Le pack surprise
Ecrit par Farida IB
Khalil…
Nahia (avec un enthousiasme débordant) : tiens !
Elle me tend une grosse enveloppe dont je me saisis et ouvre prestement. Il s’agit de quelques images de l’écho en 3D de notre champion.
Nahia : il est attendu dans quatre semaines…
Moi complétant : et trois jours.
Nahia : exactement !
Je lève un regard satisfait et fier sur elle.
Moi : c’est moi où il est encore plus beau que la dernière fois ?
Nahia tout sourire : je l’ai remarqué aussi.
Moi : tout le mérite te revient mon cœur.
Nahia : oh ça oui krkrkr.
Il y a une malice à peine voilée dans sa voix qui me fait sourire. J’avoue que ça fait des mois que je me languis de cette Nahia là. C’est elle-même qui dit que c’est sa première fois de tomber enceinte (rire) c’est vrai que cette fois nous avons affaire à un bébé particulier. La première grossesse nous l’avons vécu sans histoire. Le must, c’était l’accouchement que je qualifierai de « très facile » dans la mesure où nous n’avons même pas eu le temps de pousser (parce que oui on poussait ensemble) que Noora a pointé sa bouille d’ange. Celui-ci a d’abord gâché la surprise de sa mère étant donné qu’il est venu avec tous les maux au tout début en plus de l’avoir complètement métamorphosé (je pèse mes mots) sans compter la croissance accélérée de son ventre. Nous avions pensé que c’était une grossesse gémellaire jusqu’à ce que l’échographie montre un unique fœtus.
Apparemment c’est de famille parce que selon ma mère, c’était pareil pour Ussama et moi, bon sous une forme plus sévère. Théorie qui a été confirmée lors de la révélation du sexe. Je pense comme ça et je soupire en me passant la main sur le visage. Il faut dire que cette grossesse, je la vis pratiquement à distance. Actuellement même où je vous parle, je viens de rentrer d’une série de voyage d’un mois et demi dans l’Inde et dans le Golfe persique avec une brève escale à Lomé et à Londres.
Nahia (regard interrogateur) : qu’est-ce qui t’arrive tout à coup ?
Moi : c’est frustrant pour moi de manquer tous ces rendez-vous. Je n’ai pas pu vivre cette aventure à plein temps comme je l’aurais souhaité.
Nahia (me fixant avec compassion) : tu as beaucoup de travail mon chéri et puis tu as été là pour Noora. En ce qui concerne Samir (oui oui il va s’appeler comme moi) le dernier mois n’en reste moins un moment de pleins pleins d’émotion à partager. (ton enjôleur) C’est la dernière ligne droite donc c’est maintenant que commencent les vraies sensations.
Je penche la tête sur le côté en souriant.
Moi : ah ouais ? (oui de la tête) Tu es la première femme que je connaisse qui soit toujours excitée d’accoucher.
Nahia : bah étant donné que c’est un passage obligé, il vaut mieux faire contre mauvaise fortune bon cœur. Mais encore c’est le seul moment où j’ai eu la sensation de n'avoir jamais été aussi proche de toi.
Moi haussant le sourcil : tu te sens seule ?
Nahia : bien sûr que non, enfin quelquefois quand tu n’es pas là. Ce que je voulais dire cependant, c’est que dans la salle d’accouchement nous étions une vraie équipe.
Moi : comme toujours !
Nahia (hochant lentement la tête) : weh l’équipe rêvée.
Je la regarde avec un sourire en coin.
Moi (du tic au tac) : viens là.
Elle traîne sur ses pattes sur le lit au rythme que son ventre proéminent le lui permet jusqu’au côté siège massage intégré du lit où je suis assis. Elle prend tout son temps pour aspirer l’odeur de mes cheveux ensuite ceux de mes aisselles. Il paraît qu’il aime ça donc je la laisse faire sans broncher. Quand elle juge que c’est bon pour elle, elle vient s’asseoir dos contre mon torse. Je l’enveloppe aux creux de mes bras, pose mes mains sur son ventre que je masse, la tête enfouie dans son cou que j’embrasse doucement. Le résultat ne tarde pas, il y a le bébé qui bouge énormément et Nahia a les seins qui pointent.
Moi les taquinant : je n’ai rien fait.
Entourant mon cou la poitrine tendue vers l’avant.
Nahia (dans un gémissement étouffé) : continue à ne rien faire.
Je souris en l’embrassant la tête penchée sur le côté. Ça commence par un baiser sur la lèvre qui devient de plus en plus mordant ensuite elle met brusquement fin à nos mouvements saccadés.
Moi : quoi encore ?
Elle répond en posant le pied à terre.
Nahia : j’ai besoin de me soulager, urgent !!!
Je la regarde partir en soupirant. Voilà l’affaire qui me fait penser que ce petit chenapan est contre mes intérêts. (sérieux !) Les rares fois où je suis là pas moyen de toucher sa mère. Nos moments hot, les strip-teases, les surprises me manquent tellement. Franchement, j’en ai pour mon compte. Si bien que j’aie décidé qu’on s’en tiendra aux trois enfants même si l’idéal de Nahia, c’est d’avoir un nombre pair d’enfant.
Dring Dring !
C’est son téléphone, je le sors de la commode intégrée et le consulte. C’est sa mère. Je le lui apporte et pendant qu’elle cause assise sur le pot du wc, je profite à me rafraîchir dans la cabine de bain. C’est là qu’elle me rejoint à la fin de sa conversation pour terminer ce que nous avions commencé au rythme que nous permet le roi dans son ventre. C’est pendant qu’on s’habille plus tard qu’elle me parle de l’objet de l’appel de sa mère. Elle souhaite venir pour la naissance du bébé.
Moi : elle n’aurait jamais dû partir après l‘anniversaire de Noora.
Nahia : elle se sentait trop envahissante.
Moi : il n’y a pas de quoi. Cette maison est la sienne, elle sera tout le temps la bienvenue.
Nahia : et elle le sait, mais tu la connais elle est mieux chez elle qu’ailleurs.
Moi : pourtant, elle est tout le temps en visite chez ta sœur !
Elle détourne ses yeux de mon regard appuyé sans commenter parce qu’elle sait très bien où je veux en venir. Ce n’est pas un secret que sa mère ne me porte pas particulièrement dans son cœur quoiqu’elle me tolère depuis le mariage. Mais toujours est-il qu’elle est distante envers nous. Ça me vexe dans le sens où ça affecte Nahia même si elle ne le dit pas.
Sinon pour la petite histoire, Liam est retourné vivre avec sa famille en Belgique afin de pouvoir s’investir totalement dans les affaires familiales. C’est de là qu’Amou gère la société de son père qui lui a pris sa retraite à l’instar de leur mère dont les magasins sont gérés par leur tante Awa. Leur oncle par contre a repris le flambeau de mon centre de loisirs à Lomé que j’ai franchement délaissé, en dehors de la société de transport.
Moi insistant : si elle ne veut pas venir pour nous qu’elle le fasse au moins pour ses petits enfants.
Elle prend appui contre une armoire et me regarde franchement. Ça sent le moment de vérité.
Nahia : tu n’y es pas du tout ! Ma mère s’installerait même ici si elle le pouvait.
Moi incrédule : et qu’est-ce qui l’en empêche ? Ton père ?
Nahia : entre autres, en fait…
Moi : c’est bon laisse tomber, on sait tous pourquoi.
Nahia parlant vite : elle a la phobie de cette maison, enfin ce sont ces mots.
Je fronce le sourcil d’incompréhension.
Nahia s’expliquant : elle dit que le luxe et l’opulence criarde d’ici l’effraie. Qu’elle se perd tout le temps entre les pavillons et les couloirs. Elle se sent inutiles avec tous ces domestiques qui lui torcheraient même le cul si elle le leur permettait. Or, chez Amou elle est le centre d’intérêt.
Moi dépassé : elle a vraiment dit ça ? (oui de la tête pendant que je la regarde abasourdi) Mais mais elle s’occupe de Noora ?
Nahia : justement, elle fait l’effort de venir plus souvent à cause d’elle et nos enfants à venir. Elle a promis d'être présente pour les naissances, les anniversaires, les récitals et certaines fêtes officielles.
Moi ravi : okk c’est très gentille à elle.
Nahia : c’est son devoir.
Moi (hochant à la tête) : je tiens tout de même à préciser que c’est (appuyant) notre enfant à venir et non « nos » enfants à venir.
Nahia : rhoo houbi ne commence pas, à ce que je sache c’est moi qui porte les enfants parmi nous deux.
Moi : et tout le stress me revient à moi d’autant plus les années à venir risquent d’être encore plus serrées.
Nahia : on s’en accommodera.
Moi coupant court : si tu le dis.
Tiiinngg !
Elle s’empresse d’aller ouvrir et revient avec un sourire béat identique à celui de ma mère qui la suit un plateau de mets appétissants dans les mains. Je m’approche d’elles et fait un gros câlin à ma mère.
Moi : houbil hayati.
Maman (faussement agacée) : après ta femme n’est-ce pas ?
Moi (lançant un regard en biais à Nahia) : elle même sait que c’est toi l’amour de ma vie, n'est-ce pas Aynia ?
Nahia : jocker !
On rit ma mère et moi.
Maman (à Nahia) : tu as le droit d’être fier d’avoir un mari qui t’aime plus que sa vie.
Nahia : tout comme je l’aime plus que la mienne.
Moi la fixant : ah ouais ? (elle me lance un regard complice) Redis-le encore une fois s’il te plaît.
Maman : lol je vous laisse votre intimité. Vous n’avez pas à vous inquiéter pour les enfants, Yumna s’occupe d’eux.
Nahia : d’accord merci.
Moi (bisou sur sa tempe) : merci oumiii.
Elle nous laisse et nous nous retrouvons enlacés sur le canapé du salon. Pendant qu’on prend le petit-déjeuner, on parle un moment de ma mère qui lui est d’une aide très précieuse quand je ne suis pas là. C’est elle qui supporte ses caprices et elle est commode avec ça. Enfin, ils le sont tous. En général, ma famille prend le relai et s’occupe d’elle durant mes périodes d’absence. Surtout que cette année, j’ai passé le plus clair de mon temps à sillonner le globe entre engagements officiels, causes humanitaires, un petit passage à l’académie militaire de Sandhurst (Royaume-Uni) et ma thèse à la London Shools of Economics dans la perspective d’améliorer ma gouvernance.
De ce côté, il n’y a rien à redire, sans vouloir me vanter bien sûr. Au fil du temps et avec l’aide de mon père et Nahia, je peux affirmer que j’ai pris mes marques même si je cherche continuellement à me performer. Le côté sombre, ce sont les voyages multiples vu que je suis un homme de terrain. Du moins, je continue d’être un homme de terrain en plus de gérer nos affaires avec Nahia sur le terrain en attendant qu’elle revienne sur la scène. Elle ne s’en plaint jamais, c’est même elle qui gère mes programmes et mes opérations au quotidien ainsi que certaines audiences et réunions. Moi par contre ça m’agace de ne pas pouvoir profiter assez de ma petite famille. C’est donc ma résolution pour les trois prochains mois, passer du temps avec chaque membre de ma famille. Honneur fait à ma femme et mes enfants que Yumna nous ramène un moment plus tard en prétextant le boulot. Depuis qu’elle a commencé il y a quelques semaines, elle se dévoue vraiment à la tâche. Ce qui nous surprend tous encore parce que la discipline ce n’est pas le fort de Yumna. En gros, nous réapprenons à connaître la Yumna que l’exil a fait d’elle, une meilleure version je dois dire. Plus mature et plus du tout capricieuse. Comme quoi à quelque chose, le malheur est bon.
Je tends la main vers Nabil pour récupérer Noora qui pleure son soul.
Moi : ma chérie qu’est-ce qu’il y a ?
Noora hoquetant : biddi âbi.
Nahia lève les yeux vers elle puis sourit pendant que Nabil et moi faisons pareil. C’est le seul mot à part le vocabulaire des liens de la famille qu’elle connaît pour le moment du coup elle en abuse.
Moi : je suis là ma vanylla, shutt arrête de pleurer.
Elle pose sa tête contre mon torse en reniflant puis porte ses doigts dans la bouche.
Nabil roulant des yeux : non mais quel beubeuhh.
Nahia : loulou laisse-moi l’enfant !
Nabil ton agacé : rhoo ça va maintenant avec ce surnom, j’ai le bac moi !
Nahia le toisant : tcchhhrrr et puis quoi encore ?? Ma sœur et ma nièce adorées ont le bac aussi.
Je les regarde tour à tour amusé, l’une tire sa tronche et l’autre fait la moue. Nabil plus il grandit, plus il a en horreur les démonstrations affectives. Mais bon, c’est de son âge. Il a 16 ans maintenant et il est fait plus que ma taille. Il devient plus intéressant comme jeune homme seulement qu’il n’est pas prêt de lâcher son côté monsieur bêtise qui s’accentue pour ainsi dire. La chance qu’il est brillant à l’école. Les pourparlers sont en cours pour la suite de ses études. Entre son père qui tient à avoir le dernier mot et Nahia qui ne veut pas l’entendre de cette oreille, on n’est pas sorti de l’auberge. Vous l’aurez compris leur relation sont toujours aussi conflictuelle à la différence que maintenant, c’est lui qui cherche les embrouilles. Quoiqu'il en soit, je pense que c’est à l’enfant de choisir le parcours qui le tente !
Nabil : papa Lil (oui oui j’ai monté de grade lol) dis lui toi.
Moi : champion, tu seras toujours son bébé quel que soit l’âge et tu le sais.
Nabil (tirant la langue en pointant Noora du doigt) : c’est elle le bébé ici.
Noora redémarre, Nahia le toise et tchipe.
Moi (bisou sur sa tête) : rhoo princesse ça va comme ça ? (bisou sur sa bouche) ça vous dit qu’on fasse un tour à la Ferrary World ?
Nabil : yesssss !!
Nahia me jette un coup d’œil auquel je réponds par un sourire contrit.
Nahia haussant l’épaule : vous pouvez y aller sans moi.
Moi : non, on reste. On va trouver quelque chose à faire ici.
Nabil déçu : Ferrari World c'est plus fun.
Moi le fixant : un autre jour fiston.
Il boude, mais hoche néanmoins la tête. Je propose par la suite qu’on fasse une séance de yoga pour la préparation à l’accouchement, proposition qui a été curieusement bien accueillie par tout le monde. On s’y met alors après avoir enfilé des vêtements sportifs. Pour info Nahia a décidé cette fois ci de tenter l’expérience de l’accouchement aquatique donc de temps en temps on s’y prépare. Tout est déjà mis en place afin d’assurer que ça se déroule le mieux possible.
On passe en gros une matinée agréable, Khadija et Ussama nous rejoignent un moment plus tard. Khadija est ici pour amorcer les derniers préparatifs de leurs noces qui a lieu dans moins d'un mois. Elle va mieux, elle se remet peu à peu du décès de son père. C'est leur garde rapproché, Abdoul qui assure l’intérim en attendant que le couple accède au pouvoir.
Plus tard, je me retrouve en compagnie de mes parents et ceux de Jemal qui étaient de visite. Ils passent tout le temps à raconter des anecdotes sur leurs enfants respectifs qui nous font rire tout l’après-midi. Le soir après un dîner animé avec la famille au grand complet, on se retrouve Nahia et moi sur la corniche comme tout citoyen lambda pour une ballade en amoureux.
C’est ainsi que s’écroule cette semaine et celle d’après aussi. Le samedi de la troisième, nous sommes en plein séance de yoga lorsque notre valet personnel arrive pour nous annoncer l’arrivée de Jemal. Le temps qu'il lui transmette ma réponse, Jemal fait irruption dans l’appart et nous parle depuis la porte que le valet referme.
Jemal : je suis venu plus pour ma femme vu que tu la caches, on ne sait…
Il beugue sur elle.
Jemal : wouahh type ça c’est quelle façon d’enceinter l’enfant des gens comme ça ? La pauvre est méconnaissable là !
Il s’interrompt en avisant le regard appuyé que je lui lance avant de me pencher vers Nahia qui rit doucement.
Nahia : salam Jemal.
Jemal (se grattant la tête) : euh bonjour, tu as l’air pas en forme du tout.
Je lui jette un coup d’œil réprobateur.
Nahia : je te retourne de bonne grâce le compliment.
Jemal (toujours en la fixant penaud) : bon j’étais venu dire bonjour à ma chérie. Veillez poursuivre votre sport ou quoique vous faisiez.
Nahia : c’est très gentil à toi.
Jemal : c’est moi.
Il s’en va et revient.
Jemal : euh, j’avais oublié ce pourquoi j’étais réellement venue, c’est Salim qui m’envoie.
On se regarde Nahia et moi genre « ce type vraiment ! ».
Moi : je t’écoute Jemal.
Jemal : en fait, on amène les enfants faire un tour histoire de laisser les dames souffler un peu cette journée. Ça te dit de venir avec les siens ?
Nahia (me fixant) : pourquoi pas ?
Moi : tu es sûre ?
Nahia : oui oui ça ira pour moi, ça leur fera du bien surtout à Nabil.
Jemal : top, je vous laisse vous préparer (narquois) je te laisse 5 min le cheikh.
Moi : ouais c’est ça !
Jemal (me faisant un clin d’œil entendu) : ouais je t’aime moi aussi.
Là Nahia rit franchement et m’entraîne dans son rire. Je la resserre contre moi et pose quelques baisers à l’intérieur de son cou.
Moi : tu sais que je t’aime toi ?
Nahia : hmm oui ! Mais moi j’ai faim, tu veux bien me trouver quelque chose à grignoter avant de partir ?
Moi : rhhoo Nahia tu casses l’ambiance là ? En plus, on a mangé il y a une heure à peine !
Nahia bourrue : mais puisque j’ai faim ?
Moi : ok ok que veux-tu manger ?
Nahia (faisant mine de réfléchir) : heumm je ne sais pas ! Enfin je veux manger un peu pimenté, pas trop salé, avec un peu de sucre. C’est une sauce que je veux en fait et elle doit être longue, mais pas gluant.
Moi plissant les yeux : et on trouve ta recette là sur quelle planète déjà ?
Elle me lance un regard noir.
Moi (ton conciliant) : je vais voir ce que je peux faire.
Nahia contente : merci Cheikh.
Moi : tu me remercieras lorsque j’aurai trouvé ta recette magique.
Nahia : tu vas trouver !
Moi : umh.
Elle tchipe longuement, ça c’est le signe qu’elle va être de mauvaise humeur toute la journée pfff. On dit merci qui ? Merci Jemal !
J’ai la chance, ma mère trouve une recette qui tend vers. Une sauce indienne plutôt salée, plus ou moins piquante et légèrement gluante avec un petit goût de moutarde dénommée pickle de légumes qu’elle boude sous prétexte qu’elle s’est consolée avec des dattes. Je ravale ma frustration et lui donne sa dose de câlin avant de rejoindre les enfants déjà prêts depuis perpète. Avec les gars, on passe une chouette journée. On amène les enfants déjeuner au restaurant puis au centre de loisirs. Nous échouons à la Ferrari world où ma vanylla attend qu’on finisse de payer les tickets pour nous faire une grosse crise de larmes en réclamant sa mère.
Salim : il faut peut-être la ramener.
Moi soupirant : c’est ce qu’il y a lieu de faire.
Nabil : je serai obligé de rentrer moi aussi ?
Moi : tu veux rentrer ?
Il secoue vigoureusement la tête.
Moi : ok les tontons vont te ramener à la maison.
Nabil : chouette !
Moi (à ces derniers) : les gars vous allez gérer ?
Jemal : c’est notre élément.
Salim : t’inquiète bro.
Je démarre en trombe pour la maison, dans le hall je croise ma mère dans tous ses états.
Maman : bon sang Khalil tu étais où ? Ça fait des heures qu'on t’appelle.
Moi inquiet : qu’est-ce qui se passe ?
Maman : le travail a commencé.
Pris de panique, je lâche la poussette de la petite sans m’en rendre compte, c’est maman qui la rattrape devant.
Moi : comment ça ? Elle n’était pas censée accouchée aujourd’hui.
Maman : le bébé en a décidé autrement.
Moi au bord de la panique : elle est en salle là ?
Maman : oui, elle t’attend.
Je parle en déballant les escaliers deux à deux, lorsque j’arrive dans la salle d’accouchement, je la trouve qui hurle de toutes ses forces entourée de l’équipe obstétricale.
Nahia : j’avais oublié à quel point ça fait malllll !!!!!
Je m’approche précipitamment d’elle en retroussant les manches de ma chemise et me saisis de sa main qu’elle tend vers moi avant de la rejoindre dans la baignoire de dilatation en me plaçant devant elle.
Moi : ça va aller championne, on va faire comme l’autre fois.
Elle hoche la tête essoufflée. J’entreprends de souffler, elle m’imite.
Une sage femme : c’est bien comme ça, à trois vous poussez.
Ce qu’on fait lorsqu’elle donne le ton, Nahia finit dans un cri aigu.
Moi : ça va aller mon cœur, tu vas très bien t’en sortir. (bisou sur son front) Aller, on y va encore une fois, n’oublie pas que tu as le droit de hurler aussi fort que tu voudras.
Elle acquiesce et s’y met lorsque la sage-femme redonne le ton. À la troisième poussée plus longue et plus bruyant que les autres, les cris du bébé retentit dans la salle. Une infirmière accourt vers nous pour le retirer de l’eau après que j’ai coupé le cordon et l’enroule dans une serviette. Elle le fait pendant que je bombarde Nahia de bisous.
L’infirmière (l’enveloppant) : Subhaan Allah !!
On se retourne tous les deux brusquement pour la regarder en plissant les yeux.
L’infirmière : mais c’est une fille.
Nahia les yeux plissés : comment ça une fille ?
Elle la pose sur le torse de Nahia en mettant en évidence son sexe. On parle tous les deux en même temps.
Moi : oh ??
Nahia grimaçant de douleur par contre : arrgghhhhhh !!
Moi (la fixant inquiet) : qu’est-ce qu’il y a ?
Nahia fronçant la mine : j’ai encore mal (tenant son ventre) trèèss mal.
La sage-femme : l’accouchement n’est pas pour autant terminer votre majesté.
Elle nous explique qu’il reste le placenta à expulser alors que Nahia grinche de plus en plus.
La sage femme (tatant son ventre) : sauf que (la touchant) mais c’est… C’est une tête ! Je crois qu’il y a encore un bébé (s’exclamant) allahuu Akbar il y a un autre bébé.
Nous direct : laaaaaa !!
La sage femme (à Nahia) : siiii et vous êtes à dilatation complète, le travail doit reprendre.
On a cru que c’était une blague, mais la surprise cède très vite place à l’inquiétude. Le bébé doit impérativement sortir à la minute près parce que les battements de son cœur commencent à devenir irréguliers, mais Nahia est à bout de force.
La sage-femme (en mode panique) : apportez-moi la ventouse, où est le pédiatre ?
Ce dernier répond présent. Très rapidement, on sort le petit gars par ventouse puis le rêve en couleur d’il y a quelques minutes perd peu à peu de ses éclats pour carrément virer au cauchemar. Entre Nahia qui s’est évanouie juste après la délivrance et le bébé en détresse respiratoire, je craque au point où on m’éjecte de la salle. Dans le couloir, ce sont mes parents, mes frères et mes potes qui me viennent en aide. Je m'écroule sur l'épaule de mon père dévasté.
…….
Nous sommes à trois jours plus tard de la syncope de Nahia suite à une hémorragie post-partum et bien qu’ils aient pu maîtriser l’hémorragie, elle est restée inconsciente les trois jours durant.
En ce moment, j’observe à travers la porte vitrée de la salle de réveil du palais le personnel médical qui tente de la réanimer énergiquement, le cœur en détresse. Papa vient me presser l’épaule et reprend ses va-et-vient dans le couloir où se trouvent Ussama, Abdallah et les filles. Ils ont tous des mines graves, ça fait trois jours qu’ils veillent tous avec moi. Mes potes et leurs femmes font de temps en temps des tours. Ma mère et la sienne qui a dû rappliquer le même jour de son accouchement se sont rendues toute à l’heure à la nursery pour nourrir les bébés. Le petit est tiré d’affaire, ils se portent bien tous les deux.
Je sors de mes pensées lorsque je sens une main posée sur mon épaule. Je me retourne pour voir sa mère.
Mère Nahia : elle va s’en tirer, c’est une guerrière.
Moi hochant lentement la tête : je sais, merci.
Elle me fait un sourire attendri auquel je réponds en grimaçant un sourire. On attend encore quelques minutes lorsque le docteur vient nous donner un diagnostic positif. Au moment où il nous autorise à la voir, je me rue dans la salle sans le laisser finir sa phrase.
Nahia me souriant : salam.
Je m’approche doucement et me place au-dessus d’elle.
Moi : salam mon cœur.
Nahia faiblement : les bébés…
Moi : ils vont bien, notre champion se porte à merveille. On n’attend plus que toi pour faire la célébration.
Nahia sourire faible : tu lui as donné un prénom ? La fille.
Moi remuant la tête : je veux que ce soit toi qui le lui donnes.
Nahia souriant : on va l’appeler Khaisa (lire Kaïssa).
Moi (lui rendant son sourire ravi) : c’est vraiment parfait.
On se regarde longuement ensuite, je reprends la parole en lui caressant légèrement son visage avec le doigt.
Moi : tu as failli mourir.
Elle me lance un regard contrit.
Moi : ne recommence jamais.
Elle ne répond pas tout de suite, elle pose sa main sur la mienne que je presse avant de me regarder dans le bleu des yeux.
Nahia : d’accord houbi.