Le prix du sacrifice

Ecrit par Saria

Chapitre 16 : Le prix du sacrifice

***Dans l’avion***

***Kader***

Elle me montre sa nuque, de temps en temps un hoquet monte, certainement pour avoir trop pleuré.

Vous savez, de toute ma vie, jamais je n’ai couru après une femme. Je me dis « Quelqu’un qui se décide à vous quitter, que ce soit mérité ou pas, c'est un choix ». Lorsque les enfants sont venus au bureau et m’ont dit que Selma est partie… J’ai reçu comme une claque ! Tout de suite, le sentiment de colère habituel m’a envahi. Oui, c’est quoi l'affaire ? Quel que soit le problème, pourquoi elle n’attend pas qu'on en parle !?

 

***Flashback – Quelques heures plus tôt au siège***

Les enfants sont sortis sans discuter mais avant Chérifa m'a longuement regardé.

Chérifa : Daddy… En fait, tu te refuses à être heureux !  J’aurais au moins essayé !

Les mains dans les poches, le dos rigide, les mâchoires serrées, je regarde droit devant moi. Si je l'avais bien tapée enfant, cette gamine aurait la langue moins pendue.

« Elle a raison »

Moi : Plaît-il ?

Irène : Monsieur… hum… moi je sais rester à ma place… mais vous commettez une erreur en la laissant partir.

Moi (dur) : Elle a choisi de partir au lieu de nous donner la chance d'en parler.

Irène : Vous en êtes sûr ?! Vous avez été disponible et elle n’a pas voulu parler ?! Je ne la connais pas vraiment… Mais Selma semble plutôt une femme qui sait ce qu’elle veut. Je ne sais pas mais peut-être que vous avez eu une attitude ou une parole blessante.

Moi : …

Irène : Allez rattraper la femme de votre vie et moi, je gère votre famille ! Allez, allez !!! Patron, je vous chasse d’ici !

 Elle me pousse vers la porte. J’ai juste le temps de prendre mon sac qu’elle me communique que le prochain vol est dans trente minutes.

Je décroche mon téléphone ; l’une des choses que mon statut m’apporte c’est aussi le pouvoir. Quelques coups de fils plus tard, j’ai la certitude que le vol sera retardé. Voilà comment je me retrouve, en route pour Cotonou, assis à côté de ma belle qui m’ignore royalement.

***Fin du flashback***

 

Moi : Bébé… Je n’ai jamais couru après une femme. Je venais à peine de me lancer dans la vie quand j’ai rencontré la maman de Chérifa. Ça a collé tout de suite entre nous ; quand la petite est née, elle a été comme déstabilisée. Son corps avait changé, son humeur aussi. Elle a réalisé que c’était des responsabilités. Quand elle a décidé de nous laisser, la petite et moi… Je l’ai laissé partir… C’était son choix… C’était sa vie.

Selma (renifle) : …

Moi : Puis Marlène, la mère de Yacine est venue. Elle, j’ai réellement pensé qu’elle était heureuse avec moi… Que je la comble… Mais non… Elle a couché avec mon meilleur ami : Booba. Tu le connais, c’est l’homme du supermarché. Alors je ne lui ai pas donné d’autre choix que de partir. J’ai besoin de recul, de savoir si…

Selma : Si ?

Moi : Tu es là pour rester… Je n’ai pas voulu de paroles en l’air… J’ai besoin d'être sûr avant de m’engager plus avant.

Selma : Tu me l’as demandé ? Pourquoi tu penses à ma place ? Tu veux quel gage ? Hum… Tu oublies ta femme.

Comprenant l’allusion. Je fais un sourire en coin, le regard qu’elle me lance me le fait ravaler.

Moi (grave) : Carmen… Ce n’est personne. Elle ne compte pas.

Selma : Oui, c’est pourquoi vous couchez ensemble de Cotonou jusqu’à Ouaga.

Moi : Il n’y a rien eu à Cotonou !

Selma : Pff

Moi : Carmen… C’est que du sexe… et c’était facile jusqu’à ce que tu réapparaisses… Je n’ai pas pu la toucher depuis ton retour… dans ma vie… et elle m’en veut pour ça !

Selma : …

Moi : Hier, je suis allé la voir… Je l’ai crue malade… Je ne peux décemment pas me rendormir quand quelqu’un dit qu’il se meure. Bébé… Tu voulais que je fasse quoi ?!

Selma : Que tu ne couches pas avec elle !

Elle se remet à pleurer… Je fais un geste vers elle mais elle me refoule. Je ne dis rien ; de toute façon, nous arrivons bientôt à Cotonou. Hum… encore que là-bas, c’est un autre type de combat qui m’attend.

   

***Adesua***

Je suis venue chercher Selma comme convenu. Quelle n'est pas ma surprise de la voir la mine défaite… et accompagnée de Kader. Je fais l'effort de ne pas montrer mon étonnement. Manifestement, elle avait beaucoup pleuré. Hum ce garçon-là !! Il chauffe mon cœur hein !

Mais pourquoi elle ne m’a pas dit qu’ils reviennent ensemble. Bon peu importe, le temps des explications arrivera bien assez tôt.

Je lui ouvre les bras et elle se jette dedans. Elle me serre fort et je fais de même. Les mots ne sont pas nécessaires entre nous. Nous nous séparons enfin et Kader s’avance vers moi.

Kader (se penchant pour me faire la bise) : Bonjour maman !

Je le bloque d’abord et le scrute longuement.

Moi : Es-tou venu dans la paix ?

Kader : Oui, maman.

Moi : Pourtant tou continues de faire pleurer ma fille !

Kader : C’est un malentendu.

Moi : Ok !

En voiture, j’essaye de faire la conversation en expliquant à Selma que j’avais quand-même réussi à nettoyer la maison, bien qu’elle m’ait avertie au dernier moment.

- Tou sais j’ai nettoyé chaque semaine depuis ton départ.

Selma : Merci maman…

Nous arrivons très vite à Fidjrossè. Ils descendent tous les deux et Kader s’empare des valises. Moi, je le précède pour ouvrir. Dès que les affaires sont déposées, je leur annonce que je me retire. J’avais nettoyé, fait les provisions et à manger.

Ils me raccompagnent tous les deux. Au dernier moment, Kader me retient et me dit qu’il voudrait s’entretenir avec moi.

Moi (sentencieuse) : Mon numéro n’a pas changé depouis la dernière fois… Et tou connais la maison !

Selma : On se voit demain, maman. Fais un coucou à papa… Je l’appellerai plus tard.

Moi : Ok

Après les derniers câlins, je repars. Hum l’histoire de ces deux-là n’est pas de tout repos. Même si Kader fait comme si de rien n’était, Selma elle ne desserre pas la mâchoire. Pire ! Elle fait comme s’il n’était pas là.

 

***Deux jours plus tard***

***Kader***

Elle ne me parle toujours pas. J’ai pu échanger avec sa mère et son père qui ne m’ont pas loupé. Le message est clair : ils ne comptent pas s’en mêler. Les mots ont été assez durs… Surtout venant du père de Selma. Il est allé jusqu’à me dire que si je n’arrange pas les choses avec sa fille, il prendrait ses dispositions pour nous éloigner.

Depuis, je me remets en question. Je ne suis pas un gars bavard, ça peut s’avérer pénible pour la personne qui me côtoie. J’ai horreur des cris et je suis assez exigeant avec la femme que j’ai choisie. Mes différents échecs sentimentaux n’ont rien fait pour faciliter la vie de Selma à mes côtés. Elle trouve que j’ai changé, vous aussi d’ailleurs… Vous ne pensez pas qu’il y a de quoi ? Je reviens de loin.

Ce n’est pas évident mais c’est elle que j’ai choisie et je l’ai faite MIENNE. Elle vient d’entrer au salon et a remarqué ma présence. Elle s’apprête à rebrousser chemin comme depuis que je suis là.

Moi : Ça va durer combien de temps ?

Selma : …

Moi : Je t’aime, Selma ! Je souhaite qu’on fasse la paix, s’il te plaît !

Selma : …

Moi (me rapprochant) : Ok… Tu ne veux pas me parler… Mais peux-tu au moins m’écouter ?

Elle s’arrête et me regarde.

- Le soir où je suis allée la retrouver… Il ne s’est rien passé… Laisse-moi finir, s’il te plaît !

 

***Flashback***

Posant ses deux mains sur sa poitrine, elle me dit :

Carmen : Fais-moi l'amour… toute la nuit et je te libère.

Moi : Carmen…

Carmen : Tu as l'option de me brutaliser pour récupérer la clé ; dans ce cas… je crierai au viol.

Moi : …

Carmen : Ce sera ta parole contre la mienne… le temps qu'on vérifie chéri… ta réputation sera bien entamée… Moi je n'ai rien à perdre… Je pourrais même m’offrir une dépression… Je pourrai passer pour la pauvre petite femme désespérément amoureuse.

Elle s’avance vers moi en se déhanchant de façon lascive. Elle pose ses mains sur mon torse ; moi, je suis de marbre, mon cerveau tournant à cent à l'heure.

Elle m’embrasse dans le cou et cherche ma bouche. Je la maintiens à bout de bras et la fixe longuement.

Moi : Tu es vraiment sérieuse ?!

Carmen : Oui…

Moi : Wow ! Si ça ce n’est pas une proposition !

Je joue son jeu, l’embrasse, mes mains glissent sur son corps plantureux… Je la sens se laisser aller complètement. Avant qu'elle ne puisse comprendre ce qui lui arrive, je la prends par la nuque et rapproche son oreille de ma bouche. Elle commence à se débattre, paniquée. Je pose ma deuxième main sur sa bouche.

- (voix glacée) : Quand tu me regardes, j'ai la tête d'un homme qu'on peut menacer ? Je peux te prendre là comme je veux… et peut-être même tordre ton joli cou… sans que rien ni personne ne me perturbe. Tu sais pourquoi ? Parce que je suis quelqu’un de super… de tellement super important qu'on peut conclure à une orgie qui a mal tourné… une overdose, le champ est large.

Carmen : ounnnn !!!

Elle roule de gros yeux effrayés. C’est elle qui a commencé… Il faut que je la guérisse ! C’est quoi ces conneries ! Me menacer ! Moi le Toro-Gbaïtigui !

Moi : Ne t'avise plus jamais… De me menacer… Oublie jusqu’à mon existence. Ai-je été clair ?

Carmen : ooounn !!! Oui !

J’ôte alors ma main de sa bouche. Elle tremble de tous ses membres. Je sors de là et je vais voir un ami dans la police. Il a envoyé ses éléments pour vérifier qu'il n'y a pas de caméra ou que rien n’a été enregistré. J'ai attendu d'avoir un retour et c’est seulement après ça que je suis rentré.

***Fin du flashback***

 

Selma me regarde incrédule. Elle pose ses deux mains sur son visage, les baisse et me regarde encore.

Selma : Et pourquoi tu m'as laissé croire qu’il s’est passé un truc ? A aucun moment tu n'as démenti !

Moi : Tu avais décidé de ta version de l’histoire. Tu as choisi celle qui te ferait le plus souffrir. Tu ne m'as pas demandé ce qui c’était passé.

Selma (choquée) : Ah… en plus c'est ma faute !?

Moi : …

Selma : Tu ne supportes pas qu'on te pose des questions, tu filtres ce que tu me dis ! Tu attends quoi de moi à la fin ?

Moi : De la maturité.

Selma : Pardon ?

Moi : Regarde d’où je viens… Regarde ce que je fais de mes journées… Tu crois que j'ai besoin de quelqu’un qui n'a aucune confiance en moi ? Quelqu’un qui veut me policer. Tu ne te demandes pas si je suis bien… si j'ai juste besoin de silence ou juste besoin d’être contre toi. J'ai besoin...Que tu apprennes à choisir le bon moment. Que quand il arrive que je ne fasse pas ce que tu attends de moi, que tu sois patiente et que tu prennes suffisamment de hauteur !... De recul… quelque part, c’était bien notre break… Tu n’étais pas prête à l’époque !

Selma : Notre break ? Tu m'as virée !

Moi : On se serait marié mais on aurait peut-être divorcé… Tu m'aimes de façon inconditionnelle. Mais pour quelqu’un comme moi… il m'en faut plus… l’amour ne me suffit pas… J’en ai parlé à tes parents… je leur ai expliqué… Selma… Je ne vais pas changer et n'essaye pas de me changer… Si tu acceptes de venir dans ma vie… tu devras t'accommoder de mes silences… de mon besoin de filtrer.

Je repars demain… Si tu te sens capable de gérer ça… alors on partira ensemble… Mais si on n'est pas capable d’évoluer par rapport à tout ça… alors on en reste là. Je t'aime éperdument… Je ferai le nécessaire pour te protéger et te chérir. Mais j'ai besoin que tu fasses preuve de maturité.

 

***Chez les parents de Selma***

***Selma***

Papa me regardait parler et pleurer… parler et pleurer…

Après le discours de Kader… Je suis passée le voir en larmes (bon je ne fais que ça en ce moment). Hum !

Papa : Viens t’asseoir ici.

J’obtempère… Je m’installe confortablement et pose ma tête contre lui.

- Votre mère et moi sommes séparés en grande partie pour ça… en plus de 15 ans de vie, elle n'a jamais pu me cerner. Adesua en 5 ans me connaît comme si elle m'avait fait. Elle comprend le moindre de mes soupirs, le moindre de mes regards. Il arrive que je m’ouvre à elle par rapport à un problème des mois plus tard. Elle sait attendre… C’est ce que ton homme te demande.

Moi : Il pense que je l’aime trop…

Papa : Tu l’aimes ? Tu le veux lui ? Alors travaille sur tes défauts… et de façon imperceptible, il évoluera… Adesua arrive à me faire faire tout ce qu’elle veut.

Moi (pouffant) : Tu t'en es rendu compte ?

Papa : Je l'ai toujours su… Ne lui dis rien mais j'aime ça !

Je souris à travers mes larmes.

Papa : Mais il faut que tu acceptes de faire des sacrifices pour en arriver là. OK ?

Moi : Ok… Mais papa, c’est dur ! Le dialogue est indispensable dans un couple… Tu le dis toujours ici.

Papa : Ne te méprends pas mon cœur, le dialogue oui… Mais pas le bavardage… Apprends à attendre le bon moment !

Moi : Je ne comprends pas tout… Et j’ai l’impression que c’est moi la fautive !

Papa : Non… Mais si tu veux qu’il soit comme tu le voudrais, il te faudra lui tenir la main. Il te faudra t’adapter et c’est seulement à ce moment-là qu’il s’ouvrira complètement et fera ce que tu voudras.

Moi : Ok !

Papa : Va le retrouver alors… Tu as ma bénédiction.

 

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