Le nouveau rôle
Ecrit par Gioia
***Ludovic EHIVET***
Il fait tellement chaud ce samedi. Je tourne
dans la ville à la recherche d’un petit travail à faire vu que le chantier est
fermé. Je n’ai rien trouvé donc je suis venu aider le mécanicien du coin.
J’aime souvent venir ici pour discuter et oublier un peu les histoires de la
maison. Il s’appelle Didier le mécano mais je préfère aller avec l’habituel
tonton. Ici je me sens super bien. Pas de soucis, pas de cris et le meilleur,
les voitures. Je suis à ses côtés et observe attentivement ce qu’il fait
– Petit tu travailles bien à l’école
là-bas hein. Fais vite je vais te nommer mon adjoint
– Haha, tonton comment je vais être ton
adjoint quand le garage n’est pas pour toi
– D’ici que tu sors d’école là je vais
acheter ça. Nous on a les vrais plans ici.
– Tu vas vraiment acheter ?
fais-je inespéré
– Oui keh. Je fais dot de ma femme et
puis j’achète. Tu vas venir m’écrire les reçus comme tu es mon bon petit.
– Ah ça ! Tonton
Didier si tu fais ça je vais te remercier jusqu’à la fin de ma vie. Tu penses
que tu auras l’argent quand ?
– Hmmm fin d’année comme ça.
– Mais je quitte l’école à la fin et je
viens te rejoindre en même temps.
– Non hein. Tu finis école. Faut pas ta
maman va dire c’est moi je détourne ta tête de ça. C’est ça tu vas manger
demain oh. En plus femme ne veut plus garçon qui ne connaît pas papier
maintenant.
– J’apprends rien à l’école tonton
Didier. Le prof de maths m’insulte seulement. En plus je m’en fous des filles.
– Faut pas l’écouter. Toi fais l’effort.
Le ciel fera le reste.
– Le ciel le ciel. Depuis le ciel a fait
quoi et on est encore ici ? m’irritai-je.
– Hey Ludovic je t’ai dit de pas parler
comme ça. Faut prier hein petit. Tu vas réussir moi-même, je sais. Tu as une
bonne étoile comme moi et c’est souvent nous la vie aime déranger. Mais on
laisse pas aussi ou bien.
– Hum moui, dis-je sans conviction.
Je passe toute la journée avec tonton et à la
fin c’est lui qui me dépose à la maison sur sa moto.
– Prend petit quelque chose là, il me dit
et me présente un sac.
Dedans, il y’avait du gari, des tomates et un
autre sachet contenant deux poissons frits. Il m’a aussi remis un billet de
1000 CFA.
– Tonton je ne peux pas prendre ça, je
dis en essayant de lui remettre.
– Ne fais pas je vais me fâcher. C’est
pas beaucoup et tu sais que je peux pas te payer quand tu viens m’aider mais au
moins prends ça comme ça
– Tonton je ne fais pas grand-chose à
part t’assister un peu et beaucoup bavarder quand je viens. Et c’est pour te
tenir compagnie et non puiser dans ta poche.
– Tu parles encore ? Tu es mon
futur bras droit donc faut prendre et dépêche-toi de rentrer.
Je ne savais pas quoi dire à part mille mercis.
Je suis rentré ému mais un homme ça ne pleure pas me répétai-je constamment
avant de tomber sur la mine renfrognée du vieux.
– Vagabond tu reviens d’où encore ? Je
suis allé marcher aujourd’hui avec la jeunesse à Koumassi mais toi on ne te
trouve jamais. Tu préfères traîner dans les rues pour jouer. Tu penses que tu
vas manger mon argent jusqu’à la fin de ta vie si tu ne fous rien ?
– Bonsoir papa, dis-je poliment tout en
le dépassant.
– Hey !
m’arrête-t-il par le bras. Il y’a quoi dans ton sac ?
– Du gari et du poisson.
– Tu as trouvé ça où ?
– On me l’a donné au garage.
Je n’ai pas fini ma phrase qu’une gifle sonore
me balayait la partie droite du visage me faisant tituber.
– Tu pars raconter quoi sur nous dehors ? crie-t-il
au point que les veines de son cou étaient visibles.
– il se passe quoi ? demande
maman en accourant.
– Interroge ton va-nu-pieds de fils qui
revient ici avec un sac de nourriture. Tu n’as pas de fierté ? Tu
pars faire le mendiant dehors ? Il s’avança pour me tirer le sachet.
– N’ose même pas, dis-je d’une voix que
je ne reconnaissais pas.
– Yvette tu vois ce que je vois ? Tu
vois quand je t’ai dit qu’à le traiter comme tu faisais tu allais en faire un incapable ?
Regarde comment il me parle !
– Calme-toi s’il te plaît. Ludovic arrête
de regarder ton père dans les yeux !
– Dis-lui de ne pas toucher à mon sachet !
j’insiste, le cœur lourd de rage. Qu’il m’insulte s’il veut mais il ne touche
pas !
– Qu’est-ce que tu peux me faire ? Ici
c’est ta maison ? Tu dors gratuitement et tu oses me menacer chez moi ?
– Je.....
– Ludovic tais-toi ! m’ordonne
maman. Chéri s’il te plaît laisse le passer avec son sachet je vais lui parler
après je te promets, dit-elle en se mettant en face de moi.
– Yvette, j’ai bien dit Yvette ! Quand
il sera un poids sur toi à 20 ans tu verras que j’avais raison mais ce ne
sera pas dans cette maison. Sache que tu le suivras dehors s’il ne s’est pas
trouvé un travail à 18 ans.
– ça va fiston ? elle me
redemande sur un ton doux quand son mari était déjà à l’intérieur.
– ça peut aller, dis-je en lui remettant
le sachet.
– Tu as trouvé ça où Ludo ?
– Le mécanicien que je vois souvent me
l’a donné. Et non avant que tu ne demandes, je ne lui ai rien dit sur notre vie
à la maison. Il voulait me remercier parce que je l’ai aidé.
– D’accord mais il ne faut pas défier ton
père je te l’ai dit. Il faut écouter et l’ignorer simplement.
– N’est-ce pas ce que je faisais et il a
voulu m’arracher mon sachet ? Tu sais que Melvin est fatigué de manger l’igname bouillie et le
piment depuis trois jours. Hier il n’a pas voulu manger avant de dormir et il
est encore petit. Avec ce que j’ai, on peut au moins faire du riz et une sauce.
Ça peut nous tenir pour deux jours.
– Mon garçon, se met-elle à pleurer tout
en me prenant dans ses bras. C’est toujours comme ça avec maman. La minute
d’après, les migraines vont se manifester.
Comme je sais cuisiner, je lui ai dit de se
reposer. Je suis sorti pour acheter un peu d’huile et de la banane plantain
chez le boutiquier à côté. Une fois à la maison, j’ai mis le riz à cuire,
écrasé un oignon, un piment et du gingembre sur la pierre et rajouté la
dernière boîte de tomate qu’il nous restait pour préparer la sauce.
Une fois le repas fait, j’ai filé sous la
douche. Bien sûr Melvin était sur ses cahiers à faire des signes de main dans
les airs sous prétexte qu’il rap au lieu d’étudier. Et c’est toujours la même
chose qu’il te sort, je suis Melvin le négro qui tient tout le monde en
haleine. Faut pas me test yoyoyo yeah yeah yeah je conduis un gros gamos et
tout le reste que je ne comprends jamais.
– Quand toi-même tu t’entends oh, ça
ressemble au rap que les gens font à la TV ça ? demandai-je
à la sortie de douche.
– C’est ta maman qui a écrit ce que je
rap maintenant ? il demande piqué au vif parce que monsieur n’aime pas qu’on critique
sa plume il dit. Carrément sa plume.
– Viens, on va manger, j’ai dit tout en
tirant son oreille.
– Tu finis de m’arracher l’oreille et tu
veux me donner l’igname vieille de trois jours avec le piment ? Tu
es trop mauvais sérieux. Je suis sûr que je suis adopté sinon tu ne serais pas
si méchant avec moi.
– Anh, d’accord.
J’ai réveillé maman pour qu’elle mange et si
elle veut donner à sa brute qu’elle appelle encore chéri ça la regarde. Ensuite
je suis revenu dans la chambre avec mon plat.
– Tchieu Ludo, dit-il en sautant sur ses
petites jambes. Pardon grand donne-moi.
– Non tu es adopté et je suis mauvais.
– Toi aussi tu sais que je suis un petit
con pardon, donne-moi, s’il te plaît.
– Je ne donne rien et si tu dis à maman
je vais te signaler que tu rap au lieu d’étudier.
Les larmes sont montées direct quand il me
voyait prendre un bon morceau de poisson. J’ai éclaté de rire et je lui ai
donné le plat.
– Tu étais prêt à pleurer ta vie pour
dabali ? On va te vendre à cause du poisson frit un jour petit.
Est-ce qu’il avait encore mon temps ? Il
s’est jeté sur le plat et mangeait sans s’être lavé les mains. Soudain il a
levé la tête et puis s’est souvenu que j’existais. Je pouvais voir le débat
dans ses yeux genre est-ce que je partage le poisson ou je mange tout.
– Je suis en pleine croissance donc je
dois manger toutes les protéines normalement.
Je ne disais rien pour voir jusqu’où il irait
dans sa bêtise.
– Bon tiens, fait-il en me tendant le
plat avec plein de difficulté.
– Lol dégage avec ta face comme tu es en
pleine croissance. Il s’est jeté sur le plat avant même que je finisse la
phrase.
– Tu es sûr ? me
questionne-t-il la bouche pleine.
– Même si je n’étais pas est ce que ce
sont dans les deux ou trois cuillérées restantes que je vais trouver mon compte ? Il
y’en a encore si j’ai faim.
– Quoi ? Et puis tu
ne pouvais pas me dire depuis ? dit-il en détalant à la cuisine pendant que je rigolais tout en
prenant les photocopies du livre d’anglais que j’ai fait pour étudier.
***Blair EHIVET***
Nos notes sont en chute libre. Mr Adou vient
encore de nous flanquer une interro à quinze minutes de la fin du cours. Il le
fait depuis un moment. En plus il n’interroge pas sur un truc actuel. Il
retourne par exemple sur un cours de la troisième semaine du premier trimestre.
À lui s’ajoutent, les profs de physique
chimie, français, SVT et SES. Et ce sont nos matières principales. À cette
allure 80 % de la classe va reprendre et nos parents vont nous tuer. Du
coup j’ai décidé de me concentrer sur les matières que je négligeais avant
comme l’espagnol, l’anglais et le sport. Pour l’espagnol Kate m’aide vu qu’elle
est toujours là. En sport je suis naze. La totale. Donc j’ai décidé d’en parler
à Clarence et Miriam pour qu’on se fasse un programme.
– Quoi ? Tu veux
qu’on fasse un programme sur le sport ? Tu as vu comment le prof nous
pousse comme s’il voulait faire de nous des mini Usain Bolt ?
– On n’a pas trop le choix là Clari. Tu
as vu nos notes ? je lui rappelle.
– On a juste besoin d’un 10 pour passer. Pourquoi
tu veux en faire toujours plus ?
– Parce que j’ai eu 12 au premier, déjà
pas fameux, et je ne veux pas être en bas de ça mais à cette allure ça craint.
– Non mais faut être reconnaissante dans
la vie hein madame. Tes 12 là nous on cherchait ça. Moi je prendrais un petit 11
ce trimestre. Mais je ne veux pas faire de sport et perdre mes belles fesses
surtout que j’ai entendu que les cours de natation vont être jumelés cette
année avec les terminales, dit Mimi.
– B tu sais que je suis paresseuse. Je me
vois mal lancer le poids et faire la course juste pour une moyenne, se plaint
Clari.
– Moi aussi je suis à chier mais je sais
qui est bien, dis-je en levant la main vers Ludo qui passait par là.
– Encore toi et Ehivet ? Je
ne veux pas de ce couillon près de moi.
– Tu énerves à la fin à l’appeler comme
ça !
– Mais tu me cries dessus pourquoi ? dit-elle
en colère et gênée parce que je ne crie pas en général.
– Tu veux toujours qu’on passe nos
vacances à Positano ?
– Comment ça je veux ? On va y
aller, affirme-t-elle.
– Eh bien mon père n’acceptera pas si je
lui ramène un 10 et le tien non plus à moins que je me trompe. Donc on va
demander de l’aide à Ludo parce que c’est le meilleur en sport.
– Hum faites comme vous voulez. Moi je
serais à Ibiza avec ma mère et Cora de toute façon, nous répond Mimi quand Ludo
arrivait enfin à notre niveau.
– Oui ? fait-il
avec son air blasé légendaire.
– Ludo mon ami, dis-je en lui tenant le bras.
– Raaah Blair, parle seulement, dit-il en
le retirant vivement.
Il est tellement brusque comme gars. C’est
presque impossible de l’amadouer.
– On a besoin de ton expertise en sport
pour nous améliorer, j’ai dit en prenant ma voix la plus douce.
– Quand tu dis vous ?
– Moi, Clari et Mimi.... s’il te plaît, je
dis en sortant les yeux de chien battu.
– Hey moi je suis pas....
Sa voix diminua quand je me retournai pour la
menacer du regard.
– C’est une blague ? Clarence
qui court comme si elle avait du miel collé entre ses jambes ?
ironise Ludo.
– Connard !
– Ouais c’est ça cause toujours.
– Arrêtez enfin. Allez Ludo on a vraiment
besoin de toi.
– OK si vous voulez perdre votre temps. À
la fin des cours on se retrouve à l’endroit que je vais te texter Blair.
Demain est arrivé plutôt que j’espérais. J’ai
ramené ma bouteille d’eau et j’ai porté une tenue Nike qui ne garde pas la
sueur. Clarence portait un microshort et une brassière sportive sans t-shirt et
Miriam un collant cycliste qui moulait ses fesses immenses en plus d’un crop
top en haut.
– Vous pensez qu’on est aux olympiques
ici ? se marre-t-il.
– Il faut s’habiller pour le rôle qu’on
veut.
– OK, la philosophe, me répond-il amusé.
Quand vous allez transpirer, on reparlera de vos tenues. Au lieu de porter un t-shirt
en coton large qui laisse passer l’air vous vous serrez le corps avec ses
petits bouts de tissu.
– Pff tu baves sur nous mais tu ne nous auras
pas… euh. Tu penses qu’on est de ta catégorie ?
– Ce n’est pas mieux de la fermer et te
mettre en position ? Ludo retourne sèchement à Miriam. On n’est pas sorti de l’auberge,
pensai-je en soupirant
Elle roule des yeux avant de s’exécuter comme
nous. Nous nous sommes échauffées puis il a lancé le top chrono. On devait
faire le tour du grand terrain. On s’est arrêté trois fois Clari et moi. Miriam
a fait la moitié et rebroussé chemin en marchant.
Clari et moi avons fini en dix minutes. Il a
dit que ça valait 3/20 selon le barème du prof. Je suis rentrée découragée mais
je n’ai pas abandonné. Clarence a commencé à s’appliquer aussi quand Vince nous
a rejoints. Lui et Ludo nous ont filé des techniques pour bien démarrer et ne
pas trop s’essouffler. Vince est bien aussi mais Ludo c’est juste a beast (une
bête). Il a une de ses agilités et la façon dont il lance ses jambes on dirait
un félin, pourtant il n’est pas musclé et moins élancé que Vince. Ils ont fait
un tour et demi et fini avec un temps proche de 4 min. Vince respirait
comme s’il allait mourir bientôt alors que Ludo semblait prêt à continuer sans
difficulté si on le lui demandait. Au second tour, on a toutes changé nos
vêtements serrés pour des tricots larges comme Ludo avait dit.
Ça fait un bien de fou de sentir l’air entrer
partout durant la course. À chaque rencontre on s’appliquait et Clari parlait
déjà de ses fesses qui semblaient plus fermes. Juste à temps pour la natation
qui allait commencer bientôt. Physiquement je suis plutôt régulière moi. Un peu
comme Clari, moyenne en tout, juste qu’elle a la taille d’une amazone et moi je
m’arrête au mètre 60. Mais j’ai hâte de montrer mon mignon maillot à
Arthur. Kate m’en a acheté des nouveaux et je me sens belle dedans.
Les jours défilèrent et nous étions enfin au
jour de l’examen de course. Le prof a décrété que ça serait une course à
relais. La grande surprise c’est que les terminales se joignaient à nous. Au
moment de choisir son partenaire, j’ai senti qu’on prenait ma main. Tu viens
avec moi m’annonce Ludo devant tout le monde. Il pouvait choisir nettement
meilleur dans la classe que moi. En plus, je pensais faire équipe avec Arthur.
– Je vais te retarder Ludo, lui
soufflai-je.
– Aie confiance en toi Blair. Tu ne t’es
pas entraînée pendant un mois pour rien.
Son aies confiance m’a remonté comme pas permis
et il l’a dit sur un ton rassurant contrairement à son côté brusque habituel. Je
ressentais quand même un peu de pression parce que la course allait commencer par
les filles et nous devions remettre le bâton aux garçons. Si je fausse au début
il aura un désavantage. Et comme le sort s’acharnait sur nous, on était contre
Arthur et Isabelle une fille de terminale, très forte et surtout très
arrogante. Nous nous sommes positionnés sur la ligne de départ et le dernier
conseil de Ludo me revenait. Respire et laisse tes jambes te porter. J’ai entendu
le départ et j’ai fait exactement ce qu’il a dit. Je n’ai jamais donné autant
dans ma vie. À un moment je ne sentais plus mes jambes. Mais j’y suis arrivée
et j’ai donné le bâton à Ludo qui a battu Arthur à plat de couture. On a tous
fini et reçu nos notes directement.
-Ludooooo, on a 18/20 ! m’écriai-je
de joie tout en sautant dans ses bras.
Tout le monde me regardait surpris parce que
ce n’était pas mon genre d’avoir des débordements en public. Mais j’étais si
contente que je m’en fichais.
– Bon travail partenaire, dit-il en
mettant sa casquette sur ma tête.
– Tu as vu ça Blair ? J’ai eu 14 !!!
C’est incroyable pour quelqu’un qui était abonné aux 6, se réjouit aussi Clari.
– Oui hein !! On dit merci
Ludo.
– Ouais un truc du genre. Bon on y va ? Le
bus pour aller à la piscine est là.
– Oui on y va. Je te donne ta casquette
quand on arrive là-bas Ludo.
– Je n’y vais pas.
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas nager.
– Mais comment ça tu ne sais pas nager ?
***Ludovic EHIVET***
Les cours de piscine étaient payants au
collège où j’allais avant. Et ce n’est pas mon père qui allait financer ça.
C’est déjà un miracle qu’on puisse aller à Blaise Pascal quand il n’a pas de
travail. C’est grâce à un de ses anciens contacts en politique. Un type qu’on
n’a jamais vu mais selon maman il rendait ce service à papa pour payer une
dette du passé. Sinon Melvin et moi serions probablement à l’école publique.
Même les livres d’école on achète quand le
vieux donne l’argent. Sinon on photocopie. Les fois où on me questionnait sur
le pourquoi, je n’avais pas mon manuel, je disais juste qu’en allant acheter
les livres, il n’y avait plus de stock dans les librairies. Le temps que j’aie
accès au cours de natation, la classe savait déjà nager. À la première séance,
le prof m’a fait clairement comprendre que ce n’est pas à mon âge qu’on apprend
parce que c’est déjà tard. Le reste ne m’intéressait plus.
– Tu veux dire que toutes les fois où tu
as séché la natation c’est parce que tu ne sais pas nager ? s’étonne-t-elle.
– Oui.
– Mais et les vacances alors ? Tu
ne vas pas au club de vacances ?
– Blair va rejoindre les autres sinon le
bus s’en ira.
Elle a pris ma main et sans rien dire m’a
entraîné dans le bus avec elle.
– Tu vas venir avec nous ne serait-ce que
pour s’amuser. Et après je serais ton prof. je vais t’apprendre comment nager d’accord ?
– Euh OK.
On est arrivé à la piscine et ça bavardait en
pagaille avec les terminales. Ils jouaient le genre de musique qui casse les
oreilles. Le prof était en pleine causerie avec des gens que je ne connaissais
pas.
– Tu ne nages pas ? Je demande
à Vincent après près de dix minutes qu’il faisait assis avec moi au lieu
d’aller se changer.
– La course m’a pété la cheville en plus je
n’ai pas ramené mon maillot.
Je savais que c’était un mensonge juste pour
que je ne sois pas seul. Ce n’est pas la première fois qu’il prétexte quelque
chose pour me tenir compagnie et je lui avais interdit mais cette fois non. Je
ne veux pas me faire chier ici surtout avec les grandes gueules de Sébastien,
Arthur et consort. Les filles sont sorties de leurs vestiaires et j’ai
rapidement détourné le regard. Mais Vincent ne l’entendait pas de cette
oreille.
– Tchiebe Ludo regarde-moi les fesses et
les seins là. Non ! Le deuxième trimestre est toujours le meilleur.
– Tu sors avec Clarence la furie et tu as
l’audace de parler des filles comme ça ?
– Est-ce que j’ai attrapé les fesses de
ses filles ?
Clarence s’avance dans un monokini noir au
décolleté v plongeant et le derrière qui ne couvrait presque rien de ses fesses.
– Bébé tu veux me donner une attaque ? dit-il
alors qu’elle se tournait pour lui donner une meilleure vue.
– Toujours ! Il faut que tu meures toutes les fois que tu me vois.
– Hey Clarence vient dans l’eau ! lui ordonne
Arthur.
Elle le toise avant de s’exécuter et plonger dans l’eau. Miriam sortit
ensuite ce qui déclencha de vives réactions chez les gars comme certaines
filles.
– Tu es sûr que Mimi n’a pas fait un truc pour diminuer son âge ?
Tout ce corps pour une fille de 15 ans ? s’extasie
Vince.
– Elle est en forme ça c’est sûr, j’approuve aussi.
– Si elle ne mangeait pas autant l’argent des mecs je t’aurai
arrangé le coup sur le champ.
– Je t’ai dit que je ne sais pas draguer ?
J’allais lui en rajouter une mais Blair est sorti en bikini mauve et
mon cœur s’est arrêté. Je n’entendais plus ce que disait Vincent.
– Hey Ludo ? Ludooo ???
– Han, fais-je l’esprit encore loin.
– Encore toi et blair hein ? La chasse gardée des Koutouan ? Ce
n’est même pas comme si elle est super sexy. Elle est juste mignonne.
***Blair GUEYE***
Je m’approchais de Ludo pour lui remettre sa casquette quand j’ai senti
deux mains m’attraper par la taille. Mon cœur a failli s’arrêter. Jamais Arthur
ne m’a tenu comme ça en plus en public. J’ai tout oublié et me suis laissée
guider par lui quand sa voix me chuchotait des mots dans l’oreille. Le prof de
sport nous a donné quartier libre aujourd’hui du coup on s’amusait dans l’eau.
Quand j’essayais d’aller vers Clari, Arthur me retenait par la hanche.
– Je vais aller me chercher de l’eau j’arrive bébé, je lui dis.
Ce qu’il a fait par la suite m’a mortifié. Il m’a tapé les fesses avant
de les attraper tandis que ses amis criaient eh la petite d’Arthur, gère-nous
ça correctement frère.
– Enlève tes mains maintenant, lui dis-je tout bas.
– Et pourquoi ? J’ai besoin de permission pour attraper ma meuf ? Il demande sur
un ton courroucé.
– Pas en public toi aussi. Il y’a tout le monde ici, soufflai-je.
– Mais B qui ne sait pas que tu es ma femme ? On n’est
plus des enfants, dit-il en me tirant vers lui.
J’ai échappé à son emprise et rejoint mes amies. Une fois que je me
suis désaltérée, je suis retournée dans l’eau et en même pas cinq minutes Je
l’ai encore senti derrière moi quand on jouait à la balle. Il a fait la même
chose que tantôt pendant que tout le monde nous regardait. J’enlevais ses mains
mais il me faisait résistance et rigolait.
– Arthur tu fais chier putain ! Laisse mes fesses,
dis-je vexée puis je sortis de l’eau pour aller m’asseoir avec Ludo et Vincent.
– Hum, Blair pourquoi tu lui as parlé durement comme ça ? Il
va se fâcher et après tu viendras pleurer chez moi sous prétexte qu’il flirte
avec d’autres, me chuchote Clari après m’avoir rejoint.
– Pourquoi il m’embarrasse en public alors qu’il dit que je suis
sa femme ? Ce sont mes fesses et si je dis touche pas ben tu ne touches pas, je
lui murmure.
– Lol tu ne sais pas ce que tu veux au final.
– Désolée ça ne va pas tenir pour les cours de natation
aujourd’hui Ludo, je lui dis sans répondre à ce que Clarence a dit.
– No stress. Tu ne nages plus toi ?
m’interroge-t-il après de longues minutes.
– Je préfère changer d’air, dis-je en m’adossant sur la chaise.
Je pouvais voir Arthur me regarder de temps en temps. Je vais sûrement pleurer
après parce que je l’aime à en mourir mais il a déconné donc non je n’y
retourne pas. Je n’aime pas qu’on parle de moi comme si j’étais un morceau de
viande et ses amis ne savent que faire ça !