Le point de non retour

Ecrit par lelechu

Jasmine

Cette mission au Ghana est juste désastreuse. Il est 14h et depuis ce matin, je n’ai pas mis le nez dehors. J’ai commandé mon petit déjeuner et je me suis enfermée dans ma chambre. Il fait pareil et c’est comme ca depuis 3 jours. Je ne sais ce qui lui a pris de venir comme ca dans ma chambre. C’est lui qui a créé tout ca et il me fait la tête comme si j’étais venue l’aguicher dans sa chambre. Je le considérais comme mon ami, comme mon grand frère, je n’avais pas ce genre de pensée a son égard. Je parle au passé parce que je suis confuse. Quand j’ai vu dans ses yeux, ce désir brut et non dissimulé, il y a eu comme un déclic dans ma tête. Mon corps a réagi immédiatement. Je n’y comprends rien.  Notre diner a été un vrai fiasco, Boris et moi étions installé cote à cote. Au moindre mouvement nos jambes se frôlaient et nous sursautions comme si quelqu’un nous avait surpris en train de faire Lamour. Le comble a été quand mes tetons ont commencé a pointé de ma robe sirène toute blanche parce que la main de Boris avait frôlé la mienne en voulant poser sa fourchette. Je ne me souviens pourtant pas avoir été attirée par Boris a un moment de ma vie. Bon ! un peu au début, avant qu’on ne devienne ami mais c’est vite passé. Je ne comprends pas nos réactions à tous les 2. Est-ce qu’un ami doit avoir envi de sa meilleure amie même s’il la voit presque nue ? et vice versa ? je n’en sais rien. J’ai l’impression de trahir Claude mais je me sens surtout mal pour Leslie. Je suis son amie et j’ai envie de son mari qui a lui aussi envie de moi. Mon téléphone sonne, je lis sur l’écran ‘’ Cuty’’ c’est le nom de Claude dans mon répertoire. Ça va faire la 5eme fois qu’il m’appelle depuis ce matin mais je n’ai pas répondu. J’ai réussi à faire semblant avant-hier et hier mais aujourd’hui je me sens vraiment coupable parce que cette attirance que je ressens pour Boris depuis ce moment bizarre ou il m’a vu nue persiste, ca croit même au lieu de disparaitre, aussi parce que j’arrive a penser a rien d’autre qu’a lui, à son regard, parce que je n’ai qu’une seule envie, être dans ses bras a lui. Mais je ne suis pas le genre de femme qui trompe, je ne suis pas le genre d’amie qui trahit. Même si nous n’avons rien fait ensemble, le simple fait d’avoir envie de lui me fait me sentir horriblement mal. Et plus j’essaie de lutter, plus j’ai envie de lui. Je vais donc me rendre dans la chambre de Boris et nous allons discuter comme de grandes personnes. Je ne me sens pas capable de tenir 2 mois dans cette situation sans faire de bêtise. Je me lève de mon lit et enfile une robe longue qui dissimule tout de mes formes, je Rassemble mes cheveux au sommet de ma tête et je porte mes pantoufles. Quelques minutes plus tard, je suis devant sa chambre mais j’hésite à frapper à la porte. Finalement je donne 2 timides coup et j’attends. Ne le voyant pas au bout de 15 secondes d’attente, je décide de repartir vers ma chambre quand la porte s’ouvre sur lui. Il vient apparemment de sortir de la douche car des gouttes d’eau ruissellent sur son corps et il n’a que sa serviette autour de la taille. Ma gorge s’assèche, les paumes de mes mains deviennent moites, les pointes de mes seins durcissent et se dressent encore et je deviens plus nerveuse que je ne l’étais. Consciente de le dévorer, des yeux, je baisse immédiatement les yeux de honte. Des centaines de fois, nous sommes allés ensemble à la piscine ou à la plage. Ce n’est pas la première fois que je le vois comme ça et ça me fait penser que la dernière fois ce n’était pas non plus la première fois que lui aussi me voyait en dessous parce qu’il m’a plusieurs fois vu en bikini. Alors qu’est ce qui est diffèrent cette fois ? que se passe-t-il ? Que nous arrive-t-il ?

- (En bafouillant) euh ! bonjour… Euh je veux dire bonsoir Boris

- (Parlant très bas) Bonjour Jasmine. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

- J’étais venu pour qu’on discute mais je vais repasser, dis-je en prenant déjà la direction de ma chambre

- Attends ! tu as raison, il faut qu’on parle. Entre stp !

J’avais envie de lui dire que je préfère rester sur le pas de sa porte mais j’avais peur que ce soit ridicule. Peut-être que je me suis trompée sur ce que j’ai vu dans ses yeux la nuit dernière. Ou même si je ne m’étais pas trompée, peut être que c’est passé maintenant. Après tout, je suis une femme et il est un homme, c’est peut-être normal qu’il ait été troublé en me voyant presque nue. Parce que je suis consciente d’avoir un corps qui attire. Il se met sur le côté et j’entre dans la chambre en faisant le maximum pour passer loin de lui mais les effluves de son gel douche, viennent quand même me titiller les narines. Une senteur masculine, légèrement musquée. Mon cœur bat à un rythme effréné. Je vois un canapé à un angle de la chambre et je vais m’y assoir. Il reste debout près de la porte à m’observer étrangement.

- STP Boris, habille-toi. Lui dis-je sans pouvoir cacher mon trouble plus longtemps. Il ne répond pas mais se dirige vers sa penderie ou il sort un bas de pyjamas et un body, noirs tous les 2 et il disparait dans la salle de bain. Je reste assise à me tripoter les doigts comme une petite fille prise en faute. Il ressort quelques minutes plus tard, plus couvert que tout a l’heure. Au moins je n’ai plu à baisser les yeux pour ne pas voir son torse musclé. Il s’assoie sur son lit, qui est assez éloigné du canapé ou je suis installée. Je scrute son visage à la recherche du Boris que je connaissais, Boris mon meilleur ami, Boris mon confident, Boris mon collaborateur mais je ne vois que de magnifiques yeux, un nez splendide, des lèvres ensorcelantes, un corps que j’ai envie de sentir tout contre moi, …

- Jasmine stp ne me regarde pas de cette façon. Je fournis déjà un effort surhumain pour me contrôler. Ne me rend pas la tâche plus difficile. (Me dit il très sérieusement)

Il vient donc de me confirmer que je ne m’étais pas trompée. Je ferme les yeux un moment pour me redonner contenance et je le fixe à nouveau.

- Qu'est-ce qu’on va faire ? Je lui demande

- Je n’en sais rien. Tout ce que je sais c’est que je suis marié et que toi tu es fiancée a mon meilleur ami. Je n'ai envie de trahir ni ma femme ni mon ami. 

- Rassure-toi, ça ne m’a jamais traversé l'esprit. Enfin, je veux dire que je n’ai pas l’intention de céder à la tentation. Je vais rentrer dès demain matin et je vais te laisser gérer seul ce partenariat, tu en es capable ou si tu préfères je t'enverrai Carine pour qu'elle t’assiste. 

- Qu’est-ce que tu diras à Claude ? Nous étions sensés rentrer dans 2 mois.

- Nous leur dirons que c'est sur le plan professionnel que nous avons eu des malentendus. Je pense aussi à démissionner

Une surprise non feinte apparait sur son visage.

- Tu va démissionner ? Nous ne sommes pas obligés d'en arriver la.

- (je laisse échapper un rire sans joie) Boris stp, tu as vu la tension qu'il y’a entre nous 2 ? nous évitons depuis 3 jours. Quand on est dans une même piece, nos corps s’attire comme des aimants. Tu crois qu’on va tenir combien de temps si on se voit tous les jours, si on dort  a quelques pas l’un de l’autre ?Crois-tu que dans cet atmosphère nous pouvons être productif ? Non ! Je préfère partir avant que ce soit difficile à gérer. Dis-je en me levant.

Il se met debout à son tour.

- Je ne suis pas d’accord. Tout ca est ma faute. Ce ne serait pas arriver si je n’avais pas voulu te faire cette blague idiote. Je ne peux donc pas te laisser démissionner. Je suis d’accord pour que tu rentres mais pas pour que tu démissionnes. Tu es brillante, tu es la meilleure employée de l’entreprise. Nous ne pouvons pas te perdre pour une erreur dont tu n’es pas responsable. Nous trouverons une solution. 

- D’accord, c’est comme tu veux.

- Je suis désolé. (dit il en se passant les mains sur le visage)  Cette nuit je voulais juste t’embêter, te taquiner,… je m’attendais a te voir habillée, et entrain de te maquiller peut être. Je n'ai pas imaginer que je te trouverai…(il hésite) comme ça.

- C'en est donc vraiment fini de notre amitié ?

- Je n’en sais rien. Tout est confus. Me répond t il.

Je me dirige vers la sortie mais avant d’ouvrir la porte, je me retourne. J’ai besoin de savoir.

- Dis-moi Boris.

- Oui ?

- Qu’est-ce que tu ressens pour moi désormais ? 

Il marche lentement et il s’arrête à quelques pas comme s’il avait peur d’être trop près de moi. Il tente de mettre ses mains dans ses poches mais se souvient que son bat de pyjama n’a pas de poche. N’ayant plus nulle part ou les cacher, ils les laissent pendre de part et d’autre de son corps. Je remarque des veines sur ses mains. Nos regards restent accrochés. 

- Tu es nerveux ? c’est quand tu l’es que tes veines apparaissent ainsi.

Il regarde ses mains un moment et me répond avec un sourire étrange :

- Je ne suis pas nerveux, je suis excité. C’est différent

- Tu m’as l’air pourtant maitre de tes émotions à cet instant précis. Pas comme moi.

- Tu as toujours été plus expressive que moi, plus spontanée et plus impulsive aussi. Moi je suis un homme, je dois pouvoir contrôler mes émotions mais je ne sais pas jusqu’à quand je réussirai à garder le contrôle. Je ressens du désir pour toi. Mais un désir comme je n'en avais jamais connu auparavant, une envie puissante qui me tient éveillé toutes les nuits depuis ce fameux soir. Tout ce que je rêve de faire c'est de t’embrasser jusqu’à ce que le souffle me manque. Il n’y a pas que ça mais je ne te dirai pas la suite parce que moi-même je n'ai pas envie de savoir. Je suis marié Jasmine et toi tu étais ma meilleure amie, l'amie de la femme que j'aime et que j'ai choisi, la femme de mon meilleur ami. 


Boris

Si un jour j’ai eu des doutes sur ma capacité à contrôler ma libido, je crois qu’aujourd’hui j'ai la preuve que je ne suis pas un garçon facile comme on le dit dans le jargon ivoirien. Je suis dévoré par l’envie de prendre ses lèvres. Mon sexe palpite dans mon pantalon, mon cœur bat de façon désordonnée. Mais j'arrive à garder le contrôle alors que je sais que je serai peut-être obligé de me faire du bien avec ma main. Je déteste me masturber, je ne me souviens même pas de la dernière fois que j’ai eu à le faire. Depuis que j’étais adolescent surement mais cela va faire 3 jours que je dors à peine. Quand j'arrive à fermer les yeux, mes rêves sont hantés par le corps nu de Jasmine. Mais à chaque fois que je suis près de la toucher, je me réveille en sursaut. Preuve du combat que se livrent ma conscience et mon envie d’elle. Je ne veux pas tromper ma femme. Je l’aime. Jasmine non plus n'est pas fausse. Je la connais. Si Leslie était là, peut être me ferait-elle oublier ce désir insensé. Et peut-être que Jasmine aussi oubliera tout dans les bras de Claude. Après tout redeviendra comme avant et nous rirons ensemble de ce moment de pure folie. Mais pour le moment cette envie me torture. Sa robe ample ne montre rien de ces formes mais le souci c’est que je sais déjà ce qui se cache en dessous. Ses cheveux relevés, dégagent les traits de son visage. Son cou gracile, ses pommettes hautes, ses long cils recourbés, la peau satiné de ses joues et ses lèvres rose pale, sont un véritable appel au pécher. Est-elle consciente de son pouvoir de séduction ? Je me dirige vers la porte dans le but de lui ouvrir mais je me retourne un instant pour la regarder une dernière fois et je tombe sur ses grands yeux qui me fixe, non qui me dévore avec cet air gourmand de tout à l’heure. Ma respiration devient saccadée.

- Je t’ai demandé d’arrêter de me regarder de cette façon Jasmine alors arrête stp.

- (Baissant les yeux) désolée, je ne le fais pas exprès. C’est tellement difficile de résister !

- (En murmurant parce que j’ai du mal à faire sortir ma voix à cause de ma respiration hachée) est ce que ce serait mal de juste s’embrasser ? Juste un baiser pour voir ce que ça fait et peut être que l’envie partira.

- Oui stp !

Elle entrouvre les lèvres et sans dire un mot, je délaisse la porte et je la serre violemment contre mon torse en mettant toute ma force dans ce baiser. Je la tiens si fermement que j’ai l’impression que je vais la briser. Nos bouches se fondent l’une dans l’autre, nos langues se caressent. Elle passe les bras autour de mon cou pour approfondir le baiser, je laisse échapper un gémissement. Elle colle son bassin à mon érection, je passe ma main sous sa robe. Je caresse ses courbes. Je bande encore plus fort. Je sais que ce n’est pas bien ce que nous faisons mais je n’arrive plus à m’arrêter. Déjà sa main soulève l’élastique de mon pantalon et se faufile jusqu’à mon sexe tendu. Je n’essaie même plus de me retenir et je l’entraine sur mon lit.  Là nous commençons la danse la plus vieille du monde.

******

Je me réveille plusieurs heures plutard, seul, complètement nu et épuisé. Je ressens une certaine tristesse. J’ai des flashes qui me viennent en tête. Jasmine et moi tout nus sur mon lit, nos gémissements et nos soupires qui emplissent la pièce, la passion avec laquelle nous nous fondons l’un dans l’autre, la violence de l’orgasme qui nous vident de toute Energie ! Je me prends la tête entre les mains. Moi qui pensais avoir le contrôle de la situation, je ne saurai même pas dire à quel moment c’est parti en vrille. Dans quel merdier est-ce que nous nous sommes foutus tous les 2 ? comment je vais regarder ma femme et mon ami dans les yeux désormais ? et Jasmine, comment va-t-elle se comporter vis-à-vis de moi quand nous nous verrons ? le pire c’est que malgré la confusion que je ressens, j’ai adoré lui faire l’amour et j’ai toujours envi d’elle. J’ai tellement envi de la voir, de lui parler, …

Je descends de mon lit et prend mon téléphone sur la commode. J’ai des appels de Leslie. Un horrible sentiment de culpabilité s’empare de moi. Dans l’immédiat, celle à qui j’ai envie de parler c’est Jasmine. Je lance son numéro mais ça sonne dans le vide. J’essaie plusieurs fois, même résultat. Je lui laisse un message texte : « stp réponds moi, il faut qu’on parle ». J’attends quelques minutes et je lance l’appel de nouveau, elle ne décroche toujours pas. J’abandonne mon téléphone et me rend sous la douche. Je suis imprégné de son parfum. Ce parfum qu’elle porte depuis des années, qui ne m’a jamais intéressé, fait naitre en moi aujourd’hui, une émotion que je n’arrive pas à déchiffrer. Je me pose un tas de questions. Est-ce que toutes ces années, elle et moi avons joué les hypocrites ? étions nous attirés l’un par l’autre mais nous refusions de l’assumer ? sinon comment en seulement 3 jours, nous sommes passés de meilleurs amis à amants ? j’avoue je l’ai toujours trouvé belle et maintenant que j’y pense, à une époque toutes mes petites amies ressemblaient physiquement à Jasmine jusqu’à ce que je me rende compte que je me focalisais sur le physique au point d’oublier certaines qualités essentielles chez une femme. Alors quand j’ai voulu me poser, j’ai porté mon choix sur Leslie qui était tout le contraire de Jasmine physiquement mais qui réunissait les conditions que devait avoir, selon moi, une bonne épouse. C’est par ailleurs la seule qui a réussi à faire naitre en moi un sentiment qui ressemble à de l’amour. Jusqu’à il y a 3 jours, j’étais sûr d’être amoureux de ma femme, mais la je ne sais plus. Peut-être que j’avais enfuie l’attirance que j’avais pour Jasmine au fond de moi et que mon inconscient le manifestait en me poussant vers des femmes qui lui ressemblaient mais que je ne pouvais pas aimer parce qu’elles n’étaient pas Jasmine ! Je pousse un soupire à fendre l’âme. Je vais perdre la raison à force de chercher une explication logique à tout ca. Je sors de la salle d’eau et je m’habille rapidement avec les premiers vêtements qui me tombent sous la main. J’ai trop de problèmes en ce moment pour me soucier de ce que je porte. La chambre de Jasmine est juste en face de la mienne. Je vais frapper à sa porte mais je n’ai aucune réponse. Je décide donc de descendre demander le double de ses clés à l’accueil. Elle est peut-être malade. A l’idée qu’elle puisse être en train d souffrir, mon cœur se serre. J’accélère le pas. Je sens des regards de femmes sur moi dans le couloir. Je les ignore. J’ai toujours été un homme a femme mais je n’ai jamais été un coureur. Et même si j’en étais un, le moment serait mal choisi pour faire le don juan. J’ai déjà 2 femmes dans ma vie et je ne m’en sors pas. Je ne vais pas surement pas en rajouter. A l’accueil on m’informe, que Jasmine a rendu ses clés il y a environ une heure et qu’elle a pris un taxi pour l’aéroport. Je demande le numéro de l’aéroport et demande l’heure du prochain vol pour le Gabon. Ils me font savoir qu’un avion vient de décoller et que le prochain vol décolle dans 3 heures. Je demande s’il y a encore des places disponibles. Elle me dit qu’il y en a en classe affaire mais que je dois passer maximum dans une heure pour prendre mon billet. Je monte dans ma chambre pour ranger mes affaires. Je rentre aujourd’hui même au Gabon. J’appelle M. Koffi pour l’informer du fait que nous avons une urgence et que nous nous ferons remplacer par d’autres personnes de l’entreprise dès le lendemain. Il n’est pas très content mais se montre compréhensif. J’informe par appel, les 2 personnes auxquelles j’ai pensé pour nous remplacer. Je leur donne rapidement des instructions par mail et leur promet un récit plus détaillé de ce que nous avons déjà fait et de ce qu’il reste à faire. 3 heures plus tard, je suis dans l’avion en direction du Gabon. Je ne sais pas ce qui nous y attends mais je ne peux pas rester une seconde de plus ici.


Tel un feu dévorant