Le doigt dans l'engrenage - Episode 1

Ecrit par chrochro241

Introduction & Prologue :

 

Un beau matin à Libreville, capitale gabonaise, vers la fin du mois de février 2016…

 

Romuald OYI MBA, gabonais de 31 ans, se gare à sa place habituelle dans le parking du siège de la BGFI (Banque Gabonaise Française et Internationale), à Libreville. Il y travaille en qualité de DAF (Directeur Administratif et Financier). C’est un des cadres de cette grande et importante banque. La BGFI est présente dans 11 pays d’Afrique dont le Gabon où la dite banque est le leader dans le domaine bancaire et l’investissement privé.

 

Vêtu d’un costume veste-pantalon noir, chemise blanche et une cravate noire, Romuald descend de sa voiture de fonction, un Toyota Fortuner TDi, qu’il verrouille à distance en dirigeant à pas lent vers l’entrée du siège de la BGFI. Il tient par le col la veste de son costume qu’il porte sur son épaule. De bonne humeur ce matin, il marche gaiement d’un pas sûr. A peine entre dans l’enceinte, il est interpellé à l’accueil par le vigile.

 

- Bonjour Mr OYI MBA !

- Bonjour !

- La secrétaire du DG m’a dit de vous dire d’aller la voir dès que vous arrivez.

- Ah bon ! Pourquoi ?

- Je ne sais pas ! Mais elle m’a fait savoir que c’est urgent et très important.

- Hum ! Ok merci ! J’y vais !

 

Romuald se rend au secrétariat de la direction général. Il trouve la secrétaire qui s’empresse de lui annoncer que DG veut le voir dans bureau. Il comprend par-là qu’il s’agit d’une convocation en sue et due forme. Il est surpris que le Directeur Général le convoque. Ce dernier ne convoquait jamais personne en dehors des réunions prévues chaque semaine en salle des réunions pour faire le point sur le travail à faire dans les temps.

 

Romuald cogne à la porte du DG et entre juste après. Il trouve dans le bureau un homme chauve vêtu d’un costume cravate qu’il reconnait tout de suite avant de constater qu’il ne s’agit pas en fait du Directeur Général mais son Adjoint.



- Euh… Bonjour monsieur Bill By-Nzé ! dit Romuald surpris de voir le DGA assis à la place du DG.
- Bonjour monsieur Romuald ! Prenez place ! dit le DGA avec un sourire.

- C’est vous qui m’avez convoqué ?

- Tout à fait ! Asseyez-vous !



Romuald s’assoit, peu rassuré. Il se demande bien pourquoi le DGA le convoque dans le bureau du DG. Aussi pourquoi le DGA est installé dans ce bureau qui n’est pas le sien. Le DGA a pourtant son propre bureau dans les locaux de la BGFI.

 
- Bien ! Je vous ai convoqué car je tiens à vous annoncer personnellement qu’il a été décidé par
le conseil d’administration de notre banque que je remplace temporairement notre supérieur, Mr Edgard Théophile Anon, qui est à ce jour démis de ses fonctions d’administrateur directeur général de BGFI.

- …

 

Romuald reçoit la nouvelle avec étonnement et confusion. Il n’était pas au courant du tout.

 

- Je suppose que vous vous douté un peu pourquoi notre supérieur a été limogé.

- En effet ! A vrai dire je ne comprends pas la cause.

- Je vous comprends. Vous rentrez tout juste de ma mission en France. Eh bien, j’ai participé à une réunion urgente du conseil d’administration. C’était à huit clos, le 21 passé.

- Le 21 j’étais en mission.

- Je sais !

- Pourquoi cette réunion urgente à huit clos ?

- La banque est victime d’un scandale financier sans précédent.

- Que voulez-vous dire ?

- Nous sommes victime d’une fraude financière sur l’ensemble de nos cartes Visa prépayées.

- Quoi ! Mais quand ?

- Il y a quelques jours.

- Oh ! Je ne savais pas !

- Vous ne pouvez pas savoir car nous avons étouffé cette histoire pour ne pas affolé les clients. Cette d’abord une rumeur avant qu’on a vu les dégâts et découvert les pertes.

- Quels dégâts ? Quelles pertes ?

- La semaine dernière une folle rumeur sur les réseaux notamment Facebook indiquait que de nombreux clients de BGFI Bank ne parvenaient pas effectuer les opérations utiles avec nos fameuses cartes prépayées, tout comme celles d’un bon nombre d’étudiants de l’Université Omar Bongo dont les fonds de compte bancaires chez nous ont été «avalés».

- Comment ça ? Avalé ?

- C’est-à-dire que certains nos clients qui ont déposé de l’argent sur ces comptes virtuels ont vu leur dépôt de fond en liquide non restitué par nos guichets automatiques de banque.

 

Romuald est dépassé mais garde son calme en écoutant son interlocuteur. Mais il panique car il a comme un mauvais pressentiment. Le DG ne lui pas convoqué pour lui faire le kongossa (bavardage) sur ce grave problème de la banque.

 

- C’est de façon confidentielle que les centaines de nos clients, détenteurs de cartes Visa prépayées BGFIBank ont appris l’arrêt de ce produit bancaire lorsque, par conséquent et par mesures de précaution, les opérations dans les DAB (Distributeurs Automatique de billets de banque) et autres virements internationaux ont été totalement mises en veilleuse par nos soins.

- …

- Certains de nos clients qui se plaignent de ne pas pouvoir utiliser leur carte Visa ont été priés d’écrire à votre Direction Administrative et Financier une lettre de réclamation pour se faire rembourser. Je tenais à ce que vous vous charger diriger cette opération portant sur les revendications de nos client mécontents. Je compte aussi sur vous pour qu’on n’en pas trop ici de cette affaire qui ne va pas tarder à faire un grand bruit dans la presse.

- Bien ! Comptez sur moi ! Mais comment ce problème est survenu ?

- Apparemment une défaillance de notre système informatique et de nos serveurs. Nous pensons qu’il s’agit d’un piratage mais nous avons agi vite pour contrattaquer et éviter que notre perte financière s’allonge.

- Combien avons-nous perdu ? Je veux dire notre banque.

- 2 milliards de Franc CFA !

- ATING NZAME (MON DIEU) !!

 

Romuald a presque crié en s’exclamant en fang (langue ethnique gabonaise) en apprenant une telle cette perte d’argent.

 

- Oh ! Ne criez pas ici !

- Pardon monsieur ! Mais tout ça me dépasse quand je pense que c’est l’équivalent de 2 montagnes d’argent qui a été perdu.

- Je vous comprends !

- Qu’est-ce qu’on va faire pour boucher ce vider ?

- Pour l’heure, rien ! Cette somme perdue n’est un souci vu notre capital. Le souci est comment nous avons perdu cet argent.

- …

- De nombreux cadres de la banque ont été suspendus de leurs fonctions.

- Je suis suspendu aussi ?

- Non ! Mais vous êtes dans le collimateur d’une enquête interne.

- …

- J’espère pour vous que vous y êtes pour rien sinon vous irez à « sans famille ».

 

A l’écoute de ces dernières paroles de Mr Bill By-Nzé, Romuald se fige et avale d’un coup sa salive. En bon gabonais il connait que trop bien ce que veut aller à « sans famille » qui est le petit nom très connu de la prison centrale de Libreville. Aller là-bas lui fait d’autant peur car il a entendu parler du « king kwata », une pratique salace qui est en fait la « sodomie (la baise par le cul) » que des hommes emprisonnés là-bas subissent de la part des détenus bandits qui y font leur loi sous les yeux des gardiens de prisons.

 

- Je… je vous assure que je n’y suis pas pour rien dans tout ça.

- Je vous crois pour l’instant. Mais comme notre DAF et que vous avez travaillez étroitement avec notre  DG que je remplace, vous êtes un de nos principaux suspects dans cette affaire. Aussi un potentiel complice et donc un possible coupable de faute grave.

- …

- Entretemps tous les contrats, passés par monsieur Edgard Anon avec des prestataires extérieurs, ont été rompus. Aussi, le conseil d’administration réuni en urgence m’a chargé de mener l’enquête interne au sein de la banque. Cet investigation se poursuit actuellement et devrait certainement innocenter ou accabler bien de personnes actuellement en garde à vue et permettre de faire payer les vrais auteurs de cette fraude financière sur nos cartes de crédit.

- …

- Aussi, pour des besoins de l’enquête, notre responsable de la monétique, ainsi que le directeur du département informatique et le responsable produit ont tous été mis aux arrêts.

- Oh !

- D’aucuns attendent donc que lesdites enquêtes produisent des résultats afin de savoir qui en sont les responsables. De même, les clients espèrent que les dispositions idoines soient prises pour sécuriser leurs avoirs.

- …

- Cependant, on a souhaité vous suspendre aussi parmi 9 autres cadres de la banque.

- Ah bon ? s’exclame Romuald, estomaqué.

- Oui ! Mais je vous ai soutenu pour vous garder en poste car je sais que vous êtes un bon élément très dévoué dans notre banque.

- Merci monsieur ! Merci !  Merci !

- Oh ! Ne me remerciez pas et ne vous réjouissez pas trop vite hein !

- Que dois-je comprendre ?

- Je dois statuer sur votre sort durant mon enquête interne au sein de la banque. Vous pouvez être suspendu à tout moment et devoir nous rendre vos clés de votre voiture de fonction avant de quitter votre maison dont la banque paye le loyer depuis votre date d’embauche conformément aux termes de votre CDI.

 

Monsieur Bill By-Nzé dit ses mots posément en regardant Romuald avec un air narquois qui fait plus froid dans le dos. Ces paroles de son supérieur sonnaient plus comme une menace qu’un simple avertissement. Romuald se sont visé et se crispe sur son siège en paniquant. La situation est telle qu’il est sur le cul. Il sent à l’instant que sa brillante carrière de DAF dans plus grande banque du Gabon ne tient plus qu’à un fil. Sa vie si simple se joue maintenant sur un fil qui peut se coupé à tout instant. Jamais il se senti aussi mal. Il commence à comprendre qu’il est un sacré pétrin. Il transpire lentement pourtant il y a la clim qui tourne bien dans le bureau où il se trouve. Il ne parle plus et regarde son supérieur qui s’adosse sur le dossier de son fauteuil en cuir noir. Ce dernier reprend et ajoute :

 

- En tout cas votre cas sera décidé après le conseil d’administration de ce 10 mars. Soit le 11 mars au plus tard.

- …

-  En attendant vous vous occupez de la mission sur les réclamations et l’élaboration du remboursement des fonds « avalés » de nos clients qui s’en plaignent suite à la fraude de nos cartes de crédit.

- Oui monsieur !

- Bien ! Vous pouvez disposer ! Bonne journée !

 

Romuald, tout penaud, sort du bureau sans demander sans reste. A peine il ferme la porte derrière, il reste debout comme statue. Complètement décontenancé, il regarde devant lui et ne sait plus quoi penser au sorti de cette convocation qui lui donne une de ces sueurs froides. C’est le regard curieux et insistant de la secrétaire du DG sur lui qui le sort de sa torpeur. Il se fait vite une contenance et marche comme un automate pour se rendre à son bureau pour commencer sa journée de travail.

 

 

A SUIVRE ! 

Le doigt dans l'engr...