Lui, Moi

Ecrit par miss.mkb

Je m’asperge le visage d’eau pour me redonner un peu de force. Mon corps tremblote toujours encore un peu. Je déteste être malade. La fièvre semble être encore plus virulente qu’en début de soirée. J’ai toujours peur quand je suis aussi malade. J’ai toujours peur de ne pas m’en sortir et y laisser ma vie. Je sais que les temps ont changé et qu’une petite fièvre de rien du tout ne peut pas m’emporter aussi facilement mais ça ne diminue en rien la hantise qui grandit en moi chaque fois que je tombe malade. Les blancs diraient surement que l’épidémie de fièvre typhoïde qui a frappé mon village et a emporté la majeure partie de ma famille a probablement laissé des séquelles jusque-là insoupçonnées. Il y a peut-être une part de vérité mais ce sont les choses des blancs donc la petite régresse que je suis n’est absolument pas concernée.



Accroupie, je m’accroche sur les rebords de la baignoire et me relève tant bien que mal. Je tire la serviette qui est accrochée sur un clou enfoncé dans le mur. Je m’essuie le visage puis le remets en place. Je me dirige vers la porte à petits pas et m’arrête quand je passe devant le miroir. J’ai une vraie tète de zombie ; aucun doute là-dessus. Je regarde mes cheveux en batailles et mon teint pâle. Je me palpe les joues en faisant des gestes lents. Je remonte vers le front ou quelques boutons ont fait leur apparition depuis quelques jours. C’est clair, je ne suis pas belle à voir. Seigneur, que je guérisse vite par pitié.

 

-ça va ?

 

Petite culotte noir, torse nu ; je regarde une des plus belle choses qui me soit arrivées depuis un long moment m’observer avec une mine inquiète. Aww, comme il est chou quand il se fait du souci. Je lui fais un sourire qui se veut encourageant avant de lui répondre d’un ton pas trop convaincu que ça irait. Il me regarde tendrement. Son visage est empreint de compassion. Je souris intérieurement et exhorte mon cœur à refreiner ses battements désordonnés comme à chaque fois qu’il se réalise à quel point cet homme est juste indescriptible. Il est ma bouffée d’oxygène. Je sais que les circonstances qui sont les nôtres ne sont pas idéales mais je préfère me concentrer que sur le positif même si de ce côté là non plus il n’y en a pas a foison. Il me tend sa main que je prends sans rechigner. Nous retournons au lit et nous nous couchons en position de la cuillère. Il enroule ses bras autour de mes hanches et moi je me resserre encore un peu plus contre lui. Ma température est déjà très élevée à cause de ma fièvre mais c’est toujours un moment magique pour moi chaque fois que je sens sa chaleur contre mon corps. Il fredonne une petite berceuse que je lui ai appris y a quelques temps.



-c’est agréable, lui dis-je d’une voix de bébé

-content que tu aimes, répond-t-il en déposant un baiser dans ma nuque, dors à présent

-d’accord mais avant je veux que tu m’apprennes une nouvelle berceuse

-que moi je t’apprenne une berceuse ?

-oui

-je crois que la fièvre commence à te faire délirer, dit-il en passant la main sur mon front comme pour vérifier ma température

 

Je lui donne un petit coup de coude dans les cotes

 

-aie ; et ça te rend agressive en plus, dit-il en ricanant doucement

-continues comme ça et c’est dans ta mâchoire qu’atterrira le prochain coup

 

Il éclate franchement de rire cette fois et me dit qu’avec mes petits bras la seule chose qui risque de se casser ce sont mes os. Je serre les lèvres et tire la bouche ; je boude. Je veux me dérober de ses bras mais il me retient juste à temps et referme ses bras autour de ma taille et m’oblige à me retourner et le regarder. Il pose sa main sur ma joue et se met à me caresser tendrement le visage avant de m’embrasser. Je m’abandonne complètement et rends les armes sans livrer bataille. Il a gagné, j’accepte ma défaite. D’ailleurs comment ne pas quand il me regarde de cette façon ? Lentement il se détache de mes lèvres et on se regarde amoureusement malgré la pénombre. On se sourit et il me fait un smack.

 

-je dois y aller

 

Je me renfrogne à l’entente de ces mots et lui tourne le dos. Je l’entends pousser un soupir à peine contenue.

 

-chérie

-….


-s’il te plait Tshala, ne me fait pas ca

-….

-bébé, dit-il en posant sa main sur ma hanche mais je l’enlève avec véhémence et me lève du lit

-va rejoindre ta femme s’il te plait et laisses moi tranquille

-chérie tu sais bien que…

-non Axel, tout ce que je sais ce que tu es un homme marié et moi la bonne de la maison très cher patron

 

Je vois son visage se décomposer et sa mine devenir triste mais je n’en ai cure. Ne dit-on pas que la vérité blesse ? Mais on y peut rien malheureusement.

 

-va-t’en, je dois me lever tôt demain car je dois accompagner madame faire des achats pour vos 3ans de mariage

 

J’ai le cœur en lambeaux en prononçant ces mots mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Voilà ce qui arrive quand on tombe amoureuse d’un homme marié et qui plus est votre patron. Le pire c’est devoir le regarder roucouler chaque jour avec sa femme alors que tu récures les casseroles à côté. Je souffre mais je l’aime, alors je profite des petits moments volés comme ceux-ci ; mais chaque fois la réalité nous rattrape et c’est tout simplement douloureux.

 

-Tshala…

-va-t’en s’il te plait

 

Je lui tourne à nouveau le dos car je ne veux pas qu’il me voit pleurer. Quelques instants plus tard j’entends la porte de ma chambre s’ouvrir puis se refermer et ce n’est qu’à ce moment-là que je m’effondre en larmes sur mon lit. Je sais que ce que nous faisons est mal mais je n’arrive pas à le laisser. Je suis bien trop amoureuse.

 

Je m’appelle Tshala, j’ai 19ans. J’exerce le métier de bonne et j’entretiens une liaison avec mon patron.

TSHALA