Aux bords des larmes

Ecrit par imalado

Devant la porte de l’appartement de Brian, elle s’arrêta. Elle avait hésité jusqu’au seuil de sa porte à venir le voir ou non. Depuis l’hôpital, elle ne l’avait pas revu. Silence radio. Pas de signe de vie. Et elle avait ce sentiment d’une discussion en suspens. Elle resta quelques minutes, puis se lança enfin et sonna à sa porte.

         Un verre de vin à la main, torse nu, il se présenta à elle. Lui surpris par la visite, il ne s’y attendait pas. Et elle, figée par cet homme torse nu, qu’elle aime toujours…

  • Entre. Je te retrouve au balcon je vais porter un t-shirt. La bouteille de vin se trouve au minibar.

Elle rejoignit la terrasse mais se priva de vin, pas pour ce soir. Elle ignorait au fond ce qui lui avait poussé à venir là. Que voulait-elle ? Il lui semblait au moins une éternité qu’elle ne l’a pas vu. Sans doute lui manque-t-elle énormément.

  • Je ne m’attendais pas à de la visite, désolé.

  • Tu ne t’attendais pas à moi.

  • Oui. Tu ne bois plus de vin ?

  • Je préfère ne rien boire.

Le vent sur la terrasse soufflait assez. Il s’avança et retira tout doucement les mèches de cheveux qui s’abattaient sur le visage d’Elisabeth puis sourit…

  • Je croyais que peu importe la raison pour laquelle tu ne voulais pas de moi, je survivrais et je me battrais pour nous. Seulement, il n’y a plus de batailles quand la personne pour laquelle tu te bats n’y croit pas. J’étais prêt à tout pour toi, et le plus le drôle, je le suis encore sûrement. Tu l’as aimé comme tu dis m’aimer aujourd’hui. Tu es tombée enceinte de lui. Tu as avorté de son enfant. J’ai commis l’erreur d’avoir si facilement baissé ma garde avec toi. Ça semblait si réel que j’y ai cru. Je t’ai laissé faire partir de ma vie, je t’ai laissé entrer dans mon cœur. Aujourd’hui je sais que j’ai commis une erreur, qui me blesse au plus profond de mon être.

  • Une erreur ?

  • Oui Elisabeth. Parce que tout ce que j’ai vécu avec toi, n’est que piètre mensonge. La vérité c’est qu’il n’existe plus de nous même si ça me brise le cœur de te le dire. Je ne te fais plus confiance Lise.

L’amour a de drôle de couleurs, quelques nuances de noir mais profondes, pensait-elle. Des larmes coulent de ses joues, qu’elle essuyait aussitôt.

  • Je t’aime Brian. Et c’est tout ce qui compte, tu as beau me juger ou pas, mais ça au fond de toi, tu sais que c’est vrai. Tu sais que toi et moi, ce n’était pas un mensonge. Tout ce qu’on a vécu n’était pas un mensonge. Je t’ai aimé et je t’aime toujours. Mais tu as raison, ça ne sert à rien de se battre pour quelqu’un ne veut pas. Je suis désolée pour tout ce que je t’ai fait Brian. J’espère qu’un jour tu auras la force du pardon. Prends soin de toi.

Elle récupère son sac sur une chaise du mini bar et se dirigea vers la porte quand Brian la saisit par le bras. Elle se retourna et ils se regardèrent un moment. Un long moment… Il l’aimait, ça c’était indéniable. Il l’attira tout doucement vers lui, soutenant toujours ce regard. Elle ne résistait pas. L’autre main se promenait sur son corps, puis son visage, l’attirant encore plus. A présent leurs souffles s’entremêlaient. Quand ses lèvres frôlèrent les siennes, Elisabeth se dégagea, encore sous le coup des émotions.

  • Je ne veux pas de ton baiser comme pour me dire au revoir… Je ne veux pas voir dans tes yeux à quel point tu regrettes et à quel point tu m’aimes si tu es incapable de l’assumer. Car on aime vraiment, seul l’esprit se met en colère, le cœur lui pardonne toujours. Au revoir Brian Harlem Crawford.

Puis la porte se ferma derrière elle, Brian resta au pas, puis s’assied à même le sol, et jeta dans le vide la bouteille qui se trouvait à côté. Elle était partie. Son parfum inonde encore la pièce, son amour n’est plus…

Quelques semaines passèrent sans nouvelle de Christopher, cela pouvait paraître rassurant mais non, ça ne l’était pas. Elisabeth, tout comme Brian, savait qu’il n’avait pas encore sa carte… Le pire reste à venir après qu’il ait su la vérité. Ses dernières apparitions dans les journaux le montraient à Paris pour affaire soi-disant.

Peu importe, dans une semaine Elisabeth devra s’occuper du lancement de la fondation Anne-Marie pour l’aide à la lutte contre le cancer du sein. Une bataille qui lui tient à présent plus qu’à cœur. Vue la notoriété de la famille, plusieurs grands noms de Londres ont confirmé leur présence. Cela lui permettrait de se concentrer sur d’autres choses.

Marie l’aida pour le choix de la salle et s’assura que tout se passe à merveille, quoiqu’elle ne puisse rassurer Elisabeth sur le discours d’ouverture.

Le jour du lancement, Elisabeth portait une combinaison blanche, les cheveux légèrement rassemblés avec une broche sertie de diamant. Le blanc était le thème de la soirée de lancement. Et Marie quant à elle, portait une longue robe de dentelle fleurie assise avec Dan et Claire à la même table que le père d’Elisabeth.

  • Bonsoir à vous et merci d’être venus. Aujourd’hui j’ai l’immense plaisir de vous présenter ma petite fille, Elisabeth. Elle se sentait si anxieuse à l’idée de tenir ce discours. Je craignais que l’émotion ne l’emporte et qu’elle ne me laisse pas d’autre choix que de le faire moi-même. Sans trop tarder, Melle Elisabeth Lans, mes dames et messieurs.

Un applaudissement, Elisabeth monta les marches se faisant aider de son père, qu’elle serra tendrement et remercia.

  • « Celui à qui la souffrance est épargnée doit se sentir appelé à soulager celle des autres ». Depuis que cette merveilleuse femme n’est plus, voilà ce qui anime mon combat. Car aucune souffrance ne peut égaler la perte d’espoir. Quand on ferme les yeux et qu’on ne voit plus la lumière. Quand assis, on compte les jours, et on ressent la douleur tout au fond. Et que cette envie de dire : pourquoi ça ne prend pas fin ? Pourquoi moi ? 15 millions de morts par an, à cause du cancer. Vous et moi sommes capables de réduire ce chiffre, de permettre à ceux qui ne l’ont pas de le prévenir et surtout d’aider ceux qui l’ont de suivre le bon traitement. Combien sont-ils ceux qui n’ont pas le moyen de lutter contre cette maladie ? A qui on a ôté tout espoir de vivre un jour ? A travers cette fondation, nous voulons donner de l’amour, pas de l’espoir, non. Elle avait l’habitude de dire sur son lit d’hôpital : « la plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour et abandonné de tous. », que notre présence était sa seule et véritable remède, et que c’est de ça qu’elle puisait toute sa force. Et si cette fondation porte son nom, c’est pour qu’elle puisse nous donner la foi dont elle a fait preuve tout au long de cette maladie, la foi de croire qu’on peut changer la vie d’un malade de cancer rien qu’avec notre soutien, le vôtre. Alors c’est avec un immense honneur, que la fondation Anna Marie Lans ouvre ses portes pour venir en aide à tous les malades du cancer et à financer pour la recherche contre le cancer. Je vous remercie.

Tout au long de soirée, il y’a eu des témoignages de malades et de médecins mais surtout de quelques stars venus soutenir la cause de la famille Lans.

         Après le diner, Elisabeth accompagnée de son père, faisait le tour de la salle pour remercier les donateurs et le Ministre de la Santé, ami de son père, qui est venu pour la soirée. Au loin elle aperçut Brian, près du cancérologue Dr Franklin.

  • Je suis surprise de te voir ici.

  • C’est pour une bonne cause. J’ai reçu une invitation de mon ami, Dr Franklin.

  • Oui, une aimable personne. Il nous a fait le plaisir de nous honorer de sa présence, Dieu sait qu’il n’a pas de temps.

  • Oui, c’est cela. Excuses-moi je vais le rejoindre.

  • Brian…

  • Je ne suis pas venu pour ça Elisabeth. Je soutiens plus cette cause, que l’occasion de te revoir.

  • Où est Christopher ?

  • Tu rigoles ?

  • Non. Depuis la dernière fois je ne l’ai pas revu. C’est censé me soulager, mais je préfère savoir qu’il se soigne, pour ne pas avoir à craindre pour ma vie.

  • Je ne sais pas où il est. Depuis notre dispute, je ne l’ai pas revu non plus. Son assistante m’a dit qu’il avait voyagé.

  • Vous vous êtes disputés ? Je suis désolée, ça ne me regarde pas.

  • Bonne soirée Lise.

  • Brian… (Le tenant par le bras, qu’elle relâcha aussitôt pour ne pas qu’on les remarque)

  • Elisabeth…

  • Je t’aime, Je t’aime Brian. Ça m’insupporte de te voir m’être aussi indifférent…

  • Je suis désolé si je te fais du mal, j’essaie juste de me trouver un autre repère. Cette situation est tout aussi difficile pour moi, mes sentiments pour toi n’ont pas changé Lise, je t’aime toujours aussi seulement je veux y renoncer, je ne peux avec la maladie de mon frère. Ce serait tenter le diable...

Elle essuya aussitôt une larme et sourit.

  • Je comprends, je crois que ce n’est ni le moment ni l’endroit, les gens nous scrutent du regard. Je vais rejoindre Marie. Bonne soirée Brian.

Une autre carte du d...