Le fond de l'iceberg
Ecrit par Boboobg
(deux années et six mois après la mort de Erica)
*Farah
Moi (la soulevant de terre) : pourquoi tu fais la tête bébé ?
Edna : non maman.
Moi : comment ça non ? Tu me boudes ?
Edna (souriante) : non ! (frottant ses yeux) Bébé est fatigué.
Je lui souris et l'embrasse sur la bouche en carréssant ses cheveux de ma main libre.
Moi : je sais que bébé est fatigué. Mais tu sais quoi ?
Edna (plongeant ses yeux dans le mien) :quoi ?
Moi : Belle est juste à côté avec tata Orelie et tonton Gaston.
Edna : c'est vouai ? (c'est vrai ?)
Moi : oui mon bébé.
J'ai du mal à retrouver nos valises. C'est ce qui se passe quand tu les achetes aux derniers moments.
Moi :ho les voilà (la déposant à terre) reste ici, ne bouge pas. Je vais prendre la valise okay ?
Edna : okay.
Je vais chercher les valises, ils sont là tous les trois et revient vers ma filles.
Je pousse tant bien que mal les trois valises jusqu'à la sortie où je me met à chercher la voiture de Gaston du regard.
J'ai eu Orelie avant de monter dans l'avion, elle m'avait dit qu'ils seraient là tous les trois.
Edna (sautillant) : iiii shont la, iiiii shont là!!!
Moi : il n'est pas trop tôt.
Belle fonce sur moi comme une voiture de course.
Moi (la serrant) : ça va mon cœur ?
Belle : oui, tu m'as manqué maman !
Moi : toi a chaque seconde !
Elle me lâche pour soulever Edna qui tirait déjà sur la robe de sa sœur en demande d'affections.
Moi : ou sont les autres ?
Belle : papa Gaston ne trouvait pas d'endroit où se garer et maman Orelie s'est mise à crier donc ils se disputent !
Moi : seigneur! Tu nous emmène où ils sont ?
Belle (tirant une valise) : hou c'est lourd !
Moi (amusé) : qui t'a demandé d'y toucher ? Prends la main de ta sœur s'il te plaît !
Edna : Belle porte moi ! Porte moi !
Belle (la soulevant) : tes cheveux ont poussés bébé Edna !
Elles ont commencés à discuter de cheveux, seigneur comment des enfants de huit et trois ans peuvent discuter de cheveux ? Et il n'y a que Belle pour comprendre ce que dit Edna.
Nous avons rejoins le couple, ma sœur est à huit mois de grossesse et selon les dires de Gaston, elle lui mène la vie dure. Il lui a fallu du temps pour se décider à donner un enfant à son époux mais au final, il fallait bien qu'elle passe par là.
Après la mort de Erica, les choses n'ont pas été faciles. Mais j'ai tout fait pour sortir la tête de l'eau même si certain jours, j'avais le moral tellement à zéro que je passais mon temps à pleurer ma petite sœur adoré.
Orelie a tenue sa promesse de prendre soin de nous et bien plus de que ça. Elle a été le roc sur lequelle j'ai pu me reposer quand je n' avais plus la force de lutter . Pour la première fois de ma vie, je me suis reposé sur une autre personne et cette personne ne m'a pas déçu.
J'ai fini avec ma licence en science po puis avec les relations de Gaston, j'ai pu obtenir une bourse d'étude en Master à Dakar.
Ça a été dur de laisser mes bébés. Pendant une année, j'y suit resté seule mais j'ai fini par prendre Edna.
J'ai terminé en management et gestion d'entreprise puis j'ai fait un stage de trois mois dans une entreprise à Dakar en tant qu'assistante en ressource humaines. Mais mon poste visé est celui de contrôleur de gestion.
La vie était belle à Dakar et surtout le fait d'avoir Orelie et Belle pendant les fêtes et les vacances mais il me fallait rentrer. J'avais envie de rentrer dans mon pays. D'être chez moi, dans ma patrie.
Gaston (se garant dans la cour) : voilà nous sommes rentrés !
Moi : waouh c'est plus beau que sur les photos en tout cas !
Orelie : je te dis !
Le gardien et Gaston ont porté mes valises pendant que Orelie me faisait visiter la maison. Il y'a deux ans, Orelie a eu un amant. C'était au point où elle voulait quitter Gaston et se marié avec son amant. Mais contre toute attente, cela a servi à Gaston comme d'une douche froide car il a simplement demandé à sa femme d'arrêter sa relation car lui décidait d'être avec elle.
Il a donc demandé le divorce a sa première épouse et a épousé ma sœur. C'est à ce moment que j'ai compris que je l'avais mal jugé. Car j'avais toujours considéré sa relation d'avec Orelie jusque là d'un échange commun de privilège. Bref je étais trompé car malgré l'écart d'âges entre les deux, ils s'aiment vraiment.
Orelie : Belle m'a aidé a choisir le papier peint pour la chambre du petit !
Moi : c'est un garçon ?
Orelie :oui
Moi (l'embrassant) : je suis tellement contente pour toi.
Orelie : et moi dont ! C'est son père qui est plus heureux. Ça doit être bizarre, être père à 48 ans !
Moi : à chacun son temps !
La maison d'orelie compte quatre chambres, deux salons, trois sales de bains, une cuisine et une véranda. C'est une maison familiale et très accueillante.
On a passé le reste de la journée à rire devant les pitreries de Edna. Vers vingt heures, on a dîner avant de se mettre devant la télé.
Gaston : Farah, n'oublie pas de me préparer ton CV !
Moi : heu je vais d'abord passer quelques jours à la maison avant de me mettre à chercher le boulot.
Orelie : arrête ta bêtise. J'avais demandé à Gaston de voir si dans ses connaissances, il n'y a pas ce dont nous avons parlé.
Gaston : Farah, demain matin tu me passes ton CV c'est tout. Je n'ai jamais vu des femmes plus fières que toi et ta sœur !
Orelie : merci du compliment.
Gaston : ça n'en était pas un.
Moi (amusé) : je dois avouer que j'adore vos disputes !
Orelie : les filles, il est temps d'aller au lit !
Belle (me regardant) : maman ? Tu vas me border hein?
Moi : bien sûr mon amour !
Orelie : tu as vu Gaston ? Maintenant que sa mère est là c'est à base de maman tu vas me border? (touchant son ventre) toi de vite sortir aussi pour que tu me demande de te border.
Moi (ricanant) : la jalousie est un vilain défaut ma sœur.
J'ai donné leur bain aux filles avant de les mettre au lit. Orelie a disposé deux lits dans la chambre pour chacune d'elles .
Edna : veux domi ac toi.
Moi : désolé mon coeur, tu dors avec ta sœur.
Edna (faisant une grimace) : alors veux domir ac Belle.
Moi : tu dors déjà avec belle mais tu dois rester dans ton lit. Les petites filles courageuses dorment dans leur lit chérie. N'es pas Belle ?
Belle : oui nana, regarde on est toute les deux. Je suis juste là.
Je leur fait la bise à chacune avant de sortir de la chambre.
(un mois plus tard)
Orelie et moi, sommes assise dans la véranda, les filles jouent dans la cour.
Moi : la reprise des cours c'est pour bientôt. J'hésite à mettre nana en garderie ou au jardin d'enfants.
Orelie (amusée) : il y'a une différence ? De toute les façons je les ai déjà inscrite à l'école française.
Moi : je n'ai pas encore trouvé de travail ya Orelie !.
Orelie : le bruit pardon ! Quand tu trouvera je te laisserai reprendre ta place mais pour le moment, on en reste là.
Moi : hum
J'ai appris à laisser les autres m'aider même si j'ai maintenant un grand problème de confiance. Avec l'histoire de la conception de Nana et tout ce qui a suivi, j'ai perdu la confiance que j'avais en l'autrui.
Je suis toujours en recherche d'emploi. Ce n'est pas facile de se faire intégré dans une entreprise. J'ai déjà été à trois entretiens et rien. On vous rappellera, c'est la chansin fétiche.
Orelie : d'ailleurs, j'allais te dire que j'ai croisé Sandrine il y'a hier au grand marché avec les filles.
Moi (perplexe) : laquelle ?
Orelie : Sandra notre sœur. Bref j'étais avec Belle et elle est resté comme figée devant la petite. Il m'a semblé que pendant ce lapse de temps, elle a regretté de l'avoir abondonné.
Moi : okay
Orelie : je l'ai présenté à belle comme notre sœur. Je l'ai même invité à venir dîner à la maison mais on sait toute les deux qu'elle ne viendra jamais.
Moi : tu as des nouvelles de Naomie ?
Orelie : je lui envoie de l'argent quand elle m'appelle pour. Son père lui paie un studio parceque sa femme ne veut pas d'elle. Elle va bien, elle a fini par avoir son bac.
Moi : maman l'utilise toujours ?
Orelie : maman ne l'utilise pas Farah. Naomie aime plaire, elle même te l'a dit. Et elle a quitté maman juste trois mois après que tu sois venu ici. Je ne pense pas que Sandrine ai une quelconque emprise sur elle.
Moi : bref parlant d'autres choses. Tout ça me déprime.
Nous avons entendu des klaxons puis le gardien est allé ouvrir le portail pour laisser entré la voiture de Gaston.
Il descend et vient vers nous pour embrasser sa femme.
Gaston : tu as un rendez vous demain à 11h ! J'ai déjà donné ton cv mais apportes en un, on ne sait jamais.
Moi (pas trop emballé) : pour quel poste ?
Gaston : je ne me rappelle plus mais quelque chose qui paie bien. Je suis le parrain du DAF, c'est lui qui m'a proposé le service.
Orelie : c'est comme ça que ça marche ici. Les bons postes, il faut avoir une personne devant pour savoir quand ils sont vaquants sinon, tu te retrouve avec des stages payés à cent milles.
Moi : d'accord, tu me donnes les coordonnées et je prendrai un taxi.
Gaston : je vais faire mieux, je vais t'y accompagner.
Moi : d'accord.
(...)
J'ai passé toute la nuit à revisiter mes notes, les réponses aux questions pièges et tout le tralala.
Avant de partir, j'ai embrasser mes filles pour qu'elle m'insufle le courage.
Gaston : ne t'inquiète pas Farah, soit juste la femme super intelligente que je connais et tu sera prise.
Moi : j'espère que tu ne m'as pas déjà pistonné hein ?
Gaston : ho non je n'ai pas ce pouvoir là. Je leur ai juste demandé de ne prendre personne avant de t'avoir reçu toi.
Moi (flatté) : merci beaucoup Gaston.
Gaston : tu sais je ne comprenait pas avant pourquoi Orelie vous cachait, elle a fini par m'avouer qu'elle avait peur que belle comme tu es, tu lui fasse ce que votre mère avait fait à sa sœur. Mais tu n'es pas comme ça. Et c'est ta force de caractère et ton intelligence qui me pousse à t'aider et surtout les cris de ta sœur !
Moi (rire) : merci !
(....)
Moi : c'est encore loin ?
Gaston : non, nous sommes bientôt arrivés.
Moi : on est à Songolo non ?
Gaston : oui.
Moi (comprenant) :ne me dit pas que je passe un entretient pour Bralico ?
Gaston : oui !
Moi (joue rouge) : mon stress vient de monter !
Gaston (garant) : ne t'inquiètes pas, ça va allé.
Moi : espérons le car je n'aurai plus une aussi belle chance !
Gaston m'a accompagné jusqu'au bureau du directeur, le directeur ! Bref je faisais tout pour contenir mon anxiété.
Il a discuté pendant un moment avec l'assistante avant de me demander de patienter.
Gaston : Farah, ai confiance en toi.
Moi : merci...
C'est une trentaine de minutes plu tard, qu'on m'a laissé entrée dans ce grand bureau.
Un monsieur, je dirai la trentaine avec deux autre à côté du même branche d'âge étaient là. Ils se sont présentés comme le DG, le DAF et DRH, pour dire que j'ai failli me faire dessus. (regardant le DAF) Donc Gaston est le parrain de quelqu'un de cet âge là ? Faudra qu'il m'explique unde ces jours.
Depuis quand il faut autant de monde pour un simple entretien ?
Mr 1: bonjour mademoiselle, vous pouvez prendre place.
Ils sont commencé à me poser des questions, concernant mon parcours scolaire, mes qualités en tant que manager, pourquoi Bralico ect...!
Bref j'ai sorti tout ce qui me venait à l'esprit sachant que je n'ai su où je venais postulé qu'il y'a moins d'une heure.
À la fin de l'entretient, j'avais mal au crâne tellement mes neurones avaient fonctionné à mille pour cent de leurs capacités.
Mr 2 : Mon parrain n'avait donc pas tord de vouloir que j'attende de vous écoutez. Nous sommes tous d'accord les gars, si nous voulons un nouveau souffle pour cette entreprise, nous devons avoir pas seulement des chefs jeunes mais aussi des employés jeunes, intelligents et aussi qualifiés que mademoiselle Odongo !
Mr 1 : je suis pour.
Mr 3 (me souriant) : venez avec moi Farah, nous allons signés votre contrat.
Moi : pardon ?
Mr 3 : vous venez ?
Je luttais pour que mes jambes ne me lâchent pas. Jusqu'à ce que nous arrivions à son bureau et qu'il appelle le juriste de l'entreprise.
On m'a tendu le contrat et je me suis mise à lire. En voyant le montant de paie, j'ai souri. Enfin, je n'aurai plus à crouler sous la pauvreté.
(....)
J'ai pris un taxi pour rentrer. À peine mes pieds dans la parcelle, Orelie est sorti de la maison avec son gros ventre.
Orelie : ne me fait pas monter la tension,c'était comment ?
Moi (souriante) : tu as devant toi le nouveau contrôleur de gestion à Bralico au niveau de pointe noire !
Orelie : dis moi que ton salaire à six zéro !
Moi (lui sautant dessus) : oui !
En nous entendant crier, les filles sortent de la maison et se mettent à nous imiter.
J'y suis enfin arrivé, je vois enfin le fond de l'iceberg.