Les sentiments de Max
Ecrit par Djelay
Il se tut un instant. Sans doute voulait-il reprendre son souffle. Son regard était perdu dans le vide. Il se remémorait sûrement ces moments. Son visage changea d’expression lorsqu’il reprit. Au début, il avait l’air nostalgique mais à présent, ses yeux étaient sombres et les traits de son visages durs.
- Quand elle a accepté d’être ma copine, j’étais l’homme le plus heureux de la terre. Elle m’a été d’un grand réconfort à la mort de mes parents. Elle était ce qui comptait le plus pour moi. Je lui ai demandé de devenir ma femme deux ans après la mort tragique des parents de mes cousins et elle a dit oui. Je n’étais plus cet homme qui couchait à gauche à droite parce que je l’aimais. J’étais fier et honoré d’être celui qu’elle avait choisi jusqu’à ce que je la surprenne dans notre lit avec Francis.
- Oh ! Fit Djelay sidérée.
- Crois-moi, j’étais plus surpris que tu ne l’es en cet instant. Sa trahison m’avait anéanti. J’étais persuadée qu’elle était parfaite mais elle m’a énormément déçu.
- Et Francis ?
- Francis ! Il a prétendu avoir succombé à la tentation. Il disait être désolé. Je l’ai cru à l’époque car il était très jeune. Il avait à peine 18 ans. A cet âge, on a du mal à contrôler ses pulsions ce qui nous pousse parfois à faire des bêtises qu’on regrette plus tard. Je lui en ai voulu quelques temps mais j’ai fini par lui pardonner puisque j’étais convaincu qu’il n’était pas responsable. Je me rends compte aujourd’hui qu’il l’a fait pour me faire du mal parce qu’il me détestait.
- Et tu as aussitôt rompu avec Sandra ?
- Oui. Je ne voulais pas d’une femme infidèle comme épouse. Elle m’avait trahie et je ne pouvais pas lui pardonner. Je serais peut être devenu son ami un jour si Francis ne m’avait pas avoué qu’il entretenait cette relation depuis près de six mois. Tu te rends compte ? c’était une sacrée pétasse qui cachait bien son jeu.
- Francis t’a peut-être menti !
- Non, j’ai pris le soin de le demander à Sandra et elle n’a pas pu le nier.
- Je vois.
- Depuis, je ne fais plus confiance à aucune femme. En particulier, celles qui ont des visages d’ange.
- Comme moi ? Elle le toisa du regard.
- Ce n’est pas contre toi Djelay. J’ai tiré une grande leçon de la vie et je ne suis pas prêt de revivre ce cauchemar.
- Très bien. tu m’as raconté ton passé et je suis sincèrement désolée de ce qui t’es arrivé. Maintenant Dis-moi pour quelle raison m’as-tu invitée dans ce restaurant ?
Il voyait bien qu’elle était en colère. Ses grands yeux ne le quittaient pas d’un pouce. Elle paraissait calme mais il savait qu’elle bouillonnait de fureur. Son regard la trahissait.
- Je voulais te dire que je ne peux plus donner mon cœur à aucune femme. Je sais que tu attends plus de moi et c’est normal. Mais je ne souhaite plus de relation sérieuse.
- Tu es en train de me dire que tu désires seulement coucher avec moi de temps en temps sans engagement ?
Max ne pouvait pas en vouloir à sa réaction. Elle avait le droit d’exiger de lui des réponses à ses préoccupations. C’était une femme, avec un cœur et des sentiments. Cependant il ne pouvait lui donner ce qu’elle désirait. Il en était incapable et il fallait qu’elle ne comprenne.
- Ecoute Djelay, tu me plais énormément. Je dirais même que je suis extrêmement attiré par toi. Tu es la seule femme qui a réveillé en moi des sensations qui m’étaient encore inconnus et sache que je n’ai jamais ressentis pour aucune autre femme ce que je ressens pour toi.
- Et que ressens-tu pour moi. Lâcha telle.
- Je ne saurai le définir Djelay mais…
- Est-ce de l’amour ? M’aimes-tu Max ?
Cette fois, le ton de sa voix se fit plus bas. Elle avait presque murmuré. Elle savait ce qu’il répondrait mais elle voulait quand même l’entendre le dire. Avant leur arrivée dans ce restaurant, sa décision était déjà prise : Elle ne quémanderait plus l’amour de Max. S’il ne voulait pas s’engager dans une relation sérieuse, alors elle prendrait ses distances même si son cœur devait en souffrir.
- Je vois. Avait-elle répondu devant le silence de Max. Sache que je ne regrette pas ce qui s’est passé entre nous bien au contraire. Je te remercie de m’avoir aidé alors que j’étais perdue et seule sans nulle part où aller. Je veux aussi te remercier de m’avoir guéri de ce traumatisme causé par mon ex. Et enfin merci de m’avoir fait découvrir le véritable amour.
- Djelay je…
- Non Max. Il n’y a plus rien à ajouter. Merci pour le dîner. Ajouta-t-elle avant de se lever.
Elle se dirigeait vers la sortie pendant que Max payait l’addition. Il avait pressé le serveur pour qu’il lui envoie la facture. Djelay était meurtrie bien qu’elle essaya de montrer le contraire. Il devait absolument la rattraper avant qu’elle ne fasse une bêtise. Il savait plus que quiconque à quel point elle était fragile et vulnérable. Quand il sortit de l’établissement, elle n’était plus là. Il espérait qu’elle l’attendrait dans la voiture mais non elle n’y était pas.
- Où est –elle ? demanda-t-il furieux à Donald.
- Mlle Kassi a pris un taxi monsieur. Nous avons essayé de la convaincre de vous attendre mais elle a dit qu’elle voulait rester seule.
- Bon sang ! Vous n’êtes pas capable de retenir une fille de 22 ans ?
Max avait hurlé. Il était conscient que ce n’était pas la faute de ses gardes du corps. Seulement il lui fallait se défouler. Lorsqu’il rentra à la maison, il était presque onze heure du soir. Il se précipita dans la chambre de Djelay pour vérifier qu’elle s’y trouvait mais celle-ci était vide. Il la chercha dans toute la maison, hélas Djelay n’était nulle part. L’inquiétude commença à s’emparer de lui. Il essaya à plusieurs reprises de la contacter mais à chaque fois, il tombait sur sa messagerie vocale. Il lui laissa au moins dix messages, espérant qu’elle réalise la torture qu’il vivait de ne pas savoir où elle était. Il était sur le point de frapper à la porte de Mme Roy lorsque son téléphone sonna.
- Oui ? Lâcha-t-il sèchement
- Bonsoir Max, c’est Leslie.
- Leslie ? Djelay est –elle avec toi ? demanda-t-il le cœur rempli d’espoir.
- Oui. C’est pour cette raison que je t’appelle. Je voulais te tenir au courant et te dire de ne pas t’inquiéter.
- Ok je passe la chercher. Donne-moi ton adr…
- Non Max. Elle ne veut pas te voir maintenant. Tu as déconné cette fois. Elle va passer la nuit ici ce soir. S’il te plait n’insiste pas. Il ne répondit pas.
- Tu es toujours là ? demanda Leslie.
- Oui. Dis-lui que je me suis inquiété et que je suis rassuré qu’elle aille bien. Donne-moi ton adresse, mon chauffeur t’enverra ses médicaments.
- Très bien. As-tu de quoi noter ?
- Oui. Il nota l’adresse qu’elle lui donna puis raccrocha après lui avoir souhaité bonne nuit.
Djelay avait été installé dans la chambre d’amis. Leslie et son mari Daniel habitaient une très jolie maison. Celle-ci n’était pas aussi luxueuse que celle de Max mais elle était très chaleureuse. Daniel l’avait accueillie avec tant d’amabilité qu’elle en avait eu les larmes aux yeux. C’était un bel homme ; un peu maigre, les cheveux châtains avec des yeux marron. Il rivalisait en taille avec Max cependant ce dernier le dépassait de quelques centimètres seulement.
- Ça va ma belle ? tu es bien installée ?
Leslie l’avait rejointe dans la chambre. Quand Djelay lui avait téléphoné pour lui demander si elle pouvait passer la nuit chez elle, elle s’était inquiétée. Max avait dû se comporter en vrai salaud pour qu’elle décide de ne pas dormir à la maison (avait pensé Leslie). Djelay était devenue la sœur qu’elle n’a jamais eu et elle était plus que ravie de la recevoir chez elle.
- Oui je vais bien. Merci de m’héberger chez toi. Son sourire bien qu’il soit triste était sincère.
- Tu n’as pas besoin de me remercier. Nous sommes amies.
Leslie alla s’assoir près de Djelay dans le petit canapé installé tout juste à côté de la porte, contre le mur.
- A présent dis-moi ce qui s’est passé ? Tu n’as pas dit un seul mot depuis que tu es là. Djelay fondit automatiquement en pleurs.
- Il m’a avoué ce que je savais déjà. Mais cela m’a fait tellement mal de l’entendre le dire.
- Oh ma chérie. Viens là. Elle la prit dans ses bras et lui tapota le dos pour la consoler.
- Il ne m’aime pas…snif… et il ne m’aimera jamais. Il me l’a dit. Elle la serra d’avantage contre elle, à la recherche de réconfort.
- Je t’avais prévenue de ne pas trop t’impliquer. C’était exactement pour éviter de te voir dans cet état.
- Je sais… snif … snif… Mais je l’aime tellement. Djelay pleura de plus belle.
- Non ma belle. Il ne mérite pas ces précieuses larmes. Leslie lui prit le visage entre les mains et la regarda droit dans les yeux.
- Tu m’entends ? Il…ne…mérite…pas…ces larmes. Reprit –elle.
Lorsque Djelay se calma, son amie lui fit prendre les médicaments que Tom avait apportés trente minutes plus tôt. Djelay avait pleuré toutes les larmes de son corps mais c’était nécessaire pour qu’elle passe à autre chose. Il fallait qu’elle aille de l’avant avec ou sans Max. Elle dormait à présent dans le canapé et Leslie n’avait pas le cœur à la réveiller pour qu’elle aille dans le lit. Elle décida donc de la laisser dormir là et sortit silencieusement de la chambre après lui avoir mis une couverture.
Max n’avait pas pu fermer l’œil de toute la nuit. Il faut dire qu’il passait souvent des nuits blanches depuis l’arrivée de Djelay. Cette fille le rendait fou comme Sandra l’avait fait. Mais avec Djelay c’était différent. Il y avait autre chose. Il croyait être amoureux de Sandra peut-être parce qu’il n’avait jamais ressenti pour aucune autre femme, ce qu’il ressentait pour elle à cette époque. Aujourd’hui, Il réalisait que ce qu’il éprouvait pour Djelay était beaucoup plus fort. Avec Sandra il éprouvait de l’admiration mélangée à du désir. Cependant, pour Djelay il ressentait non seulement de l’admiration et du désir, mais aussi du respect et de la peur. Il n’avait pas peur d’elle non, ce qui l’effrayait c’était sa propre réaction quand il était près d’elle. En effet il perdait ses moyens à chaque fois qu’elle était à proximité raison pour laquelle il prenait ses distances avec elle. Il a fallu qu’elle parte de la maison pour qu’il réalise qu’il l’aimait. Oui il était amoureux d’elle mais le croirait-elle s’il le lui avouait ? Elle ne lui pardonnerait pas il en était sûr.
- Et puis zut ! Qu’elle me crie dessus, qu’elle me flanque une gifle ou même deux. Je m’en fiche, je lui dirai que je l’aime et je ferai tout pour qu’elle le croit et me pardonne.
Ce fut avec assurance qu’il se prépara pour aller au travail. Lorsqu’il fut prêt, il s’empressa de composer le numéro de Djelay. Il voulait savoir comment elle se portait. Il était convaincu qu’elle ne répondrait pas mais il essaya tout de même. Elle répondit à la troisième sonnerie.
- Allo ! Sa voix était si douce et l’entendre lui avait procuré joie et soulagement.
- Comment vas-tu ? Demanda-t-il d’une voix hésitante.
- Pas trop mal. Le ton qu’elle employait était froid. Elle le détestait c’est sûr.
- As-tu pris tes médicaments ?
- Oui.
- Comptes-tu rentrer ? Elle mit un certain temps avant de lui répondre.
- Oui. Ce soir.
Il soupira, apparemment soulagé qu’elle veuille encore cohabiter avec lui.
- Pourrions-nous parler ? Je voudrais avoir une discussion avec toi. Dit-il d’une voix douce.
- Nous n’avons plus rien à nous dire. Dit-elle durement.
- S’il te plait ! Ecoute-moi au moins une dernière fois. Je ne t’importunerai plus après ça. Mentit-il.
Il ferait n’importe quoi pour qu’elle l’écoute et si après, elle refusait de lui pardonner, il insisterait encore et encore jusqu’à ce qu’elle le fasse et accepte d’être en couple avec lui.
- D’accord. Juste cette fois. A ce soir. Elle raccrocha.
Fin du onzième chapitre. Bizbi.