Le commencement
Ecrit par kony ariane
Le
mariage, ce fichu engagement où l'on se promet amour éternel, fidélité,
dévouement et je ne sais quoi d’autre, ah oui respect de la société.
Ici
au Bénin en devenant femme j'ai souvent
entendu dire qu’une femme qui est mariée, a un passeport dans la société,
lui conférant respect et considération des autres. Elle a dans un mariage une
couverture. Son mari est un peu comme son manteau.
La femme a beau avoir toute l’indépendance financière que lui procure sa situation mais elle demeure pointée du doigt quand elle n'a pas de ‘’mari’’. Elle doit être un sacré numéro si elle est seule. Comme si la faute ne peut qu'émaner d'elle.
Et pourtant, plus d'une
ne sont pas heureuses dans leur soit disant mariage.
Certaines se font battre, d’autres humilier verbalement avec toutes sortes de tortures psychologiques, d’autres connaissent les joies des tromperies sans limites de leur mari, d'autres filent le parfait amour et j'en passe et il y a cette catégorie de femmes, la nouvelle génération je vais les appeler, qui sont devenues dans leur foyer des hommes à part entière, des professionnelles de la tromperie.
Je me disais
que c’était honteux, rabaissant, humiliant et combien dégradant qu'une femme
ait un amant.
Je retire mes mots car il
faut le vivre pour le comprendre.
Je n’avais spécialement
pas ce besoin, cette ambition d'avoir un mari. J'ai fait de grandes études en
finances et finalement je me suis retrouvée à reprendre le commerce de tomates
de ma mère. Eh oui. Une fois rentrée des états unis, cette dernière m’avait sollicitée
pour l’assister le temps de mes vacances. C'est ainsi que je la suivais partout
pour lui donner un coup de main.Faut dire que j'ai mis en place des stratégies
qui ont porté leurs fruits. Elle avait des hectares de terrains aux quatre coins
du pays et y faisait pousser des tomates, suivant que la saison était propice.
Par moment du piment. On avait fini par faire des concentrés de piments et deTomates.
Ma mère paix à son âme n’était jamais allé à l’école mais avait réussi son pari
à savoir être une grande de ce pays. Quand son père à elle décédait, étant
fille unique, les frères de mon grand père lui ont tout pris. Ils ne lui avaient
donné qu'une portion de terre. Son plus grand héritage était ce secret que lui
avait laissé son père, à savoir faire pousser de la tomate dans tout le pays et
ceci suivant les saisons. Maman avait alors commencé à 16ans. Sur ce lopin de
terre, les tomates étaient toujours belles. Des grosses, bien juteuses avec
cette couleur qui vous fait penser au soleil.
Elle avait fini par
attirer l'attention d'une ONG qui avait été séduite par sa technique de culture
et son refus catégorique d'utiliser des pesticides. Le responsable des projets,
un jeune anglais avait fini par être pris de sympathie pour elle. Il l’avait beaucoup
aidé. Elle a obtenu grâce à son amour pour la terre, une subvention pour un
autre lopin de terre. Les affaires avaient démarré pour elle. C'est ainsi
qu'elle devint la première productrice de tomate. Elle avait réussi à se faire
connaître et grâce à sa production, on avait réussi à atteindre l’auto suffisance
en tomate. Après quoi elle se lança dans l’exportation. Aujourd’hui nous avons
une usine de transformation de tomates.
Pour elle, une femme
n'avait pas besoin d'un homme. Elle se suffisait à elle-même. Mais l’amour, ce traître
avait fait qu'elle s’était éprise d'un coureur de jupons invétéré, un homme à
femme, un miel aux abeilles, monsieur mon père en la qualité de Sèdjro Zossou.
Il était commerçant lui-même. Il avait réussi à faire changer d’avis à maman,
un an après leur rencontre, ils se marièrent, vécurent heureux jusqu’à un
moment et eurent deux enfants moi, Zossou Tomato, et mon frère Pasta. Ne riez
pas, mes parents étaient tous deux illettrés. Ils sont décédés l'an dernier
dans un crash d'avion.
Ma mère était très
ambitieuse, elle avait compris assez tôt que les hommes ça ne permet que
d'avoir des enfants. Pour le reste, comme elle le disait « sounou ma vo noudé, Dé a digbon wè gnéna
zéwédo » (l’homme ne vaut rien, il te prendra comme tu l'aurais voulu).
Maman nous avait poussé
loin dans les études, elle avait fait de nous des élites. À presque 40 ans, je
suis dans le business de Maman depuis 15ans maintenant. Et ça marche.
J'ai mis mes connaissances
en finances à profits et voilà les affaires tournent.
J'ai fait la connaissance
de Renaud Hountondji il y a dix ans et je dois dire que j'en suis folle. Je
n'ai d'yeux que pour lui. Cet homme a été fait pour moi, enfin je crois. Nous
nous sommes mariés enfin il y a 8 ans et je crois que je n’aurais pas rêvé
meilleur choix. Il est doux, prévenant. Il est généreux et si amoureux de moi.
C’est mon homme. Quand je ne suis pas en voyage je suis à la maison à 17h pour
tout préparer avant que mon homme ne rentre. Maison nickel, repas toujours prêt
et chaud, lit dressé et toujours une bonne odeur de jasmin partout. Il adore
l'odeur du jasmin.
Renaud est directeur de publication d’une grosse boîte
d’édition, qui a délocalisé ses branches. Il est responsable de l’Afrique
francophone, ce qui l’emmène à se déplacer souvent.
Nous étions plus que
heureux, jusqu’à ce jour où j’avais oublié que je devais me rendre avec lui à
un dîner de gala.