Les carottes sont cuites !
Ecrit par Farida IB
Chapitre 41 : les carottes sont cuites.
Eunice....
Quitter le lit ce matin n'a pas été facile, mais une journée remplie m'attend. Je fais un tour rapide dans la salle de bain faire ma toilette et reviens mettre de nouveaux vêtements pour rejoindre mes enfants à table. Deborah s'est déjà occupée du petit-déjeuner avant d'aller jeter un coup d'œil à ses frères. Tu parles d'une belle fille, je n'aurai pas rêvé mieux pour mon fils. En parlant de lui, après notre discussion hier, j'ai pris le temps de ficeler mes plans. Sandra, ma petite sœur, a été mise dans la confidence. Après le déjeuner animé par les enfants, je la retrouve dans l'appartement où elle vit seule depuis son divorce puis nous nous rendons à Cassablanca. Je lui ai laissé le volant.
Sandra (ma petite sœur me regardant ) : qu'est-ce qu'on fait ?
Moi : suivons le programme.
Elle hoche la tête en mettant le contact. Je regarde Fulbert et sa maîtresse se tripoter devant la villa jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision. Quelques souvenirs du passé défilent dans ma tête et des larmes de frustration s'échappent de mes paupières.
Sandra soupirant : Eunice, tu ne vas pas recommencer.
Moi : je suis en colère Sandy, tu ne peux pas comprendre.
Sandra : je te comprends parfaitement, mais tel on fait son lit qu'on s'y couche. Tu n'en serais pas là si tu avais écouté maman dans le temps. Tu n'aurais pas dû mettre ta vie en parenthèse pour cet homme. (me jetant un coup d'œil) Regarde-toi tu as perdu tout éclat, tu n'es plus que l'ombre de toi-même. Tu as tout donné pour un homme qui n'a fait que te détruire en retour. Je t'avais pourtant prévenue la première fois, tu n'aurais pas dû lui pardonner.
Moi : je l'ai fait pour mes enfants.
Sandra sourire jaune : l'excuse de toutes les femmes pour se vautrer dans la douce prison d'un mariage malheureux.
Et elle continue à m'accabler de reproches. Le pire, c'est qu'elle a raison sur toute la ligne. J'ai été une épouse totalement dévouée pour mon mari. Je lui ai dédié mon cœur, mon âme. J'ai cru en lui comme on croit en un rêve, allant jusqu'à défier mes parents au nom de l'amour que j'avais pour lui. J'ai été une épouse loyale, compréhensive et obéissante. Je l'ai poussé à être à ce niveau aujourd'hui. Plus qu'une épouse, une amante, une amie, une partenaire, une supportrice. C'est ce qu'on nous dit d'être et j'estime l'avoir été. Mais plus encore, j'ai essayé toutes les astuces pour maintenir la flamme, et même pour le rendre fidèle.
Mais s'en est assez. J'en ai assez de culpabiliser, de me remettre en tort tout le temps, de trouver des excuses à son comportement. Et j'en ai assez d'espérer qu'il change un jour. Je suis encore plus fatiguée de me mentir, de prétendre que mon couple en est toujours un. Je réalise enfin qu'il a choisi sa vie alors je pense qu'il est temps pour moi de faire la mienne. Je vivrai dorénavant pour mes enfants, je vais me consacrer entièrement à leur bonheur. Ils ont assez souffert de nos problèmes, Armel plus que les autres. Il est sans doute celui qui a le plus subi (soupir) j'imagine à quel point il lui a été difficile de garder tout ça au fond de lui. À ma dernière séance avec le psychiatre, j'ai compris que tous ces agissements par le passé étaient une sorte d'appel au secours. Même s'il semble avoir retrouvé le droit chemin. Je songe à la manière dont je pourrai me racheter auprès de lui, j'y réfléchis intensément.
Retour à la case départ, c'est ce que je réserve à Fulbert comme sanction. Je compte lui retirer tous les privilèges qu'il a obtenu grâce à moi ensuite, il pourra mener sa vie comme bon lui semble.
Je passe donc la journée à faire la ronde de ses immeubles. Tous ses locataires ont été informés que les loyers seront désormais versés sur mon compte ainsi que ses revenus connexes. Puis je me suis rendue à la banque vider tous nos comptes en commun en créditant un compte bloqué et changer les mots de passe de toutes nos cartes. J'avais pensé à désolidariser ces comptes, c'est en arrivant ici qu'on m'apprend que cela m'obligerait à faire recours à sa signature à chaque fois que je voudrais faire des mouvements sur les comptes. Marianne et Syntiche étant encore mineures, j'exige que les retraits d'argent sur leurs comptes soient toujours validés par nos deux signatures. Aussi, j'ai demandé à transférer ses hypothèques sur son compte personnel. Toutes ses dettes seront désormais défalquées de son salaire d'avocat à la CPI et ses honoraires d'avocat. À la fin du mois lorsque ses créanciers auront retiré leur dus je verrai avec quel argent il ira encore dans les quatre coins du monde faire la belle vie avec ses minettes.
Arnaud (notre gestionnaire) : ce sont les mainlevées des trois hypothèques, il ne manque plus que tes signatures.
Je prends une demi-heure pour signer tous les documents relatifs à mes demandes, notamment le retrait d'une petite somme.
Arnaud : qu'est-ce que je dis à Fulbert ?
Moi : tu lui diras que c'est moi qui ai opéré ces changements. Les explications, c'est à moi qu'il devra les demander.
Arnaud : bien.
Moi : merci pour tout Arnaud, bon après midi.
Arnaud : je t'en prie, bon après midi à toi également.
Je retrouve Sandra dans le hall d'attente, cap sur un supermarché où je choisis le champagne le plus cher et fais quelques emplettes pour remplir nos placards de cuisine à toutes les deux. Après cette journée satisfaisante, je rentre chez moi le cœur en fête en prenant le soin de déposer Sandra chez elle. L'habitacle était calme, pas le moindre bruit de Mila. Je rase les murs en direction de la cuisine lorsqu'Armel m'intercepte et me regarde l'air inquiet. Je lui lance un bonsoir pendant que je passe devant lui.
Armel : bonsoir maman, tu viens d'où ? On t'a cherché toute la journée, pourquoi tu ne répondais pas au téléphone ?
Moi me retournant pour le regarder : excuse-moi papa de ne pas t'avoir demandé la permission avant de sortir.
Il fait une grimace avant de reprendre avec un ton plus calme en me suivant dans la cuisine.
Armel : excuse-moi, on s'est tous inquiétez pour toi. (prenant le sac de course dans ma main) Donne ça. (il le prend)
Moi : j'ai vu vos cent appels, mais j'étais trop occupée pour pouvoir répondre.
Une fois dans la cuisine, je pose mon sac à main sur l'îlot en allant me chercher un verre et de la glace.
Armel : occuper à faire quoi ? Kékéli nous a fait sa crise de larmes durant des heures.
Moi : tu étais là non ?
Armel (me regardant rincer le verre) : elle voulait sa maman.
Moi (avec un geste évasif de la main) : maman était occupée.
Il me regarde sabrer le champagne d'un air suspicieux. Je me sers une lampée et le vide d'un trait.
Armel : occupée à faire quoi maman ?
Moi me servant une autre gorgée : ah, c'est quoi avec les questions ? Accompagne-moi plutôt que de faire le chef contrôle. (remplissant une deuxième coupe) Avec de la glace ou cul sec ?
Armel : la moitié du verre avec un peu de glace, je dois me rendre au travail toute à l'heure. (prenant le verre que je lui tends) Mais qu'est-ce qu'on fête ?
Moi : trinquons à ma victoire !
Il arque un sourcil inquisiteur en buvant dans son verre, je vide le mien une fois de plus et enchaîne de me servir un autre puis un autre encore.
Armel : ralentis maman, tu es sous médication.
Je bois un coup avant de répondre.
Moi : c'était la dernière.
Il regarde la bouteille et me regarde.
Armel : tu as fini la bouteille.
Moi : oh (riant) je n'y suis pas allée de main morte.
Armel fronçant les sourcils : tu es sûre que ça va ?
Moi : ça ne pourrait pas mieux aller. (me levant d'un pas mal assuré) Bon, où est ma pouce ? Il parait qu'elle réclame sa mère, me voilà.
Je ne suis pas très solide sur mes jambes alors je marche en prenant la table comme appui. Sauf qu'elle a une limite, la table.
Armel : attention à la marche !
Il arrive à temps pour me soutenir avant de me faire asseoir sur une chaise. En réalité, j'ai le visage qui tourne. Peut-être parce que j'ai vidé une bouteille de champagne le ventre vide.
Armel : tu as mangé ?
Je remue la tête négativement en riant, il souffle en passant sa main sur son visage.
Moi : rire* je ne dirai pas non à un poulet panné avec de l'atchiéke et comme entrée une salade de pommes de terre aux œufs.
Armel se grattant la tête : j'ai fait des spaghettis, mais on peut commander si tu veux.
Je remue la tête à nouveau, amusée. C'est tout ce qu'il sait faire cet enfant.
Moi : ce n'est pas grave, sers moi.
Il dépose le plat devant moi après l'avoir réchauffé dans le micro-onde et s'assoit pour me regarder manger. Je froisse la mine à ma première bouchée.
Moi : c'est ce genre de nourriture fade que tu comptes préparer à Deborah une fois que vous serez mariés ?
Armel ton riant : depuis quand c'est à l'homme de préparer ?
Moi : tu peux quand même lui faire plaisir par moments où il peut arriver qu'elle soit indisposée.
Armel : j'aviserai.
Moi du tic au tac : vous semblez filer le parfait amour.
Armel discret : ça va, mange ton plat. Ça va refroidir.
Moi : avez-vous décidé une date ?
Armel : rien est encore décidé, fin on verra tout ça après ton voyage.
Je stoppe mes gestes et le regarde.
Moi : quel voyage ?
Armel s'en allant : je viens.
Il s'éclipse deux minutes et revient avec une enveloppe A4.
Moi le fixant les yeux plissés : qu'est-ce que c'est ?
Armel : de la part de tes fils, un voyage tout frais payé sur Maurice. (il me montre l'enveloppe) Il y a dedans ton billet, la réservation d'hôtel, le programme complet d'un séjour de deux semaines ainsi que des informations sur l'aide de camp que nous avons pris pour toi. Tina est d'accord pour garder Mila pendant ces deux semaines afin que tu te retrouves avec toi-même. Il n'y a rien de mieux que les magnifiques plages, les récifs, montagnes et cascades de l'île Maurice pour remettre tes idées en place et te ressourcer.
Moi émue au larmes : ....
Armel : une dernière chose, le visa s'obtient aux portes des frontières. Il parait que Port-Louise est la ville la plus riche du monde, j'espère que tu profiteras de tes vacances (plissant les yeux) si tu ne veux pas y aller ce n'est pas grave....
Moi : non ! Enfin si, je suis simplement sous le coup de la surprise (euphorique) Cela ne pouvait pas mieux tomber, vous m'en voyez ravie. (tendant la main vers lui) Fais moi voir.
Armel (défilant l'enveloppe derrière lui) : il me semble que tu n'as plus trop besoin de ce voyage, tu as repris du poil de la bête toute seule.
Moi : tchhrrr passe-moi ça ici.
Armel : c'est ce que je disais, je vais plutôt y aller avec Debbie.
Je claque la langue en arrachant l'enveloppe pendant qu'il rit aux éclats, ce qui me fait sourire. C'est comme ça à chaque fois que je l'entends rire à présent, ça me met un baume au cœur.
Moi le fixant surprise : le vol est prévu pour ce soir.
Armel : oui à 23 h.
Moi : ah, mais ça ne me le laisse pas le temps de me préparer....
Armel : j'ai tout prévu t'inquiète, tu voyages léger. Tu iras refaire ta garde-robe, c'est un cadeau de ma part pour me faire pardonner.
Moi sourire colgate : tu sais vraiment ce qu'il faut pour faire plaisir à ta mère.
Armel (imitant la voix de son père) : mais attention, ce n'est pas pour aller te faire draguer. Courir les boîtes de nuits et faire du n'importe quoi sans protéger ton vuvuzela. Ou que la police des frontières m'appelle en pleine nuit pour m'annoncer que tu as fraudé l'accès à l'aéroport.
Moi : rhooo, c'est comment tu me mets déjà les restrictions ?
Armel : et ce n'est même pas la peine de m'appeler pour demander de l'argent, tu te débrouilles avec ce que je vais te donner. Tu ne dilapides pas non plus mon argent que je me tue à gagner.
Moi la petite voix : d'accord papa.
Je lève les yeux sur lui et nous éclatons de rire ensemble du fait de notre sarcasme depuis tout à l'heure. À un moment, il se calme pour me regarder fixement.
Moi : pourquoi tu me regardes ainsi ?
Armel (souriant aux coins des lèvres) : pour rien, ça fait du bien de te voir rire à nouveau.
Moi haussant l'épaule : life goes on !
Il pouffe de rire.
Armel : là c'est sérieux, tu me sors même l'anglais,.
Moi : je te signale que j'ai grandi près de la frontière ghanéenne.
Armel : ah oui, j'avais oublié ce détail.
Nous sommes restés à papoter jusqu'à ce que ce soit l'heure pour lui d'aller travailler. Ça aussi, c'est un autre aspect de sa vie dont je ne m'habitue pas pour l'instant. Je ne m'habitue pas tout simplement au fait qu'il soit devenu responsable. Comme quoi seuls les imbéciles comme Fulbert ne changent pas.
Je rentre dans notre chambre, si je puis dire et Armel dans la sienne. Je referme la porte derrière moi, direction la salle de bain. Je me suis prélassée dans la baignoire longtemps avant que ma pupuce ne commence à geindre. Je m'occupe d'elle et la laisse avec ses jouets pour préparer ses affaires et ensuite mon sac à main pour le voyage. Bradley et sa famille arrivent à temps pour me conduire à l'aéroport. La séparation a été déchirante avec mes filles. Armel et Eddie m'ont gardé en ligne jusqu'à ce que l'avion ne prenne son envol. Dans deux semaines, je reviendrai régler définitivement mes comptes avec Fulbert !
* Deux jours plus tard *
Debbie....
Paterson (pendant que je tourne en rond devant lui) : ce n'est pas une bonne idée Deborah.
J'inspire profondément avant de parler.
Moi : je suis aux abois, je n'ai rien à donner à tata Mimi alors qu'il ne reste plus qu'une semaine pour rendre cet article. La seule issue, c'est de déclarer forfait.
Paterson : depuis quand tu déclares forfait toi ? Nous avons géré plus coriaces que ça.
Moi : j'avais un coéquipier perspicace et qui avait le goût du travail comme moi.
Paterson : Vé....
Moi le fusillant du regard : ne prononce pas son prénom !
Il a un sourire en coin pendant que je souffle bruyamment.
Moi : de toute façon, je ne la gère pas ! Je me suis démerdée comme je peux pour regrouper des infos, trouver des liens vers les sites internet qui développent le sujet. Le seul problème, c'est de trouver des volontaires pour les entrevues. (soupir) Est-ce que tu te rends compte que depuis quatre longues semaines, je retourne toute la ville, mais rien ? J'ai même proposé de l'argent en contrepartie, nada ! Qu'est-ce qu'il y a de si difficile à dénoncer les abus qu'on a subi ? Les hommes et leurs orgueils vraiment !
Paterson : mais tu as un sujet.
Je m'arrête pour le regarder.
Moi : Junior ?
Il soutient mon regard en hochant la tête.
Moi faisant la moue : ce n'est pas suffisant, aussi tout ce que j'ai trouvé jusqu'ici est uniquement relatif au sexe. Là encore, ils en font un sujet tabou ou ils tournent tout de suite le sujet en dérision. Et la violence conjugale, psychologique, physique on en parle ? Les hommes sont également confrontés à du harcèlement, aux abus de pouvoir et j'en passe ! Pourtant, on nous parle tous les jours des hommes battus, quand il s'agit de témoigner, on ne trouve plus personne ! Vous vous sentez trop virils pour avouer qu'un homme peut aussi avoir été violenté, tchip !
Paterson : c'est un sujet délicat.
Moi : en quoi ? Ça devait être le même combat pour nous tous.
Il me regarde sans émettre un commentaire. Je soupire, dépitée. C'est la première fois depuis que je travaille dans ce magazine que je me retrouve confrontée à une telle catastrophe. À la base, j'ai trouvé le sujet facile et intéressant jusqu'à ce que je me mette dessus et que j'enchaîne les râteaux en plus d'avoir une collabo qui ne m'est pas beaucoup utile. Que dis-je elle s'est quasiment déchargée du travail tout ça parce qu'elle est frustrée qu'on me mette en avant. Elle est même allée dire à tata Mimi qu'elle est meilleure que moi pour gérer une équipe donc elle ne pouvait pas comprendre qu'on me refile le rôle de la cheffe. Enfin bref cette fille ne m'aime pas et ça elle ne me l'a jamais caché, mais qu'est-ce qu'on s'en fiche ! Tout le monde ne peut pas nous apprécier forcément. L'ennui, c'est que je dois faire le point à tata Mimi cet après midi et je n'ai rien en dehors de l'abus de Junior. Du coup, j'ai envie d'abandonner. En même, ce serait donné raison à l'autre-là qui n'attends que ça pour se réjouir. Je me passe la main sur le visage et m'enfonce sur une chaise en soupirant une énième fois.
Paterson : je ne comprends pas pourquoi tu n'impliques pas ta coépouse.
Moi farouche : ce n'est pas ma coépouse !
Paterson : je n'en ai pas l'impression (je le regarde de travers, il rit) désolé. Enfin bref ! Tu devrais te rapprocher d'elle, elle a peut-être quelque chose de son côté.
Moi : tu veux que je fasse quoi si la fille elle-même a déclaré la collaboration entre nous non-lieu ?
Paterson plissant le front : ça veut dire quoi "elle a déclaré la collaboration entre vous non-lieu" ? Est-ce que c'est elle qui décide de quelque chose ici ?
Je hausse simplement l'épaule.
Paterson s'emportant : c'est quoi ces foutaises ? Celle qui vous embauche vous a mis ensemble sur l'article pour une bonne raison, parce qu'elle est convaincue que vous réussiriez ce travail (appuyant) ensemble ! Vous devez vous en tenir uniquement à ça, à votre travail, que vous vous appréciez ou pas !
Moi plissant les yeux : mais pourquoi tu t'énerves ?
Paterson : tu trouves normal qu'elle dicte sa loi, qu'elle te laisse tout le travail pour qu'après vous percevez les mêmes récompenses ? Et tu attends quoi pour la dénoncer à la patronna ? Non mais Deb à un moment, il faut savoir se faire respecter et faire respecter tes droits ! Si elle ne peut pas travailler avec tout le monde qu'elle démissionne une bonne fois !
Je penche la tête et le regarde en me retenant de rire.
Paterson continuant : ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'un refus de travailler avec un collègue est sujet à un licenciement. Ma parole, je la dénonce grave ! Une vieille fille avec ses vieilles frustrations. Une haineuse ma foi !
Là, j'éclate de rire et rigole un moment, il finit par sourire.
Paterson : je t'assure qu'elle m'énerve.
Moi hochant la tête : je vois ça.
Paterson : tu la signales à tata Mimi ou je le fais à ta place.
Moi : tu dois avoir été parmi ceux qui signalaient leur camarade en classe.
Je ris et me stoppe quand j'intercepte sa mine sérieuse.
Moi : je verrai dans quelle mesure l'emmener à changer d'avis.
Il fronce les sourcils et me regarde deux secondes puis se passe la main sur le visage.
Paterson calmement : d'un autre côté, c'est une bonne chose qu'elle se mette à l'écart. Dans ce cas, je pourrai t'apporter un coup de main.
Je me redresse sur la chaise intéressée, il tourne son regard vers la porte.
Paterson : Daniche et moi avons subi notre lot de violence quand nous étions enfants. Je veux bien le convaincre d'en parler même si je doute fort qu'il accepte de s'afficher.
Je lui frappe le crâne en bondissant de mon siège.
Paterson se tenant l'endroit : aïe, mais pourquoi tu me frappes ?
Moi : tu m'as regardé suer pendant tout un mois alors que tu étais la solution à mon problème ? (secouant la tête debitée) La vraie sorcellerie Atayi.
Paterson faisant une grimace : bah, tu étais censée travailler avec ta coépouse, je n'allais pas griller ma couverture.
Moi la moue boudeuse : on n'aurait pu s'arranger à le faire sans elle, bon bof (me levant toute contente) le problème est réglé.
Paterson : attends d'abord que je confirme avant de jubiler.
Moi : quelle bonne confirmation, je tiens mon interviewer. (me dirigeant vers la porte) Je te laisse, je vais confirmer mon rendez-vous avec mon chéri pour le déjeuner. (saisissant la poigne) J'ai tout à coup faim, l'émotion !
Paterson riant : le jeûne est fini ?
Moi : oh oui, le seigneur a exaucé mes prières.
Il m'entraîne dans son fou rire.
Moi sérieuse : mais Atayi, tu es mauvais hein, tu m'as écouté ici pleurnicher des jours et des semaines. Je te rendrai la pareille t'inquiète.
Paterson : pardon
Moi : si tu m'invites à déjeuner pendant une semaine.
Paterson : Diapena escroc !
Je sors de son bureau secouée de rire. C'est en avisant l'heure sur l'écran de mon téléphone pendant que j'envoie un message à votre pote assise confortablement dans le mien que je me rends compte que j'ai passé pratiquement une heure avec Paterson. J'étais sortie avec l'idée de rendre les crocs auprès de tata Mimi quand une autre idée m'est venue de prendre son avis. C'est comme ça que je me suis retrouvée à faire un crochet dans son bureau et me voilà revenue avec la solution. Comme s'il n'attendait que ça, Armel se pointe une vingtaine de minutes plus tard. C'est son message qui me fait ranger mes affaires et prendre mon sac en ressortant du bureau. Je m'arrête devant l'open space pour laisser passer un groupe de collègues. Véronique ("ma coépouse") qui est la dernière à émerger, me fait un sourire hypocrite auquel je réponds tout autant. Je la suis alors qu'elle s'est mise derrière les autres pendant qu'on se dirige tous vers la porte d'entrée.
Véronique ralentissant ses pas : ça va madame ?
Moi sur le même ton sarcastique : oui monsieur, comme sur des roulettes.
Véronique : tant mieux et ton article ça avance ?
Moi : notre article avance, j'espère que tu n'as pas oublié qu'on fait le point à tata Mimi cet après midi.
Véronique ton exaspéré : combien de fois dois-je te dire que je ne suis pas concernée par cet article ?
Moi : ce n'est pas mon problème, tout ce que je sais, c'est que cet article nous a été confié à toutes les deux. Si tu y vois d'objections veille à en aviser tata Mimi. Ça tombe bien, tu pourras le faire dans quelques heures ou tu préfères que je m'en charge ?
Véronique menaçante : tu n'as pas intérêt à lui dire quoi que ce soit !
Moi hautaine : alors la balle est dans ton camp.
Je l'entends marmonner «tu ne paies rien pour attendre» pendant que je hâte le pas vers la sortie. J'ai fini de parler, qu'elle cale en l'air si elle veut. J'ai dû ralentir en entendant Paterson m'appeler derrière. Elle vient donc me dépasser en tchipant assez fort pour que j'entende. Je la regarde en secouant la tête au même moment Paterson arrive à ma hauteur et nous lui emboîtons le pas. Nous nous mettons à rire de nos choses, entre temps elle a rejoint le groupe de collègues que nous laissons derrière nous en nous dirigeant vers la voiture d'Armel garée sur le bas-côté de la voie.
Love : le love de l'autre est là !
Je me tourne vers elle en souriant juste.
Judicaël : Deborah ça fait un an que le type vient ici, mais nous ne savons même pas à quoi il ressemble.
Véronique appuyant : vraiment !
Je lui lance un regard en biais très étonnée par son intervention, avec un petit geste désinvolte en plus.
Adeline : c'est vrai inh, tu nous le présentes quand ?
Paterson qui répond à ma place : vous ferez sa connaissance au mariage (ajoutant en regardant Véronique) pour ceux qui seront invités bien entendu !
Love : je n'ai pas besoin de l'être puisque je serai sa DC.
Je ris simplement.
Paterson : déclarez déjà vos postes, la compétition promet d'être rude.
Véronique : tchuipp qu'est-ce que tu en sais ?
Mariette : il en sait sûrement beaucoup mieux que toi quand même !
Paterson : vraiment ! (lui montrant sa main) Tape ici ma chory.
Il l'a dit d'une manière là qui nous a tous fait rire pendant que Véronique roule des yeux. Celle-là a un autre problème.
Bref ! Ils tracent leur route et je monte au côté de mon homme qui baisse la vitre de son côté pour saluer Parterson et la remonte juste après. Je me penche vers lui pour lui faire la bise, mais le bon monsieur fond sur mes lèvres. Dans le mood je lâche la ceinture que j'étais sur le point d'enfoncer dans le truc, je ne sais plus comment ça s'appelle et enroule mon bras autour de son cou. Je ne sais pas comment ma main se retrouve à toucher la bosse qui se forme dans son pantalon. (rire) C'est qu'il suffit de peu en ce moment pour le réveiller. Je ne saurais même plus dire la raison qui m'a poussé à fermer les frontières. Enfin, si, je trouvais trop frustrant qu'il s'en sorte aussi facilement de sa mission sauvetage improvisée. Il faut dire aussi que je n'avais pas la tête au sexe, mais ce petit intermède vient de remettre les pendules à l'heure. Je le regarde, qui me regarde hagard.
Moi : on peut se passer de ce déjeuner si tu veux.
Il sourcille (mdr) et me regarde pointueusement.
Moi ton impatiente : tu en dis quoi ?
Armel : euh, là maintenant ?
Moi hochant la tête : je n'ai pas vraiment faim, fin j'ai envie d'une saucisse niçoise.
Il sourit lorsqu'il comprend mon sous-entendu puis souffle.
Armel : je n'ai pas beaucoup de temps, je dois retourner au cours.
Moi plissant les yeux : je m'attendais à plus d'engouement de ta part, ça fait des semaines que tu me harcèles pour ça.
Armel : raison de plus pour ne pas se contenter d'un coup rapide.
Moi : lol ce soir ?
Armel : je travaille by night !
Je fais une grimace.
Armel : on aura tout le temps demain.
Moi sourire amusée : c'est noté.
Il démarre et entame bien la route avant de parler à nouveau.
Armel : c'est une saucisse roumaine.
Moi arquant le sourcil : quoi ça ?
Armel : tu as parlé tout à l'heure de saucisse niçoise, la mienne est Roumaine. 392 mètres pour 150 kg.
Moi morte de rire : faut pas abuser non plus lol, ça c'est la mort direct !
Armel riant de même : dis-moi, à partir de quelle taille tu ne peux plus supporter ?
Moi : combien mesure la tienne ?
Armel me coulant un regard : mdr tu es sérieuse que tu me poses une question pareille ?
Moi : étant donné que je n'ai pas (faisant les griffes avec mes doigts) les longueurs en tête.
Armel me jetant un coup d'œil : d'accord, on laisse tomber.
Moi : mais dis-moi nan ?
Il me lance un autre coup d'œil sans toutefois répondre. Au restaurant, nous passons un moment plaisant, très plaisant au point de ne pas voir le temps passer. C'est un coup de fil de Paterson qui me rappelle à l'ordre. Il me ramène comme une fusée au magazine où je me plonge directe dans le rapport que je dois soumettre à tata Mimi. J'étais en train d'agencer mes idées quand miss Véronique frappe à la porte et entre.
Véronique : tata Mimi nous demande.
Moi : ok, j'arrive.
Véronique avançant vers moi : je n'ai rien à lui donner et apparemment toi aussi, qu'est-ce qu'on ira lui dire exactement ?
Je lui tends mon calepin qu'elle lit à haute et intelligible voix devant la patronna comme si elle avait même contribué à rédiger le contenu.
Tata Mimi (lorsqu'elle finit) : vous n'avez pas vraiment avancé les filles, je vous rappelle que cet article doit être publié la semaine prochaine.
Véronique fait une grimace à peine perceptible en jetant son regard en brousse.
Moi : nous rencontrons quelques difficultés sur le terrain, mais d'ici là ça sera prêt. Je viens de trouver une piste à exploiter.
Tata Mimi : ok Deborah, je te fais confiance. Ne me déçois pas.
Moi extrapolant : nous ferons de notre mieux pour que ça n'arrive pas.
Tata Mimi (me rendant un sourire tendre) : contente de le savoir. Véronique, tu peux vaquer à tes occupations. Deborah assois-toi, je veux m'entretenir avec toi deux minutes.
Pendant que je hoche la tête, j'intercepte une fois de plus la grimace que Véronique fait avant de s'en aller en traînant des pas. J'ai pris place en observant Tata Mimi qui range des sous-mains dans un porte-document. Elle attend quelques secondes après que la porte ait été refermé la porte pour parler.
Tata Mimi : dis moi, comment se passe la collaboration avec Véronique ?
Moi : euh bien, bien.
Tata Mimi : dis le moi sincèrement si elle travaille sur ce projet parce que celle-là je n'attends qu'un faux pas de sa part pour la renvoyer. C'est une fouteuse de troubles qui nuit depuis bien longtemps à l'équilibre interne.
Dans ma tête, je dis non, elle ne fait rien à part me prendre en grippe. Mais à elle, je dis...
Moi : ça va, nous essayons de nous concentrer sur l'essentiel. Enfin, plus ou moins.
Tata Mimi : Deborah, je sais bien que tu essaies de la couvrir.
Je souris, penaude.
Tata Mimi : j'ai fait exprès de vous mettre toutes les deux sur ce projet. (je lève les yeux sur elle quand elle enchaîne) J'ai bien compris qu'elle a une dent contre toi. Ma démarche est de savoir à quel point elle tient à son emploi.
Je hoche lentement la tête, mais ne dis rien.
Tata Mimi : en dehors de ça, je voudrais savoir si entre temps, tu as changé d'avis par rapport à la promotion. La proposition tient toujours.
Moi prise de court : je suis navrée...
Tata Mimi : jusque là je n'ai trouvé personne qui puisse représenter au mieux la boite au Gabon à part toi. Avec ton esprit d'équipe, ta créativité et efficace comme tu l'es, je n'aurais pas de souci à me faire sur ce plan.
Moi perplexe : je ne peux vraiment pas...
Tata mimi (me coupant une fois de plus) : je te laisse réfléchir encore quelque temps, disons (faisant mine de réfléchir) disons trois mois, passé ce délai je serai contrainte de choisir une autre personne.
Moi soupire résignée : ok.
La discussion prend fin sur cette note et je sors de son bureau pensive pour regagner le mien lorsque Véronique m'interpelle devant l'open space.
Véronique : Deborah, je t'attendais.
Moi : me voici, que puis-je faire pour madame ?
Véronique : qu'est-ce que la patronne avait à te dire que je ne pouvais pas entendre ?
Moi brusque : rien qui ne te concerne justement.
Véronique se crispant : pourquoi quelque chose me dit que tu es partie faire ta mauvaise langue là-bas, que tu lui as raconté du n'importe quoi sur moi pour te faire passer pour la sainte comme toujours ?
Moi : assurément, parce que tu penses que j'ai un mauvais cœur comme toi.
Elle ouvre la bouche pour parler et la referme aussitôt et on se défie du regard un moment.
Moi me redressant : si tu veux bien m'excuser, j'ai du travail à rattraper.
Je passe ma route pour entrer dans mon bureau, je ne me rends pas compte qu'elle m'a suivi. C'est son pied qui bloque la porte que j'étais sur le point de refermer qui me fait lever un regard énervé sur elle.
Véronique (levant la main en signe d'apaisement) : je suis là pour qu'on travaille.
Moi (hébétée, mais faisant ma langue de vipère) : quelle bonne nouvelle !
Elle me lance un regard haineux. (lol) Il a fallu qu'on remette tout à plat et recommencer dès le début. Du coup, on passe le reste de l'après-midi et tout notre vendredi à faire la synthèse des types de violences faites aux hommes et à rédiger une fiche de questionnaire pour chaque type. Je suis en train de créer un nouveau dossier intitulé « SOS hommes battus » (rire) sur mon poste quand Véronique me tend mon téléphone qui signale un appel entrant. Ses yeux sont fixés sur la photo d'Armel et moi en fond d'écran de ce fait, elle ne voit pas ma main suspendu en l'air.
Moi ton interrogateur : Veronique ? Je peux le prendre ?
Véronique : euh (me le remettant) tiens.
Je lui lance un regard perplexe en décrochant l'appel.
Armel : arrête tout ce que tu fais et descends me voir.
Moi : rire* tu t'es cru dans un film ? J'ai encore du travail à faire.
Armel : et si je te disais qu'on voyage ce soir ?
J'écarquille les yeux comme s'il pouvait me voir.
Moi : tu es sûrement en train de plaisanter, je ne peux pas voyager encore moins ce soir. Il va falloir que je rentre préparer ma valise...
Armel : c'est déjà fait, tu n'auras qu'à descendre et me suivre.
Moi : non mais attend, tu es au sérieux ?
Paterson en fond sonore : le comité de départ n'attend plus que toi petite, descend de là.
Moi : ah, j'arrive !
Paterson : tu aimes trop te faire prier toi.
Clic.
Je raccroche et me mets à rassembler mes affaires étourdie, c'est quoi ce coup que votre pote me fait là ? Un voyage de surcroit ce soir, qu'on va même où sans son passeport ? En tout cas, je le saurai aussitôt.
Véronique : nous avons fini ?
Je m'arrête et la regarde, je l'avais oublié sérieux.
Moi : oui oui, on reprendra lundi.
J'attends que le poste s'éteigne pour prendre mon sac et mon jeu de clés, nous sortons toutes les deux du bureau et je sors de l'immeuble avec précipitation. Ils sont tous les deux adossés à la voiture d'Armel en discutant de je ne sais quoi, ils se taisent lorsque j'arrive devant eux.
Moi : qu'est-ce vous tramez encore tous les deux ?
Paterson (le bras tendu vers moi) : passe-moi ta clé, c'est moi qui ramène ta voiture ce soir à la maison.
Moi : pourquoi ? (m'adressant à Armel) On va où ?
Armel : quelque part (s'écartant pour m'ouvrir la portière) après toi madame.
Paterson insistant : la clé.
Moi ahurie : mais mais ?
Paterson me poussant : vas-y là-bas orhh, la clé.
Je lui remets le jeu, en montant, j'aperçois ma valise sur la banquette arrière.
Moi : qui a fait ma valise ?
Armel : Noémie
Paterson ajoutant : et Sophie.
Moi m'exclamant : seigneur !
Ma mine dégoûtée les fait éclater de rire. Armel s'installe à son tour au volant et actionne de faire la manœuvre pour s'engager sur la route, Véronique passe à ce moment-là en agitant sa main en l'air tout sourire.
Véronique : à lundi Deborah.
Paterson au tac : weh bon week-end à toi aussi.
Mais ? (rire) Il l'a carrément rabroué. Les pas de la fille, ce sont emmêlés tellement qu'elle ne sait plus où se mettre. Je regarde Paterson qui hausse ses épaules en réponse à mon regard interrogateur. Ce qui me fait éclater de rire.
Armel : qu'est-ce qu'il y a ?
Moi : rien, on va où ?
Armel : surpriseeee !
Moi : hum.
........
Armel : voyons voir cette liste de dot. Deux casiers d'Eku, une caisse de vin rouge, deux cartons de coca-cola, de même pour Fanta, Tonic et Orangina.
Il me regarde d'un air surpris.
Armel : vous connaissez Orangina chez vous ? Je veux dire chez les Wawas.
Je le regarde mal.
Armel : je suis surpris c'est tout (replongeant son nez sur le papier) des liqueurs Dubonnet, des WhiteHorse, les Johny Walker, Saint-James, Baileys, Gin Gordon (ouvrant les yeux) Whisky Haig ! Ça alors, je suis, mais agréablement surpris.
Je lui donne une tape en secouant la tête amusée.
Armel poursuivant son délire : six pièces d'étoffes dont trois wax hollandais et trois vlisco, 3 wax Ivoire (me regardant de nouveau) j'irai à Babi te chercher ça ?
Moi : non lol tu peux trouver ça ici.
Armel : dans tous les cas, ce sera la corvée de ma mère (lisant) encore des pagnes, des dessous, chaussures, foulards boissons et encore boissons, un ventilateur, une cuisinière, un fer à repasser (il me regarde avec un sourire en coin avant de continuer) des sacs de sel de 25 kg, 20 litres de pétroles.
Il s'arrête et éclate de rire.
Armel hilare : dix lampes lucioles, cinq houes, cinq dabas, cinq coupe-coupes, un panier de tabac, des morceaux de savon....
J'arrache le papier de sa main en entendant ses rires s'accentuer. Il rit au point de sortir la larme sous ma mine boudeuse. J'entreprends de ranger la liste dans mon porte-cartes que je remets dans mon sac à sa main.
Armel essayant de se calmer : mais envoie, je n'ai pas fini la lecture.
Je dépose le sac à sa place et sors du lit toute nue pour me rendre dans la salle de bain. C'est assise sur la cuvette du WC en train de couler un bronze qu'il débarque dans la chambranle la liste dans sa main.
Armel : le plus important à présent (se bouchant le nez) fhumm !
Moi riant : dégage d'ici je ne t'ai pas appelé.
Il garde la mine froissée en faisant demi-tour vers la chambre pour revenir quelques secondes après avec un spray pour WC qu'il vaporise dans tous les sens. Je me bouche le nez à mon tour en le fixant d'un regard qui tue.
Armel soutenant mon regard : quoi ? Je veux bien mourir, mais pas par asphyxie.
Je me mords la lèvre pour ne pas rire quelques secondes avant d'exploser. Quand je parviens à me calmer, je me lève en tirant la chasse. Il me regarde avancer vers le lavabo.
Armel : tes parents me demandent cinq cent mille toute taxe comprise (souriant) c'est faisable, je m'occupe de ça dès que ma mère rentre.
Moi : à condition qu'elle rentre, elle a l'air de bien s'amuser dans ce pays. Je l'envie.
Armel : c'était le but de ce voyage (revenant à ses mots et tons) sinon tu es moins cher, c'est bien. Je pensais qu'ils allaient mentionner le prix de tes diplômes et tout ça. En tout cas, j'attends l'homme qui viendra épouser ma fille, il me paiera mes investissements depuis le Cp1. D'abord même, il devra me montrer qu'il est costaud, il devra sauter d'une falaise. S'il meurt, ce sera tant mieux pour lui. Ma fille, elle aura le même visage que sa mère (s'interrompant) qu'est-ce qu'il y a ?
Moi : l'eau ne sort pas.
Armel : bah, vérifie le robinet d'arrêt.
Ce que je fais en m'abaissant, une main en appuie contre la vasque. Je le tourne deux fois quand l'eau rejailli de la pompe, je me relève donc pour me laver les mains, enfin !
Armel s'approchant : attends referme le robinet d'arrêt.
Je lève les sourcils d'incompréhension et le regarde, je m'abaisse néanmoins pour le faire.
Armel : statut, bouge pas.
Je me tourne pour le regarder intriguée. Il se place derrière moi en m'attrapant par la taille.
Armel : abaisse-toi encore un peu. (ce que je fais)
Moi : comme ça ?
Armel : parfait.
Je siffle lorsque je le sens s'enfoncer en moi.
Moi : rrhoooo Mel, t'es pas sérieux là.
Armel plaçant une main sur ma bouche : tais-toi femme, ne me distrais pas. Je suis en train de faire ma fille.
Je ris seulement, rire quise transforme aussitôt en soupirs ponctués de gémissements.
.........
Armel : Debbie ?
Moi : oui !
Armel criant : dépêche-toi !
Moi : deux secondes, j'arrive.
Armel : si tu ne sors pas dans une minute, je m'en vais.
Je lève les yeux au ciel quand je l'entends souffler. Il fait le soldat alors que c'est lui qui nous a retardé avec ses « un dernier pour la route ». C'est à cela que se résume notre week-end, faire l'amour et boire du champagne. (je peux me le permettre avec lui lol) Nous avons quand même eu le temps de nous balader entre l'océan atlantique et la lagune côtière de Ouidah, profiter de la piscine, du spa et du solarium de l'hôtel. En fait, il a pris un bungalow à la Casa del papa.
Là, nous sommes en début d'après-midi de dimanche et nous avons décidé de faire un peu de tourisme avant de mettre le cap sur Lomé. Un gérant de l'hôtel qui est passé faire l'inventaire tout à l'heure nous a conseillé quelques sites à visiter. Entre autres la cité historique et la porte du non-retour ici même à Ouidah. Ensuite naviguer en pirogue autour de Guézin, le village sur lac ; faire un crochet à Possotomé et le plein d'ablo avec des fretins à Comé. Ça promet d'être tout un détour donc vous comprenez pourquoi monsieur me presse. Je suis sortie du bungalow en vérifiant une dernière fois si nous n'avons rien oublié. Je le retrouve en compagnie du gérant.
Moi : je suis là, nous pouvons partir.
Il m'a juste lancé son regard de chien enragé et s'est tourné vers le gérant pour clore leur discussion. Je souris à ce dernier et lui dis au revoir avant qu'il ne mette le contact et qu'on prenne la route. Nous avons passé la soirée à sillonner le sud du Bénin. Aux environs de 20 h heure du Togo, nous nous présentons à la frontière plus que détendus et apaisés. À mon retour à la maison, un nouveau cas.
Moi : je ne pas sûre de comprendre.
Dada me fixant détendue : que veux-tu comprendre dans le fait que je sois enceinte ? Je te l'ai dit dès votre retour du village. Deborah comprend moi, cet enfant, c'est mon seul et unique espoir de récupérer votre père. Je ne te l'ai pas dit, mais j'ai consulté le Fâ vers mars et il m'a tout révélé sur les manigances que cette sorcière a fait pour détourner votre père. La seule solution serait de faire un enfant miracle qui viendra briser ces liens, c'est la raison pour laquelle j'ai tout fait pour prendre cette grossesse.
Je ricane, désabusée.
Moi : c'est bien félicitation pour cet exploit. Je suppose que tu as prévu comment prendre soin de cette grossesse et dorénavant de tes cinq autres enfants. Après tout, tu es un adulte, tu sais ce que tu fais. (me tapant la poitrine) Mais ce n'est plus moi Deborah qui vais ramasser les pots cassés. Ce n'est pas comme si je ne t'avais pas prévenu. J'ai payé la première tranche des inscriptions de cette année, vous vous débrouillez pour le reste. Vous parce que je souhaite sincèrement que tu le récupères ton mari et surtout qu'il prenne ses responsabilités vis-à-vis de vous. À partir d'aujourd'hui ne comptez plus sur moi pour quoi que ce soit (répétant en durcissant le ton) pour quoi que ce soit.
Je suis sortie de sa chambre en me rendant dans la mienne rassembler le reste de mes affaires pour retourner chez Armel. De toute façon, je vis pratiquement là-bas depuis un bon moment. Je dois quand même avouer que sa révélation me sidère. J'osais croire qu'elle avait enfin compris, qu'elle allait se reprendre et prendre sa vie en main avec ou sans son mari. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle assume ses responsabilités un jour, mais de là à prendre une nouvelle grossesse. Carrément un enfant miracle (rire nerveux) non mais des conneries ! Un septième enfant à la charge de qui !? Moi Debbie ? Plus jamais ! Je prends ma valise et ressort de la chambre puis du bâtiment en refermant la porte derrière moi. C'est à ce moment qu'elle prend la mesure des choses. Elle vient se jeter à mes pieds en pleurant et en me suppliant de revenir sur ma décision. Je retire mes pieds sans la brusquer et quitte devant elle avant de prendre la direction de la maison des Elli sans me retourner une seule fois.