Le royal weeding
Ecrit par Farida IB
J-1
Nahia….
Je sors du Tantrahome sur un petit nuage et marche en direction de la voiture de Murielle en même temps qu’une voiture dont le numéro de plaque me dit vaguement quelque chose démarre sur des chapeaux de roues. J’attends de monter pour vérifier.
Moi : bonsoir, ce n’est pas Manaar qui vient de démarrer par hasard ?
Murielle discrète : bonsoir, oui oui.
Moi : ah, mais qu’est-ce qu’il me veut encore celui-là ?
Murielle (pendant que je boucle ma ceinture) : no mind, je me suis occupée de son cas.
Moi : mais encore ?
Murielle démarrant : laisse tomber je te dis.
Je n’insiste pas plus. De toute façon Manaar, c’est le cadet de mes soucis. Je pense d’ailleurs qu’il n’y a rien qui puisse m’ébranler aujourd’hui la veille de mon mariage, mais encore après cette séance de spa que j’ai eu la chance de me voir offrir par mon amour de sœur (je sais, vous êtes jaloux) je dois dire que je viens de passer deux heures absolument délicieuses. Les femmes de ma famille se sont décidées pour ainsi dire à m’éviter le stress des derniers préparatifs (ce dont je n’ai plus du tout eu à me soucier) et vaincre l’angoisse prénuptiale. En plus de la weeding planner super efficace que ma tante nous a déniché, elles se sont toutes mises à contribution et de fil en aiguille tout a été fignolé au-delà même de mes plus grandes espérances. Comme prévues, les célébrations officielles du mariage vont s’étendre sur sept jours et les trois cérémonies officielles s’enchaînent ici (au fait vous êtes tous invités sans exception) ensuite repas et danses poursuivent la semaine à Abu-Dhabi. (en revanche ici c’est chacun s’assoit Dieu le pousse krkrkr) Khalil et sa famille arrivent ce soir, leurs vols ont été annulés hier pour cause de météo. Il m’a envoyé les photos du palais dans les lumières décoratives avant leur départ ce matin. Il n’y a rien à redire, c’est un véritable travail d’orfèvre où aucun détail n’est laissé au hasard pour mêler modernité, traditions et symboles. Si je m’attendais à ça en si peu de temps ? Même pas dans mes rêves les plus fous ! Je suis juste subjuguée par tout ça et je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai hâte d’être à demain.
Mes cop’s sont également sur le pied de guerre depuis deux jours que nous sommes rentrées de notre week-end de folie. Un kiff ce voyage ! Nous nous sommes amusées comme des folles. On y serait même encore si Khalil n’avait pas pété une durite le jour prévu pour le départ. Il m’a fait tout un bruit parce que notre dernière soirée est partie en vrille à l'instar de la première. Enfin, il faut reconnaître que nous avons abusé, l’effet du vin (rire). Quoiqu’on ignore jusque-là ce qu’ils cachent eux autres en effaçant toute trace de leur voyage. C’est même mieux, la curiosité a tué le chat dit-on. Bref ! Depuis notre retour je n’ai aucune idée de comment les filles s’y prennent mais toujours est-il que j’ai une pour m’assister à tout moment. Ce matin, c’est Murielle qui me sert de chauffeur pour mes courses. Bon j’ai juste fait un saut à l’agence avant de me retrouver au spa. Là, on se rend chez la couturière pour une ultime vérification des tenues prévues pour la cérémonie traditionnelle et si possible les récupérer. Elle roule un moment avant de parler.
Murielle : alors ce spa ?
Moi : trop bien, j’ai eu droit à un massage (articulant) spécial extase.
Elle me fixe du coin de l’œil en souriant.
Murielle : je vois donc tu es d’attaque pour la nuit de noce ?
Moi répondant à son sourire : et comment ? Je suis impatiente.
Murielle : il était vraiment temps coco, je suis prête à parier que tu ne sais même plus ce que s’est qu’un orgasme.
Moi : lol ma tante a réveillé tout ça et les secrets de mamie pour garder son homme sont ancrés dans ma tête.
Murielle : il y a intérêt (du coq à l’âne) j’ai aussi mis mon temps à profit. J’ai récupéré nos examens à Joris et à moi.
Ils essaient de faire un bébé depuis peu.
Moi impatiente : et ?
Murielle : ça nous sera un peu difficile vu mes antécédents médicaux (soupir) je vais devoir suivre un traitement.
Moi (me voulant rassurant) : ce n’est pas encore grave, ça optimise juste vos chances de concevoir.
Murielle : et si ça ne marchait pas ?
Moi me tournant vers elle : et pourquoi ça ne marcherait pas ? Tu as surtout besoin de stresser moins à ce sujet, c’est peut-être ça qui t’empêche de tomber enceinte.
Murielle : il y a de quoi stresser ! Quand tu as un passé gynécologique comme le mien et qu’on t’apprend que tu as de faibles chances de concevoir sans assistance médicale, c’est qu’il y a du souci à se faire.
Moi : je suis certaine que tout va bien se passer, les grossesses arrivent souvent au moment où on s'y attend le moins.
Murielle : que Dieu t’entende en tout cas ! Ne parlons plus de choses tristes aujourd’hui (me jetant un coup d’œil) dis-moi comment tu te sens ?
Moi (sourire béat en m’affalant) : je suis sur un petit nuage.
Murielle : ça se voit, tu es radieuse.
Moi : merci !
On passe à un autre sujet jusqu’à destination. On récupère mes tenues ensuite elle me laisse chez mes parents. Je dois vous dire que c’est plus qu’un chantier ici. Je salue tout le monde à la va-vite et me fraye un passage jusqu’à ma chambre où je trouve Nabil couché à même le tapis de prière. Je pose mes affaires dans le placard et mon sac sur le fauteuil à côté avant de m’approcher de lui.
Moi : coucou mon cœur ! Ça va toi ?
Nabil : coucou oui ça va.
Je le laisse et vais faire l’ablution pour prier. À mon retour, il me cède le tapis et s’allonge sur le lit, ce n’est qu’en ce moment que je remarque sa mine soucieuse. Je me dis qu’il a sûrement un problème, c’est vrai qu’il est taciturne depuis hier soir. Je crois que mon départ l’affecte beaucoup, autant de dire que c’est un coup dur pour moi de devoir le laisser ici. Nous nous sommes beaucoup rapprochés ces dernières années et j'aurais voulu continuer sur cette lancée. Seulement qu'entre Bilal qui craint de perdre le lien qu’il partage avec lui s’il part vivre avec nous à Abu-Dhabi et mon père qui ne veut pas le perdre lui aussi (parce qu'il considère qu'il m'a perdu, enfin ce sont ses mots) la décision nous a été imposée, il reste avec mes parents. Bon, aux dernières nouvelles Bilal n’est plus en mesure de le garder ni partiellement ni exclusivement étant donné qu’il doit jongler entre ses déplacements professionnels et Lagos où vit sa femme depuis peu (ça c’est une autre affaire). Je vais m’asseoir à son chevet après la prière.
Moi : loulou qu’est-ce que tu as ?
Nabil : rien.
Moi : tu es sûr ? Tu as l’air tout tristoune, pourquoi tu n’es pas parti à la piscine avec tes frères ?
Nabil : je n’en ai pas envie.
Je fronce les sourcils.
Moi (tapotant la place vide à côté de moi) : bon allé, viens me voir.
Il se lève et s’assoit.
Moi (lui caressant la joue) : tu es triste que maman s’en aille ?
Nabil : lol pas vraiment, enfin oui vous allez beaucoup me manquer lorsque vous ne serez plus là tonton Lil et toi, mais je peux gérer. Il y a le téléphone et tout et je sais que tu viendras souvent me voir (ton gai) en plus tonton Lil a promis d'envoyer le jet me chercher toutes les vacances scolaires.
Moi : je suis rassurée que tu le prennes ainsi, et tu es alors triste pourquoi ?
Nabil soupirant : c’est Rissa (sa petite copine, enfin !) elle m’a largué pour Rodrigue.
En off : Dieu merci de m’avoir exaucé !
Moi : Rodrigue, c’est celui qui ressemble à un boudin blanc ?
Nabil rire bref : oui celui là même.
Moi calmement : j’imagine combien tu dois souffrir en ce moment.
Nabil soupir : elle m’a brisé le cœur.
Moi amusée : je suis vraiment désolée mon chéri, mais tu dois savoir que ce sont des choses qui arrivent. Dans quelque temps, il y aura pleins de filles qui vont te courir après (la petite voix) bon espérons dans 15 ans. (il me fait un sourire contrit lorsque j’enchaîne) Quand même, il faut voir le bon côté des choses. Quand la douleur aura passé tu en seras plus fort et tu en tireras des leçons pour la prochaine fois.
Il me jette un coup d’œil.
Nabil : laquelle ?
Moi : par exemple que tu n’es pas encore forgé pour affronter les histoires de cœur. Il faut attendre d’être un peu plus grand, comme lorsque tu auras fini tes études universitaires.
Nabil : lol maman il ne faut pas trop pousser non plus.
On rit.
Moi : plus sérieusement, tu aurais appris qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à rester avec nous et aussi que parfois, tu dois laisser les choses s'en aller pour que des meilleures choses puissent arriver. Si une fille ne veut plus de toi tant mieux ! Occupe toi toujours de cultiver le meilleur en toi et la vie se chargera de mettre celle qui te mérite sur ton chemin.
Nabil : mouais merci mom.
Moi : mais de rien ! (lui frottant le bras) Tu te sens mieux ou une coupe de glace fera bien plus l’affaire ?
Nabil : à la framboise avec des tas de cerises et une tonne de chantilly.
Moi me levant : très bon choix, je vais me changer et on y va.
Nabil content : d’accord.
Il y a un flottement pendant lequel je me cherche une tenue plus adaptée à notre petite sortie.
Nabil : maman ?
Moi : oui mon chéri.
Nabil : je suis heureux que tu te maries (ajoutant) avec tonton Lil. Je n'aurai pas pu rêver mieux pour toi.
Je le regarde seulement les yeux ouverts, l’enfant ci me dépasse parfois !
Moi : moi aussi, je suis heureuse pour moi.
Il penche la tête sur le côté et me sourit, sourire auquel je réponds.
Moi : bon si tu veux toujours prendre cette glace, il faut qu’on se dépêche. Tes mémés ne vont pas tarder à rentrer et ça ne sera plus possible dans ce cas.
Nabil : chui prêt !
On se sourit à nouveau et il sort de la chambre pour que je puisse m’habiller. On finit attablés dans un fast-food pas loin de la maison, il passe une heure à faire le gros puis on rentre retrouver la famille au grand complet. Après le dîner, mes tantes et mes cousines me réquisitionnent pour délibérer une énième fois sur le déroulé des noces. Ensuite, mon père nous rassemble après la dernière prière obligatoire de la journée pour une prière familiale en l’honneur de ma future nouvelle vie. Pendant tout ce temps, je guettais mon téléphone espérant un appel de Khalil, et même durant la petite discute père-fille que mon père a improvisée histoire de me prodiguer quelques conseils. Il me laisse aux alentours de 21 h et je monte directement me coucher sur ordre de mes sœurs.
Je suis en train de rincer mon masque décongestionnant lorsque mon téléphone sonne. Quand je distingue la voix de Justin Bieber dans « Let me love you » je sors de la douche avec précipitation et arrache le téléphone de la main de Yusef (le cadet d’Amou) qui venait à ma rencontre sans le faire exprès. Je manque même de le griffer.
Moi (me confondant en excuse) : désolée mon cœur (ton enjôleur au téléphone) salam houbi.
Yusef me sourit en hochant la tête avant de courir vers ses frères.
Khalil : qui est-ce que tu appelles ton cœur la veille de nos noces ?
Moi : Khalil répond au moins à ma salutation avant de faire la police.
Khalil sec : bonsoir,
Moi ton égal : bonsoir, vous avez fait un bon voyage ?
Khalil : oui, tu es avec qui là ?
Moi roulant des yeux : avec qui veux-tu que je sois ? Je suis à la maison.
Khalil : Nahia répond juste.
Moi soupirant : c’était mon neveu, j’ai failli le griffer en voulant récupérer le téléphone.
Khalil : ok, notre vol vient d’atterrir. Nous sommes en route pour l’hôtel.
Moi : c’est moi ou tu n’es pas bien ce soir ? Ce matin, tu étais tout euphorique. Il s’est passé quoi entre temps ?
Khalil : non ça va.
Moi : on ne dirait pas.
Il soupire profondément avant de parler.
Khalil : tout va bien… Écoute, je te rappelle lorsqu’on arrive à l'hôtel.
Moi : mais attend…
Khalil m’interrompant : ma mère veut causer avec toi.
On parle quelques minutes puis elle me passe Yumna à qui je demande une explication sur l’humeur de Khalil.
Moi : qu’est-ce qu’il a ton frère ?
Yumna simplement : le trac.
Moi : i can see ! Merci, on se voit demain.
Yumna : sans faute.
Moi : et encore bienvenue sur la terre de mes aïeux.
Yumna : lol merci.
Je raccroche et troque mon peignoir contre un déshabillé avant de me mettre sous les draps pour attendre l’appel de Khalil. Au bout d’un moment, j’essaie de l’appeler moi-même ça sonne dans le vide. Je lui laisse un message et attends encore occupée par mes pensées.
Je me rends compte que je me suis endormie lorsque la sonnerie de mon téléphone me tire de mon rêve.
Moi (la voix ensommeillée) : allô ?
Khalil : c’est moi (souffle) je t’ai réveillé ?
Moi : oui, tu devrais essayer de dormir toi aussi. On a une longue journée qui nous attend demain.
Khalil : en effet, mais je voudrais qu’on discute un peu tous les deux.
Je prends le temps de m’asseoir avant de répondre.
Moi : vas-y je t’écoute.
Khalil : pas au téléphone, je suis à deux pas de chez vous. Viens, je t’attends.
Moi : euh ok.
Je me change sans faire de bruit et me faufile dans la maison. Au trajet qui sépare la porte d’entrée au portail, je marche à pas de chat. Lorsque je repère Khalil adossé nonchalamment à la portière de ma voiture, je referme discrètement le portail et me précipite vers lui. Après des salutations un peu timides, on reste silencieux jusqu’à ce que je décide de briser la glace.
Moi : tu as le droit de changer d’avis, tu sais ?
Il lève les yeux et me regarde genre, tu débloques avant de saisir ma main pour m’attirer vers lui.
Khalil : ça fait une éternité que j’attends de t’épouser.
Moi penchant la tête sur le côté : mais ?
Khalil : c’est juste que (hésitant) je me demande si je serai à la hauteur de notre couple, je ne sais pas si je parviendrai à te rendre heureuse.
Moi : je ne peux pas prédire l’avenir, toutefois je pense que tu t’es merveilleusement bien débrouillé jusque là. Et je me dis aussi qu’on a probablement déjà fait tout ce qu’on pouvait pour tout faire foirer.
Il acquiesce un petit sourire, je noue les bras autour de son cou pendant qu’il pose ses mains sur mes hanches.
Moi (le regardant dans les yeux) : tu n'as pas de soucis à te faire. Ce sera toi et moi, pour toujours.
Il se penche pour m’embrasser et pendant quelques minutes, il retrouve la pêche.
[…] Le grand jour.
L’esthéticienne laque mon balayage et entreprend de vaporiser de l’eau florale autour de moi lorsque mes dames de compagnie (mes cousines et ma bande) qui poussent la chansonnette depuis le couloir débarquent à la file indienne maquillées, coiffées et en kimono. Aïda enclenche le Ouloulou (cris aigus qu’on pousse dans les mariages) qu’elles reprennent en chœur.
Moi (me bouchant les oreilles) : rhoo vous n’allez pas vous y mettre vous aussi, les vieilles ont failli me percer le tympan avec ça hier.
Zaïdia : il fallait fuguer comme la coutume l’exige.
L’esthéticienne me libère à ce moment là et certaines sortent leurs téléphones pour me prendre en photo.
Moi fixant Zaïdia : à quoi bon fuguer ? Je me marie de mon plein gré.
Tina : vraiment !
Dorine : à monsieur tête en l’air.
Elles éclatent de rire pendant que je fais la grimace avant de s’entasser sur le lit en fredonnant « le temps » de Dj Kerozen. C’est leur chanson depuis hier, enfin elles ont d’abord passé la soirée à me chambrer par rapport à mes débuts avec Khalil. C’est Tina qui a sorti la doc et Yumna ajouté son grain de sel après le rituel du henné qui s’est déroulé dans une ambiance festive soit dit en passant. Pour l’occasion, les dames Ben Zayid m’ont apporté une robe en velours verte brodée en fil doré et Cartia s’est chargée de m’appliquer du henné avec des motifs pailletés puis nous avons fait la fête jusque tard dans la nuit. Je dois reconnaître qu’elles m’ont fait passer un merveilleux moment avec pleins de souvenirs. Si le jour de notre premier contact quelqu’un m’avait dit qu’un jour, je ne pourrai envisager ma vie sans Khalil. Je lui aurais rit au nez. Je me souviens de tous les surnoms péjoratifs, de tous les coups bas (rire).
Le passage à la mairie pour la cérémonie civile a bien eu lieu avant-hier. C’était une cérémonie toute simple suivie d’une réception tout aussi intimiste. Et dans quelques heures, nous allons nous unir devant Dieu et nos proches, mais en grande pompe cette fois. Si vous voyez comment ils ont relooké la mosquée de mon père et le mini stadium pour la réception, c’est tout simplement hallucinant ! En gros c’est parti d’un mariage de tout ce qu’il y a de plus banal pour un incroyable mariage.
La séance photo reprend après qu’on ait fini de m’habiller, mais cette fois avec Amou et son ombre (sa petite dernière). Elles continuent leur boucan jusqu’à ce que ma mère vienne nous interrompre.
Ma’a : laissez-nous seules s’il vous plaît, je voudrais discuter avec Nahia.
Je risque un regard vers Amou qui me regarde tout aussi perplexe que les filles. Ma mère attend que la dernière referme la porte derrière elle pour pointer le lit du doigt. On prend place toutes les deux en même temps.
Ma’a : tu es magnifique ma chérie.
Moi surprise : euh merci ma’a.
Ma’a : je voudrais te faire part d’une chose que j’ai sur le cœur avant que les vraies choses ne commencent.
Moi amusée : d’accord, je t’écoute.
Ma’a : normalement, c’est le tour de ton père de discuter avec toi de quelques fondements sur le mariage et je sais qu’il l’a déjà fait. Quand même, je tiens à t’apporter un plus. (d'un trait) Je veux que tu saches que je vous aime pareillement ta sœur et toi. En revanche je t’admire plus parce que malgré les épines de la vie tu as toujours su t’en sortir et de vous deux tu es la plus gentille, attentionnée, tu donnes beaucoup d’amour et tu es à l’écoute de tout le monde. C’est pour ça que j’ai toujours eu l’Arabe en horreur, je redoutais ce jour où il allait t’arracher à nous.
Moi abasourdie : mais ma’a ce n’est pas comme si je m’exilais en plus Khalil a pris des dispositions pour qu’on puisse se voir aussi souvent qu’on le voudra.
Ma’a : laisse moi finir s’il te plaît ! (elle enchaîne) C’était avant que ton père ne me fasse réaliser que tout ce qui compte réellement, c’est ton bonheur. Qu’Allah dans sa miséricorde infinie t’accorde ce bonheur ma fille. À présent, je lève mes mains avec les tiennes afin d'implorer Dieu de te préserver (je joins mes mains en l’air) qu’il te donne une descendance pieuse et t’accorde un foyer qui soit un havre de paix. Je prie que ton mari continue d’être cet homme bon qu’il a été jusque-là ou mieux, que cette union soit bénéfique pour vous deux. Je souhaite enfin qu'Allah exauce nos douh'as.
Moi émue : amine ma’a.
Ma’a (me fixant droit dans les yeux) : après demain quand tu quitteras cette maison, n’oublie pas que nous demeurons ta famille. Ce sera toujours notre boulot de veiller sur toi. Chaque fois que tu seras sur le point de tomber ta famille sera là pour te retenir et te faire sourire à nouveau.
Je hoche simplement la tête.
Ma’a : retiens bien ceci, quand il aura des problèmes dans ton couple ne va pas te confier à n’importe qui sous prétexte qu’il est ta meilleure amie ou ton camarade ou encore, je ne sais quoi d’autre. Non ! Discutes-en avec le principal concerné et si cela te dépasse confie-toi à Dieu.
Moi : d’accord.
Ma’a : c’est tout ce que je voulais te dire.
Moi (la voix morne) : merci ma’a. Qu'Allah vous protège aussi pa’a et toi et nous pardonne les épreuves qu’on vous fait traverser. Puisse t-il vous accordez une bonne santé et vous garder aussi longtemps que possible près de nous.
Ma’a : amine amine ma fille, tu ne vas pas te mettre à pleurer ?
Je remue la tête et laisse pourtant libre cours à mes larmes. On lève nos yeux vers l’esthéticienne qui vient de pousser la porte avec fracas pour voir les filles courir dans tous les sens.
L’esthéticienne : ah non mademoiselle, il est hors de question que vous gâchiez mon chef d’œuvre…
Khalil…
Je m’éponge le visage et essuie mes mains moites avant de descendre de la voiture en même temps qu’Ussama et mes acolytes. Je suis plus angoissé qu’il y a trois jours malgré les paroles réconfortantes de ma mère toute à l’heure.
Ussama : tu m’étonnes que tu stresses encore après toutes les étapes que vous avez déjà franchi.
Je lui lance un regard courroucé sans répondre, c’est Jemal qui arrive à sa hauteur qui le fait.
Jemal : petit, c’est ici que tout se joue et il le sait.
Je ne relève pas, le reste de la famille nous rejoint et les femmes s’en vont en direction du domicile des Adja pendant que nous les hommes nous retrouvons dans la mosquée qui refusait déjà du monde. Là, on marche vers l’estrade et mon père qui marche à côté de moi me frotte l’épaule.
Papa : ça va ?
Moi : pas vraiment.
Papa sourire en coin : je suis passé par là moi aussi, essaie de te rappeler pourquoi tu l’as choisi elle et pas une autre.
Moi : lol.
Depuis quelques jours, il me sort ce genre de punchlines pendant nos échanges. Je ne saurai dire si c’est la retraite ou le fait que je me marie, mais il a l’air très ravi. En parlant de ses humeurs gâteuses, j’ai appris qu’il a décrété la dernière journée des célébrations comme fériée. J’avais eu du mal à le croire jusqu’à ce que lui-même me le confirme au cours d’une discussion entre hommes ce matin. Il tenait à me donner sa vision d'un mariage heureux et je dois dire que ça m’a fait du bien de parler avec lui.
Papa : vas-y je te rejoins toute à l’heure.
Moi : ok.
Il prend la direction opposée pour aller saluer l’imam que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans la matinée d’hier avec Nahia et son père pour discuter de la dot dont je tairai le montant. Sujet que l’imam remet sur la table des discussions trois quarts d’heures plus tard lors de nos échanges de vœux. Ceci fait, Nabil s’avance avec le plateau des alliances et l’imam poursuit avec la lecture de quelques versets du coran quelques minutes avant qu’on les échange. Je vois les épaules de Nahia secouées pendant que j’enlève graduellement le voile qui recouvre totalement son visage et mon cœur se serre à la vue du torrent de larmes qui ruisselaient sur son magnifique visage.
Moi (lui susurrant) : hey qu’est-ce qu’il y a ?
Elle baisse le regard en hoquetant, je relève son menton pour qu'elle me regarde.
Moi (sur le ton de la plaisanterie) : ne vas pas griller ma carte auprès de ton père, je viens de lui promettre que jamais tu ne couleras de larmes de tristesse par ma faute.
Père Nahia : tu l’as déjà grillé le jour où tu as jeté ton dévolu sur elle.
(Rire général)
Moi fixant Nahia : est-ce que tu me fais confiance ? (oui de la tête) Je vais te répéter les mêmes choses que lorsque nous avons décidé de nous mettre ensemble.
Voix d’Abdallah : raconte-nous tout le frère.
Il baisse la tête lorsqu’il se rend compte de sa bêtise.
Moi commençant : Aynia nous allons prendre notre temps pour nous bâtir calmement. Pour l'instant, je ne peux pas te promettre que tout ira bien entre nous. Que tout sera parfait et sans nuages. Ce dont je suis sûr, c’est que nous affronterons tout ensemble. De telle sorte que rien ni personne ne puisse nous séparer. Tu l’as dit toi-même, ce sera toi et moi à chaque instant, chaque jour, à chaque pas, pour toujours.
J'ai à peine eu le temps de souffler qu’elle se jette à mon cou.
Nahia (me murmurant à l’oreille) : je t’aime houbi.
Moi : je t’aime encore plus.
Il y a un brouhaha pendant lequel tout le monde commente en même temps, c’est l’imam qui hausse le ton pour ramener le calme.
Imam : et bien mes enfants qu’Allah vous unisse dans le bonheur incha’Allah.
Il commence ainsi les invocations pour bénir notre couple. C’est difficilement qu’on arrive à se détacher l’un de l’autre. À la fin de la cérémonie, on sort de la mosquée main dans la main au milieu d’un brouhaha de cris aigus des femmes de l’autre côté de la mosquée.
Après une longue présentation de vœux et une remise en beauté de Nahia pour la séance photo qui débouche sur un changement de vêtements, on retrouve le monde qui nous attendait déjà sous les tentes aménagées sur toute la surface de leur mini stadium pour la réception. À l’instar du mariage civil c’est buffet à volonté donc Yumna s’en donne à cœur joie.
Salim lui lançant : petite, tu comptes manger tout ce qu’il y a sur le buffet ou quoi ?
Yumna riant : si si, je veux goûter un peu à tout. Tout est tellement bon.
Moi : il faut quand même ralentir un peu, tu risques de te rendre malade.
Yumna : je te fais honneur, c’est quand même toi qui te maries !
Moi : lol.
Un moment plus tard nos parents, nos sœurs, son beau-frère, Nabil, ses neveux et nièces, mes frères et leurs femmes, nos amis (es) se succèdent à tour de rôle sur l’estrade avec des anecdotes plus drôles les unes que les autres. Le cheikh crée la surprise avec un témoignage bouleversant qui a fait briller les yeux de ces dames. Il a fait un flash-back de toutes ces années où il galérait à me ramener sur le droit chemin pour m’exprimer sa fierté par rapport à l’homme que je suis devenu et sa gratitude à Nahia qui a contribué à cela. Le plus sidérant c’est lorsqu’il a reconnu nous avoir fait du tort et nous informe qu’il compte se racheter et aussi que son plus grand souhait c’est de voir notre couple aussi solide que le front que nous avons monté contre lui ces dernières années.
L’ouverture du bal se fait par une entrée dansante de nos amis (es). Les jumelles chargées de la corvée de porter ses traînes nous suivent jusqu’au milieu de l’estrade avant de s’éclipser pour nous laisser valser sur « Back at one de Brian Mcknight ».
Nahia ravie : ohh ça, c’est notre chanson !
Je hoche la tête tout aussi ravi qu’elle, à la partie « One, you're like a dream come true (Un, tu es comme un rêve devenu réalité) » elle lève vers moi des yeux brillants. Je resserre nos mains enlacées et redresse ma tête pour la regarder dans les yeux.
Moi : tu ne vas pas encore pleurer ?
Elle me fait un large et brillant sourire auquel je réponds avant de poser sa tête contre ma poitrine. C’est l’arrivée de Nabil qui interrompt la magie du moment.
Nabil (lui prenant la main) : maman, papa te souhaite ses meilleurs vœux.
Nahia : c’est bien gentil à lui.
Il danse un moment avec elle et passe le tour à son grand-père. Les gars nous rejoignent plus tard pour un ballet indien. À un moment, Nahia se retrouve à esquisser la danse du ventre au milieu des filles qui bougent en même temps qu’elle et ce n’est pas pour me déplaire. Que dis-je ! C’est assez grisant comme spectacle, ça me donne même l’eau à la bouche. Normalement on doit attendre la fin des festivités pour consommer le mariage, mais là j’en doute fort. C’est sa tante qui reprend le micro pour lancer la danse de l’argent pendant laquelle nos familles ont été invitées à faroter et à se faire faroter à un moment donné. On assiste par la suite à un festival de musique internationales, puis de danses traditionnelles pendant que des amuse-bouches et des coffrets cadeaux sont distribués aux convives. C’est bien beau tout ça, mais rien ne pourrait me faire plus plaisir en ce moment que de me retrouver seul avec ma femme. Juste elle et moi, dans le doux cocon de notre amour. Je me rends compte que j’ai parlé tout haut lorsque Nahia me répond.
Nahia : je suis d’accord.
Moi lui chuchotant : tu ne trouveras pas d’inconvénients à ce qu’on s’éclipse en douce, là tout de suite.
Elle hoche la tête en souriant.
Moi : on peut toujours attendre la nuit de noce, enfin la vraie nuit de noce à Abu-Dhabi.
Nahia parlant vite : on attend rien du tout !
Moi amusé : là, c’est moi qui suis d’accord avec toi.
On éclate de rire en même temps et j'attends que Ussama reprenne sa place pendant la dégustation du gâteau pour trouver un arrangement avec lui. Il s'éclipse aussitôt que Nahia se tourne vers moi pour me mettre un morceau de gâteau dans la bouche. On lève ensuite la tête en même temps pour tomber sur le regard penaud de nos parents. Nahia baisse le regard pendant que je détourne le mien, ce qui fait pouffer de rire les autres autour de nous.
Ce n’est que deux heures plus tard lorsque les invités commencent par lever le camp aux comptes gouttes qu’on décide de partir nous aussi. On traverse la piste pour rejoindre le gate lorsqu’on se fait harponner par ses amies qui s’apprêtaient à envahir la piste. Elles chahutent Nahia un moment et quand elles la libèrent enfin, c’est au tour de Yumna de nous retenir à l’entrée de la concession. Je dois préciser que son type (parce que oui, il est là lui aussi) a débarqué avec les frères Elli et depuis lors elle ne tient plus sur place.
Yumna : vous partez où comme ça tous les deux ? Qui va réceptionner vos cadeaux ?
Nahia (faisant la grimace) : gère ça s’il te plaît.
Elle nous fait les gros yeux un petit sourire en coin à l'appui.
Yumna : bon ok et Ussama dans tout ça ? Ça fait trois heures qu’il a disparu sans aucun signe.
Cartia (arrivant par derrière) : tout comme Khadija.
Moi : Ussama, je l’ai envoyé faire un truc pour moi. Khadija, je ne sais pas (à Nahia) on y va ma chérie.
Cartia : partir où ça ?
Moi (sans m’arrêter de marcher) : quelque part.
Cartia narquoise : hum hum.
On arrive à notre immeuble dix minutes plus tard, je descends de la voiture en me disant que j’ai bien fait d’envoyer Ussama planté le décor. Je pense qu’il n’y a pas meilleur endroit pour passer cette nuit, c’est ici que tout a commencé. Vu que nous avions du mal à s’en défaire tous les deux, j’ai racheté les deux appartements que j’ai fusionnés et rénové entièrement.
On trouve le garde qui devrait escorter Ussama à la devanture et Ussama lui-même en plein bécotage du visage de Khadija dans les escaliers. On s’avance vers eux sans faire du bruit, c’est Khadija qui remarque notre présence en premier et cache son visage contre le torse d’Ussama. Nahia se retient de rire.
Moi : frérot, mais…
Ussama (me coupant net) : sans commentaire, s’il te plaît.
Moi riant : ok krkrkr… On vous laisse.
Lorsqu’on arrive devant la porte, je prends tout mon temps pour l’ouvrir.
Moi regardant Nahia : il est l’heure de déballer ton cadeau de mariage.
J’actionne d’ouvrir la porte et une senteur fort agréable nous accueille. Ussama s’est quand même débrouillé pour assurer sa mission lol. Nahia ouvre les yeux et met la main sur sa bouche avant de jeter un regard circulaire dans l’appartement.
Nahia (me fixant émerveillé) : c’est à couper le souffle !
Moi l’enlaçant par-derrière : mais garde le, tu as en auras besoin...
Je ravale mes paroles parce qu’elle vient de capturer mes lèvres et au fur et à mesure ça devient vraiment intense. Dans la chambre, elle se laisse posséder par les sensations. Ces trois dernières années de chasteté m’ont non seulement permises de parfaire la maîtrise de ma libido, assez pour faire durer son plaisir ; mais aussi de maîtriser parfaitement son corps. Je la torture jusqu’à ce qu’elle se raidisse complètement en proie à un vertige inouï et elle me fait frémir dans ma chair par ses caresses. C’est terrifiant comment ses doigts et sa bouche peuvent être partout et en même temps. Comme si elles sont nombreuses à me faire l’amour. À l’instant même où je pénètre en elle, elle frissonne et se noue à moi et moi je reste dans une espèce de torpeur. Enfin, il y a une déferlante d’émotions qui m’envahit à la découvrir si douce, si chaude, si parfaitement en accord avec moi.
Moi (m’exclamant la voix rauque) : par Allah Nahia, qu’est-ce que tu es bonne !
Elle s’étend pour m’embrasser en pleine bouche et je réponds avec fougue. Quand elle commence à remuer du bassin sous moi, je frôle la crise cardiaque. C’est officiel ! Cette fille, je la choisirai encore parmi une centaine d'existences, une centaine de mondes et n'importe quelle version de la réalité.