Le Kidnapping

Ecrit par imalado

La soirée fut un succès quoi qu’un peu fatigante. Mais Elisabeth ne se donna pas un moment de répit. Surtout avec tout ce qui se passe dans sa vie, elle a besoin de s’occuper et d’oublier cette histoire. Christopher a surement décidé de partir. Où ? Elle l’ignore. Les journaux même n’en parlent plus. Brian a surement dû le convaincre d’aller se faire soigner. Toute fois elle pourrait s’occuper de sa nouvelle galerie. Elle avait enfin trouvé une salle. Les tableaux qu’elle attendait, lui avaient été livrés, il ne reste plus qu’à finaliser les meubles pour la galerie et à trouver du personnel et un bon comptable.

  • Tu ne dors plus, tu devrais te reposer !

  • C’est impossible. Si je veux ouvrir cette galerie dans un mois, je dois y mettre le paquet. J’ai passé la nuit à revoir les propositions de l’architecte d’intérieur. Je ne suis pas complètement satisfaite, je préfère cette galerie avec un peu plus de couleurs et de vie. La plupart des amateurs d’arts trouvent les galeries trop « fades ». Et pour avoir choisi cette place-là, je veux que ça parle dans tout Londres, je veux faire grand. J’ai besoin que ça marche, aussi bien à Paris qu’à Londres, j’en ai besoin.

  • Je sais. Tiens. Je ne compte plus tes tasses de café. Mais je sais que ce sera réussi. Tu t’es surpassée, tout ira bien. Londres va adorer ! Moi, j’adore déjà !

  • Tu me fais rire ! Tu n’y connais rien.

  • Je sais !

  • Tu as la manie de me faire rire même avec la pression. C’est fou, comme j’ai besoin de toi dans ma vie !

  • Marie la merveille ! Tiens tu pourrais utiliser ça comme le nom de ta galerie ?

  • Oui, oui, je pourrais ajouter le nom de ton petit poisson rouge, ou celui de la marque de ta voiture et la couleur de tes chaussures !

  • Tu es méchante ! J’essaie de t’aider là.

  • Tu peux m’aider, rappelle Florence, pour lui demander de confirmer l’arrivée de Diovaci, c’est un sculpteur italien hors pair. Il doit être à Paris, et il a choisi ma galerie pour son exposition.

  • Oh, je suis impressionnée, tu ne vas pas y aller ?

  • J’y pense tellement, seulement Florence m’a prouvé que je peux lui faire confiance. Elle peut s’occuper de ça.

  • En te faisant un rapport chaque 30 minutes de la situation ?

  • Non, je vais essayer de me retenir. La galerie d’ici va m’occuper assez pour ne pas lui mettre de pression, même si j’ai une folle envie d’y être.

  • N’y pense même ! Je vais l’appeler.

  • Merci. N’oublie pas de lui dire de m’envoyer l’affiche qu’elle a choisie pour l’occasion, juste pour me rassurer.

Elle passa la semaine à revoir les plans de l’intérieur avec son architecte, qui lui promit de finir avant la fin de la dite semaine. Entre temps, suite à son affiche pour trouver du personnel, elle restait souvent assez tard dans son bureau pour recevoir les personnes intéressées sorties d’universités d’arts ou même travaillant dans une autre galerie. Tout ceci la fatiguait, mais ouvrir une galerie n’est chose des plus simples. Entre paperasses, les peintres ou les sculpteurs, en plus de la préparation de la soirée d’inauguration, elle ne savait plus au mettre de la tête. Heureusement que Marie était là.

         Ces temps-ci, elle rentre tard et dormait peu. Trop de choses à faire. Et cette vague sensation d’être suivie dans le noir. Mais elle la chassa, Londres était sûr et ce quartier n’abritait pas de danger, trop chic pour de telles choses. Elle s’en était tellement convaincue qu’elle en oublia de rester vigilante.

         Deux jours après, qu’elle rentrait dans son bureau, elle sentit une main la pousser violemment vers l’intérieur. Elle retomba sur ses genoux, les mains au sol et les cheveux défaits. La violence du geste a fait cogner sa tête sur la manche de la chaise qui s’était blessée, laissant tomber des gouttes de sang sur la chemise qu’elle portait. Son sac était rependu par terre, et elle ressentait une douleur terrible à la tête, difficile de voir quelque chose. Elle fut arrachée de cet instant de choc, pour un autre. Une main ferme se saisit de ses cheveux et la traina derrière le bureau. Elle poussa un cri, la douleur insoutenable, l’autre main se renferma sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Entre douleur et la volonté de pousser la main qui l’étouffait, elle perd connaissance…

         Depuis hier soir Elisabeth resta injoignable. Ce n’était pas de son habitude, même fatiguée, elle se pressentait toujours pour dire bonsoir avant d’aller se coucher. Elle aurait appelé aussi si, elle devait y passer la nuit.

  • Ma fille n’est-elle pas rentrée hier soir ?

  • Non monsieur.

  • Bien, vous pouvez disposer.

Il tenta de se rassurer en écoutant sa boite vocale mais rien, pas de messages. Et se décida alors de l’appeler mais elle était injoignable. Ce n’était pas de son habitude, mais elle a sûrement une raison. Ce n’est plus une petite fille de toute façon…

         Depuis ce matin qu’elle essaie de la joindre, Marie décida de se rendre chez Elisabeth. Elle a sûrement dû travailler si tard hier qu’elle n’a pas pu se lever ce matin. Elle lui avait confirmé que l’architecte a finalement fini son boulot et qu’il ne restait qu’à se focaliser sur la soirée d’inauguration et les invités. Marie avait choisi quelques cartes qu’il fallait qu’elle revoit avec Elisabeth, en plus de la liste d’invités. Par chance Dan décida de passer la journée avec la petite Claire, elle va en profiter pour aller tirer cette paresseuse de son lit !

  • Bonjour Mrs Lans. Comment allez-vous ?

  • Bien ma fille, et toi ?

  • Ça va bien merci, vous profitez du jardin ?

  • Oui, tu aurais pu amener la petite Claire, elle m’aurait été d’une très bonne et adorable compagnie.

  • Elle risquerait de vous fatiguer, elle déborde d’énergie !

  • Ça c’est sûr ! Tu es venue avec Elisabeth ?

  • Elisabeth ?

  • Oui, elle n’est pas rentrée de la nuit et elle est injoignable, je la pensais chez toi.

  • Non, je venais d’ailleurs pour elle. Ne vous inquiétez pas, je vais à son bureau pour voir si, elle n’y a pas passé la nuit.

  • Oui, ma fille. Cette nouvelle galerie l’épuise.

  • Oui. Bonne journée Mrs Lans, je lui dirais de vous rappeler.

  • Bien ma fille. Prends soin de toi.

En allant à son bureau, Marie tenta de la rappeler. Elisabeth n’était pas du genre à être injoignable, elle prenait grand soin de son téléphone, à l’affût de nouvelles œuvres d’art. A son arrivée, Marie remarqua sa voiture garée en face, elle se rassura. Elisabeth avait donc dormi là.      Mais une chose tout de même la tique ; quelques gouttes de sang qu’elle voyait dans l’allée. Son cœur se mit à battre plus fort. Et les traces de sang étaient enfin visibles. Elle se courba pour récupérer le téléphone d’Elisabeth, écrasé au sol en miette. Elle toucha le poignet de la porte du bureau d’une main tremblante et les yeux remplis de larmes, avant de crier en voyant l’horreur qui se présentait à elle. Un scénario qu’elle n’imaginait pas jusque dans ses pires cauchemars…

         Le bureau d’Elisabeth en désordre comme s’il y’avait eu une bagarre. Elle se précipita vers le bureau mais pas de traces d’Elisabeth mais rien. Le sol était recouvert de sang, les documents dispersés, les chaises cassées et le sac de son ami à même le sol. Tout dans sa tête filait à toute vitesse. D’une main tremblante, elle appela la police.

  • La police, quel est votre problème ?

  • Mon… Mon amie a disparue…

  • Votre amie ? Madame, dites-nous comment vous vous appelez ?

  • Mon Dieu, il y’a trop de sang et elle n’est pas là, elle… Elle n’est pas là, s’il vous plait, retrouvez mon amie.

  • Calmez-vous madame et dites-nous où vous êtes, une équipe sera sur place dans quelques minutes. Et pendant ce temps, restez-là où vous êtes.

Entre temps, elle appela Dan, qui affolé remis Claire au baby-sitter avant de la retrouver avec les policiers, effondrée et paniquée…

  • Inspecteur Morgan. Marie c’est ça ?

Elle secoua la tête, tentant de retenir ses larmes.

  • Je sais que ce n’est pas facile mais je dois vous poser quelques questions, afin de retrouver votre amie e plus vite possible.

  • Vous avez vu ce sang ? Elle en a perdu trop. Est-ce qu’elle est en vie ?

  • Nos experts pourront s’en assurer. Marie regardez-moi, on a besoin de vous pour la retrouver.

  • Elle est tout ce que j’ai. Et je suis tout ce qu’elle est. Il faut que vous la retrouviez. Je… Je…

  • Marie ? Quand avez-vous su qu’elle a disparu ?

  • Je… Je suis partie chez elle ce matin parce que depuis hier je n’arrivais pas à la joindre, son… son père m’a dit qu’elle n’était pas rentrée de la nuit, alors j’ai décidé de venir voir à son bureau, j’ai d’abord vu sa voiture et j’étais convaincue qu’elle y avait dormi. Et puis il y’avait tout ce sang, j’ai poussé la porte… Mon Dieu c’était horrible. Il n’y avait que du sang, trop de sang.

  • Je vois. Nos légistes vont d’abord examiner le sang et voir s’il s’agit bien de celui de votre amie. Ensuite, on aurait besoin de quelques photos pour nos recherches et quelques informations personnelles. On viendra vers vous si on a d’autres questions. Vous pourrez inscrire ici votre adresse et vos numéros. En attendant, vous pouvez rentrer chez vous, on va prévenir son père.

  • Non, on le fera. Avec mon mari on ira le lui dire.

  • Dans cet état, vous n’allez pas le rassurer…

  • Ce que j’ai vu n’est pas rassurant inspecteur… c’est loin de l’être… C’est sa seule fille, c’est tout qui lui reste.

  • D’accord. S’il y’a du nouveau, nous vous recontacterons.

Dan l’aida à se lever, et l’amena jusqu’à la voiture. Elle pleura tout le trajet. Edward en fut anéanti lorsqu’il apprit la nouvelle. Avec Dan, ils restèrent tous les trois à veiller dans le petit séjour sans nouvelles…

La police continua ses recherches sans donner de nouvelles, depuis que cela s’est produit il y’a trois jours…

Marie se rendit à l’hôpital pour en parler avec Brian, même s’ils n’étaient plus ensemble, elle sait au moins qu’ils s’aiment toujours.

  • Marie ! Tu viens pour une consultation ? Tu n’as rien j’espère ?

  • Il faut que je te parle.

  • Je n’ai pas de temps-là malheureusement, je remplace un collègue…

  • Il s’agit d’Elisabeth.

  • D’accord. Viens on va discuter dans mon bureau.

Dans le bureau.

  • Est-ce qu’elle va bien ? Elle est malade ?

  • Elle a disparue.

  • Quoi ?! Comment ça disparue ? Elle est partie ?

  • Non, écoute ça ne va pas être facile. On ne sait pas ce qui lui est arrivé, la police a trouvé son bureau à sang et ses affaires étaient saccagées. Ce n’est pas du vol Brian, il y’avait toujours de l’argent dans son sac. Et la police nous a confirmé que le sang sur les lieux, étaient d’Elisabeth…

  • Oh mon Dieu… Oh mon Dieu…

Il s’appuya sur son bureau, défait sa cravate pour mieux respirer…

  • Ils n’ont toujours pas de nouvelles ?

  • Non. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de grave…

  • Je l’espère aussi Marie. Je ne me pardonnerais jamais de l’avoir perdue ainsi…

  • Elle sait que tu l’aimes…

  • Il faut que j’y aille.

  • Où vas-tu ? Ne fais n’importe quoi sous le coup de la colère. Brian ! Brian !

Sorti hâtivement de son bureau, Brian donna ordre qu’on le remplace, il ne viendra plus le reste de la journée. Les mains sur le volant, défilent sous ses yeux le visage d’Elisabeth. Il veut voir la scène, comprendre ce qui s’est passé. Il se rendit au bureau d’Elisabeth, il n’y avait plus les traces de sang, mais le bureau était dans un piteux état. Son cœur lui pesait, la femme qu’il aime, qu’il aime plus que tout est porté disparue, kidnappée… Le mot qui fait peur.

         Il décida de continuer vers le poste de police, eux peut-être, ont la réponse à ses questions.

  • Bonjour, je cherche l’inspecteur Morgan.

  • Qui êtes-vous monsieur ? Et pourquoi vous voulez voir l’inspecteur ?

  • Je suis Dr. Allen Brian. Je suis le fiancé de la jeune femme portée disparue.

  • Je vois. Veuillez patientez dans ce bureau, en haut de l’escalier et à votre droite. Il est en pleines interrogatoires. Il vous retrouvera après.

Assis dans le bureau de l’inspecteur, Brian se leva et fit les cents pas. Cet inspecteur est surement très doué, il a reçu beaucoup de distinctions. Il se surprit à demander à Dieu, de la préserver pour lui. Il ne se voit pas la perdre…

  • Dr. Allen ? c’est ça ? Inspecteur Morgan. Vous avez demandé à me voir ?

  • Oui, je suis le fiancé d’Elisabeth.

  • Fiancé ?

  • Oui, c’est cela…

  • On ne nous avait rien dit de cela Mrs. Allen

  • Je sais. On a eu quelques problèmes et on s’était séparé. Ecoutez, je l’aime et je veux que vous la retrouviez.

  • On fera tout ce qui est en notre pouvoir pour vous la ramener. Le problème, on a si peu d’indices… Si vous pouviez nous aider ? Cette jeune femme semble être irréprochable, alors qui peut lui en vouloir à votre avis ?

  • C’est une merveille inspecteur. Une merveille…

  • On va la retrouver, mais si vous pouviez nous aider ?

  • Je vais vous revenir très prochainement. Voici ma carte, appelez-moi s’il y’a quoique ce soit.

  • Bien. Dr. Allen. J’espère avoir de bonnes nouvelles à notre prochaine rencontre.

  • Je l’espère aussi.

L’inspecteur Morgan lui avait demandé s’il pouvait l’aider. Et la coïncidence est telle qu’elle ne peut, passé inaperçue : Christopher qui tout ce temps avait disparu, mais qui réapparait pile le jour de l’enlèvement d’Elisabeth, s’il plaît à Dieu, que ce ne soit qu’un kidnapping et non un meurtre. A ses pensées, il accéléra, direction chez Christopher.

         Pendant ce temps…

         Assise à même un sol crasseux où trainent souris et autres insectes de tout genre, Elisabeth se trouvait dans une pièce vide et sombre. Depuis deux jours qu’elle est là, elle n’a ni bu ni manger. Ses blessures non soignées s’accompagnent de douleurs terribles, les mains liées par une corde et les pieds enchainés. Elle n’a plus de force, plus pour crier ou demander de l’aide. Où est-elle ? Qui sont-ils ceux qui l’ont kidnappé ? Et pourquoi ? Pourquoi la garder ainsi ? Pour de l’argent ?

Elle peinait à bouger, son corps portent encore les séquelles de l’agression, et sûrement de la façon dont elle a été trainée ici. Tout ce dont elle s’est rappelée à son réveil, c’est d’une forte migraine, de ces chaines qui la retiennent à cette pièce qui ressemble plus à un égout qu’à autre chose. Elle avait crié de toutes ses forces mais en vain. Essayer de se libérer de ces chaines, en vain. Qui a bien pu faire cela ?

  • Mon Dieu, je vous prie, ayez pitié de votre servante, accordez-moi la chance de revoir les lumières du jour, de dire aux personnes qui comptent pour moi que je les aime, accordez-moi la chance de revoir son visage, ne serait-ce qu’une fois mon seigneur. Amen.

Arrivé devant la porte de Christopher, il frappa si fort que celui-ci vient, agacé :

  • Qu’est-ce qui te prends ? Ce n’est pas un club ici, tu ne peux pas venir et y faire du bruit !

  • Où est-elle ?

  • De qui tu parles ?

  • Où est Elisabeth !

  • Tu te calmes, tu baisses d’un ton petit-frère. Je ne sais pas où elle est, depuis notre dispute à tous les deux, je ne l’ai pas revue

  • Tu veux me faire croire, que ton arrivée avec son kidnapping n’est qu’une coïncidence ?

  • Kidnapping ? Woh, woh, on se calme là, je ne sais pas de quoi tu parles…

  • Elisabeth a disparue, elle a été agressée puis amenée on ne sait où, si tu sais où elle est je…

  • Je ne sais pas de quoi tu parles Brian ! J’ignorais qu’elle avait disparue, tu viens de me l’apprendre.

  • Je ne te crois pas. Tu m’as montré que tu étais capable de tout pour l’avoir.

  • Oui, mais pas de la tuer.

D’un geste vif, il se saisit du col de son frère, et l’attira vers lui :

Une autre carte du d...