Le retour de l'enfant prodigue
Ecrit par Farida IB
Hamed ADJA
Maître JIMS (mon avocat) : je suis désolé de tout ce qui vous arrive M. ADJA, vous devez comprendre que l’affaire a pris une grande envergure. Ce n’est pas que KOK transport qui soit touché, mais il y a les bailleurs de fond qui réclament également leur dû. Votre frère a payé la totalité de ce que vous devez à l’entreprise cependant, il reste les autres dettes à payer. Vous n’avez plus d’autres choix que de solliciter l’aide de votre frère.
Moi (frustré) : je sais bien, mais ce sera m’humilier d’avantage, maître n’y a-t-il pas d’autres alternatives ?
Maître JIMS : malheureusement non, les banques ne voudront plus vous octroyer de prêts et les investisseurs n’attendent que votre retour pour vous faire emprisonner. S’ils savaient que vous logiez dans cet hôtel depuis trois mois, il y a longtemps qu’ils vous auraient jeté au trou sans aménagement. L’ultime solution, c’est de vous faire aider par votre frère.
Moi (passant la main sur le visage) : je vois, merci maître pour tout. Je vous contacterai en cas de changement. Restez à l’écoute.
Maître : au plaisir, M. ADJA, passez une excellente journée et n’oubliez surtout pas de réfléchir à ma proposition.
Moi : d’accord maître, j’en tiendrai compte.
Je le raccompagne jusqu’à la porte et reviens me servir une tasse de café, je vais sur le balcon pour prendre un bol d’air. C’est à cela que se résume ma vie depuis près de quatre mois. Seul maître JIMS sait où je me cache, c’est le seul qui pouvait me faire sortir de ce gouffre d’ailleurs. Nous avons tout tenté, mais comme j’avais plus d’ennemis que d’amis, personne n’a voulu me porter d’aides (soupire.). Je n’aurais pas dû être aussi ignoble avec les personnes qui m’entouraient, voilà ce que mon orgueil et ma cupidité m’ont apporté. Mon frère ne me devait rien, mais il supportait mes caprices, je suis le seul frère qui lui reste donc il me prenait sous son aile et moi, j’ai abusé de mon statut (frappant ma tête avec la télécommande), que tu es con Hamed !
Maître JIMS n’a pas tout à fait tort, j’irai me racheter auprès d’Aladji. Je l’ai toujours envié, je ne sais pas pourquoi. Peut-être son courage et sa détermination, la belle famille qu’il a. Oui, j’avoue, j’ai toujours apprécié sa femme, pieuse, belle, d’une gentillesse inégalable. Malgré mes injures, elle n’a jamais pensé à me tenir tête, et même à monter son mari et ses enfants contre moi. Et ses filles qui sont brillantes à l’école aussi bien l’une que l’autre. J’ai arrêté mes études après le Bac, j’avais de quoi nourrir un peuple donc je ne voyais pas à quoi me servirait de grands diplômes. On peut vous donner les meilleurs conseils, certaines leçons ne s’apprennent qu’avec des chutes et des coups, mon frère m’avait prévenu, mais déjà petit, je n’écoutais personne. Les parents m’ont trop gâté, étant le plus petit, ils cédaient à tous mes caprices.
Comme ils me manquent mes adorables parents, malgré qu’ils m’aient fait du tort en me couvrant autant quand je faisais des bêtises, c’étaient les meilleurs parents du monde.
Il ne reste plus qu’à reconquérir la seule famille qui me reste, il est temps pour moi de sortir de ma cachète et que d’affronter la réalité.
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Nahia…
Moi (à maman): j’ai bien travaillé pour les autres devoirs, mais celui-ci, j’ai un peu reculé, je crois que c’est la fatigue. Ils nous acculent trop, tellement, j’ai hâte que les trois mois arrivent pour qu’on en finisse.
Maman : persévérance Nahia, c’est le dernier virage ne te laisse pas décourager. Vous aurez un mois de révision, c’est bien ça ?
Moi : mouais, un mois pour nous préparer nous-même. Amou a dit que son professeur de science économique viendra m’aider dans quelques matières.
Maman : là, c’est bien, parlant d’elle. As-tu les nouvelles de son Saïd ? Elle m’avait dit qu’il devait passer me voir.
Moi (me parlant à moi-même) : ça ne risque plus d’arriver ça
Maman : tu dis ?
Moi : rien Ma (sonnerie du dehors), je n’en sais rien. Demande à Amou elle-même.
Laisse, j’irai ouvrir
Maman : ok.
J’ouvre le portail et manque de tomber des nuits.
Tonton Hamed : bonsoir Nahia, tes parents sont-ils présents ?
Moi : oui euhh oui, papa est au salon, Ma à la cuisine
Tonton Hamed : ok, allons-y !
Je veux bien voir pour me rassurer, Tonton Hamed m’a parlé poliment et il m’a même salué. C’est vraiment mon jour aujourd’hui, il sort d’où même ? Il a perdu la forme, on sent que ça n’a pas été le beurre où il était. Bon moi, je retourne m’affairer à la cuisine et laisser les histoires de grandes personnes aux grandes personnes.
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Nayo ADJA
Je vois mal ou c’est bien mon cher petit frère devant moi ? Je n’ai pas eu le temps de demander les nouvelles qu’il attrape mes pieds.
Hamed (en pleurs) : pardonne-le moi Aladji, pardonne-moi toutes mes offenses. Je reconnais t’avoir humilié, honni à ton lieu de travail, je ne suis pas digne d’être pardonné, mais je t’implore sincèrement. Trouve une place dans ton cœur pour le faire. Je te promets d’être désormais sage, s’il le faut, je conduirai les bus pour payer jusqu’au dernier centime de mes dettes.
Moi : relève-toi Hamed, je ne t’en veux pas, je ne t’en voudrai jamais. Au contraire, je prie tous les jours pour te retrouver sain et sauf. L’argent n’est que vanité dans la vie, en ce qui concerne ton comportement, ça fait parti des leçons de la vie. Il y en a qui écoutent et prennent en compte les conseils, mais d’autres l’assimilent sur le tas. Tu es la seule famille qui me reste, comment te haïr ? Tu as pris le chemin de m’en fou et aujourd’hui tu en paie les conséquences, à présent, tu n’es que l’ombre de toi-même.
Il y a longtemps, j’ai fini de payer toutes tes dettes (il me regarde surpris.), oui j’ai tout payé. Je n’en ai pas fait cas à ton avocat, je savais que vous étiez en contact. Je voulais voir si tu as vraiment appris la leçon, si tu es prêt à changer de vie.
Hamed : je te jure Aladji devant Dieu et devant les hommes que dorénavant, je me plierai à ta volonté, je serai le grand frère que tu as toujours voulu que je sois pour tes filles. Demande pardon à ta femme de ma part pour toutes les humiliations que je lui ai fait subir, je ne lui manquerai plus jamais de respect. Merci Aladji, merci d’être qui tu es.
Moi : que la volonté d’Allah s’accomplisse, je n’ai rien contre toi, mais tu devrais personnellement implorer le pardon de Shaï. Elle seule est habilitée à le faire.
Lève-toi, maintenant que tu es de retour, tu penses faire quoi de ta vie ?
Hamed : comme je l’avais dit, je pense travailler comme chauffeur à l’agence pour te rembourser ton argent, avec le temps, j’économiserai pour ouvrir un magasin de vêtements.
Moi : ok, nous allons le faire ainsi ! Les portes de ma maison te sont toujours grandes ouvertes. Bonne chance pour la suite
Je n’ai aucunement l’intention de lui prendre un rond, mais je veux le laisser faire pour voir jusqu’où, ira-t-il Est-ce qu’il a vraiment changé comme il le dit ? Je ne saurais le dire, qu’Allah le guide sur le droit chemin.
Nahia apporte le repas, ton oncle a faim.
Il sourit et s’en est suivi les accolades.