ma belle-fille : chapitre 10
Ecrit par Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Une fois chez Edmond, je discute avec lui de la proposition de ma mère d’habiter chez mon frère.
- Edmond, ma mère veut que je vienne habiter chez mon frère ;
- Pas question maman Rudy, tu es ici chez toi et tu n’as pas à quitter ;
- Après tout, Edmond, nous ne sommes pas mariés ;
- Effectivement, nous ne sommes pas mariés parce que tu ne le veux pas ; sinon, ce serait déjà chose faite.
- Tu sais bien que nous ne pouvons pas célébrer un mariage alors que la situation de Rudy n’est pas réglée.
- Je comprends cela mais je me suis habitué à ta présence ici ; tu ne
bouges pas ; ou alors, que ta mère vienne habiter avec nous ici.
Hum ! Edmond se comporte comme un jeune amoureux alors qu’il a
cinquante-deux ans et moi quarante-huit. Hier, je me considérais comme
renvoyée de ma famille et abandonnée d’Edmond. Aujourd’hui, ces mêmes
personnes se battent pour m’avoir à leurs côtés. Dieu est vraiment grand
mais pourquoi attend il si longuement avant de nous montrer sa gloire ?
Peut-être qu’il laisse les épreuves venir pour nous enseigner et nous
fortifier. J’en sais rien, mais c’est ce que je me dis.
- Non
Edmond, je vais partir chez mon frère. S'il te plaît. Comprends.
Laisse-moi offrir ce plaisir à ma mère en attendant que tu n'épouses
officiellement la vieille femme que je suis.
- nous en reparlerons maman Rudy.
Les jours défilent rapidement ; entre temps, mon père et mon frère
octave ont été informés de la bonne nouvelle ; ils sont tellement
contents qu’ils veulent rentrer au pays pour me voir. Nous sommes en
train de les attendre à l’aéroport.
Je remarque mon père de
loin ; il n’ a pas beaucoup changé ; certes la vieillesse l’a atteint
mais il est toujours aussi beau que dans mes souvenirs. Je l’observe
s’avancer. Il ne m’a pas encore remarqué. Au fur et à mesure qu’il
s’approchait de nous, je sens des larmes embuer mes yeux.
Je devrais normalement être en colère et lui en vouloir ; mais le lien de sang a été plus fort et l’amour a dominé.
Dès que mon père me vit, il se mit à genoux, se confondant en excuses.
Je le relève très vite car après tout, c’est mon père. Il y a des choses
qu’il ne faut jamais tolérer. Quel que soit le péché que mon père a
commis envers moi, je ne peux jamais admettre qu’il s’agenouille devant
moi. Un enfant se doit toujours de respecter et d’honorer ses parents.
Seul Dieu a le droit de le juger et de le punir.
- Relève- toi avant tout propos, papa. Je suis ta fille et tu ne peux pas t’agenouiller pour moi.
- Je regrette amèrement ma décision, Esther : Dieu merci, tu n’es pas
morte pas ma faute. Tu étais encore mineure. Je me devais de te
sermonner mais aussi de te protéger.
- Grâce à Dieu, je me suis débrouillée, papa.
- Je bénis le Seigneur d’avoir pu te revoir de mes propres yeux avant de mourir ; et l’enfant qui était dans ton ventre ?
- Il se porte bien, tu auras l’occasion de le connaître. Maintenant, rentrons.
Nous montons dans la voiture et nous nous dirigeons chez le Comte où
nous attendait ma mère. Elle m’a raconté qu’ils sont séparés depuis
vingt-six ans, soit juste quatre ans après mon départ de la maison ;
elle n’a pas pu supporter et ne lui a jamais pardonné ; eh bien ! Je
pense que même s’ils sont très vieux, c’est le temps de la
réconciliation. Tout au moins, qu’ils se comprennent avant de mourir et
que, même si c’est quelques heures, que nous puissions les passer en
famille, comme autrefois.
Je suis là, avec mes parents, mon frère et Edmond : il ne manque plus que Rudy pour que je sois au comble de ma joie.
Parlant de lui, Ghislain a décidé de se rapprocher de lui en douce ; il
le prendra pour le futur mari de sa belle-mère et aura moins de
méfiance.
Sandra me fit une bonne surprise cette semaine en me téléphonant :
- Allo
- Bonsoir maman Rudy ; c’est Sandra.
- Bonsoir ma fille ; comment te portes-tu ?
- Je vais bien maman, je veux bien vous rendre visite comme promis ce samedi.
- Très bien, je suis libre ; tu te souviens de l’endroit où tu m’as
déposé la première fois qu’on s’est revu il y a quelques mois ?
- Oui maman ;
- C’est là que je vis ;
- Très bien, je viendrai.
Comme convenu, Sandra vient me voir le jour promis. J’en profite pour
en savoir un peu plus sur elle en lui posant des questions ;
- Alors Sandra, tu te prépares bien pour ton mariage ?
- Oui, la seule difficulté, c’est mon père.
- Que se passe t-il avec ton père ?
- Jusqu’à l’heure où je vous parle, maman Rudy, il n’a pas encore
donné son accord pour la dot ; or, mon fiancé et moi voulions le faire
une semaine avant le mariage ;
- Et pourquoi ton père s’y oppose ?
- Il dit que la tête de mon fiancé ne lui dit rien de bon ;
- Il doit avoir ses raisons, Sandra, un parent ne parle pas au hasard ; qu’est- ce qu’il fait ton fiancé ?
- Il travaille dans une banque ;
- Est-ce que ta mère est du même avis que ton père ?
- Pas vraiment ; elle dit que si c’est celui que je désire, elle ne s’y
opposera pas ; mais elle n’est pas pour autant enthousiaste.
- Je pense que tes parents ne veulent pas de ce mariage et tu dois chercher à savoir pourquoi ;
- Maman Rudy, mon fiancé est pourtant correct ;
- Tu l’aimes au point de défier tes parents pour lui ?
- Ah maman Rudy, je dois faire comment ? Je suis une femme et à un
certain âge, je suis appelée à me marier ; si je traîne trop, je finirai
vieille fille.
- Sandra ! C’est pour ne pas finir vieille
fille que tu te maries ? Ce n’est pas ainsi ma fille ; le mariage est un
engagement très sérieux et qui d’ailleurs n’est pas réservé à tout le
monde ; la preuve, il y a des divorces parfois ; on ne se marie pas
juste parce qu’il le faut, ni parce que l’âge avance ; on se marie parce
qu’on aime l’autre et qu’on veut bien partager le reste de sa vie avec
lui ; si tu vas en mariage pour une autre raison, tu as déjà échoué à
l’avance. C’est vrai que le célibat n’est pas plaisant, j’en ai
d’ailleurs fait l’expérience ; mais c’est très dangereux de se marier
sans amour ; déjà quand on aime, ce n’est pas évident que cela
fonctionne ; qu’en sera-t-il s’il n’y a même pas d’amour ? Un mariage
sans amour est immoral ; un mariage avec amour peut tenir dans les
moments de difficulté car ne te leurre pas ma fille, il y en a toujours.
Mais un mariage sans amour se brise très vite quand surgit les
problèmes. Ce n’est pas tellement le mariage qui est important, c’est
l’après.
- Ah maman Rudy, merci ; vous me faites réfléchir ;
mais à l’étape actuelle, où toute sa famille est déjà informée,
serait-il encore possible de faire marche arrière ? Que pensera sa
famille de moi ?
- C’est à cause du « qu’en and dira- t-on »
que tu vas t’engager sans réfléchir ? Si après tes réflexions, tu
trouves que tu dois encore attendre ou que tu ne désires plus t’engager,
où est le problème ? C’est ta vie et non celle des autres. Souvent nous
pensons aux réactions des autres, à ce qu’ils vont dire et penser de
nous ; mais quand les difficultés surgiront, penses -tu que ces
personnes que tu avais craint dans le temps te trouveront une solution ?
Ce que les autres pensent de nous ne peut avoir une plus grande
importance que ce que nous pensons nous-mêmes et surtout ce que Dieu
pense. Certes, ce serait une erreur de ne tenir aucun compte du regard
que les autres portent sur nous. En effet, il est parfois avantageux de
les laisser analyser notre comportement. Si elles se fondent sur des
principes moraux élevés, les opinions d’autrui peuvent être une force en
faveur du bien, une incitation à faire preuve de droiture. Mais
malheureusement, l’opinion des autres sur nous est souvent très injuste.
Les jugements que les gens se sont forgés à partir d’informations
erronées ou qui sont influencés par la jalousie ou les préjugés ne
méritent parfois qu’une chose, c’est d’être ignorés. C’est pourquoi nous
devons faire preuve de bon sens et réagir raisonnablement aux opinions
d’autrui. Tu dois d’abord penser à toi et tu dois demander l’orientation
de Dieu à travers la prière. C’est le plus important.
- Merci infiniment maman Rudy, je n’ai même jamais pensé à prier pour mon mariage ;
- Commence dès à présent Sandra ; j’ai commis la même erreur pour mon fils Rudy en omettant de confier ce pan de sa vie à Dieu.
- Pourquoi parlez- vous ainsi maman Rudy ? Il a un problème avec le mariage de Rudy ?
Je ne voulais pas aborder ce sujet avec Sandra ; alors je lui donne une réponse vague ;
- Non, c’est juste que je me rends compte que je n’avais pas prié et là
je croise les doigts pour que leur vie conjugale se déroule bien.
- Ah ok, je vois ; j’aurais bien voulu être la femme de Rudy ; c’est
lui que j’aime vraiment ; mais le destin en a décidé autrement.
A ces mots de Sandra, je m’en veux terriblement car la discussion que
j’avais eu avec Rudy à son sujet me traverse l’esprit. J’aurais dû ne
pas dire à mon fils qu’elle ne me plaisait pas quand il m’a posé la
question. Plutôt que de prier à l’époque, je basais mes jugements sur
des sentiments personnels et purement humains et non spirituels ; voilà,
je paie les pots cassés. Sandra poursuit.
- J’ai même rencontré Rudy la semaine dernière.
- Par hasard ou c’était un rendez-vous ?
- Non, par hasard ; en vérité, c’est pourquoi j’ai appelé et que j’ai décidé de venir vous voir.
- C’est pour Rudy que tu es là ?
- Oui.
- Honnêtement Sandra, je ne comprends rien.
- En fait, j’ai croisé Rudy dans un bar où j’étais allée prendre un pot avec mon fiancé.
- Ok, je vois ; mais pourquoi tu viens me voir à cause de lui ?
- Rudy se soûlait.
- Quoi !
- Il avait bu de trop ; il était complètement ivre et délirait ; je vous assure, ce n’était pas un beau tableau.
Je me lève, m’assoit et me lève à nouveau ; je ne sais plus comment me tenir, tellement j’étais bouleversée.
A suivre……