LE DERNIER COUP

Ecrit par princesse tia

Bébé Gilles avait un an maintenant, il se tenait maladroitement sur ses pieds et faisait quelques pas. Il baragouinait également quelques mots au grand amusement de ses parents. Véronique vivait toujours avec James et Luc. Chaque jour le couple allait travailler ensemble à l’atelier,  James était presque devenu pro dans le métier, il était si créatif et l’atelier commençait à être reconnu dans le quartier. Certes ils n’y gagnaient pas encore énormément et avaient parfois du mal à joindre les deux bouts mais ils étaient heureux ensemble et gardaient fermement espoir en l’avenir. 

_Viens là bébé, je vais te mettre au dos on va aller voir mémé. 

_Mé…..mé, répéta Gilles tout sourire en tendant les bras vers sa maman. 

Celle-ci le mit au dos et rangea ses affaires. 

Sa mère avait envoyé Marguerite la veille, lui dire de venir à la maison. Elle ne savait pas pourquoi elle voulait la voir mais espérait que ce n’était rien de grave. James était déjà à l’atelier où elle le rejoindrai plus tard et Luc était à l’école.  

Elle arriva à son ancienne demeure après 15minutes de marche. Elle sonna et sa maman vint lui ouvrir. 

_Bonjour Ma.

_Bonjour Véro, répondit elle en la faisant entrer dans la maison. 

Gilles se mit à gigoter à la vue de sa grand-mère en tendant les bras. Elle le prit en riant. 

_Oui tu m’as manqué aussi mon petit mari, viens là, viens voir mémé. 

Elles entrèrent dans le salon et Véro fut étonnée de voir Angela couchée sur une natte dans un coin. 

_Gela tu n’es pas à l’école ? Qu’est ce que tu as ? Ça ne va pas ?

Angela ne répondit pas à sa maman et la grand-mère lui dit :

_Calmes toi Véro c’est pour ça que nous t’avons fait venir. Assois toi s’il te plaît. 

Ça ne sentait pas bon du tout et Véronique s’assit le cœur battant la chamade. 

_Ah ! Tu es là grande sœur, fit Marguerite en sortant de la pièce derrière elle. 

_Oui comment vas-tu ? Et Modeste, il est à l’école? 

_Je vais bien. Oui il est à l’école ooooh ! Ce capricieux là. 

Elle s’assit à son tour et prit Gilles_David sur ses cuisses. 

_Véronique ma fille, je t’ai fait venir ce matin pour te parler de quelque chose de sérieux, commença leur mère. Avant tout, saches que tu es maintenant une grande femme. Tu auras bientôt 35ans, tu as traversé et vu assez de choses dans cette vie pour savoir réagir avec maturité et sagesse devant certaines situations. Je vais t'annoncer quelque chose, ça va te faire mal, te choquer mais tu ne vas pas crier, tu ne feras pas de scandale tu m’as compris Véro ? 

La jeune femme hocha de la tête pour acquiescer. 

_Bien. Angela est enceinte Véronique. 

_Tu dis quoi ? 

_Angela est enceinte. Nous l’avons découvert il y a seulement quelques jours. Selon ce qu’elle nous a dit, elle doit être à un mois de grossesse. 

Véronique avait l’impression que tout tournait autour d’elle, que sa vue se brouillait. Elle avait beaucoup de choses qui lui passaient par la tête mais sa gorge et sa bouches étaient sèches et aucun mot ne passait. 

_Véronique tu m’écoutes ? Demanda sa mère. 

Voyant qu’elle ne répondait toujours pas et que des larmes coulaient le long de ses joues, Marguerite s’approcha d’elle. 

_Écoutes grande sœur si on gère bien la situation avec calme on peut y arriver. Ce n’est pas la fin du monde. 

_17 ans Magui, Gela a 17ans bien sûr que c’est la fin du monde. Oh ! Seigneur c’est quoi cette malédiction ? 

Elle pleurait à chaudes larmes la tête entre ses mains. Tous ses espoirs, ses rêves pour sa fille venaient de se briser d’un coup. 

_Pourquoi mon Dieu, pourquoi ? J’aurai dû l'emmener avec moi en allant vivre avec James, peut être ainsi je l’aurai mieux surveillée. 

_Ah ! Non non ne dis pas ça grande sœur. Maman et moi on surveillait bien Angela. Ce n’est pas là le problème. 

_Mais il est où le problème alors ? Hurla t elle en se ruant sur sa fille toujours allongée sur la natte. Dis moi où était le problème Angela, dis moi s’il te plaît, où ai-je faillit dans ton éducation ? Je t’ai pourtant toujours exhorté à te concentrer sur tes études. Tu te souviens notre beau slogan ? Les études avant les hommes. Tu as tout gâché Angela. 

Gilles prit peur devant les hurlements de sa maman et se mit à pleurer. 

_Arrêtes de hurler Véronique enfin, regarde tu fais pleurer le bébé, supplia Magui pendant que leur mère faisait sortir Gilles pour le calmer. Viens avec moi grande sœur, viens t'asseoir. Le moment n’est plus aux cris, tout ce que tu nous devons faire maintenant, c’est arranger les choses autant que possible. 

Véronique pleura encore de longues minutes puis finit par se calmer. Leur mère les rejoignit également avec Gilles qu’elle avait calmé avec un bonbon. 

_Qui lui a fait ça ? Gela viens ici. Tu connais au moins l’auteur de la grossesse ? 

Angela s’approcha en traînant des pieds, abattue par ses nausées et ses vertiges. Elle s’assit par terre à côté de sa grand-mère. 

_ Maman c’est Faustin qui m’a mise enceinte. 

_Angela tu parles de quel Faustin ? Demanda Véronique d’une voix menaçante. 

Marguerite posa une main sur son épaule. 

_Véro doucement s’il te plaît. 

_Gela parles moi. C’est bien le Faustin à qui je pense ? Le fils de la présidente du marché du quartier ? 

Angela hocha de la tête. 

Le jeune homme en question avait 25ans, il était vacataire dans le collège du quartier où les enfants de Véronique allaient. Sa mère, présidente des femmes du marché du quartier, avait une réputation bien méritée, de bagarreuse. Ce n’était pas une famille très appréciée dans le quartier. Il y a un peu plus d’un an, Véronique l’avait vu devant leur porte en compagnie de sa fille et elle lui avait donné l’ordre de déguerpir et de ne plus l’approcher. 

_Je t’avais interdit de revoir ce jeune homme Gela, je te l’avais bien interdit mais tu ne m’as pas écoutée. Tu es allée te faire enceinter par ce malpropre là. Eh ! Gela pourquoi ?  Humm ! Mais quand je l’aurai croisé lui…….. je lui montrerai de quel bois je me chauffe. Engrosser une enfant de 17ans, qui plus est ton élève. Je le ferai enfermer je vous le dis moi. 

_Ho ho ho ! Calmes toi ma fille, personne n’enferme personne ici. 

_Je le ferai enfermer Ma, ça lui apprendra à enceinter les petites filles, hurla Véro à sa mère. 

Cette dernière se leva et d’un ton sévère lui dit :

_Ne me crie pas dessus Véronique je suis ta mère après tout. Je dis personne ne fait enfermer personne ici. Tu te calmes et tu me laisses gérer. Je vais rencontrer le jeune homme et lui dire ce qu’il y a lieu de faire, ce que nous attendons de lui. Mais en attendant toi tu te calmes, est ce que je me suis bien fait comprendre Véronique ? Et je ne veux pas apprendre que tu es allée faire un quelconque scandale quelque part. Est-ce que c’est clair ? 

_Humm ! Oui Ma……c'est compris. Je vais rentrer chez moi maintenant. Au revoir. 

Le lendemain, la grand-mère demanda à Angela de lui appeler Faustin. Ce dernier ne se présenta que deux semaines plus tard. Il lui fut demandé de faire venir sa famille afin d’arranger la situation, mais à 5 mois de grossesse, personne de chez lui ne se présenta et Véronique était obligée de s’occuper de tous les frais de la grossesse avec ses maigres revenus parce que Faustin ne gagnait pratiquement rien de son vacatariat. Remontée par cette situation qui lui rappelait sa propre histoire avec Joseph et faisant fi des recommandations de sa mère, Véronique alla trouver la mère de Faustin devant son étalage de pagnes au marché pour lui demander de s’arranger elle et son fils pour assumer leurs responsabilités. 

_Madame ce n’est pas moi qui ai enceinté ta fille d’accord ? Si une petite fille même ne sait pas garder ses cuisses fermées faut pas venir me déranger ici, lui répondit la dame. 

_Ah ! Bon ? Ton fils vient enceinter ma fille mineure, il ne s’en occupe pas et c’est tout ce que toi sa mère tu trouves à dire ? Toi aussi tu as deux filles hein ! Ce que tu n’aimerais pas qu’on leur fasse ne le fais pas à la fille d’autrui. 

_Mes filles n’enlèvent pas leurs slips n’importe comment. 

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Véronique se rua sur elle pour la frapper et n’eusse été l’intervention d’autres femmes, elles se seraient sérieusement crêpé le chignon. 

_Je vais porter plainte, c’est la police qui viendra chercher ton fils chez toi crois moi.

Après cette menace, Faustin se présenta le lendemain matin avec un oncle à lui et ils firent la promesse de s’occuper de la grossesse et de venir. Ils le firent autant que leurs moyens le leur permettaient, mais c’était de bien maigres moyens. Angela exigea d’aller vivre dans la maison familiale de Faustin, malgré les ultimatums, les menaces et même les supplications de sa mère. C’est là qu’elle accoucha de son fils Éric. Sa grand-mère alla tous les jours les premières semaines l’aider avec le bébé et sa maman allait la voir également de temps en temps. 

Un jour lorsque son bébé eût 6 mois, Angela vint rendre visite à sa mère chez elle. 

_Gela tu vas bien ? Lui demanda celle-ci après l’avoir installée. 

_Oui ça va maman. 

_Humm ! Pourquoi tu ment ma fille ? Regardes toi Gela, quand tu étais à la maison avec ta grand-mère et tes tantes est ce ainsi que tu étais ? Tu as maigrit, ton teint a terni, ça se sent que tu souffres là bas. Retournes à la maison mon bébé, s’il te plaît. 

Véro était presque sur le point de pleurer. 

_Maman je vais bien, ça va aller, Faustin a dit que nous allons nous en sortir. Je ne vais pas retourner à la maison. 

_Humm ! Ok et tes études alors ? La rentrée c’est dans deux mois, tu penses à te réinscrire ? 

_Euh ! Justement je venais te voir à ce propos. J’abandonne les études, je ne vais plus continuer.

Véronique faillit tomber à la renverse. 

_Tu dis quoi Angela ? Répète un peu. 

_Maman je ne retourne plus à l’école. Faustin et moi avons déjà un peu de mal à joindre les deux bouts alors je ne peux pas m’inscrire, gérer la scolarité, tout ça. Alors on a décidé que pour le moment j’irai vendre au marché avec sa maman et elle va me payer par jour. Lorsque Faustin aura mis un peu d’argent de côté, il m’inscrira pour une formation professionnelle. 

_Mais Angela qu’est ce que tu me racontes là ? Et tes rêves de devenir sage femme ? Tu y tenais tellement, il ne te reste plus que deux ans pour avoir ton bac et passer le concours d’entrée à l’Institut. Tu es une fille très intelligente, tu as d’excellents résultats à l’école et je sais que tu passeras toutes les étapes haut les mains. Il te suffit de te battre ma princesse. Je peux t’aider à payer à payer les frais de scolarité, je suis prête à faire la portefaix au marché pour t’aider, mais n’abandonne pas tes rêves je t’en supplie Angela, c’est là ta seule porte de sortie en cas de catastrophe. 

Elle pleurait maintenant sérieusement, elle pleurait sur l’avenir de sa fille qui était sur le point d’être saccagé. 

_Je vais y réfléchir maman, je ne te promets rien, dit Angela très calmement avant de partir.  

Elle ne changea pas d’avis, Faustin la convainquit que la décision qu’ils avaient prise était la meilleure.

Véronique avait tellement mal qu’elle maigrissait à vue d’œil. Elle n’avait pas remarqué que depuis un moment, James également n’avait pas l’air dans son assiette. 

_Ma chérie, ma mère vient nous rendre visite dans une semaine s’il te plaît, lui annonça t il un matin avant leur départ pour l’atelier. 

_Ah ! Bon ? C’est super. D’habitude elle déteste se déplacer. Gilles sera content de voir sa seconde mémé. 

Comme annoncée, la seconde mémé arriva une semaine plus tard. Elle ramena beaucoup de vivres , pleins de vêtements et de jouets pour Gilles. Le lendemain de son arrivée, à 4h du matin, elle réveilla le couple et demanda à leur parler. 

_Mes enfants, je rend grâce à Dieu d’être venue vous trouver en paix et en bonne santé. Je ne suis pas venue pour rester longtemps, je repars cet après-midi. Je suis juste venue pour une mission spéciale. 

Elle se tourna vers Véronique et continua :

_Véro ma chérie, tu sais que je t’aime bien. Tu as tout ce qu’une belle-mère peut rêver. Je te remercie de prendre soin de mon fils, tu seras toujours la première femme de mon fils et Gilles sera toujours notre premier héritier. 

Véro se mit à froncer les sourcils en se demandant ce qu’elle racontait au juste.

_Véro, tu ne seras désormais plus seule. Une autre femme est enceinte de James. 

Elle se tut un moment pour observer la réaction de Véronique qui contre toute attente éclata d’un grand rire. Elle rit à gorge déployée comme si on venait de lui raconter quelque chose de vraiment drôle. Elle riait et n’arrivait pas à s’arrêter. 

_Oh ! C’est drôle cette malédiction, réussit elle à dire entre deux éclats de rire. Je parie que cette femme se prénomme Amivi et qu’elle va accoucher d’une fille qui s’appellera Julie.                        Seul James comprit le rapprochement avec sa relation précédente. 

_Elle s’appelle Mawussé, c’est un peu une parente à nous. Je l’ai élevée depuis ses dix ans. Tu es une femme super Véronique mais il faut qu’il prenne une femme de chez lui aussi, c’est important. Excuses moi mais tu es une étrangère et il vit dans ton pays, il ne faut pas qu’il perde ses racines. Mawussé sera comme ta petite sœur, ne t’inquiète pas elle ne viendra pas vivre ici avec vous et lorsque vous vous rencontrerez aux événements familiaux elle sera correcte et te respectera en temps que grande sœur d’accord ? James ne savait pas comment te l’annoncer alors je suis venue. Ne lui en veux pas il n’y est pour rien. 

_D’accord, merci bien de t’être dérangée pour moi maman. Je transmets mes salutations à Mawussé, fut tout ce que Véro dit avant de retourner dans la chambre à coucher. 

James la rejoignit quelques minutes plus tard et s’agenouilla près du lit.

_Félicitations futur papa, lui dit Véro avant de lui tourner le dos. 

_Ma chérie, je voulais te le dire mais je ne savais pas comment. Bébé je ne l’aime pas, tu es la seule que j’aime. Mawussé c’est juste comme ma sœur ou mon amie, on fait juste un enfant. Ne la comptes pas, elle sera invisible tu n’entendras pas vraiment parler d’elle. 

_À chaque fois que tu rentrais pour voir ta famille c’était pour coucher avec elle ? Et elle est enceinte de combien au fait ? Lui demanda t elle toujours de dos. 

Il mit un long moment à répondre. 

_Elle est enceinte de 5 mois. Pardonnes moi mon cœur, je t’aime tu le sais. Ce sera toujours toi ma vraie femme. S’il te plaît ne laisse pas ça nous séparer. Je ne veux pas que tu souffres. 

Elle se retourna, le regarda droit dans les yeux et avec un triste sourire lui dit :

_ Ne t’en fais pas pour moi j’ai l’habitude, c’est ma vie. 

James pensait qu’elle l’aurait quitté, fait des scènes, l’insulter ou même le frapper. Mais non elle était juste là, cuisinant toujours pour lui, prenant soin de la maison, de l’atelier et de leur fils comme si de rien n’était. Même lorsque Mawussé accoucha et qu’il alla les voir, Véro envoya des babioles de nouveaux nés à la petite Larissa. Malgré tout ça James voyait bien que quelque chose était mort en elle et il était maintenant mal à l’aise en permanence, il n’arrivait même plus vraiment à la regarder en face. 

Ils vécurent encore pendant 4ans, au cours desquelles la situation finit par se décanter un peu et ils essayèrent d’avoir un autre enfant. Leurs essais se soldèrent malheureusement par une fausse couche de Véronique et après plus rien.

 Pendant ce temps Angela elle donna naissance à un autre bébé de Faustin, une petite fille prénommée Roxane. Véronique n’exprimait plus son mécontentement à propos de sa relation toxique avec Faustin et se contentait de tenir son rôle de maman autant qu’elle pouvait.

Elle y pensait justement ce soir là en cuisinant dans la petite cour de leur maison lorsqu’une jeune femme fit irruption dans la maison en tenant un bébé dans les bras, suivie d’une dame un peu plus âgée qui tenait une valise. Véronique les reconnut instantanément, c’était Coumba et sa grande sœur Fatou.  Elles étaient Sénégalaises, elles vivaient dans une grande villa avec leurs autres sœurs et frères, dans le quartier où James avait installé l’atelier. Coumba ne devait pas avoir plus de 25ans et Fatou devait être dans la même tranche d’âge que Véronique. Elle ne les avait jamais vraiment côtoyé, elles se saluaient juste dans la rue où lorsqu’elles passaient devant l’atelier. Elle ne comprenaient pas ce qu’elles venaient faire chez elle. 

_Bonsoir Mme, dit la grande sœur d’un ton agressif lorsqu’elles arrivèrent à son niveau. 

_Bonsoir Fatou, Coumba ça va ? Tu as accouché quand ? Je ne savais pas. Félicitations. 

Coumba se contenta de dire merci d’un signe de la tête. 

_Oui Coumba a accouché de cette petite fille il y a maintenant 6 mois,  nous l’avons appelée Maïmouna et son père l’a appelée Cécile. Je ne sais pas s’il vous l’a dit mais James est le père de cet enfant. Il a promis à ma petite sœur qu’elle viendrait vivre avec lui depuis qu’elle est tombée enceinte mais ça ne s’est jamais fait. Ma sœur ne peut pas continuer à trainer ainsi dans la maison avec son bébé comme si elle n’avait pas de père. Les gens n’arrêtent pas de la pointer du doigt dans le quartier. Alors aujourd’hui je les ai amenées rejoindre leur domicile. C’est ici qu’elles doivent être. Ne t’en fais pas, vous pouvez cohabiter toutes les deux, la polygamie n’est pas un problème pour nous. 

_Ok…….. la malédiction continue, c’est bien, murmura Véro. 

Elle s’approcha de Coumba qui n’arrêtait pas de la lorgner et lui dit :

_Je peux voir le bébé s’il te plaît ? 

Elle hésita un instant avant de lui remettre le bébé. Elle était mignonne comme tout et surtout elle était le portrait craché de Gilles, donc de James. 

_Ouais elle est la digne fille de son père, fit Véro. Il n’est pas encore rentré de l’atelier mais venez je vais vous installer pour l’attendre. 

Tenant toujours le bébé dans ses bras, elle les précéda dans leur salon et les installa. 

_De l’eau ? Demanda t elle en remettant Cécile à sa mère. 

_Non merci, répondit sèchement Coumba. 

_Ok faîtes comme chez vous, leur dit elle avant de retourner à la cuisson de son repas. 

Elle ne savait si elle devait pleurer, rire ou tout casser dans la maison. Elle bougeait juste comme une automate. James rentra une heure plus tard en compagnie de Gilles qui était allé rester à l’atelier après l’école. 

_Bonsoir ma chérie, ça va ? 

_Bonsoir maman. 

_Salut mon bébé d’amour tu vas bien ? Et ta journée à l’école ? Bonsoir James. Tu as des visiteurs dans le salon. 

_Ah ! Bon ? Je n’avais rendez vous avec personne pourtant, s’étonna t il en rentrant dans le salon. 

Véronique resta à l’extérieur avec son fils, elle le fit se laver les mains et lui servit son dîner. Elle entendait des éclats de voix depuis le salon, suivis des pleurs de Coumba puis du bébé. Cela dura près d’une heure après laquelle, Fatou sortit du salon, toute en sueur. Elle ne prit même pas la peine de dire au revoir à Véronique. Après son départ, Véronique doucha son fils et le coucha. Elle alla ensuite dans la chambre qu’elle et James partageaient et prit sa trousse de toilette, une couverture, un oreiller et sa robe de nuit. 

_Mais qu’est ce que tu fais Véro ? Lui demanda James.

_Je vais dormir dans le salon avec mon fils cette nuit. Demain je vais rentrer chez moi, répondit elle calmement en sortant. 

Il l’attrapa par le bras pour la retenir. 

_Comment ça tu rentres chez toi ? C’est ici chez toi ma chérie. Elle n’a été qu’un accident, j’aurai vite fait de la renvoyer chez elle et nous vivrons en paix. 

_Vivre en paix jusqu’à ce qu'atterrisse une autre Mawussé ou une autre Coumba ? J’ai déjà traversé beaucoup de choses James et l’une des leçons que j’ai retenue c’est que : « Qui a bu, boira ». J’aurai dû partir dès Mawussé mais je ne l’ai pas fait, c’était une erreur. Cependant, il n’est pas encore trop tard je vais m’éclipser et me consacrer à moi et mes enfants. Je ne vais pas répéter les mêmes erreurs qu’il y a des années, je dois partir avant d’être encore plus humiliée. Il y a eu une première et deuxième fois, je ne vais pas attendre la 3e fois, non je ne vais pas attendre. 

La façon dont elle parlait fit comprendre clairement à James qu’il l’avait perdue et qu’elle ne reviendrai pas sur sa décision. 

_Et s’il te plaît, si tu pouvais me rembourser ne serait ce qu’une partie de l’argent que j’avais investi dans l’atelier, ça me permettrai de recommencer une activité génératrice de revenus. Mais si ce n’est pas possible, ce n’est pas grave je me débrouillerai. Bonne nuit. 

Sur ce, elle sortit de la pièce et dit à Coumba qui somnolait avec son bébé dans les bras. 

_Coumba, tu peux aller te coucher dans la chambre, j’ai fait le lit pour toi. Vas y et installes toi.

Elle ne ferma pas l’œil de toute la nuit, une fois de plus, la vie la forçait à reprendre de zéro, à 40ans. Qu’avait elle fait pour mériter une vie pareille ? Sur quelle étoile était elle donc née ? Avait elle donc été si méchante dans sa précédente vie ? 


Véronique ou une vie...