LE NOUVEAU PATRON

Ecrit par Albert ley kasanda


Je prends ma douche alors que Brenda est sortie dans une colère noire que je n’arrive pas à m’expliquer. Elle est juste soucieuse de mon bonheur, je le comprends cependant je n’y peux rien. Je sors de la salle de bain en costume d’Ève, les cheveux encore humides, se collant à ma peau moite. Je me place devant la glace pour peigner mes cheveux que je tire en chignon, puis je me lotionne pour enfiler une robe moulante noire. 


Depuis la mort de Daniel, j’ai refait toute ma garde-robe, en y plaçant que du noir. Depuis la tête jusqu’au talon, le noir couvre mon corps. Je m’assois sur une chaise pour tirer mes cils, et mettre du rouge à lèvres. Je prends mon sac à mains pour descendre les escaliers, en espérant trouver mon amie dans le salon. Je la connais colérique qu’elle ne se gênerait pas de partir sur le coup de la fureur. 


Dans ma démarche gracieuse, je descends les escaliers pour le salon où je trouve Brenda dans tous ces états. Lorsque nos regards se croisent, elle se retourna pour pousser un soupir continu. 


— Encore une robe noire ! Et pas que ça ! Un sac à main noir, des escarpins noirs, une écharpe noire, et même des bijoux noirs. Tu veux tout savoir Barbara ? Eh ben, tu commences à m’exaspérer.


J’observe un moment de silence, je baisse les yeux, et je dépose mon sac à main sur la table pour lier l’écharpe au cou. Je respire profondément en prenant place sur le canapé juste à côté de mon amie. Je caresse ses cheveux bruns tout en la rassurant :


— Écoutes Brenda ! Je sais à quel point tu te sens irriter de me voir chaque fois, m’apitoyer sur mon sort, mais…


Elle m’interrompt pendant que j’essaie de souffler un coup.


— Je sais…


— Non, laisses-moi terminer. Voilà ! Je veux que tu respectes mon choix. Ce n’est pas que j’essaie de t’écarter, non ! Je veux que tu me comprennes tel que je te comprends. Voir son époux être écrasé le jour de son mariage alors qu’on va en lune de miel n’a rien de banal.


Sur le moment, je la sens plus calme qu’avant, elle semble avoir compris même si pour elle, j’exagère et je dramatise. Elle secoue la tête, ensuite elle prend ma main.


— Parfait ! Je te comprends certainement, mais promets-moi que tu feras un effort de te relever de cette tragédie. 

Je souris tout en fermant les yeux, mon cœur est apaisé.


— C’est promis !


— Tu lèves quand le deuil ? Demande-t-elle en prenant sa sacoche.


Je lève les yeux vers le plafond pour lancer une réponse qu’elle ne s’attendait surement pas à entendre aujourd’hui.


— D’ici la fin de la semaine où je ne sais plus, en tout cas je compte organiser une réception pour la commémoration de son premier anniversaire de décès.


Elle est contente que je me décide de lever le deuil, puis un peu triste que je doive me souvenir de ce jour tragique.


— Ah ! Pauvre Barbara, j’ai bien de la peine pour toi.


On sort toutes les deux, en direction vers le garage. Brenda vit à deux pâtés de chez moi. Elle se dit souvent occupée pour s’engager dans une relation qui ne lui apportera que peines et douleurs. Elle a peut-être raison, et je ne m’en suis rendu compte que le jour où je me suis réveillée du coma, recevant la triste nouvelle que mon époux était mort et enterré il y a un mois. C’est la plus grande expérience de ma vie, aussi mauvaise soit-elle. 


— On prend laquelle ? S’écrie mon amie.


Il y a devant nous, trois voitures ; une Nissan, une Peugeot, et une décapotable. Bien évidemment que la troisième ne m’a pas traversée l’esprit. C’est déjà à peine si je foule mes pieds dans une voiture et pas n’importe laquelle. Tout sauf une décapotable ! Je tremble de la main pour ouvrir la portière de la Peugeot, ce qui n’échappe pas à l’œil de la brune.


— Eh ! Respires, souffle-t-elle en m’ouvrant la portière arrière.


J’ai comme un Flash-Back. Il ne m’est plus aisé de monter dans une voiture depuis que j’ai vu à quoi ressemblait un accident. Elle m’arrache la clé de contact avant de fermer la portière. Tout le trajet, elle n’a fait que me regarder dans le rétroviseur comme si j’allais me jeter par la portière. Elle secoue la tête quelques fois lorsque je détourne mon regard. Je ne cesse de lui répéter : « Fais attention, essayes de voir où tu vas, ça nous évitera des soucis ». Elle ralentit pour me calmer. On a fait une demi-heure pour parcourir vingt kilomètres.


Devant le bureau de l’agence immobilière, je respire à longs traits pour descendre de la Peugeot. Je retire l’écharpe de mon cou pour couvrir ma chevelure. Je ne veux surtout pas que les gens commencent à parler juste parce que j’ai levé le deuil plutôt que prévu, ou même qu’ils s’imaginent le pire. 


Je vis dans une société régit par les coutumes et les traditions que je ne saurai briser pour un simple caprice. Un an à porter le deuil ! C’est plus que suffisant, mais pour les autres, ce n’est jamais assez qu’ils aimeraient nous voir porter le deuil toute la vie. Je monte les trois marches pour déboucher dans la salle d’attente où un accueil, qui laisse à désirer, m’attendait.


— Enfin, voilà notre reine qui vient de faire son apparition, lança la sulfureuse Rose.


Elle portait suffisamment d’épines pour qu’aucun regard ne fixe sur elle. Une pauvre femme qui ne se passe d’aucune occasion pour me pourrir la vie. Elle n’avait que ça ; rendre dure la vie aux autres. Elle était entre deux âges, mais assez vieille pour se trouver un mari. Des rumeurs courent dans les murs de l’agence, comme quoi elle a un garçon très malade dont elle ignore le père. Cette femme a tout sauf le cœur d’une mère. Je la fixe dans les yeux sans pour autant répondre à ses provocations.


— Quoi ? Attends ! Tu as pleuré si fort la mort de ton cher Daniel jusqu’à en perdre la langue, c’est ça ?


Je sens la rage monter en moi, qu’au bout d’un moment j’ai failli lui porter la main, cependant Brenda m’en empêche en se plaçant devant moi.


— Ça suffit Rose ! Casses-toi, on ne veut pas de problèmes. 

Elle reste là à papillonner les cils, comme si elle n’a rien à faire des paroles de Brenda.


— Je me demande pourquoi tu reviens après un an, d’ailleurs il se passe quoi entre toi et le vieux Georges ? Vouloir couvrir une simple secrétaire pendant un an, il doit y avoir anguille sous roche.


C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ; qu’elle m’accuse d’être l’amante de monsieur Georges.


— Sale vipère ! Crié-je en essayant de lui donner des coups avec mon sac à main à travers l’épaule de la brune.


Je suis dans une colère noire, que je ne peux m’empêcher de réagir. Cette sorcière dépasse les limites. Brenda me conduit jusqu’à mon bureau en essayant de me calmer.


— Dégages ! Pauvre fille, ton mari doit se retourner dans sa tombe, sale garce, s’écrie-t-elle en claquant les mains, alors que Brenda ferme la porte du bureau.


— Je vais la tuer ! Je vais la tuer ! Hurlé-je.


Brenda me calme au bout des quelques minutes, puis je me rends compte que le bureau est tout poussiéreux.


— Il ne manquait plus que ça ! Cette domestique de malheur n’a pas pu nettoyer mon bureau et ça depuis un an.


La brune s’empêche de pouffer de rire, me voyant plongée dans une colère bleue.


— Apaises-toi ma belle, c’est bien normal que ton bureau soit dans cet état. Tu n’y as pas mis le pied depuis un an.


Je n’arrête pas de grogner alors que Brenda me propose d’aller dans son bureau le temps qu’on mette de l’ordre dans le mien. Voici une journée catastrophique qui commence. Il a fallu que cette vipère de Rose vienne gâcher le peu de bonne humeur qui me restait. 


Je tiens à peine ma tasse de café lorsque Angie, la réceptionniste, entre avec un air mystérieux. Bien que son nom renvoie à l’image d’une femme parfaite, elle n’a rien d’un ange. Son gout et sa passion pour le commérage est un don pour elle. Elle connait la vie de tout employé de l’agence immobilière, malgré qu’elle passe toutes ses journées, assise à la réception. Elle tourne sur un pied puis elle se prosterne avant de parler :


— Mes demoiselles ! J’ai une information capitale à vous annoncer. Voici la nouvelle du siècle. 


Je commence à m’impatient ce qui me fait rouspéter sur l’heure.


— On n’a pas que ça à faire, ok ? Craches vite le morceau. 

Elle fronce les sourcils, ensuite elle soupire.


— D’accord, ce n’est pas une raison de m’aboyer dessus. 

Elle souffle largement avant de reprendre son discours.


— Voilà ! Vous êtes toutes les deux convoquées.


À ces mots, mon cœur se met à battre la chamade. Je me demande bien qui pourrait me convoquer et pourquoi ?


— Qui nous convoque ?


— Le nouveau patron ! Il veut voir tout le monde dans la salle de réunion.


Je sanglote d’un coup, après m’être fait une belle frayeur. Je ne dis mot, puis je me mets à classer les dossiers en ordre, car je sais qu’il va bien me demander des comptes.


— Allez-y, je vous rejoins, dis-je en fixant le regard de Brenda.


Je me mets à tout arranger dans la mesure du possible, jusqu’à temps que la voix aigüe d’Angie vienne me faire jeter en sursaut.


— Euh… Il te réclame de toute urgence.


Il ne manquait plus que ça. Tout est si en désordre que je n’ai aucune idée des dernières opérations qu’a effectué l’agence immobilière. Je retire d’une main l’écharpe de la tête, et je sens que mes cheveux sont en bataille.


Devant la salle de réunion, je respire profondément avant d’ouvrir la porte. Tout en claquant mes escarpins sur les carreaux, je finis par prendre place. Tous me regardent bizarrement, comme si je ne suis qu’une intruse. Je continue de ranger les dossiers jusqu’à ce qu’une voix de stentor vienne me surprendre.


— Tenez-vous debout ! Personne ne vous a demandé de vous assoir.


Quelle humiliation ! Je dois reconnaitre que ce n’est pas une façon de parler à ses subalternes. Je lève mes yeux marrons pour m’apercevoir d’un homme grand aux cheveux courts. Il a le dos tourné, devant la baie vitrée. Je ne pense même pas une seconde à contester, je me tiens debout tout en tremblant. Il se retourne pour me fixer de ses iris noires, ce qui me fait encore plus paniquer. Ses yeux comparables à ceux d’un loup affamé, et son expression du visage laissant définir sa personnalité autoritaire. Il se gratte la barbe tracée, et s’avance de son siège. Un calme plat s’installe. Nul n’ose le fixer. Il n’a rien avoir avec monsieur Georges, l’ancien directeur. Il pose ses deux mains sur la table tout en continuant de me fixer. Finalement, il reprend la parole.


— Sais-tu depuis combien de temps je suis là à t’attendre ?


Cette question piège mérite un bon moment de réflexion pour ne pas se retrouver à dire du n’importe quoi.


— Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire attendre.


C’est tout ce qui me vient à l’esprit sur le moment, rien de plus.


— Vous êtes désolé ! Non, c’est moi qui suis désolé, ramassez vos affaires, je ne veux plus vous voir dans cet établissement. Vous êtes virée. 


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JUSQU'À CE QUE LA MO...