indiscrets et je commence par étendre la couverture et je l’y invite. Je pose sa main sur la partie douloureuse de mon corps.
— Tu vois dans quel état tu me mets ?
— Punis-moi pour ça.
Je m’enflamme et la déshabille. La robe s’envole, cette fois-ci je ne l’ai pas déchirée. Il lui reste les dessous. Exit le soutien gorge. Il ne lui reste que son minuscule slip en dentelle. Je savoure son corps. La lumière de la lune fait presque étinceler sa peau. Elle s’attaque à son tour à moi et je ne garde que mon pantalon. Elle ronronne presque, tellement l’attente est sublime. Je l’embrasse tout doucement d’abord. Je suce ses lèvres puis je descends tout lentement en déposant de petits baisers sur son menton, son cou. Arrivé à ses seins, je prends la pointe du sein gauche dans ma bouche, elle se cambre. Ca me rend dingue quand elle fait ça. Je change de sein, le suçote, le lèche, le mordille. Elle me caresse le dos, ses mains passent sur mes cicatrices. Je les saisis et les bloque au dessus de sa tête pour qu’elle arrête de me distraire avec ses caresses.
— Ca t’amuse de me mettre dans cet état hein ?
— Tu parles trop… murmure-t-elle plus mutine que jamais
Cette attitude provocante lui va à ravir. Elle prend confiance en elle. Elle prend confiance en nous. Je vais lui donner ce qu’elle veut.
****Leila****
Seigneur ! Je suis en train de crier son nom comme une folle furieuse. Pourvu qu’on ne nous entende pas. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Il me prend fort et vite. Je suppose que c’est la « punition » pour le pied baladeur qui l’a mis dans tous ses états. Je halète et lui aussi. Je me sens proche de l’orgasme mais je n’y arrive pas. C’est trop fort. Trop rapide. Je vais avoir des bleus s’il continue ainsi. Mais c’est tellement bon. Comme lorsqu’on est au bord d’un précipice mais qu’on sait qu’on ne va pas tomber. Finalement, il se fige la tête enfuie dans mon épaule. Tous ses muscles se tendent à l’extrême. Il explose en moi en un long râle. Puis il se relâche. Son poids sur mon corps me fait du bien. Je lui caresse les cheveux et dégage ceux qui sont collés par la sueur à son front.
— Je dois reprendre mon souffle.
Je ne réponds rien.
— Leila ?
Je ne réponds toujours rien mais mes muscles endoloris pourraient crier à ma place. En fait, je fais semblant de bouder.
— Tu m’as fait mal, dis-je d‘une voix de gamine contrariée.
— Je suis désolé mera dil, j’ai un peu perdu la tête… Je vais réparer ça.
Il m’embrasse, puis descend plus bas et toujours plus. Je le laisse faire. Je le sens entre mes jambes.
LE RESTE… JE SUIS TROP LOIN POUR POUVOIR L’EXPRIMER.
****Alexander.****
Elle s’est endormie dans mes bras. Je me suis rhabillé et je l’ai enveloppé dans la couverture pour la ramener dans la chambre. Elle ne pèse pas grand-chose. Faire l’amour sur la plage c’est une chose, mais y dormir et se faire surprendre le matin par les marcheurs c’en est une autre.
***Leila***
Je contemple mon corps dans le miroir de la douche. Le jour se lève à peine et Alexander dort encore. Je porte les stigmates de notre dernière nuit. Je prends mes cheveux entre mes mains pour les peigner un peu. Ils sont tout emmêlés. Ce geste me dénude le cou.
— Mais qu’est-ce que c’est que ça ? dis-je en remarquant l’objet apparu sur moi.
Un bijou brille à mon cou. Je m’approche du miroir et le regarde attentivement après avoir relâché mes cheveux. Je saisis un pendentif en forme de cadenas sur lequel est inscrite une phrase que je ne peux lire. Je retourne dans la chambre en courant et réveille Alexander en le secouant.
— Bébé ! Bébé, réveille-toi !
— Leila, j’ai besoin de sommeil, bougonne-t-il en ouvrant à peine les yeux pour les refermer aussitôt.
Qu’est ce qui est écrit sur le pendentif ? Dis-moi, je ne peux m’empêcher de crier toute hystérique.
J’essaie de ne pas trop bouger car j’ai mal au corps. Il ne m’a pas raté hier. Il se réveille complètement et s’assoit sur le lit en m’attirant à lui.
— Il te plait ?
— Oui, je réponds en l’embrasant. Explique.
— Tu sais à Paris, il y a un pont sur lequel les amoureux viennent sceller un cadenas. Mais organiser un voyage là bas en si peu de temps et sans que tu ne le saches était trop compliqué. Alors j’ai fait faire ce bijou ici. Le cadenas contient… mon cœur et ce cœur, je te le confie. Tu comprends ?
Je suis trop émue pour répondre. Je bouge tout simplement la tête.
— Dis-moi que tu m’aimes, exige-t-il en m’embrassant.
— Je t’aime, je réponds docilement.
— Sois plus convaincante mera dil.
Je m’assois sur lui et … je lui fais savoir à quel point je l’aime. Le romantisme c’est bien, le sexe c’est mieux.